Cheval Blanc 1947, Cheval Blanc 1953, Mumm 1952, ou comment passer deux semaines de folies !

Je ne pensais pas boire encore une fois le mythique Cheval Blanc 1947, mais c'était sans compter sur les surprises que réservent parfois la vie ! Outre ce Graal, j'ai eu la chance de tester à nouveau d'autres Cheval Blanc, et j'ai enfin pu retourner chez un de mes maîtres : Régis Marcon. Bref, encore une fin d'année inoubliable !

HENRIOT "Enchanteleurs" 1996

Après une bonne demi-heure, il dévoile un nez généreux de toast, d'orangeade et de noisettes. La bouche offre une minéralité subtile, vite transcendée par l'huître du repas. A part cela c'est surtout le citron confit qui domine l'ensemble ; Vous l'aurez compris, il doit donc vieillir encore longtemps.. 91+/100

CRISTAL ROEDERER 2002

Le Champagne dont tout le monde parle en ce moment. J'avoue être très curieux de goûter un vin jeune autant encensé... Je suis persuadé que je ne vais pas trop accrocher. Pourtant...

Le nez très ouvert est un puissant aphrodisiaque ! La pêche juteuse, l'abricot, et les épices orientales chatouillent les narines. En bouche, c'est l'équilibre qui me marque le plus: Rien d'agressif, juste une sensation de plénitude, et de fraîcheur. La longueur me laisse sans voix. Un futur géant !!! Par contre je préviens les amateurs, qu'il existe à priori de grandes différences entre les bouteilles. Des amis, amateurs patentés, m'ont affirmés l'avoir testé une bonne vingtaine de fois, et il semblerait que selon le lieu, ce champagne soit décevant ou grandiose. Pour faire simple, en boîtes de nuit, bars et restaurants branchés, on tombe comme par hasard sur de mauvais lots, alors que dans les grands étoilés, ou chez les bons cavistes, le Champagne est comme celui que je décris ici. Il serait bon d'éclaircir ce phénomène "étrange" ! 96+/100

MUMM 1952

Le premier nez fait son âge, mais immédiatement il devient net et semble perdre vingt ans. Le chêne, la Cantillon, et les agrumes sont quelques-uns des arômes que je saisis sur le vif. La bouche est encore d'une nervosité très surprenante, avec un superbe cordon en pleine forme. Le citron vert, le zeste et l'écorce d'orange forment une palette qui manque un peu de complexité, mais la finale de bicarbonate fait saliver et oublier ce petit bémol. 95/100

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1964 Magnum

Cette fois-ci, il est plutôt dans le registre sauvage, sans l'extrême complexité cacaotée de la dernière fois. La bouche est moins colossale, mais par contre plus saline et précieuse, grâce aux épices rares, et à la fumée de cèdre. Un grand vin, c'est certain, mais je préfère nettement le magnum du mois dernier... 94+/100

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1961 Magnum

C'est le verre de droite sur la photo. Voyez cette couleur d'encre ; On dirait un 1995 !

Ce vin est un pur sirop de Cabernet franc et de Merlot. Il me rappelle un grand rive gauche comme Palmer 1961, avec la retenue hyper concentrée d'un Latour 1945. Après une heure dans le verre il évolue et devient géant : Chocolat Ladurée, charbon frais, caramel au lait, et mûre juteuse. Quel bonheur !

La bouche est sans la moindre aspérité, d'une densité unique. C'est de loin le plus sphérique de tous... Il est plus jeune que le 1990, c'est dire !!! Le milieu de bouche est tellement puissant que je frémis de plaisir. Même après 2 heures dans le verre, il ne bouge pas d'un pouce. Le saucisson, les fruits noirs,et les fèves de cacao noient les papilles plus d'une minute. Un monument qui me rappelle exactement mon premier Cheval 1947, sans toutefois la même maturité ... Encore une fois Parker et son 92/100 est complètement à côté de la plaque ! 99+/100

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1953 Magnum

La dernière fois, il m'avait déçu, et semblait avoir malheureusement dépassé sa maturité. Ce soir, il frôle l'absolue perfection. Il faudrait pourvoir goûter chaque vin, à trois reprise au moins ! La preuve...

