Pavillon Blanc 1937, Clos Zisser 1953, Meursault Gouttes D'Or 1959 Faiveley... Une leçon de blancs chez Lolive

Cela fait des semaines que Lolive tente d'organiser cette dégustation. Il n'en peut plus d'attendre,  quelques indices sont lâchés ça et là pour nous appâter ; J'ai compris mon ami, quelque chose de grand se prépare ! Malheureusement depuis plusieurs jours, je n'ai plus de nez, mais j'ai confiance, l'homéopathie va m'amener fin prêt à temps... En sport de haut niveau, c'est la même chose, l'important est d'arriver au top le jour J, et ce samedi soir, c'est le cas.

MONTAGNY 2002 Leroy

Je trouve le 1er nez presque soufré, puis vient le fenouil et le citron mûr. En bouche c'est le citron vert et les épices qui dominent avec une finale de pierre et d'aluminium. Original mais beaucoup trop cher pour cette appellation. 87/100

CHASSAGNE MONTRACHET Morgeot 1992 Chapelle

Nez intéressant de pralin et d'agrumes. La bouche est riche en alcool et moins marquée par le miel que d'autres vins de ce millésime mythique. On perçoit de l'amande amère et une belle minéralité en fin de bouche. Bien mais vite oublié... 87/100

HEIDSIECK & MONOPOLE Diamant Bleu 1982

Comme le dit si bien mon frère: "Là on rentre réellement dans le vif du sujet !". Le nez puissant éclate sur les fruits secs, l'hydromel et le chocolat. En bouche, ce champagne est massif grâce au pain d'épice, aux agrumes macérés mais il n'oublie pas l'équilibre apporté par la craie et l'humus. A l'aveugle je me lance sur 1976 ou 1982, tandis que le côté glycériné m'évoque peut être Heidsieck & monopole. Une stupeur s'élève lorsque Lolive dévoile le flacon ! C'est bien rare d'être si proche de la vérité à l'aveuglette ... 95/100

MUMM René Lalou 1976

Au départ, une note de vieille cave limite liégeuse me saute au nez, je suis inquiet. Mais rapidement mes doutes se dissipent , le vin est grand... On perçoit la pomme oxydative de Ramonet, les minéraux et la menthe. En bouche, comme tous les Mumm anciens, il est d'une jeunesse décoiffante. Le cordon masse les papilles énergiquement, alors que le tonneau, la coco et le zan nous régalent dans une finale dantesque.  Décidément, Juhlin passe souvent à coté de cette maison. Parker a son Figeac et Juhlin son Mumm ! 93+/100

HENRIOT Baron De Rotschild 1973

Un millésime que je connais bien, puisque c'est celui de mon frère ; j'ai donc la chance d'avoir goûté pas mal de champagnes de cette année et je peux vous dire qu'elle est incroyable. Confirmation avec cette rare cuvée. Le nez somptueux sort comme un éventail, grâce au sous-bois, au safran, aux fruits secs et au tonneau de Krug. La bouche est un mammouth ; Epices d'orient, noix enrobées de miel et réglisse. Je pense qu'il fera parti des grands gagnants de 2009 ! 96+/100

GEWURZTRAMINER Clos Zisser 1953 Klipfel

Tout le monde sait à présent que j'avais mis un 100 au même vin sur le millésime 1959, il y a 3 ans. Regoûté depuis , il n'a jamais pu me redonner le grand frisson... Lolive avait bu ce 1953 il ya quelques mois en me disant qu'il surpassait peut être le 1959 actuellement. Je lui avait fait un vrai caprice, car il l'avait bu sans moi !!! Soucieux de me faire la plus belle des surprises, Lolive a fait des pieds et des mains pour en retrouver une autre, la voici :

