De Venoge "Princes" 1982, Chardonnay Mondavi 1988, Taittinger "Vasarely" 1978... Deux marathons chez Lolive

Lolive est l'une des belles rencontres de ma vie. Le sport et le vin nous lient désormais pour toujours. Une passion en commun c'est déjà beau, mais deux, attention les dégâts ! C'est difficile de parler de mon ami sans avoir des dizaines d'anecdotes qui me viennent immédiatement à l'esprit... Lolive est un excessif, un personnage qui trônerait forcément dans un livre comme ceux tant à la mode en ce moment : les 1001... En imaginant le prochain volume "Les 1001 humains qu'il faut avoir croisé dans sa vie",  Lolive serait un incontournable absolu !

Beaucoup de gens ont tenté de le suivre dans ses soirées, mais personne n'a pu tenir bien longtemps. A présent, il sait qu'il n'a, et n'aura, certainement jamais de concurrence dans cette vie.

Présentation : Habituellement, Lolive est un peu mon penchant "obscur", car c'est lui qui m'initie aux vins jeunes et aux nouveaux talents, mais ce soir il a décidé de changer les règles du jeu ; alors fidèle à sa réputation il ne fait pas dans la dentelle et le nombre de bouteilles dépassera de loin le nombre de convives !

Nous commençons par une déclinaison de Chardonnay construite avec beaucoup d'intuition et d'intelligence par Lolive.

CHABLIS  "Fourchaumes" 1990 Gérard Tremblay

Le nez anisé rappelle également la pomme, le beurre et le tilleul. En bouche, il est pourvu d'une belle minéralité, avec juste ce qu'il faut d'écorce d'orange et d'épices. Encore jeune. 90+/100

CHARDONNAY 1988 Mondavi

Quel nez  somptueux ! Le pain grillé, le croûton de pain, le marc de café, la poire pochée et l'amande mielleuse. En bouche, il n'est pas en reste, avec des arômes de citrons confits, de fougère et de beurre. Cette fois, nos vins n'ont qu'à bien se tenir, surtout en regard du rapport qualité-prix. 95/100

CHAMPAGNE DE VENOGE "Princes" 1982

C'est une véritable explosion de brioche sucrée, de vanille, de caramel, de pralin et de pin grillé. Somptueux ! En bouche, on retrouve le beurre fermier, le chouchou, le citron confit et la craie. Equilibre, finesse et complexité : Le trio magique ! 96/100

BEAUNE  Blanc 1973 Violland

Les parfums sont très puissants, sur la tourbe, le faisan et la pomme pourrie de Normandie. La bouche possède une acidité préservée ainsi que de belles touches noisettées. Très original ! 91/100

MERCUREY "Clos Du Roi" 1961 Leblanc

Le nez impeccable m'évoque le pain sec, la peau d'orange et la fumée. En bouche, on nage dans le beurre fondu et le citron. 92/100

CHÂTEAUNEUF 1959 Comte De Lauze

C'est un ancêtre que j'avais apporté en plus, pensant qu'il y aurait surtout des vins jeunes... Bouquet complexe, mais un peu vieillissant pour mon goût, de tourbe, de chiffon, d'herbes grillées et de griottes à l'eau de vie. En bouche, il se tient encore et rappelle un Clos Vougeot grâce à son aspect ferrugineux, mais dans l'ensemble la patine n'apporte rien de bien intéressant. 89/100

POULSARD Rosé 1982

Un nez de vieille fourrure, et une bouche de fraise très pourrie. Horrible ! NN

IRON HORSE 1988 Nappa Valley

Le nez s'oriente sur le menthol, la sciure de bois et l'épicéa. En bouche, le grain de tanin me fait penser à un Bandol ou peut-être à un Rive Gauche. Le zan, les fruits noirs... Pourtant je suis perdu ! Normal, c'est un vin étranger. Belle vignification, mais manque de corps. 90+/100

L'ISOLETTE "Tradition" 2001

Il offre un nez classieux de tabac, de chêne et de fruits noirs. En bouche, il ressemble à un Pauillac. La concentration est importante et nous rappelle que ce vin est issu de très vieilles vignes. 91/100