Le nez est un ballet classique : La fumée de La Mission, la cendre d'une Mouline, le lys, la framboise, le silex et les épices rares dansent sous nos narines. On a pas envie d'arrêter de humer encore et encore une telle féérie. La bouche est une extraction de zan, de jus de viande et de baies, avec une puissance  inattendue sur cette année de dentelle. Pourtant, il ne cède rien au niveau de l'élégance et de la fraîcheur. Le plus grand 53 au côté de Margaux. 99/100

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1949 Magnum

Pour ce flacon, tout s'inverse par rapport au précédent : Il était magique en octobre, mais ce soir, il n'est plus que l'ombre de lui-même... Remarquez que c'est pourtant un format magnum qui provient de la Tour d'Argent ! Le nez me fait penser à une vieille cave où l'on pourrait quand même trouver un panier de morille et de réglisse. La bouche est encore vivante et parfumée, mais le tanin est sur le point de se dissocier... Cela reste un vin intéressant, mais qui entame son déclin... J'enrage !!! 88/100

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1947 Magnum

Ouf, on repart dans l'esprit du 1961 ! Néanmoins, même après 45 minutes dans le verre, il n'atteint pas la magie de ce dernier. Je ne retrouve absolument pas les parfums de fleurs et de chocolat cappuccino, que j'avais en mémoire... Mais attention, le tabac, l'amande, l'anis, le saucisson et le cigare, forment une palette très complète, qu'on ne s'y trompe pas. La bouche est douce, mais puissante. Et ce qui marque le plus, c'est cette fraîcheur irréelle sur un tel millésime. Le chocolat, le caramel et la mûre s'imposent de façon impériale, mais à nouveau, je reste sur ma faim, par rapport au souvenir que  je garde de ma première expérience. Je regrette l'absence de velouté quasi huileux qui m'avait tant marqué. La fameuse et mythique sensation de porto sec,est aux abonnées absentes. Ce qu'il gagne en fraîcheur et en équilibre, il le perd en folie ; Bref pas la moindre trace d'accident de la nature ici, juste de l'impeccable... Les mots sortent difficilement de ma bouche, mais il le faut pourtant : Ce magnum est inférieur, et de loin, à la bouteille 75cl que j'avais bue en 2001, et il est même surpassé par la somptueuse mise négoce que j'ai bue en 2002... Actuellement, et sur ce que je viens de boire ces derniers temps, le 1948 est le nouvel accident de la nature, et le 1961 le talonne de près. 97/100

CHÂTEAU AUSONE 1959

Un vin que j'ai décris de nombreuses fois déjà... Ce soir il est fidèle à lui même : Frais, puissant, très complexe, et d'une originalité diabolique ! 99/100

CHÂTEAU AUSONE 1953

Idem, ce vin ne bronche pas à chacune de mes dégustations. Certes il n'a pas la classe de son cadet, et reste loin derrière Cheval du même millésime, mais c'est un Ausone classique, à découvrir d'urgence pour ceux qui veulent mieux cerner ce terroir magique... 95/100

CHÂTEAU LA DOMINIQUE 1959 Négoce

Le niveau est parfait. Le nez frais d'eucalyptus et d'anis est encourageant. Les fruits rouges et la truffe viennent agrémenter cet ensemble fort plaisant. La bouche est bien moins enthousiasmante, et les parfums de framboises et de tabac ne suffisent pas à faire oublier cette acidité galopante qui mange un peu la finale. Le 1964 m'avait fait un peu la même impression... 87/100

CÔTE RÔTIE "Côte Blonde" 1991 Jamet

Le nez est une bombe : Le bacon, la tapenade, le cassis, la réglisse et la fourrure me laissent sans voix. La bouche très riche et onctueuse, explose sur le Bellotta , le thym, la myrtille et l'infusion d'herbes. La finale offre de beaux amers, et il ne lui manque qu'un poil de longueur pour inquiéter La Mouline du même millésime.  Bravo et merci monsieur Marcon de rester moins cher que chez le caviste pour ce rare flacon. 96/100

