Montrose 1955 et BV 1960 à l'académie des vins anciens.

la neige Parisienne perturbe un peu l'organisation de cette académie de fin d'année 2010, mais finalement la plupart des participants s'en sortent bien et sont présents pour un beau festival de vins, organisé comme toujours avec brio, par notre ami François...

NICOLAS FEUILLATE Réserve Particulière 1982

Un champagne rare à se procurer losrqu'il est aussi ancien...

Le nez de fruits d'été et de grillé est encore agréable. En bouche le cordon est bien présent, agrémenté de notes empyreumatiques. 89/100

MEURSAULT PERRIERES 1964 Robert Ampeau

Tout ceux qui me lisent savent combien j'aime les vieux Meursault ! Je l'attends donc impatiemment...

Catastrophe, le nez est pollué par des odeurs tenaces de bouchon. Grâce à l'air, on arrive à passer sous ce voile pour découvrir tout ce qui permet à ce climat de si bien vieillir. Des notes de noisettes, et de beurre fondus restent intactes. En bouche la trace liégeuse est à peine perceptible, tandis que le granit, le silex, ainsi que les agrumes confits envahissent le palais. La finale est mangée par la pollution, forcément... Quel dommage ! 88/100

HERMITAGE CHANTE ALOUETTE 1959 Chapoutier

Un vin que j'ai déjà décrit sur ce site. Il est en tout point équivalent. François l'adore et je le comprends ! 95/100

CHÂTEAU LAFITE ROTSCHILD 1970

Il présente un nez délicat de cèdre, de fraise et de champignons. La bouche est un peu austère, comme Mouton 1970, mais ici la matière est soyeuse. Le problème est que la finesse en devient complètement caricaturale, laissant une impression d'eau parfumée. Et cette finale acidulée, me fait l'effet de boire un Bordeaux supérieur d'une vingtaine d'année. Je pense avoir goûté suffisamment  de Lafite, pour comprendre cette fameuse finesse qu'aucun autre pays au monde ne sait faire. Mais sur cette année, il faut le dire, Lafite est complètement raté et indigne de son rang. Il ne fait pas dans la finesse, mais dans le "flotteux" ! Quand je vois les prix de vente actuels, je frémis, en pensant à la déception qu'aura le malheureux propriétaire d'une telle bouteille. A fuir ! 82/100

CHÂTEAU MONTROSE 1955

Ouf, enfin du vin, et du grand même ! Le nez de cuir, de cacao, de gibier sauvage est bien dans l'esprit de Calon ségur 1955, sans toutefois la même puissance.

La bouche est épaisse, crémeuse et totalement jeune. La fumée, les herbes sèches et la truffe s'imposent comme une grosse cavalerie, tandis que la minéralité finale signe là un très grand Montrose. Enfin, car à part 1989 et 1990, ce terroir ne m'a jamais transporté. 96/100

CHÂTEAU MALESCOT ST EXUPERY 1934

La bouteille est bas goulot, donc dans un état exemplaire ! Le nez de sous-bois, de truffe et d'épices délicates est superbe et ne fait pas son âge. En bouche, pas la moindre trace d'acidité des "vieux briscards", mais juste de la plénitude portée par de doux parfums de morilles et de fruits noirs confiturés. Il lui manque simplement l'allonge d'une Mission de même année pour prétendre à la note exceptionnelle... 92/100

CHÂTEAU MISSION HAUT BRION 1988

Un millésime que j'ai longtemps banni de ma cave, car je ne le comprenais pas. J'étais persuadé que les critiques s'étaient trompées, en parlant de trilogie. Pour moi 1989 et 1990 étaient à des années lumières de 1988. J'avoue humblement, que le temps qui passent me donne un peu plus tort chaque jour. Il faut avoir goûté cette Mission, Pape Clément, La Louvière, Clinet, ou encore Fleur de Gay, entre autres exemples,  pour comprendre immédiatement que ce millésime a donné des vins très bouquetés et armés pour une longue garde. Cette Mission offre un nez puissant de pétrole, de fruits noirs et de réglisse. La bouche est d'une puissance inhabituelle pour l'année ; On est noyé sous un flot de baies et de zan. Il est actuellement bien supérieur au 1990. A attendre encore au moins 10 ans de plus. 95+/100

CLOS VOUGEOT 1947 Château de La Tour Morin P&F (1/2 bouteille )

C'est la deuxième fois que je le bois. La première fois, c'était une bouteille 75 cl, avec niveau bas, mais d'une perfection insolente. Cette 1/2, amenée par monsieur Labet lui-même est moins puissante et moins chaleureuse, mais que l'on ne s'y trompe pas, c'est un superbe Clos Vougeot quand même !

