Pommery 1929 au firmament !

Je tiens tout d'abord à m'excuser auprès de mes fidèles lecteurs pour ce long silence.

J'ai en effet éprouvé le besoin de me ressourcer un temps, afin de commencer cette nouvelle année dans de bonnes dispositions physiques et psychologiques. L'année 2009 a été, je le répète, fabuleuse mais éprouvante d'un point de vue émotionnel. Alors il fallait une pause pour assimiler ces incroyables moments. A présent, je suis à nouveau serein et prêt à repartir pour de nouvelles aventures.

Comme vous allez le constater, elles commencent en fanfare...

Un dîner improvisé sert de prétexte pour ouvrir des bouteilles impatientes ! Le temps est compté... En quelques heures des idées murissent, les courses sont faites, et le repas est terminé pile en même temps que l'arrivée des invités... Au programme : St jacques et écume d'oseille, puis Quasi de veau à la réglisse et purée de patates douces, galettes de pollenta truffée, et légumes bio de saison en "habit de choux". Plateau de fromages, riz au lait et ses fraises confites + mousse au chocolat pour les gourmands.

LANSON RED LABEL 1969

Le nez de fruits secs, d'alcool de noix et de café marque son âge. En bouche, le gaz est léger, tandis que des arômes de champignons, de chocolat et de noisettes signent un vin un peu vieillissant. Seule la finale minérale et crayeuse rappelle que l'année est grande et habituellement nerveuse. C'est un champagne qui offre encore du plaisir, certes, mais ces plus belles années sont derrière lui. Je précise quand même que le niveau n'était pas parfait ; Il se peut donc que cette bouteille soit plus faible que d'autres... 87/100

BATARD MONTRACHET 2003 Domaine Leflaive

Le nez est un feu d'artifice de noisette grillée, de pain sec beurré, de paille, de silex et de fruits exotiques. Génial ! En bouche, on est face à un éléphant : Les arômes de poires pochées, de tourbe et autres fruits d'été très macérés pèsent sur la langue. Mais en même temps je perçois un vin qui n'est pas mou pour autant et qui possède un potentiel immense. Il est comme le pachyderme : Lourd mais capable d'atteindre  40 Km/H ! En somme, il ne faut pas s'arrêter à l'aspect massif qui s'impose au premier abord. La craie et les minéraux apporte en effet du peps qui équilibre finalement pas mal ce colosse. Un futur 1959 ! 96+/100

CHÂTEAU LA CHAPELLE LA TRINITE 1953

Un illustre inconnu de St Emilion... Pourtant certains critiques "outre Rhin" sont plutôt enthousiastes lorsqu'il s'agit de commenter les millésimes antérieurs aux années 60. J'ai donc eu envie d'essayer ce cru sur une année que j'adore en rive droite. Le nez est encore gourmand, évoquant les fruits rouges croquants. En bouche, il ressemble un peu à l' Angelus de la même année : Grosse trame acide, herbes et fruits rouges, sans réelle complexité. Le vin est préservé et garde une gamme aromatique fraîche, mais le vieillissement ne lui a rien apporté... Suivant.  82/100

CHÂTEAU MOUTON ROTHSCHILD 1981

Le nez est un pur rive gauche issu de cabernet, grâce à ses parfums de poivrons, d'herbes sèches, et de cassis. La bouche reprend un peu le même thème, associant à ces arômes des notes de cèdre et de réglisse. Pas de défauts, mais pas de magie non plus...

87/100

CLOS VOUGEOT " Musigny" 1999 Gros F&S

Je m'étais mis en quête de cette rare cuvée, car des amis m'avaient parlé de son incomparable qualité. Il ne m'en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité...

Le nez de folie explose du verre sur des parfums de ronces, de roses, de cendre, de réglisse et de menthol. En bouche il offre une pureté inouïe de fruits noirs très mûrs, de cerises burlat, de menthe et de terre. Il est déjà Clos jusqu'au bout des oreilles... Un des exemples de Clos Vougeot jeunes les plus marquants de ma vie. J'aimerais pouvoir le reboire dans 30 ans, car je pense qu'il frôlera la perfection.

