Lake 1994, La Gaffelière 1955, Caillou 1921 : Ma dégustation de fin d'année.

Après avoir reporté de nombreuses fois cette dégustation, nous arrivons enfin à trouver une date qui conviennent à tout le monde... La neige ayant mis une pagaille pas possible sur Lyon, je me retrouve avec un congrès annulé, et donc bien plus de temps libre pour m'appliquer en cuisine. J'ai envie de faire plaisir à tous mes invités, et pas seulement avec le vin !!!

Le menu se compose ainsi :

-Velouté d'artichauts sur crème truffée

-Langoustines pochées à l'anis sur tartelette de fenouils confits à l'orange et soupçon de jus de carcasse

-Fois gras poëlé, déglacé au vinaigre de figue et figues rôties.

-Filet mignon de porc "Trolliet" en croûte de Bellotta,cèpes et noix, avec sauce aux piments d'Espelette, accompagné d'une purée de courge vapeur de Bellotta, ainsi que poignée de girolles au beurre.

-Plateau de fromages

-Mandarine confite au thym, ananas rôtis au menthol et sorbet de thym citron.

Des heures en cuisine donc, mais du plaisir au bout, et c'est tout se qui compte ! Côté vin, j'ai eu envie de varier les régions et les années. Tout est prêt, alors en piste !

  

DE VENOGE "Cuvée des Princes" 1979

Un top 10 du millénium ! Je suis excité... Le nez pur arabica, présente aussi des nuances de nougat, et de caramel. La bouche très glycérinée, offre  une minéralité décoiffante et inattendue. Le gaz manque un peu de peps pour mon goût, et je reste donc sur ma fin par rapport à l'attente que j'en avais. 93/100

HERMITAGE "Chevalier de Sterimberg" 1976 Jaboulet

Le nez de coquillages, de pétrole, de cuir et de cacahuètes ne plaît pas à tout le monde. Je le trouve plutôt original, mais la bouche ne suit pas tout à fait cette audace. Huileuse, et alcool fort sont les mots qui me viennent pour la décrire au plus juste. Il manque du fruit et de la longueur pour prétendre à l'excellence. 88/100

MONTRACHET 1985 Guy Amiot

Après un départ un peu poussif qui sert d'échauffement, nous décollons enfin. Nous resterons d'ailleurs en l'air jusqu'en fin de repas. OUF!

Le nez très complexe de céréales, de truffe, d'agrumes confits, et de paille sèche est un pur bonheur. La bouche a la stature d'un grand Montrachet. C'est suffisamment rare pour être souligné. En effet la plupart du temps, je préfère les Chevalier ou les Bâtard...

L'attaque est ample et alcooleuse, mais la suite possède un raffinement et un équilibre redoutable.L'amertume est noble, tandis que le citron confit, la craie, et l'écorce d'orange tapissent la langue plus de trente secondes. Un bien beau flacon, encore trop jeune. 95+/100

VOSNE- ROMANEE "Les Beaumonts" 1978 Noellat

Le nez est à se damner. Quelle perfection bon sang ! La truffe noire, les framboises fraîches, les épices de pâtisseries, et le sous-bois sont quelques une des notes entêtantes que l'on perçoit. La bouche est une dentelle très parfumée, avec un tanin encore imposant, mais jamais lourd. Tout est en place, précis et frais. La table est déchaînée ! 97/100

CHÂTEAU LA GAFFELIERE-NAUDES 1955

Le niveau est encore dans le goulot. La première fois que je l'avais bu, il était bouchonné ; Je ne pouvais décemment pas laisser passer une chose pareille. Voici donc la revanche :

Le nez parfait rappelle le citron, les herbes grillées, les fruits noirs et le tabac. La bouche est d'une puissance redoutable, avec un doux parfum de lait de coco en attaque. On croirait boire un Cheval Blanc ! Plusieurs convives penchent pour 1990 ou 1989. Ca en dit long sur l'impression de jeunesse !

La suite est une douce liqueur de fruits rouges, de tabac grillé et de sous-bois. Encore un grand 1955 ! 95/100

DIAMOND CREEK "Lake" 1994

Pour situer un peu le débat, ce vin est l'un des plus rares de la planète, avec seulement 1500 exemplaires à se partager dans le monde entier. Il est issu d'une petite parcelle appelée Lake. Ce domaine est réputé pour être un des seuls à pouvoir rivaliser avec nos vins en terme de finesse. J'avais déjà tenté la cuvée Gravelly meadow 1984 à New York, et j'avais été suffisamment séduit pour me mettre en quête de cette rareté, dont le prix est à peu prêt au niveau actuel de Lafite....