Le nez est encore précis, grâce à de fabuleux arômes de lys, de pralin, et de framboises épicées. La bouche est une belle gourmandise, avec la sucrosité subtile caractéristique de 1947. Un vrai jus de fruits rouges ! Il lui manque l'allonge qu'aurait eue la bouteille traditionnelle. 95/100

VEGA SICILIA 1936

Pour moi, imbuvable... NN

VEGA SICILIA 1940

Il offre un nez de citron, de pétrole et de bois sec qui me laisse un peu de marbre. En bouche, c'est la même sensation qu'un vieux vin inintéressant comme j'en ai tant bu. Cependant ici, la bouche est alcooleuse et peut faire illusion. Très peu pour moi de ces arômes de fût humide et de quinquina. Après 1929, 1936, 1940, 1964,1966, 1968, à quand un grand Vega ??? 78/100

Vega Sicilia 1953

Mon voisin a eu l'extrême générosité d'amener ces trois vins rares. Cette bouteille n'est pas prévue pour notre table. Aussi, lorsque je vois son état, absolument  parfait, je le sollicite pour essayer d'avoir un verre. Après tout il peut quand même profiter de sa propre générosité !

 Je finis de le convaincre en lui disant que la réputation de 1953 est très importante. La couleur rubis profond m'inspire ! Au nez, je sais que je le tiens enfin!!! Des parfums complexes de tabac, de fruits rouges murs, de menthe et de café en nuance, me font chavirer. Quelle jeunesse ! La bouche est encore d'une puissance brutale, mais par rapport à toutes mes expériences précédentes, cet exemple-ci a la précision. Certes on perçoit le côté "étranger" surmaturé et  lourd, mais l'acidulé des fruits rouges, la complexité du sous-bois, et la belle amertume des agrumes lui donne ce supplément d'âme. Il en a encore sous la pédale ! Je reprends espoir et je remercie du fond du coeur mon voisin de droite qui m'a fait cadeau de son verre presque plein. La classe ! 95/100

CHÂTEAUNEUF 1938 Bessac

La bouteille est parfaite. Impressionnant ! En revanche, le nez de viande cuite, de fruits noirs et de café l'est beaucoup moins... C'est un peu usé et "lourdo". La bouche est bien vivante, mais la palette se réduit à la plus simple expression : Café et liqueur. 83/100

BEAULIEU VINEYARDS Private Reserve 1960 Georges De Latour

Je suis très excité de boire un vin Américain d'une cinquantaine d'années ! Je ne sais pas à quoi m'attendre, mais ce qui est sûr c'est que je n'ai pas idée de ce qui va suivre : une belle calotte !

Le nez très ouvert est d'une rare complexité : L'eucalyptus côtoie le batna, la vanille et le chocolat blanc. La bouche est encore dans une forme olympique, sans la moindre trace d'acidité. Les herbes grillées, l'eucalyptus, encore, ainsi que les baies juteuses flattent nos papilles. Ce cru est original, puissant, typé, et complexe. Alors à tous ceux qui ont pensé un jour que les vins élaborés outre-atlantique ne vieilliraient pas, je le dis haut et fort : Nous avions tort ! Nous seulement ils peuvent se bonifier sur un demi-siècle, mais en plus ils ont un vrai cachet et sont ( pour les meilleurs bien sûr ) aussi grands que nos 1959 ou 1966. 97/100

BEAUNE CLOS DES MOUCHES 1959 Drouhin

Un vieux bouc, sans intérêt... Le niveau était bas. NN

CHÂTEAU SUDUIRAUT 1975

Des odeurs puissantes d'amandes amères s'échappent du verre, suivies de quelques notes d'oranges. La bouche est encore jeune, portée par de violentes touches amères et acidulées. Laissons lui du temps... 87+/100

CHÂTEAU HAUT-SARPES 1896

Un beau cadeau de François. Malheureusement, pour mon goût, il a déjà les deux pieds dans la tombe. La bouche s'accroche à la vie avec une liqueur subtile et des touches épisodiques de fumée, mais des relents de serpillères coupent court à toute émotion gustative. Il ne reste que l'intérêt historique... NN

CHÂTEAU COUTET 1917

Le nez d'orange, de vitamines, et de bois humide n'est pas désagréable. La bouche est bien celle d'un Barsac, increvable, grâce à cette trame acidulée, véritable marque de fabrique du terroir. Des traces d'oranges sanguines lui permettent d'échapper au statut de relique...80/100

MALAGA 1930 Scholtz Hermanos

Un style de vins que l'on goûte trop peu... Le nez d'infusion, de caramel et de menthol est très agréable. La bouche aussi riche qu'un sirop, redonne des couleurs au dessert qui se sentait bien seul avec les liquoreux précédents ! On retiendra surtout ces arômes prononcés de chartreuse et de café valdotain. Impeccable ! 94/100

Encore une belle soirée qui valait bien qu'on se donne la peine d'affronter la neige !