Pavillon Blanc 1928, Trevallon 1982... Libe rend nos vacances plus belles !

Libe profite de la présence de tout le monde pour organiser une dégustation magistrale. Nous étions trois pour l'achat de ce fameux Pavillon Blanc 1928, et vu que nous sommes réunis ce soir, c'est peut être le bon moment pour le tenter enfin ! Il fait chaud, et la température de service doit donc être surveillée de près. Notre hôte veille au grain ! Nous n'en doutions pas une seule seconde...

GOSSET 1976

Un Champagne magnifique ! Il offre un nez pur et très complexe de pêche et d'abricot frais, qui lui donnerait presque un air exotique... La réglisse et la noisette grillée se mélangent parfaitement à cette base solide. La bouche est d'une ampleur totalement inattendue qui nous guide sans peine sur un millésime chaud. Allez au hasard 1976 ? Peut être même Comtes de Champagne à qui il ressemble comme un frère ? Pas loin...

Cette texture huileuse tapisse la langue, tandis que des parfums de foin, de noyau et d'abricot s'éternisent sur les papilles. Impeccable.

96/100

PAVILLON BLANC Margaux 1928

La couleur ambre-acajou donne l'eau à la bouche. Le souvenir du 1937 hante notre mémoire, et j'ai peur d'en attendre trop avec celui-ci... Dès le premier coup de nez je sais que l'on tient là un monument. Le registre est totalement différent de son cadet, mais des parfums prodigieux jaillissent du verre : La cire, le miel, la fougère, le caramel brun, mais aussi la truffe blanche, le citron confit, la grenadine, ainsi qu'une touche d'eucalyptus nous font tourner la tête. Un vrai festival qui change à chaque minute.

L'attaque en bouche est salée ! Décidément, en ce moment c'est un registre qui me poursuit. Pourtant ce nectar n'est pas pré-phylloxérique, mais il en a pour le moins l'esprit ! Une ampleur colossale fait suite au sel, avec une gamme aromatique très originale d'orange sanguine de Sicile, de quinquina, de pomme et de thé au fruits rouges. La finale est une formidable expression de vin tertiaire encore jeune.... Sous-bois, mousseron, herbes humides.... La perfection ! 100/100

COULEE DE SERRANT 1976

Un cru totalement insaisissable et inclassable. La plupart du temps il me déçoit totalement, mais quelques exceptions sont néanmoins là pour maintenir le mystère et la légende. Je pense en particulier au très bon 1990, au somptueux 1996, et enfin à celui-ci qui précède la désastreuse décennie 80. Nicolas Joly m'a toujours dit qu'une bouteille de 76 sur trois était encore buvable... Il faut être joueur, surtout qu'ici le niveau n'est pas parfait... Pourtant c'est bingo !

Des parfums jeunes de poivron, de pétrole, de pain grillé, de blé, et de truffe s'échappent avec bonheur du verre. L'attaque en bouche de coing aurait pu nous guider à l'aveugle, mais seul un convive tente la Loire.... L'écorce d'orange ainsi que la belle salinité finissent de nous convaincre. Bettane le classe dans son Top 100. On peut comprendre qu'à l'époque ce vin ait surpris... 94/100

MONTRACHET 1979 Léonce Bocquet

De l'eau parfumée. La Bourgogne honteuse que l'on rencontre encore trop souvent.... NN

TREVALLON 1982

J'avais dit à Libe " Il faut qu'on trouve un jour cette année de légende pour le domaine". Libe m'a répondu qu'il ne savait pas que c'était aussi grand , mais qu'il savait où le trouver... J'étais dans un état d'excitation incroyable...

Il nous le sert à l'aveugle bien entendu : Immédiatement je dis , "c'est un Rhône immense"... Après de nombreuses aides, je finis enfin par crier Trévallon 82 !

Le nez est de loin le plus Terroir de tous les Trévallon ( Je les ai quasiment tous bus...). La plupart du temps j'adore ce cru pour ces parfums diaboliques de truffe très Bordelais... ici, il y a enfin la race de la terre sudiste : La tapenade, les herbes de Provence, et la cendre sont un hymne à la Syrah , tandis que la truffe et les fruits noirs plus subtils nous rappellent que son géniteur connait le Cabernet sur le bout des doigts...

