Hermitage La Chapelle 1929 et 1937, premiere mondiale ?

Nous savions qu'avec de la patience, nous finirions par accéder à des bouteilles uniques au monde. Cette cave, dont je parle depuis un moment a été constituée très tôt dans le 20ème siècle, par un amateur à l'instinct redoutable. Les héritiers ne s'intéressent pas au vin, mais ont promis de ne jamais vendre ce patrimoine. Première entorse à cette règle avec nous, car nous sommes à priori d'authentiques "énergumènes"

Alors oui, un jour tout sera vendu, et ces fleurons de l'histoire partiront chez des milliardaires. Mais avant cela, les meilleurs exemplaires, et les plus rares ( pour certains crus il ne reste plus que 2 flacons ) auront été bues par les modestes puristes que nous sommes.

L'objectif n'est pas de constituer un tableau de chasse, ou d'être le seul à avoir bu tel ou tel vin... Non,car il n'y a désormais plus de but, juste de la joie. La joie de participer à cette grande fête qu'est la vie, ici et maintenant.

Ce titre sera donc le chant du cygne des titres tapageurs. Vu les vins qu'il reste encore dans cette cave, il y a de grandes chances que l'on deviennent de toute façon, les seuls privilégiés au monde à pouvoir témoigner de l'éclat de certains mythes encore vierges de toutes critiques.

Mais ça se fera dans l'intimité, entre nous, et si l'envie m'en dit et que je trouve le temps de le faire, je publierai une description de nos exploits dans ce blog, comme d'habitude :)

DOM PERIGNON 1962

Cette fois, il est sublime. Finesse de la bulle confondante, et nez de pomme et de fumée, redoutable.

96/100

CHEVALIER MONTRACHET 1961 Leflaive

Quelle rareté. La cave magique s'arrête au millésime 1969. La collection a été arrêtée à cette date. Donc avant 1969, on trouve à peu près tous les grands noms célèbres actuels.

Le nez explose du verre. On dirait un vin des années 90. Le foin, la badiane, la truffe et le gingembre sont quelques uns des arômes entêtants que l'on capte sur le vif. La bouche offre une puissance dingue, de tourbe, d'épices orientales et d'agrumes confits. Il me manque juste les notes de croûton et de cèpes au beurre qu'avait le légendaire 1973. 99/100

CHABLIS MOUTONNE 1906

Niveau à 3 cm, et première main bien sûr, puisque cette bouteille n'a jamais bougé de la cave magique. Le nez de moutarde, de miel et de clou de girofle fait 50 ans de moins !!!

La bouche de fourrure, d'agrumes et de minéraux me passionne un peu moins. Grand vin tout de même.

94/100

CHÂTEAU PETRUS 1988

Le nez de fumée de zan, de caramel, et d'épices de noël est magique. Lolive réussi à identifier le patron des vins, à l'aveugle. Comme souvent avec Petrus, la bouche offre une charge d'anis et de zan redoutable. Vin très pur et envoutant.

95+/100

CHÂTEAU GRUAUD LAROSE 1945

On imagine pas à quel point cette année est restée jeune. Nez de baileys très crémeux, avec des notes d'algues et de mûres.

Bouche violente avec un grain de tanin sauvage et râpeux. Je préfère néanmoins le style unique des années 20 pour ce domaine.

95+/100

HERMITAGE LA CHAPELLE 1937

Lolive me fait la surprise de m'ouvrir cette bouteille complètement folle un matin. Deux amis éternels sous l'oeil d'un ciel limpide, pour apprécier un vin certainement introuvable désormais. Le niveau est TLB !

Le nez met une bonne demi-heure pour prendre son envol. Des parfums puissants de cuir, de café, de lard, de pruneaux et de chocolat mentholé manquent de me mettre KO.

La bouche offre la sucrosité et le côté huileux d'un Châteauneuf , ou d'un Cheval Blanc de 1947. La mâche est tout simplement hallucinante, tandis que la finale de petits fruits rouges est une leçon d'équilibre. Magistral, mais à boire. 100/100

CHÂTEAU FIGEAC 1948

Décidément, quelle année incroyable ! Le nez somptueux de cappuccino, de bois de santal et de petites fraises est un coup au coeur. La bouche tertiaire de champignons, de cacao et de mûres est puissante, mais totalement subtile en même temps. Immense Figeac ! 97/100

VOSNES ROMANEE Les Beaumonts 1983 L.Jayer

Le frère d'Henri. Certains amateurs prétendent que le maître lui même vinifiait certaines années. Possible:)))...

A l'aveugle impossible de partir sur un vin si jeune. La couleur pelure d'oignon marque les années. Je pense aux années 30...

Le nez somptueux de framboise, de vanille, de groseille et de tabac est une vraie bombe !

La bouche de café, de petits fruits rouges nerveux et de cassis épicé est un bonheur. On boit ça comme du petit lait.

