Beychevelle 1955, Clos Vougeot 1923... Encore du très haut niveau !

Un bref passage en Alsace est aussi l'occasion de faire une dégustation avec mon frère, puis la semaine suivante on remet ça avec les amis. Le début d'année commence fort, et malgré quelques trous, je suis le plus heureux des hommes !

PERRIER JOUËT 1964

Le nez viril évoque l'armagnac, le raisin sec et le havane, le tout agrémenté d'une belle touche de fruits rouges. La bouche offre un gaz fin qui porte de beaux arômes de pommes, de cognac et de fumée. Un archétype de 1964, qui ne fait pas vraiment dans l'élégance, mais qui cause suffisamment fort pour être entendu. 93/100

HENRIOT "Baron Rotschild" 1975

Complètement mort (Problème de bouteille). NN

PAUL ROYER 1961 (1/2 bouteille)

Pour moi trop acide ; mort. NN

LAURENT PERRIER 1966

C'est curieux, on ne trouve quasiment jamais de millésimes anciens pour cette maison (à part Grand Siècle). D'ailleurs même Juhlin semble en panne de références, concernant Laurent Perrier. Je suis donc curieux de tenter l'expérience sur cette année, qui est à mon sens dans le top 5 du siècle. Le nez d'alcool fort, de café et de grillé est très plaisant lorsque l'on affectionne ce registre. La bouche s'ouvre sur le toast, puis les fruits rouges, avant de terminer sur une finale diaboliquement originale de grenadine qui lui fait gagner un point. Une belle première... 93/100

VEUVE A. DEVAUX "Black Nec" 1955

La conservation est l'une des plus parfaites que je n'ai jamais trouvée pour un Champagne des années 50. Le gaz mousse sur la langue comme le ferait un vin des années 80. La couleur est à peine ambrée. Par contre les parfums sont bien ceux d'un Champagne tertiaire. Il y aura forcément deux camps pour ce type de vins : Ceux qui détestent et ceux qui resteront scotché par ce cachet peu conventionnel. Le nez ressemble à celui d'un vieux St Estèphe marqué par la fourrure, le civet, puis les fruits très macérés. Une superbe touche d'amande amère apparaît à la longue aération. La bouche me rappelle le gras de la charcuterie, le boeuf Bourguignon, avec un côté nerveux et citronnée qui déboussole totalement les papilles. La finale de morille n'est pas déviée le moins du monde, mais réservée aux adeptes de Régis Marcon. 94/100

MEURSAULT 1955 Château de Meursault

 Le nez tient à la vie grâce à ces douces odeurs de beurre cuit, d'amande et de noisette. En bouche, il a dépassé sa maturité depuis bien trop longtemps maintenant. On perçoit quelques notes subtiles d'orange et de madère, mais voilà, il est temps de le mettre en bière et donc de ne pas finir la bouteille malheureusement... 70/100

CHABLIS 1er Cru 1959 Camille Giroud

La couleur est encore jaune citron, mais le niveau est à 6cm ! Le nez rappelle l'amande, la frangipane et le vin de Madère. L'attaque  de coco est étonnante de fraîcheur, tandis que la finale de noix et de champignon n'est pas d'un intérêt inoubliable... 80/100

CHABLIS Montmain 1979 Louis Michel

Le nez est une bombe. A l'aveugle, les amis partent direct sur Bâtard ou Chevalier ! L'anis, le fenouil, le foin, le pain grillé, le beurre et l'abricot presque pourri, dansent et tournent sous nos narines comme un ballet de Tchaïkovski. La bouche offre une attaque somptueuse de citron-citron vert, de minéraux et d'écorce, dignes de Ramonet. La suite n'est que silex, craie, herbes humides et agrumes. Un immense Chablis qui n'a coûté que 18 euros !!!! C'est le paradis perdu... 97+/100

CHÂTEAU CLOS FOURTET 1947 (mise négoce)

En lisant les commentaires élogieux de ce vin dans le Blog de François, je m'étais promis de le goûter un jour... J'ai trouvé cette bouteille, il y a deux ou trois ans. Certes, ce n'est pas une mise château, mais le bouchon estampé et millésimé est gage de qualité.Je ne suis pas certain de ce que j'avance, car Ginestet est propriétaire d'après l'étiquette ; Alors est-ce une mise négoce ? Le niveau est bas goulot.

