Haut Marbuzet 1959, Calon Ségur 1959 , Musar 1977 et plein d'autres belles choses !

Je n'ai pas trouvé le temps d'écrire plus tôt ce compte-rendu. En effet, la naissance de ma deuxième fille a été la priorité ! Mais comment peut il en être autrement ? Pour se remettre de ces émotions inégalables, nous avons organisé plusieurs dégustations à la maison, mais aussi chez les amis... Cette "célébration" fut jalonnée de belles surprises, mais aussi d'immenses déceptions...

CHARLES HEIDSIECK 1961

C'est la 4ème fois que je le bois ; Aujourd'hui encore il est différent. Un champagne aux multiples visages ! Le nez plus tertiaire, est  tout de même réjouissant. On reconnaît le foin, le cognac, la prune et le sous-bois.

En bouche, le gaz est intense, mais fin. La trame de chocolat et de havane montre un aspect plus viril que les trois premières expériences. La finale offre de beaux amers. 94/100

CHARLES HEIDSIECK 1966

Le nez de pain grillé, de café et d'agrumes confits est une belle gourmandise. La bouche offre un cordon hallucinant, encore très jeune. La puissance est étonnante sur ce millésime habituellement si élégant. L'orange caramélisée et la pomme au four se disputent la première place sur la langue. On peut juste lui reprocher un manque de complexité... 93/100

DUVAL LEROY Rosé (Brut années 50)

Le nez tertiaire de mousserons, de truffe et de cassis est agréable. La bouche a conservé du pétillant, avec une belle trame acidulée-amère de chicorée et d'abricot. La finale de caramel brun est réjouissante. Etonnant ! 89/100

DUVAL LEROY Brut C89

Je n'ai pas encore eu le temps d'appeler la maison pour vérifier la date de fabrication de cette cuvée. Sur l'étiquette on peut lire "cuvée du centenaire", ce qui signifierait que ce vin serait de 1959. Honnêtement je n'ai jamais eu un seul Champagne de cette année qui soit dans un tel état... Alors, qu'un brut non millésimé de 1959 soit aussi incroyablement préservé, me semble totalement impossible ; On dirait en effet un vin des années 80 ou 90. A vérifier donc, car si c'est réellement un 1959, il gagnerait automatiquement 2 ou 3 points pour son état parfait. Le nez de mélisse, de sureau et de foin est enthousiasmant, tandis que la bouche, jeune et très gazeuse, envoie une charge amère impressionnante qui s'affine au bout de quelques minutes sur l'orange amère et le pain grillé. Un peu monolithique, mais impeccable.

89/100

MUMM René Lalou 1979

Cette fois encore le vin est jeune. Les arômes de bois sec, de craie, et de zeste laissent imaginer que ce Champagne sera nerveux. La bouche confirme ce fait. Un jus de citron et de volvic orange sous gaz ! Libe me demande si j'aime ! Bien sûr que j'aime ! Mon seul bémol : Sur ce millésime mythique que l'on connaît par coeur, il se situe plutôt dans le peloton de fin. Je suis le seul avec ma femme à préférer, et de loin, le 1966 de Heidsieck. 91/100

MEURSAULT CHARMES 2007 Comte Lafon

Le nez fin, mais très complexe offre une sacrée palette composée d'anis, de fenouil, de citron et de chêne vanillé. La bouche est solaire, mais l'acidulé de la finale lui donne un côté frais et aérien assez inattendu. 92+/100

RIESLING "cuvée exceptionnelle" 1971 Louis Sipp

Le nez de liquoreux m'évoque la cire et les agrumes confits, tandis qu'un côté sauvage, presque animal lui donne un cachet intéressant. La bouche s'ouvre sur le cuir, puis les épices. On sent que ce millésime est exceptionnel, car la charge d'alcool écrase les papilles. 91/100

CHABLIS VALMUR 1979 J.P Droin

Le nez de croûton, de fougère, de silex et de noisette est somptueux et donne un large sourire. La bouche s'ouvre sur un parfum de chêne délicatement fumé, puis se poursuit sur le jus de citron, la peau d'orange, avant de se terminer sur une note herbacée et acidulée très longue qui me rappelle certains grands Sancerre. Une année magique en Chardonnay, et une sacrée rareté. Merci JC ! 95/100

