Dom Ruinart 1966... Vacances entrecoupées d'une belle dégustation

A peine rentré de Berlin, direction chez Libe pour une belle soirée en perspective... Avant de repartir pour le Sud, afin de profiter de la mer, mais aussi pour aller découvrir la carte des vins du Louis XV à Monaco... J'avoue que j'ai hâte, car je crois savoir que quelques très vieux flacons reposent encore sous le Rocher. Mais je crois que ce sera comme faire les boutiques sans argent... On regarde, juste pour le plaisir ! Bon revenons-en à nos moutons.

DOM RUINART 1966

Youpi ! Quelle entrée en matière ! Le nez explose du verre sur le pain grillé, le pain d'épice, le fût ancien, la pomme-poire : Quelle gourmandise ! Tellement chardonnay... Mais je vote plus pour un Comte des années 1970... Ou peut-être 1964 puisque Libe nous met sur la piste. Hé bien non ! C'est ce fameux millésime que j'aime à la folie et qui a donné tant de merveilles, dont l'un de mes plus grands souvenirs en Champagne : le Cristal 1966... La bouche n'est pas en reste avec ce cordon fin et ces arômes d'une puissance brutale de bâton de réglisse, de pomme et de beurre fondu... Pour le coup, c'est vraiment un Champagne de repas qui aurait peut-être mérité un foie gras ! La conservation est idéale ; c'est du bonheur, et une juste récompense pour Libe et sa prise de risque puisqu'il m'a avoué par la suite avoir hésité lors de l'achat à cause d'une trace de coulure... 95/100

VOUVRAY 1978 Foreau

Libe à la main ! En ce moment, il est même béni des dieux !!! Le nez est franchement superbe et précis sur la truffe, les agrumes et la pêche... Je n'hésite pas à l'aveugle et je me lance en Loire, mais plutôt sur un Sancerre... Pas loin, mais on oublie cette appellation plus connue pour ses liquoreux. Pourtant ce sec est une révélation, et quelle jeunesse ! La bouche est un essuie-glace acidulé... C'est très rafraîchissant, et désaltérant même... L'orange amère, le citron confit qui fait grimacer, mais de plaisir ! Et cette superbe minéralité en finale, très proche de son terroir... Pour 10 euros qui dit mieux ?! 92+/100

CORTON CHARLEMAGNE 1978 Louis Latour

Un vin difficile à trouver de nos jours, sur un immense millésime... Libe nous gâte ! Et quelle bonne idée que ce match entre un grand vin confirmé et un challenger de Vouvray qui n'intéresse malheureusement pas grand monde ! Résultat des courses, et contre toute attente : match nul... A mon sens chacun de ces deux vins possède des atouts et il est impossible de les départager... On dira que le nez est pour le Vouvray, et la bouche pour le Corton... Par contre le prix, lui, est bien différent !!!

Le nez est sur la défensive et ne se livrera jamais totalement, même après une heure... La paille, l'abricot... Il faut aller le chercher, dommage ! En bouche, par contre, c'est un beau festival de fruits jaunes macérés, de beurre, avec une minéralité saisissante... Je signale juste que le Corton de Latour fait parti de mes plus grands souvenirs de blanc sur le millésime 1966 et, un peu moins abouti mais inégalable en puissance, le 1959... Donc ce 1978 est très bon, mais déçoit tout de même un peu. 92+/100

Libe laisse la main à Matt qui a décidé de nous secouer un peu avec le millésime 2005... Et il faut bien avouer que cette année risque vraiment d'être grandissime. Tant pis pour nos porte-monnaies...

DAME DE MALESCOT 2005

Un deuxième vin qui a de la gueule, indéniablement ! Au nez on sent bien la Rive Gauche avec ces arômes déjà précis de chêne caramélisé, d'eucalyptus et de mûre... La bouche est puissante, crémeuse, macérée. Bref c'est très bien fait, et déjà agréable à boire... Mais, dans 20 ans, on sera en présence d'un vin superbe, largement à la hauteur de bien des crus classés... 90+/100

A mon tour de jouer...

BEAUNE CLOS DES MOUCHES 1971 Chanson

Je prends quelques risques, car même si 1971 est un immense millésime en Bourgogne, beaucoup de vignerons étaient "passés du coté obscur de la force", avec ces arômes de sucraïon que je déteste... Ici, il n'en est rien, c'est un pur pinot qui a bien exploité le côté très chaud du millésime.

Le nez est superbe sur la fumée, la groseille et la griotte... Ca donne l'eau à la bouche. La mûre et la framboise nous offrent une belle expression de pinot au palais tandis que la marque des années 1970 enrobe la langue de sa douce surmaturité. La finale est agréable sur la cendre et les petits fruits rouges. C'est un vin que l'on peut trouver sans trop de peine de nos jours, alors ne pas hésiter : Pour 50 euros environ, foncez ! 93/100

HERMITAGE 1983 JL Chave

Le nez ultra classique ne me trompe pas une seconde : Direction Rhône Nord... La fourrure, la fumée et l'olive... C'est rustique certes, mais qui d'autre dans le monde sait-il faire ce type de vin où l'on perçoit si bien le terroir et la sueur du vigneron ?! En bouche nous avons du cuir fin, des fruits macérés et des herbes grillées... C'est bien fait, très parfumé et vraiment digeste... C'est un grand Chave. Encore, s'il-vous -plaît !!! 93/100

LA CONSEILLANTE 1964

Libe est déchainé !!!

Le nez droit dans ses baskets, il nous fait faire un petit tour en Rive Gauche... Curieux, non ? Le chocolat-menthol, le cèdre, la fumée et la prune annoncent un grand vin... En bouche, c'est la maturité parfaite avec cette rondeur incomparable et ces parfums de mûre sauvage, de cuir et de cacao... Bob Parker est à coté du sujet, il faut qu'il regoûte ce vin !!! Pour moi c'est un des Top 5 du millésime ! Il me manque juste un peu l'exotisme et la crème de la première fois qui m'avaient tant marquées il y a quelques années... Et je crois que Libe le goûte mieux que moi ; peut-être que le palais fatigue un peu aussi ! 94/100 Pour info, la première fois il valait 96/100...

CHATEAU DE LA GENAISERIE "Les Simonnelles" 1997

Comme le disent si bien les potes, c'est le genre de vins qu'on a aimé il y a quelques années, un peu moins maintenant... Mais ce Loire est délicieux quand même : Nez d'amande, d'abricot au miel, et une touche de pétrole... En bouche, c'est plus monolithique et lourd. Effet millésime très mûr oblige ! On est loin de la complexité,de la finesse et de la sucrosité d'un Baumard par exemple... 89/100

Voilà une belle soirée entre amis où les discussions tournent autour du vin , mais aussi de la gym bien sûr... Et que de souvenirs, pourtant racontés des centaines de fois, mais toujours avec le même plaisir !