Le nez est d'une pureté d'école, plus 1955 que 1947. On reconnaît la mûre, la coco, les herbes sèches, le tabac et le cacao. On est proche de 97/100 avec un nez pareil ! Malheureusement, la bouche redescend de quelques étages.  L'attaque m'évoque un Graves grâce à ses notes de baies et de grillé. La touche acidulée mange un peu la finale. C'est l'un des 47 les plus frais que j'ai pu boire depuis longtemps, mais il lui manque la folie, l'ampleur et la longueur habituelles de cette année dantesque. 92/100

CHÂTEAU BEYCHEVELLE 1955

Le nez d'herbes sèches, de gibier et de cacao est une superbe surprise. La bouche possède bien l'attaque Bourguignonne, caractéristique des Beychevelle anciens : Petits fruits rouges, épices et fumée. Le milieu est cependant un peu strict et manque de coffre pour espérer rejoindre d'autres 1955 légendaires. Il a  tout de même gardé toute sa fraîcheur et son élégance et cela suffit à nous réjouir. A noter que le 1959 est très supérieur (98/100). 93/100

CHÂTEAU GRAND CORBIN DESPAGNE 1947

La différence est immédiatement flagrante,  car ici on sent la folie, la complexité et la chaleur ! Le nez de chocolat blanc, de caramel, de vanille et de lys est un bonheur. Il faut dire que la conservation est d'une perfection rare : Le niveau est encore dans le goulot. La bouche fait également un pied de nez au Clos Fourtet, pourtant bien plus célèbre. Pas la moindre acidité cette fois ! On a l'impression de boire un jus de baies et de framboises, parfaitement équilibré. J'avais trouvé trace de ce vin dans un livre peu connu qui donnait la parole aux propriétaires de l'époque. Ils parlaient d'un accident de la nature ! Il est vrai que ce château n'a plus jamais atteint un tel niveau (1982, 1990). A rechercher, car le prix est encore intéressant. 97/100

CLOS VOUGEOT 1923 Jacques Depagneux (1/2 bouteille)

Mon frère me propose de boire cette rareté. Je reste sceptique sur les 1/2 très anciennes. Je n'ai, en effet, jamais trouvé d'exemplaires encore en forme, même pour des vins célèbres de grands millésimes. Il me montre le flacon. La couleur est d'un rubis somptueux, et le niveau n'a pas bougé : " Heu, on va peut être le tenter finalement !!!!"

Le nez, monstrueux, rassemble un bouquet d'anis, d'épices d'orient, d'eucalyptus, et de fruits rouges totalement confits. On reconnaît aussi la violette. En regardant cette robe claire comme un Beaujolais (Région d'origine du négociant !), on ne pourrait jamais imaginer qu'il cache une telle densité, une telle puissance. L'attaque est caractéristique de l'année : Une huile de fruits noirs et rouges. C'est une sorte de douce liqueur sans l'agressivité alcooleuse habituelle d'un tel breuvage. La finale a gardé toute sa fraîcheur minérale, avec des touches délicatement fumées et mentholées. Immense et supérieur au Liger Belair de fin 2010 ! 99/100

RUSTER AUSBRUCH Essenz 1995 Feiler Artinger

Tout le monde se souvient que ce vin avait dominé le monde des liquoreux lors d'une dégustation aveugle de la fin du 20éme... Il  avait réussi à  surpasser, les Yquem, et autres cuvées mythiques de Loire et d'Alsace. C'est la deuxième fois que je le bois.

Le nez est une pâte de coing, agrémentée de notes de bougie et de poire. La bouche me fait dire à l'aveugle  "après minuit" 1997, la célèbre cuvée de P. Baudoin. C'est un vrai clone, en effet. Le touché est huileux et épais à souhait ! Le coing et l'abricot, avec une acidité redoutable de vitamine C et d'agrumes dominent l'ensemble. C'est impeccable, mais j'accroche un peu moins que par le passé pour ce type de liquoreux... 95/100