 Le nez explose comme une bombe , c'est le silence dans l'assemblée. L'abricot mur, les fruits exotiques, le miel de sapin, les épices et le croûton de pain ; C'est parfait. Nous goûtons à l'aveugle et j'hurle "c'est un Clos zisser" . A nouveau stupeur lorsque Lolive m'applaudit...Je suis heureux. En bouche, l'attaque est à tomber. On a l'impression de boire un digestif équilibré. Le caramel qui aurait accroché dans la gamelle, les agrumes, ainsi que les fleurs et les minéraux. La sucrosité délicate est plus affirmée que le 1959 actuellement. Il me rappelle en tous points les émotions de ce dernier quelques années auparavant ! L'alsace magique... 99/100

PAVILLON BLANC Château Margaux 1937

C'est rare, mais mon papa ainsi qu'une bonne partie de la table passe à côté de ce vin dans les 1ers instants. Avec mon frère, on se regarde, on est sur la même longueur d'onde... a nouveau la magie est là, Lolive est touché par la grâce ! Le nez s'envole dans les stratosphères de l'originalité: L'after eight, l'infusion froide de verveine-fleur d'oranger, et la chartreuse, quelle perfection ! En bouche l'entrée en matière est mythique et nous maintient toujours là haut, très haut ! La tourbe, le bois de hêtre fumé, le menthol et les agrumes ainsi qu'une étonnante minéralité. Impossible de retrouver le vin et encore moins l'année. Il ne bronche pas à l'air même après plus d'une heure dans le verre. OUI ! Mon lolive tu le mérites largement celui-ci ! 100/100

VOLNAY SANTENOTS 1971 J. Matrot

C'est un vin que j'aurais pu acheter, car j'adore ce millésime et je trouve le producteur plutôt très bon sur les blancs...

Quelques arômes sont intéressants au nez, le cuir et la griotte, mais malheureusement la bouche fait 20 ans de plus. La bouteille est bien conservée, ce n'est pas le problème, mais le vin passe à côté du sujet et déçoit énormément...87/100

BEAUNE PERRIERES 1955 Hospices

Nez préservé et puissant de framboises, de café et de chocolat. En bouche l'attaque alcooleuse, solaire, ainsi que les parfums de baies macérées et épicées laissent un doute quant à l'ajout de grenache. Au delà de ça , il est plutôt bon , mais sans la complexité d'un Corton 1952 de Maufoux par exemple. 89/100

BEAUNE CENT VIGNES 1966 Jessiaume P&F

Lolive prend des risques inconsidérés avec moi ! Il sait pourtant que je suis plus que dur avec les côtes de beaune, la  côte aux déceptions....Ici le vin est en forme, c'est d'ailleurs le seul bon point que j'accorde toujours a ces vins...Mais une fois encore, l'émotion n'est pas au rendez vous. Pourtant on perçoit des petits fruits rouges, du tabac  avec une bouche giboyeuse mais acide et trop agressive. 88/100

HERMITAGE 1957 Gombert De Loche

Nez impressionnant de cuir, de fumée, et de fruits rouges compotés. Il a sacrément bien supporté les années... La bouche est un peu plus usée, animale et acidulée. Etonnant. 88/100

CHÂTEAU RAYAS 2003

Comme je le dis souvent, Lolive est le maître des carafes... 48H dans la fiole, il fallait oser ! C'est le producteur lui même qui le conseille... C'est la 2ème fois que je le bois, et il me plaît toujours autant. Le nez explose sur la burlat, le zan fumé et les épices d'orient. La bouche possède la puissance d'une liqueur, sans agression aucune. Le clou de girofle, le poivre et les fruits très compotés signent un terroir magique... 96+/100

MEURSAULT Gouttes D'Or 1959 Faiveley

On repart en blanc et ce n'est pas pour me déplaire. Quelle rareté ! Le nez, comme toujours avec les vieux Meursault, est d'une précision diabolique de pommes au four, de pêche, de calvados, d'amande et de tonneau. En bouche le miel nous rappelle la chaleur de l'année, puis vient le pain d'épice et la volvic citron en finale agrémentée d'une touche d'orange amère. Mon dieu, que j'aime ce climat ! 94/100