CHÂTEAU SAINTAYME 2005  Denis Durantou

Le nez jaillit sur la mûre, la tarte aux myrtilles, le caramel brun, avec une touche de framboises. Très vin de garage. La bouche est équilibrée malgré ce tanin rapeux et épais. Tous les arômes du nez sont repris en fanfare. Une magnifique découverte ! 93+/100

CHAMPAGNE TAITTINGER  "Da Silva" 1983

Le nez est ouvert, plutôt axé sur l'abricot et l'orange, avec un boisé de luxe. Par contre, la bouche est austère peut être trop jeune ! On croque de l'agrume. 90+/100

VOUVRAY 1959 Clovis Lefebvre

Le nez est une belle infusion de thé, de caramel et de citron. En bouche, il me plaît moins, car le sucre est assez digéré, ainsi que la complexité, malheureusement. 88/100

VOUVRAY BRUT 1960 Clovis Lefebvre

Il est mort. NN

Deux semaines plus tard, en route pour le record absolu de vingt et une bouteilles... Même les vins de secours y sont passés. Dans la famille "excessif", je voudrais Lolive !

SANCERRE "La Grande Côte" 1986 Cotat

Un vigneron mythique pour les initiés, très difficile à se procurer sur les années 80 : Merci Lolive ! Il offre un nez sublime de truffe, de nougat de cacao, ainsi qu'une touche de pétrole et de réglisse. La bouche d'une précision diabolique rappelle la fougère, le citron et la craie. Plus léger et ciselé que le 1989 (94+/100). Magnifique. 95/100

CHAMPAGNE HENRIOT "Baron Rotschild" 1981

Il présente des senteurs puissantes de café, de champignons et de pain grillé. En bouche, l'attaque est entêtante, presque sur la violette sucrée, tandis que le milieu de bouche est sec avec un boisé fin associé à de l'humus. Beau cachet ! 93/100

TAITTINGER "Vasarely" 1978

Cette fois, c'est un champagne qui joue dans le registre de la finesse et de la complexité. La poire, le chocolat, le caramel et l'edelweiss de haute montagne. La bouche est très concentrée, avec de la pomme au four et du beurre fondu, ainsi qu'un coté exotique qui n'est pas sans rappeler le Comte de Champagne 1976. 96/100

CHAMPAGNE PIPER HEIDSIECK "Rare" 1976

Le nez est dans un registre tertiaire et tellurique qui fait débat. Pomme moisie, terre humide, et parfois, presque le liège. En bouche, il est au contraire tendu, très sec, bref jeune, mais il manque singulièrement de charme. 88/100

VOUVRAY Sec 1961 Clovis Lefebvre

Le nez est une vraie curiosité avec ses arômes de fenouil, de parquet ciré, de bois fumé et même de thym pour Tchitch. La bouche est encore d'une vivacité étonnante, avec de la fumée, des agrumes et une minéralité qui est sans conteste l'apanage des grands ! 94/100

CHASSAGNE MONTRACHET 1er Cru Monopole "La Rocquemaure" 1982 Fleurot

Le nez est un monument d'originalité, d'une hallucinante puissance, de croûton de pain et de rognons en sauce. Il s'affine ensuite à l'aération sur le beurre fondu. Wow ! La bouche n'est pas tout à fait à la hauteur, mais qu'on ne s'y trompe pas, elle reste tout de même magnifique. Pâte d'amande, noisette grillée, paille et touche d'agrumes. Pour moi le plus grand Chassagne de ma vie, au-dessus de grands noms tels Chassagne Ruchottes 1996 ou 1990 de Ramonet... Et le prix n'est pas le même ! A acheter d'urgence ! 97/100

CHAMPAGNE MUMM ROSE 1955

Le nez de vieux fût et de quinquina est malheureusement loin d'offrir le grand frisson. En bouche, une touche furtive de gaz quelques secondes, mais bien que buvable, il est déjà en soins intensifs... NN