En bouche le menthol, l'olive noire, et  le lard fumé me rappellent certaines grandes Mouline de Guigal. Le même moelleux, la même onctuosité ! Mais il y aussi la Truffe noire du Périgord, la vraie !

Habituellement je mets toujours un Bémol aux Trévallon de plus de 15 ans : Le nez est superbe, mais la bouche est déjà mangée par l'acidité. Ici il n'en est rien ! C'est un monument d'une classe incompréhensible, jamais égalé depuis. Dieu sait que j'aime plus que tout mes chouchous les Bandol , mais celui-ci est de loin le plus grand vin au sud de la vallée du Rhône jamais élaboré. 98/100

CHÂTEAU PRADEAUX 1982

Quel coup bas Libe ! Le nez impeccable de cuir, de terre, de sous-bois, et de fruits noirs , légèrement nuancés de tapenade nous régale. La bouche est virile et rustique à souhait. A l'aveugle je pense Sociando Mallet 1982, puis Léoville Barton 1982. Ca donne une idée du niveau quand même ! Et surtout la comparaison avec le précédent, permet donc à Trévallon d'enfoncer le clou et de justifier pleinement sa note. Nous tenons donc le bon millésime, mais pas la bonne région. Comme toujours le Mourvèdre, ce macho latin, nous mène en bateau !  A noter qu'il existe des variations assez importantes d'une bouteille à l'autre. Celle-ci fait parti des meilleures... 92/100

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CHÂTEAU LATOUR 1918

Le nez super intéressant est typique de sa décennie : Je m'en veux à tout jamais de ne pas l'avoir reconnu à l'aveugle ! Le chêne caramélisé, le cigare, le cuir, et l'eucalyptus se mêlent à des nuances plus citronnées très fraîches. On lui donne bien 20 ou 30 ans de moins.

La bouche est beaucoup plus marquée par les années, et cette belle infusion de fruits rouges acidulés et de bois humides est vite mangée par une acidité métallisée qui signe , à mon sens, un vin proche de la désunion. Toute la table me conspue, jugeant mon propos anormalement sévère. J'aime plus que tout les vins anciens, mais lorsque l'acidité mange la finale, je suis toujours intraitable... Le nez vaut bien 95/100 mais la bouche ne dépasse pas 86. C'est tout de même un type de vinification à découvrir absolument, car les 20 premières années du XXème siècle ont un cachet tout particulier. Je vous conseille surtout le fameux Malartic Lagravière 1916 qui dépasse sans forcer les Latour et autres Mouton de cette décennie. 90/100

LA ROMANEE 1976 Bouchard P&F

Le nez d'amande, de noisette, de ronce et de cassis est plutôt agréable. En bouche les groseilles et les framboises sauvages picotent la langue. La finale courte rappelle le bois humide. Pas mal, mais vite oublié... 87/100

CHAMBERTIN CLOS DE BEZE 1976 Faiveley

Le nez plus épicé, est aussi plus masculin : cacao, cuir et touche de brindille du cassis. La bouche est assez stricte, mais tout de même parfumée de groseilles et de tabac. Il manque cruellement de charme et de longueur encore une fois. On est loin du monumental 1990 ! 88/100

CHÂTEAU CAILLOU Crème de tête 1959

Un vin que j'avais passionnément aimé l'an dernier pour sa finesse et sa longueur digne d'un grand Climens. Je ne le retrouve pas tout à fait ici, mais ne boudons pas notre plaisir, c'est un très beau liquoreux tout de même...

Il offre un nez saisissant de pain d'épices, d'orange caramélisée, de mandarine et d'épices à pâtisserie. La bouche est acidulée à souhait, nuancée de miel, d'agrumes et de cassonade. 94/100 ( pour mémoire, l'an dernier il avait obtenu 97/100 ).

RHUM 1953 Trois Rivières

Le nez est un pur monument de raisins gorgés de soleil, de bananes flambées, de coco, de fruits exotiques et de chêne neuf. La bouche est une douce liqueur d'épices, de curry, et de fruits des îles. Somptueux ! 97/100

Merci Libe pour cette dégustation incroyable qui coupe l'été et nous donne envie de finir en beauté l'année 2010...