Après plus de 3 heures de carafe, le nez sort bien sur des parfums de jus de cerise, de grenadine,et de menthol, le tout nuancé d'un boisé élégant. En bouche, c'est un sirop fin de fruits rouges et d'épices, agrémenté d'une touche géniale de minéraux. L'équilibre est magistral et digne d'un Lafite justement. Il manque un peu de complexité à l'heure actuelle, mais gageons que le long vieillissement saura lui apporter ce supplément d'âme. Je reste par contre un peu dubitatif sur le prix, qui ne se justifie, à mon sens, que sur la rareté... 94+/100

CHÂTEAUNEUF-DU-PAPE La Bernardine 1959 Chapoutier

Le 1945 du Casual friday m'avait tellement excité, que j'ai eu envie de faire découvrir à mes amis cette superbe cuvée sur un millésime "éléphant". Le nez est une bombe aromatique : On retient la chartreuse verte, les herbes de Provence, la cendre, et les fruits noirs confits. En bouche, il est macéré à souhait, offrant une puissance incroyable, qui justifie pleinement sa dernière position dans la dégustation. Il reprend parfaitement le thème du nez, sans aucune lourdeur. Je le trouve encore meilleur que le 1945... 97/100 

CHÂTEAU CAILLOU 1921

Difficile de savoir si c'est une crème de tête et si le domaine en produisait déjà à cette époque. La couleur évoque clairement ce type de cuvée, et vu que le domaine a réétiqueté le flacon, je reste dans le doute car je sais qu'il ne mentionne plus cette particularité désormais. Il faut que je les appelle pour en avoir le coeur net...

Le nez est la perfection de ce bas monde : Tatin de pomme, clou de girofle, poire williams, caramel salé et mandarine. La bouche est très liquoreuse, mais avec l'esprit des vinifications Allemandes, grâce à cet acidulé mordant. Le chocolat se marie avec le miel et les épices, puis le caramel avec l'orange sanguine. La finale dure presque une minute. J'ai un peu hésité, mais quand je me retourne sur toutes mes dégustations, je constate qu'il y a bien peu de liquoreux à ce niveau, même un grand Climens comme le 1928. Une légende donc. 100/100

J'en profite pour mettre à la suite de cette dégustation, un autre compte-rendu concernant quelques superbes flacons bus à la cave Vavro, la cave la plus dynamique de Lyon, bien sûr !

BATARD MONTRACHET 1991 Sauzet Magnum

Le nez presque violent me rappelle certains cosmétiques féminins, puis il s'assagit sur le grillé, le silex, et le fruit exotique. La bouche est très puissante, fidèle au terroir, mais surprenante pour cette année peu reconnue pour les blancs. Le côté laiteux et alcool fort lui donne des accents rhodaniens, qui me freinent un peu dans la note. Ca reste un très beau vin quand même, et il en a sous la pédale ! 92+/100

TOKAY CLOS ST URBAIN RANGEN DE THANN  VT 1983 Zind Humbrecht

A l'aveugle, je pars direct sur l'Alsace. La rose-litchi, associée à des effluves plus viriles de charbon et de grillé, me fait plutôt pencher pour Tokay. Ouf, l'honneur est sauf !

L'attaque en bouche est subtilement liquoreuse, mais rapidement le côté sec l'emporte. Vivement dans 15 ans, lorsqu'il sera totalement et parfaitement sec !!! La bouche cristalline est un jus de terroir, avec un thème assez proche du nez. Superbe ! 96+/100

CHAPELLE CHAMBERTIN 1991 Trapet

Honnêtement, le genre de vin que je n'aurais jamais acheté... J'ai tort !

Le nez impeccable, très ouvert, rappelle la coco, le zan, et les fruits rouges. Un Bordeaux en somme ! Mais la couleur ne trompe pas, j'aurais dû plus réfléchir avant de me lancer ! La bouche est un concentré de petits fruits rouges, et d'épices. Un pinot élevé dans un fût de Cheval Blanc, car ce nez de coco, est assez troublant quand même ! 92/100

CÔTE RÔTIE 1995 Jamet

Le nez de tourbe, d'herbes grillées, avec ce côté sanguin, ne me trompe pas une seconde cette fois... La bouche est une extraction de lard, de fumée, avec une touche de rafle et de baies qui apporte l'équilibre. C'est vraiment bien fait, même si on peut toujours lui reprocher un certain manque d'originalité et de surprise ; C'est couper les cheveux en quatre, d'accord... 93+/100

CHÂTEAU LE PUY 1989 Magnum

Le fameux château qui a tant défrayé la chronique, grâce à la publicité faite par le manga "Gouttes de dieu" au sujet du 2003. Le nez de chartreuse et d'orgeat est assez intéressant. La bouche offre un beau fruité composé de cassis et de griotte. Un vin sympa, qu'on oublie assez rapidement quand même. A voir si le 2003 est si révolutionnaire que ça ?! 86/100

PORTO 2005 Nieeport

Les effluves de chartreuse jaunes, d'amande amères, et d'herbes de Provence sont quelque peu agressives ; On ne peut cependant pas lui reprocher d'être fermé !

La bouche est une douce liqueur de noyau et de clafoutis. C'est pas ce que je préfère, même si je reconnais là, un sacré savoir-faire. 88+/100

J'espère avoir encore quelques surprises avant la fin d'année ! On devient capricieux à force !