CHATEAU BOYD CANTENAC 1950

Le nez s'affine à l'aération sur la griotte et le vieux bois, mais une touche liégeuse parasite malheureusement l'ensemble. Comme pour le précédent, la bouche est en réanimaton. NN

VOSNE ROMANEE "LES BEAUMONTS" 1971 Jean Grivot

Le nez est d'une magnifique pureté sur la rose fanée, la fraise des bois et les épices. La bouche, très enrobée, est gourmande à souhait avec des parfums de tabac, de petits fruits rouges et de chêne ancien. Les vieux Pinot sont insurpassables. Quel moment magique ! 96/100

SANTENAY "BEAUREGARD" 1976 Belland

Le nez est une bonne confiserie de griotte et de framboise, avec une touche de fumée. La bouche est expressive et toute en rondeur sur le fruit rouge confituré. 91/100

SANTENAY "COMMES" 1978 Belland

Un très beau comparatif : Le nez est encore plus complexe sur la mûre, le cassis, le lys, le tabac et la ronce. La bouche semble encore plus fraîche et en plus du confituré, elle associe la ronce et le fer. Une révelation. 93/100

HERMITAGE "SAMORENS" 1979 Ferraton

Beau nez de pain grillé, de cuir, de goudron et de fourrure. En plus du côté sanguin, la bouche rappelle la cerise macérée et le zan. Bien fait ! 91/100

LADOIX "CLOS DES CHAGNOTS" 1980 P. André

Il offre un nez très nature de griotte avec une touche de café et de fumée. La bouche est bien enrobée avec beaucoup de dépôt; elle s'étire sur la cerise et la griotte. A noter qu'entre les deux Santenay et ce Ladoix, Lolive nous a brillament démontré qu'en Côte de Beaune, les petites appellations bien sélectionnées dépassent très souvent bien des Volnay et autres Pommard. 91/100

COTEAUX CHAMPENOIS 1985 J. Charlier

Immonde. NN

VOUVRAY DOUX 1952 Clovis Lefebvre

Le nez est une petite liqueur associée au pin et au bois poncé. En bouche, du citron, du citron ! On est à des années lumière du 1961 du début de la dégustation. 86/100

PEDRO GIMENEZ 1927 Alvear

Lolive ne s'est toujours pas remis de la couleur du Château d'Arches Crème de Tête 1906. Avec ce vin, il espère s'approcher de l'ébène liquide. Il n'en est pas loin ! Magnifique nez explosif de noix fraîche, d'orange sanguine et de zeste de citron. La bouche offre une texture sirupeuse dans laquelle on perçoit la poire et la pomme caramélisées qui auraient accroché au fond de la gamelle. Très belle finale de sirop d'érable. Grosse surprise. Là encore, à acheter d'urgence pour un prix modique. 96/100

CHAMPAGNE CHARLES HEIDSIECK "OENOTHEQUE CHARLIE" 1985

Un flacon rare, qui présente un nez d'une jeunesse sidérante, mais ouvert : Les agrumes, les herbes humides, le chêne sucré, ainsi qu'une touche de caramel et de souffre, qui disparaît fort heureusement très vite. En bouche, le cordon est intense comme un 1998. Les arômes de citron et la minéralité sont à vous décrocher la mâchoire. Opportunement, le miel équilibre un peu l'ensemble. Il est à mon sens imbuvable actuellement ; ce n'est pas un bébé mais un foetus ! 92+/100

CHAMPAGNE MERCIER 1966

C'est encore un beau jeune homme parfumé de noisette, d'amande, de chêne noble et de sucre candi. La bouche offre encore un superbe cordon agrémenté de petits minéraux, de citron, d'écorce d'orange et de craie qui rappelle cette terre inimitable. 93/100

Voilà, en plus de ces 18 vins, il y en a eu trois de plus : Je me souviens d'un Riesling imbuvable, mais les deux autres sont sortis de ma mémoire. Il faut dire que les capacités s'étiolent en fin de soirée... Heureusement, le marchand de sable connaît bien Lolive, il passe toujours très tard !