96/100

DUVAL LEROY 1990

Nez de pomme et de galette des rois. Bouche vive et parfumée. A point. 92/100

SANCERRE Côte des monts damnés 1998 Cotat

Nez de fenouil et d'amande. Bouche encore lourde et marquée par l'alcool. A attendre 15 ans au moins. 87+/100

CHASSAGNE MONTRACHET Rocquemaure 1993 Fleurot (Magnum)

C'est décidément un monopole incroyable ! Nez très complexe d'abricot, coing et pétrole. Bouche crayeuse et intense sur le fruit amer. Gros potentiel. 94+/100

HERMITAGE Blanc 1982 Chapoutier

Je pense à un vieux Chante Alouette à l'aveugle. La couleur acajou fait peur pour un 1982... Le nez explose sur la pâte de coing, la noix fraîche et le croûton. Bouche de résine, de caramel brun et de quinquina. Un vin qui ne plaira pas à tout le monde...

95/100

RIESLING 1976 Adam

Un producteur qui mériterait une plus grande notoriété. Les vins sont impeccables à chaque fois. Le nez monstrueux de résine, de pétrole devient totalement exotique à l'aération. La bouche offre une ampleur incroyable pour un simple Riesling. Quelle leçon pour 12 euros. 95/100

GEVREY 1er CRU Clos de la Bossière 1989 H Geoffroy

Nez de petits fruits rouges, et touche de rose. Bouche raide et un peu austère par rapport au nez. Encore du potentiel. 90+/100

HERMITAGE Les Greffières 1989 De Vallouit

Nez explosif de cendre, de tapenade, et de bacon. Bouche fumée, épicée, encore épaisse et jeune, mais totalement gouleyante. Un Hermitage réjouissant ! 96+/100

CHÂTEAU CHASSE SPLEEN 1982

Nez classique de Moulis avec ces odeurs troublantes de terre et de capsule, ainsi qu'une touche de cuir.

Bouche rustique dans l'esprit du Sociando Mallet de la même année. 87/100

CHÂTEAU MAGREZ FOMBRAUGE 2003

Le vin de garage à ne pas louper d'après Bob Parker. Nez surpuissant de cerise noire, de coco, de pin, de lys et framboises juteuses.

La bouche est une liqueur, très extraite, mais relativement bien équilibrée. Il n'y a pas de raisons que ce type de vins vieillissent mal. Grand sujet. 96+/100

HERMITAGE La Chapelle 1929 Jaboulet

Si j'avais dû sélectionner un vin parmi une liste exhaustive de crus,  pour mon ami JC, c'est celui-ci que j'aurais choisi. Ca tombe bien, car le collectionneur ayant lu qu'on était devenu fou en buvant le 1937, nous a proposé ce millésime encore plus rare.

Le nez est d'une pureté renversante, grâce aux parfums de bacon, de menthe, de chocolat valrhona  et de cuir. Moins puissant que le 1937, mais plus cristallin.

La bouche de ce 1929 est moins dense aussi, mais à nouveau plus précise : Totalement Bourguignonne en fait. On croirait goûter une liqueur de framboises fraîches, avec une touche de sucre, et des arômes plus masculins de cacao, de cuir et de fumée. Une acidité de léger déclin mange quelques précieuses secondes sur la finale. Somptueux, mais à boire. 99/100

CHÂTEAU PUYBLANQUET 1955

Je garde un tel souvenir du 1929, que je m'étais toujours juré de regoûter ce cru sur d'autres années. Le nez très rive gauche d'anis, de cèdre, de poivron et d'épicéa, donne immédiatement le sourire. Malheureusement, le soufflet retombe un peu en bouche, car malgré un tanin fougueux, le vin reste stricte et ne décolle jamais tout à fait. Finale un peu acidulé. Dommage car le nez vaut une note très élevée. 90/100

CHÂTEAU PUYBLANQUET 1928

Le nez très puissant de zan, de pruneau et de fruits rouges est une sacrée bombe. La bouche est un archétype de 1928, un peu comme Pavie de la même année : Puissante et encore fougueuse. On croirait boire une liqueur de réglisse, gorgée de fruits confits. La finale est tranchante. Grand vin ! 96/100

CHÂTEAU RIEUSSEC 1945

Couleur ambrée et lumineuse typique de cette année de tout petit rendement. A l'ouverture ce vin dégage des parfums de bougie, de parquet, mais après une longue aération, il prend une ampleur et une complexité qui lui permettent presque de tutoyer le maître Yquem 1945. L'orange confite côtoie le tabac blond et le café.

La bouche est une douce liqueur onctueuse de truffe, d'épices et de pâtisserie de l'Aïd. La finale interminable d'orange sèche et d'orange sanguine est un chef d'oeuvre de finesse. Sublime ! 99/100

Coteaux du Layon Ambroisie 1995 J.Python

Nez très puissant, mais un peu monolithique de coing et agrumes fumés. Bouche épaisse, presque salée, encore axée sur le coing. Un vin monstrueux, mais qui manque totalement d'équilibre et de fraîcheur. Une pâte de coing liquide :) 93/100

Une rentrée qui commence bien non ?:)