Pour mieux appuyer mes propos, ce vin est à mon sens, supérieur à la Romannée Conti du même millésime, tout au moins pour le moment... A vous de jouer maintenant, car le prix est très très différent ! 96+/100

COTEAUX DU LAYON 1947 Moulin Touchais

La bouteille est dans un état de perfection presque émouvant : Niveau impeccable et bouchon d'origine pas tout à fait imbibé jusqu'en haut. Le nez est un petit miracle de complexité, évoquant le thé vert, le zeste, le financier, et les fruits secs. En bouche la liqueur de l'année est bien présente, avec ce fameux sucre légèrement digéré qui "crée " de l'arôme : Orgeat, orange confite, écorce, poire caramélisée...  Toute l'assemblée est sous le charme. Ce vin sera certainement le meilleur rapport qualité-prix de l'année ! 95/100

La semaine dernière, un périple à Rome est l'occasion de goûter quelques vins Italiens que je ne connais pas. Nous faisons une halte chez " Cul de sac " une oenoteca incroyable où l'on mange des charcuteries à se damner, ainsi que des plats de pâtes inoubliables... Les prix sont doux, et sur les conseils du Patron, je tente un vin du Trentino, région que je connais pas...

GRANATO 2004 Foradori

La couleur encre noire me rappelle certains crus Californiens et ne me rassure pas vraiment. Pourtant en humant mon verre je reprends des couleurs... La cerise noire, la réglisse, la violette de Côte Rôtie, la cendre et l'anis se disputent les faveurs de nos narines. Impressionnant. En bouche, le vin est crémeux, parfaitement équilibrée et jamais lourd. Le cappuccino, les baies et les fleurs lui donnent encore un air de Rhône nord. Je comprends le 94 points de Parker... 93+/100

AMARONE 2006 Santi

Le nez superbe de bois fumé, de fraises écrasées, d'olives noires et de truffe donne le sourire. La bouche est parfaitement à la hauteur grâce à sa brutalité qui rappellent certains Rhône sud, cette fois : Kirsch, poivre, sous bois et mûres alcoolisée. 92+/100

De retour à la maison, je suis obligé d'ouvrir en catastrophe un Champagne mythique que j'ai réussi à avoir chez un marchand Italien. Malheureusement le voyage a entraîné une fuite légère qui risque d'être fatale au vin. Je sais que nous n'avons que quelques heures maxi pour le boire. Il est déjà tard et il ne pourra attendre le lendemain. C'est le genre de bouteille incroyable que l'on souhaite ouvrir avec sa famille et ses amis lors d'une occasion spéciale, mais le sort en a voulu autrement. Nous nous installons tranquillement dans le divan avec mon épouse et nous entamons, un peu seuls malheureusement, l'un des plus importants voyages de notre vie : La découverte d'un immense Champagne des années 20 qui nous marquera pour toujours.

POMMERY 1929

Comme vous pourrez le voir sur la photo, sa couleur est celle d'un Champagne des années 80. Le nez est une explosion qui me saute aux narines dès que le bouchon est enlevé. Ma femme me dit une phrase qui résume bien la sensation : " On dirait des odeurs de Brunch 3 étoiles ". La brioche grillée, le pain au sésame toasté, le cacao, le café noisette, la mélisse, le miel, l'orgeat et la pomme. Le grillé est aussi parfait que celui de Coche Dury, mais avec une patine de plus d'un demi siècle ! Quel délire aromatique ! Le lendemain le goulot de la bouteille offrait toujours la même magie.

En bouche, c'est un aristocrate octogénaire dans le corps d'un adolescent plein d'énergie : On note le pain grillé, la truffe, les fruits confits, l'amertume subtile du noyau d'abricot , le café grand cru  , mais aussi la force minérale d'un torrent de montagne, la craie de sa terre d'origine et les agrumes piquants. Le gaz est bien là, mais subtil ; La sensation est celle d'un vin bien perlant. Un peu plus d'intensité donc , et la note parfaite ( que je n'ai encore jamais mis en Champagne ) tombait ! C'est en tout cas le vin le plus long en bouche que je n'ai jamais eu ; Pensez que même derrière un brossage intense des dents, les arômes de réglisse et de toast revenaient hanter les papilles, tel un spectre , impossible à décourager... 99/100

 Je vous dis à très bientôt pour d'autres aventures... Bonne nouvelle, la régularité est à nouveau de mise.