CONDRIEU La Doriane 1995 guigal

Le nez de sucre candy, de chêne vanillé et d'amande nous oriente volontiers dans le sud-ouest. La bouche alcooleuse, un peu lourde, reprend le thème du nez, signant donc un exemple caricatural de vin pommadé et bien maquillé par la main du vigneron. Pas déplaisant, mais un peu grossier. 87/100

NUITS ST GEORGES "clos de la maréchale" 1969 Faiveley

Un monopole très difficile à trouver sur un millésime ancien. Il est bouchonné ; J'enrage !!!! NN

CLOS DE TART 1979

Un millésime célèbre pour les blancs, beaucoup moins pour les rouges. Pourtant, et je l'ai déjà signalé une fois, il se révèle étonnant et peut prétendre au podium de la décennie au côté de 1978 et 1971. Le nez de petits fruits rouges, de tabac et de clou de girofle est à se damner ; Quelle surprise !

En bouche, il est mûr, gorgé d'alcool et de soleil. Le kirsch, la myrtille,avec une touche giboyeuse, donnent le sourire à toute la table. 94/100

HERMITAGE 1999 J.L Chave

Le nez de saucisson, de fruits noirs crémeux et d'herbes fraîches est une vraie bombe. La bouche est puissante, mais je tiens à signaler que Chave ne semble pas prendre une direction que j'affectionne. OK le vin est excellent, mais le style est bien plus international que par le passé. Auparavant, il restait fermé un long moment et offrait une gamme animale que seule les grandes Syrah Françaises savent faire. Cette époque est révolue ; On sent un vin très travaillé par l'homme, étudié pour plaire. Y aurait' il  un jumelage secret entre Chave et Beaucastel ???

Reconnaissons que la vie n'est pas figée, elle est au contraire constamment en mouvement. Alors je comprends ce changement, mais je n'ai pas envie de le défendre plus que ça... 92+/100

CHÂTEAU LA LAGUNE 1971

Le liège du bouchon est d'une qualité très moyenne, et c'est dommage, car cela nuit grandement à la complexité des parfums. Il reste heureusement herbacé, et délicatement anisé. La bouche est un ton au-dessus ; Ouf !

Le caractère solaire de l'année éclate au travers d'une belle palette de nougat, de jus de cuisson et de chocolat. Il lui manque juste de la longueur et un peu de cachet pour marquer les esprits. 86/100

GIGONDAS "Cuvée Beauchamps" 1985 Château de Montmirail

D'emblée, je tiens à signaler que c'est LE plus grand Gigondas que j'ai jamais bu. Quand je pense que Parker ne fait que citer le domaine, sans même mettre une seule note, j'enrage pour les propriétaires qui doivent se sentir injustement oubliés. Ce vin survole toute l'appellation et dépasse sans forcer les cuvées célèbres comme "Hautes Garrigues" ou "cuvée Florence" par exemple. Ce 1985 est largement à la hauteur des plus grands Châteauneuf , et vous me croirez si vous voulez, mais je suis même certain qu'il n'est pas encore à maturité ! Le nez jaillit du verre sur la fraise macérée, le kirsch et le clou de girofle. La bouche n'est pas faite pour les amateurs de délicatesse. Ici, on cause fort, avec l'accent du sud ! La cendre, le noyau, la bigarreau presque pourrie et les épices saturent les papilles presque 45 secondes. Le petit Rayas ?? 94+/100

CHÂTEAU COS D'ESTOURNEL 1947

Le nez de vieux fût et de menthol tourne rapidement sur le marc et la caramel brun. La bouche est déviée, bref en réanimation et sans espoir de retour. La finale de serpillère enfonce le clou. Quel dommage.... NN

CHÂTEAU COS D'ESTOURNEL 1921

Le nez de tabac, de prune, et de griotte est aussi marqué par des notes de café froid et de quinquina typiques d'un vin qui est au delà de sa maturité, avec les orteils dans la tombe. La bouche s'ouvre sur le pruneau, puis la mûre un  peu caramélisée, tandis que la finale est déjà mangée par l'acidité de la faucheuse... On est malheureusement loin du niveau de la bouteille bue, il y a deux ans, mais c'est un grand cadeau, que tout le monde prend le temps de comprendre et d'apprécier. 86/100

CHÂTEAU LANESSAN 1955 ( mise Mälher Besse )