BANDOL LE GALANTIN 1982

Un domaine que mon papa a toujours défendu, allant jusqu'à prétendre qu'il faisait jeu égal avec Pradeaux et Pibarnon. Je suis obligé de reconnaître que c'est souvent la vérité... Le nez explose sur la tapenade, la framboise, la mûre et l'amande. En bouche il me semble percevoir à l'aveugle un superbe Rhône 1990... La mûre, les épices, la ronce et le chocolat. Dans le top 10 des plus grands Bandol jamais réalisés. 93/100

CHÂTEAU CLOS RENE 1990

Le nez est une vraie bombe, d'une extrême puissance de charbon, de jambon fumé, de mûre et de chêne caramélisé.

En bouche on reste dans le très haut niveau grâce au cèdre, au zan , aux fruits noirs et au chocolat- cappuccino. C'est un scandale que ce vin soit oublié à ce point. Parker avait admiré le 1947, mais il passe totalement à côté de celui-ci ! Il égalera sans probléme beaucoup de légendes de la rive droite. Ruez vous dessus , car le prix ressemble à un poisson d'avril ! 95+/100

MUSCAT 1959 Klipfel

Nez usé de vieux bois et d'agrumes. La bouche sèche et acide n'est pas du tout plaisante. 82/100

CLOS DU GRAND BONNEAU 1945 ( Haut Gabarnac )

Le nez jaillit du verre sur la mandarine impériale, la vodka citron et le pamplemousse. En bouche on est plutôt sur un alcool fort qu'un vin ! Il a mangé une bonne partie de son sucre mais reste fort intéressant , bien que sa palette soit beaucoup moins complète que celle du nez. 91/100

PEDRO XIMENEZ Osborne 1825

C'est sûr que comme ça , le millésime en jette, mais j'avoue que je ne suis pas du tout emporté par ce procédé... C'est un peu comme si on m'offrait à boire un Yquem  1811 reconditionné une trentaine de fois dans lequel on aurait ajouté à chaque fois  quelques centilitres du vin de l'année de reconditionnement, c'est à dire un vin jeune....Au bout de ces 30 fois , il ne resterait donc que l'équivalent d' un 1/2 verre à peine de 1811 dans la bouteille. En le dégustant , on aurait l'impression de boire un 1997... Grand, certes, mais avec l'impression d'être floué... Ici c'est un peu mon sentiment...J'avais l'impression de boire un vin jeune, qui ne s'est jamais patiné... Lorsque j'ai bu le Chypre 1845, il ne faisait pas son âge, c'est certain, mais il  avait cette patine, cette palette d'une complexité incroyable que seul les vins très anciens peuvent offrir...L'authenticité sautait au visage. Ce 1825 est très bon , je ne le nie pas , mais il a la fougue de la jeunesse et la grossièreté d'un vin noyé dans sa trop grande diversité.... Il en devient flou et peu intéressant à mes yeux. Bref, on ne ressent pas l'identité d'une année.

Nez de caramel, de sirop d'érable et de figues. En bouche il est surtout axé sur la tartelette aux noix. Sirupeux à souhait ! 93/100

CHARLES HEIDSIECK Blanc Des Millénaires 1990

C'est dur à admettre, mais je crois que mon palais n'avait plus assez de fraîcheur pour rendre justice à cette cuvée rarissime. Le nez est d'une jeunesse sidérante, rappelant le souffre subtil, les agrumes et la fougère. En bouche c'est encore un jeune étalon qui demande à être dompté ! La craie, les minéraux et l'orange sont prometteurs et j'ai hâte de le regoûter dans 10 ans mon Lolive ! 92+/100

La boucle est bouclée, et cette dégustation restera dans les mémoires comme l'accomplissement de Lolive dans cette couleur qu'il affectionne tant... Malheureusement le rouge risque d'être un peu jaloux à présent ! Un beau challenge en perspective non?