Bollinger VVF 1989, Chambertin Mortet 1996... Restaurants, je vous aime !

Vous allez dire que je me répète mais, encore une fois, c'est en restaurant que nous avons pu boire ces vins prodigieux et rares...

Direction l'Alsace chez mon frère pour déjeuner dans un petit restaurant de village. "Tchitch" a eu difficilement le tuyau, c'est bon signe ! Il parait que la carte des vins va nous étonner... Rapidement nous manquons de tomber de notre chaise, un Corton Charlemagne Coche 1996 à 299 euros sur table (il en vaut 1000 de plus !) Une carte incroyable avec des Clos St Hune jusqu'au millésime 1990, des Zind Humbrecht très rares ; et Bordeaux avec ce Valandraud 1995 à moins de 200 euros, ce Lafleur 1989 à 360 euros ou encore Lafite 1982 à 950 euros... Tous ces vins seraient au moins 4 fois plus chers dans un restaurant normal et là ils sont moins chers que la cote actuelle en salle. Et que dire de ce Richebourg 1995 DRC à 330 euros ?! Bref c'est le paradis des amateurs! Après une longue hésitation entre un Champagne et le Corton Coche 1996, nous optons finalement pour le Champagne... Tellement dur à se procurer, c'est l'un des seuls grands que nous n'ayons jamais bu. C'est parti !

BOLLINGER VVF 1989

Je tremble en approchant mon nez... Aïe, complètement fermé : il est presque muet. Je goûte, une puissance incroyable... c'est encourageant ! Je fais signe au sommelier que tout va bien, nous attendons 15 minutes et ça y est il arrive ! Le pain toasté, le chocolat noir, et l'olive provençale pour Tchitch. C'est trés bien mais même apres une longue aération il ne sera pas plus complexe ce jour.

En bouche, l'attaque est d'une incroyable vinosité, qui m'évoque un très grand Bâtard, et pourtant pas une touche de Chardonnay dans ce Champagne de rêve... comme quoi ! On perçoit tour à tour le fruit blanc d'été, le miel épicé et le caramel brun. Le cordon interpelle car on a l'impression que le vin est âgé de 1ou 2 ans ! La finale est magique grâce à cet incroyable parfum de menthol. Les Bollinger millesimés vieillissent à merveille et actuellement, les années 60 sont au top. On imagine donc à peine ce que celui ci va devenir dans 30 ans... Une légende en préparation ??? Par contre, il deçoit forcément un peu actuellement et ne vaut pas son prix, c'est clair... Pour ceux qui ont les moyens d'en avoir en cave ! 95+/100

CHAMBERTIN 1996 Denis Mortet

Un vin tres recherché du regretté Monsieur Mortet... Top 100 Bettane... Je voulais le gouter depuis longtemps. Il reste en carafe 1 heure et il lui faut bien ça !

Le nez somptueux explose sur le cacao mexicain, la mûre, la cerise noire, la ronce avec une touche de fourrure et de bois luxueux... On est bien sur Gevrey !

Les blancs de 1996 sont monstrueux et déjà aptes à se gouter, mais alors les rouges mes petits amis, il va falloir être patient. Peut-être bien un futur 1937 qu'on boira à genoux dans 60 ans ! Un vrai millésime de garde : on sent bien la fraîcheur du climat qui nous offre un vin austére et acide, mais qu'on ne s'y trompe pas, la matière est là ! Attaque de lys, de griottes et de groseilles epicées, mais on grimace et les gencives souffrent. Très dur à boire pour le moment ! gardez vos bouteilles , car la recompense sera grande! 93+/100

Allez, on ne va pas s'arrêter en si bon chemin ! Une légende nous tend les bras pour 90 euros !

GEWURZTRAMINER RANGEN CLOS ST URBAIN SGN 1994 Zind Humbrecht

Un top 10 Bettane, ça en impose sur le papier, non ?

Le nez très puissant évoque le pruneau, le sirop d'érable, le pain d'épices et le coing. En bouche, il est puissant et sirupeux mais parfaitement équilibré par une belle acidité avec des parfums de cannelle, de miel, et une touche de clou de girofle en finale... Quelle complexité ! Et il se goutait encore parfaitement bien le soir... Je ne pense pas que ce soit le plus grand des  Zind Humbrecht, le Tokay Clos Jebsal SGN 1996 le dépasse (99/100), mais je crois que celui-ci est bien trop jeune ! 95+/100

Après une belle après-midi, nous sommes à nouveau en forme pour goûter le vin que j'ai amené de Lyon...

VOLNAY CAILLERETS "Clos des 60 ouvrées" 1964 Pousse d'or

Un des Volnay mythiques qui jalonnent l'histoire de ce cru... Il paraît que dans les années après guerre, c'est l'un de ceux qui s'imposent en Côte de Beaune.Jjusqu'à aujourd'hui, je n'avais pu boire que le 1966 et je n'en gardais pas un très bon souvenir : Trop sucraïon... "Buvez le 1964 et vous verrez" m'avait dit Miss de Montille.

Le nez demande de l'air avant de livrer tous ses secrets : La violette, la rose, la fourrure et la peau retournée, puis la fraise et la fumée à la très longue aération. En bouche, il est sec et bien vinifié, comme je les aime ! Très alcooleux et gourmand comme un 1959, il s'étale sur la prune, la groseille et le zan... C'est très bon et l'un des meilleurs Volnay que j'ai bu, certes mais j'attends toujours le grand frisson sur ce cru et il ne vient pas ! Dans mes 3 plus grands, tout de même, avec Volnay ancienne cuvée Carnot 1962 de Bouchard et Clos des Chênes 1934 Ropiteau mignon. 93/100

Et enfin, un petit bonus ouvert par mon papa la semaine suivante pour marquer son anniversaire...

BANDOL LA VIVONE 1987

Lorsqu'on fréquente les gens de la région, ils finissent par vous livrer leurs secrets ! "Les mythes ici sont le Pradeaux 1982 marqué par la chaleur des incendies, le Vannière 1983 et la Vivone 1987." Nous avions donc filé chez le producteur en 1999 pour acheter l'année disponible et aprés une longue discussion avec la charmante fille du domaine, nous étions repartis avec 2 cartons de 6 de 1997 et 5 bouteilles... de 1987 ! C'est la 3ème que je bois et je l'aime toujours autant ! Mais désormais, il est devenu sage...

Le nez jaillit sur le gibier, l'eau de vie de prune, le pruneau et la vanille ! Le grain de tanin me met sur la piste : à l'aveugle, j'étais en Bordeaux  mais je pars sur Bandol. Ouf, l'honneur est sauf !! Très épais et compoté, il s'offre sur les fruits noirs macérés, le chêne épicé, et la fumée avec une superbe pointe minérale ! Effectivement un mythe du coin ! 93/100