Le nez encore impeccable de kirsch, de chocolat et d'herbes sèches, manque simplement d'un peu de complexité. La bouche est nerveuse et pure comme un vin des années 80. On perçoit le zan, les groseilles, la fumée et la morille. Dans l'ensemble, je trouve que 1955 est plus jeune et plus élégant que 1959, qui lui, penche plus souvent dans la puissance crémeuse. 91/100

CHÂTEAU CALON SEGUR 1966

Un bel enchaînement sur deux terroirs que j'aime de plus en plus. Lanessan ne me déçoit jamais et Calon Ségur non plus. Le nez d'une pureté inouïe de rose, de cendre et d'herbes sèches nous met immédiatement de bonne humeur. La bouche est d'une finesse tout à fait inattendue ; C'est ce côté changeant, aux multiples facettes que j'aime chez Calon. Une fois caramel truffé (1947), une fois mammouth (1926), une fois compoté (1959), une fois ciselé (1982), une fois grand chasseur de gibier (1955), et une fois frère de Richebourg  (celui-ci). La bouche est fraîche, pleine de mûre, de groseilles et de ronces. Quelle élégance! Soyez attentifs, on peut encore trouver ce top 5 de 1966 à moins de 50 euros... 95/100

CHÂTEAU CALON SEGUR 1959

Bon, je suis motivé par le 1966 que j'ai servi à mon papa la veille, alors le lendemain, j'ouvre ce 1959 à mon frère. Le nez hyper expressif est un vrai bonheur. La réglisse, la truffe noire, le cèdre et la fourrure tourbillonnent sous nos narines.

En bouche l'attaque de truffe est inoubliable, comme celle d'un grand Pomerol. La suite est une marée de fruits compotés : Prune, pruneau, puis fumée et lys. Il est moins long et moins précis que le mythique 1955, mais c'est un grand 1959. 96/100

CHÂTEAU MUSAR 1977 ( Liban )

J'ai essayé de trouver l'un des 5 meilleurs vins de l'année de mon ami JC pour lui faire plaisir. Je ne m'attendais pas à un tel feu d'artifice. Musar 1982 m'avait déjà plu, pour son côté Pinot, mais cet exemple-ci lorgne plutôt du coté de Châteauneuf. Il faut du temps pour que le nez veuille bien s'ouvrir. Mais la patience est grandement récompensée: La cerise noire, la rose, les épices et la fourrure flattent durablement nos narines. La bouche est d'une colossale puissance et fait facilement 15 ans de moins. La menthe, le poivre, le jus de framboise et de cerise, délicatement épicé se paie même le culot de ressembler à Rayas. Somptueux ! 94+/100

CHÂTEAU TOUR DE MONS 1955

Le niveau est parfait, mais le vin s'est dépigmenté. Comme toujours dans ces cas, il est parti sur des arômes peu engageants de madère et vieux bouc ! NN

CHÂTEAU TOUR DE MONS 1955 Mise Allemande

Le même, mais sur une mise du négoce Allemand. Le nez de quinquina, d'eau de vie et Madère me laisse peu d'espoirs. J'ai déjà bu des centaines de vieux vins dans ce style. Ca se goûte sans problème, mais je n'y trouve aucun intérêt... La bouche est un squelette acidulé, avec des notes de goudron et groseilles. Il paraît que c'est le meilleur Margaux de l'année.... A revoir. 75/100

CHÂTEAU HAUT BAILLY 1981

Pour beaucoup c'est le vin de l'année ! J'ai donc naturellement choisi ce cru que j'affectionne pour fêter les 30 ans de mon épouse. Le nez de bois sec, de menthol et d'épicéa est très curieux. A t'il souffert d'une pollution ? La bouche évoque presque un cru Américain, avec ce côté sucré et mentholé. Il est très puissant, et ressemble davantage à un 82 qu'à un 1981. Mais, personne n'accroche vraiment. Difficile d'expliquer pourquoi. Un peu grossier certainement ? 85/100

CHÂTEAU VIGNELAURE 1970 (Coteaux d'Aix)

Le nez très agréable et fin penche irrémédiablement du côté de Bordeaux. La truffe, les herbes sèches, et le caramel dominent l'ensemble, tandis qu'une touche de framboise et de mûre apparaît par intermittence pour que l'on oublie pas que ce vin est avant tout sudiste !