CHÂTEAU QUINAULT L'ENCLOS 2003

Le nez de pruneau, de réglisse et de menthol est déjà bien ouvert. La bouche fruitée, reste élégante avec un boisé très bien maîtrisé. Un bon rapport qualité/prix ! 88+/100

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 2005

Je suis très excité de goûter un tel mythe dans son début de vie ! C'est impressionnant comme le nez est ouvert. Les herbes sèches, le rhum vanillé, et les baies explosent dans les narines. En bouche, c'est un étalon. Il est brutal avec des parfums de cappuccino et de fruits rouges, le tout porté par une minéralité et une fraîcheur saisissante. Serait-ce le nouveau 1948 ?? 96+/100

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 2000

Le nez est à se damner, grâce aux parfums de pain d'épices, de fruits rouges séchés au soleil et de prune. Après une heure, il dévoile de classiques notes de vanille, de pralin, et de prune. La bouche est moelleuse à souhait, et comme le 61, elle me fait penser à un sirop. La complexité est déjà ahurissante : Les arômes de tabac, de clou de girofle, et de framboises vanillées sont d'une pureté inouïe ! Avec celui-ci on nage donc plus dans le confit d'un 47 ou d'un 61... Un bonheur à boire dès maintenant. 98+/100

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1990

La première bouteille est laiteuse et un peu maigre à mon goût. Lorsqu'on regarde le prix d'un tel flacon , on est en droit de hurler devant une aussi piètre prestation... La deuxième bouteille est heureusement en pleine forme, mais je reste cependant très inquiet quant à son évolution. Le nez doux de prune, de cassis et de fumée est réjouissant, mais la bouche hyper puissante, me paraît bien agressive aussi.Le tanin n'est pas poli, et la complexité manque cruellement. Je ne suis pas du tout convaincu, surtout en sachant que les bouteilles sont de provenances très différentes. A revoir. Méfiance !!!!!  91+/100

CHÂTEAU CHEVAL BLANC 1982

Le nez est une tornade d'herbes grillées, de bruyère, de popcorn et de caramel salé. L'air lui apporte la complexité suprême, dignement représentés par des ambassadeurs fidèles du terroir que sont la réglisse, l'anis étoilée et les framboises. La bouche offre une salinité spectaculaire, qui n'a rien à envier à celle de DRC. On note sur le vif, de beaux et nobles arômes de bois de santal, de fraises des bois, et d'épices orientales. La finale est somptueuse, d'une gourmandise que l'on consomme sans aucune modération, forcément !  La deuxième bouteille est sèche, sans moelleux, avec un manque de netteté évident. Attention, car si je me fie à mes nombreuses expériences pour ce cru mythique, il semble y avoir de très grandes variations d'une bouteille à l'autre, quelque soit le millésime. C'est un sérieux problème quand même !!!!  99/100

                   

RIESLING Spatlese 2007 Donnhoff

Le nez est un feu d'artifice exotique et floral. La bouche est subtilement liquoreuse, et d'une fraîcheur déconcertante. Le pamplemousse,et surtout l'impression de mâcher de la menthe sauvage me font chavirer. Quelle originalité et quelle légèreté ! 93+/100

CHÂTEAU YQUEM 1997

Je lève le suspens tout de suite, les Yquem jeunes m'ennuient, car je les trouve trop monolithiques, et cela ne m'intéresse pas de payer un tel prix pour un plaisir aussi minime... Les laisser vieillir OK, mais les boire avant 20 ans de garde, bof bof.

J'avoue que cet exemple-ci est somptueux. Le nez de litchi, de brochette grillée de fruits tropicaux et de noisette est un grand bonheur. La bouche est une belle liqueur d'amande, de mandarine et de miel d'acacia. Mais je préfère le Riesling d'avant pour son originalité et son prix !! Dans 30 ans, les choses seront différentes, c'est certain ; Mais ça c'est une autre histoire ! 94+/100

Bon, il n' y a plus qu'à espérer que la fin d'année soit aussi impressionnante, n'est-ce pas ?