En bouche il est nécessaire de le passer en carafe, car un perlant léger marque l'ouverture et rend la finale acétique. Après 20 minutes, il s'est épuré, et fait même très jeune. Cette fois, on lorgne plutôt vers Châteauneuf : Alcooleux, macéré, avec une finale de baies et d'épices. Enfin un beau Vignelaure. Ce vin bénéficiait, en effet, d'une grande notoriété au début des années 80, mais ni le 1982,  ni le 1975 ou 1979 ne m'avaient convaincu jusque là. Cette fois c'est une belle surprise, et surtout un coup de chapeau pour un vieillissement aussi réussi... 92/100

CHÂTEAU TALBOT 1928

Le niveau basse épaule me laisse peu d'espoirs. Le nez de bouillon et de cèdre se tient encore un peu. La bouche est un squelette qui n'éveille aucun intérêt autour de la table. NN

CHÂTEAU CERTAN DE MAY 1961 (Négoce)

Nez de sucre brun et de bois caramélisé sans intérêt. La bouche est marquée par un sucre résiduel très dérangeant. C'est pour moi la marque des vins ratés qui ne reflètent que les défauts d'une année. Certan de May est l'un de mes Pomerols préférés... Comment est-ce possible alors, de réaliser une performance aussi déplorable sur une année aussi mythique ??? Un faux peut être ? NN

MUSIGNY 1972 Poulet P&F

Bouchonné.... C'est terrible, car je sais que c'est un grand vin. NN

CHÂTEAU NENIN 1950 (Négoce)

Avec un nez pareil, on est dans le territoire des 95/100 ! La violette, la truffe et le chocolat blanc sont un vrai régal pour les narines. En bouche cela ressemble plutôt à la descente aux enfers : L'acidité domine l'ensemble, avec un tanin agressif à peine dompté. Incompréhensible, et trop dommage... 85/100

CORTON BRESSANDES 1949 Rodet

Les affaires reprennent ! Le nez est un festival fin mais riche, de violette, de pain grillé, de craie et de bois humide. La bouche très pure et nette fait honneur à son climat. Les petits fruits rouges et les épices tapissent la langue et stimulent la salive... 93/100

CHÂTEAU HAUT MARBUZET 1959

La vache, on tient là le monument du mois ! Le nez d'herbes sèches, de fumée et de mangue ressemble à un hypothétique mélange de Pauillac et de Pomerol. La bouche est d'une jeunesse stupéfiante : Toute la table se bat à l'aveugle pour départager l'année ; 1990 ou 1989 ? Ca donne une idée de la conservation.

La bouche surpuissante reste fraîche grâce à l'eucalyptus et à l'épicéa, tandis que l'exotisme mythique du terroir est apporté par l'abricot et le pruneau. La finale de zan et d'épices orientales complètent cette palette ahurissante. Dans le top 7 de 1959, largement devant Cos, Pichon Comtesse, Lynch, ou Palmer par exemple ! 97/100

CLOS JOLIETTE 1970 Moelleux

Le nez dantesque de truffe blanche, de pomme caramel, de morille et de barbe à papa est largement à la hauteur de sa réputation légendaire. Par contre la bouche pêche par manque de sucrosité. La liqueur a disparu, laissant place à un vin presque sec et minéral. C'est pas trop mon truc. J'attends impatiemment de goûter un sec des années 70 ou 71... 87/100

VOUVRAY "Le Haut Lieu" moelleux 1961

Un beau cadeau, car ce vin provient directement des caves de La Tour d'Argent. Le nez est encore frais, grâce à ses notes inimitables de tilleul, de bergamote, de citron vert et d'herbes fraîches. La bouche est plus décevante, car la sucrosité a presque disparu. Certes ce Vouvray reste désaltérant, mais il n'entrera pas dans les mémoires pour son originalité. 88/100

TOKAY VT 1985 Zind Humbrecht

 Le nez cristallin, est d'un exotisme et d'une minéralité totalement réjouissant. La bouche retombe un peu, car elle manque à mon sens, de complexité et de longueur. La fraîcheur est cependant au rendez vous... 90/100

MADERE Santa Cruz années 40

Le nez de griotte, de Mon Chéri, de brownie et de marc de café donne du punch à tout le monde. La bouche est riche et l'on pourrait presque se noyer sous ce flot de chocolat et de burlat. Un très bon choix ! 93/100

Espérons que la suite du semestre sera encore plus passionnante !