Lolive nous fait le coup du Salon 1961, et Libe celui de l'Astéroïde 1998 ...

Lolive nous promet une belle surprise pour sa dégustation, tandis que Libe improvise la semaine suivante un programme bourré d'émotions... Il va falloir se reposer après les fêtes, car cette fin d'année est éprouvante ! Pourtant on en redemande...

Vous remarquerez que Lolive est peut-être bien la seule personne au monde assez audacieuse pour passer d'un Aloxe 2009 à Salon 1961... Quand la passion rime avec évidence, générosité et simplicité !

Alors, en écrivant ces lignes, j'ai une pensée pour tous ceux qui croient nous connaître en lisant certains noms ronflants de nos dégustations, mais qui, en fait, ne savent pas grand chose et seraient bien surpris de constater que la réalité est parfois bien différente de l'illusion que l'on projette sur l'autre...

PULIGNY FOLATIERE 2008 Bachelet Monnot

Il offre un nez de silex, de paille, et de fruits blancs qui est ma foi, bien agréable. En bouche l'acidité est trop dominante pour mon goût ; Je ne suis pas convaincu. 85/100

ALOXE CORTON Blanc 2009 Boudier

Lolive a voulu construire un thème risqué : "La bourgogne différente". Celle qui bouscule un peu nos habitudes, en gros...

Heureusement notre hôte est aussi le maître des carafes. Ce vin arrive donc, ouvert, impeccable, nous donnant l'impression de boire un vin prêt, rien que pour notre palais. Le nez de truffe, de réglisse et d'agrumes est un régal de fraîcheur. En bouche, il s'ouvre sur de puissantes notes de pastis, puis de mirabelles, avec une très belle minéralité en guise de finale. Un vin très rare et impressionnant ! 92+/100

FIXIN Blanc CLOS MARION 2008

Le nez d'amande amère et de pralin m'impressionne moins que le précédent. La bouche délicate, marquée de citron est désaltérante, mais on a pas envie de s'y attarder. 86/100

MOREY ST DENIS Blanc LES LARRETS 2007 F.Magnien

De superbes parfums de fougères, de beurre et de citron vert s'échappent du verre. La bouche décline les agrumes, comme on feuillette un nuancier de couleurs jaunes. Un bien beau vin encore une fois ! 92/100

CLOS VOUGEOT BLANC 1966 Héritier Guyot

Le nez est d'une perfection insolente. Le blé, la pomme au four, le beurre fondu, et l'humus sont quelques-unes des odeurs qui tournoient sous nos narines avec insistance. La bouche s'ouvre sur de beaux parfums virils de cuir, de fourrure, et de tourbe, avant de se poursuivre sur des notes plus printanières. J'adore ce genre de vin en deux actes !  On en rêvait depuis longtemps ; Boire un Clos Blanc ancien. Hé bien voilà, c'est fait ! 96/100

SALON 1961

C'est le seul écart de la dégustation. " On reste quand même sur ce cépage inégalable que l'on aime tant". C'est notre indice...

Le mercredi, j'étais à Paris pour l'académie des vins anciens. En bavardant avec François, je lui explique combien j'aurais voulu être à ses côtés pour boire le fameux Salon 1961 de son repas de vigneron... Comment aurais-je pu me douter un seul instant, que j'allais le boire deux jours plus tard !

Le nez est une curiosité à lui tout seul. Il s'étale, impérial, avec l'apport d'oxygène. On a l'impression de mettre le visage dans une cave à cigare. Puis des notes raffinées, mais imposantes de bois de santal, de cognac, de paille et enfin de chocolat, manquent de me faire tomber de ma chaise. En bouche, le gaz est celui d'un jeune homme. Lolive me ressert une goutte ; Il tremble comme un gosse.... De mon côté, je transpire. Ce champagne a des airs de 100/100, celui que je n'ai encore jamais mis pour un vin de cette région...

La bouche reprend le thème du cigare, puis s'envole sur la tourbe, les céréales, le cacao, et le café valdotain. On croît en avoir enfin terminé, mais il renaît de ses cendres encore et encore, sur le mousseron, la fumée et l'orangeade. On ne sait plus si ce vin est jeune, ancien, bref on perd ses repères quelques minutes. Le temps est suspendu ; Ici et maintenant... 100/100

PULIGNY MONTRACHET Rouge 1975 Clerc

C'est une première pour moi !!! Le nez est celui d'un mâle qui cultive cet effet : Gnole, whisky, et crème de marron... La bouche est encore en forme avec de doux parfums de tourbe et de fruits noirs. Comment un Pinot 1975 peut il atteindre ce niveau ? 90/100

MORGON 1977 M Lapierre

C'est un merveilleux hommage à ce vigneron de génie ! Je ne suis d'ailleurs pas certain que DRC puisse se targuer d'être aussi prodigieux que ce vin, sur cette année dramatique !

Le nez est une gourmandise qui nous ramène en enfance : Le caramel salé, la glace Häagen Dazs, l'arôme artificiel de cerise dans un pimousse, et le tabac me hantent longtemps. La bouche est douce, soyeuse, sans la moindre trace d'acidité. Quelle pureté ! On y retrouve la cerise avec de belles touches épicées. 94/100

ALOXE CORTON 1964 Fortier Picard

Acidité mordante. C'est la fin... NN

RULLY 1er CRU 1962 H.Jeunet

Il offre un beau nez de clou de girofle, de cendre, et de zan. La bouche a bien le côté sanguin de ce millésime de chaleur, mais l'acidulé des petits fruits rouges lui donne de la fraîcheur, évitant ainsi la caricature. 90/100

IN EXTREMIS J.P Brun

Un beau vin liquoreux équilibré et gourmand. Le nez d'orange amère, de noisette, et de fruits exotiques se marie bien au dessert. La bouche est fraîche, et même si on peut toujours lui reprocher un certain manque de puissance et de complexité, on prend du plaisir ; C'est le principal, non ? 90+/100

PORT CHARLOTTE PC 8 Single Malt

Le nez est un kaléidoscope d'une puissance hallucinante ! On suffoque presque devant ses parfums entêtants de cendre, de viande des grisons, d'herbes sèches et d'hydrocarbure. La bouche me donne l'impression que mon palais s'est transformé en cheminée éteinte. Le bacon, la tourbe, et les fruits secs explosent comme un feu d'artifice en finale. Une légende ! 99/100

La suite se passe chez Libe, quelques jours plus tard...

ALFRED GRATIEN 1970

Il offre un nez séduisant d'agrumes et d'acide ascorbique. La bouche est crémeuse, avec de superbes notes de tatin. Malheureusement le gaz est très faible, plutôt perlant en fait. Dommage car la finale de clémentine offre un tranchant intéressant... Il aurait pu prétendre au titre de réussite de l'année, avec un peu plus d'effervescence ! 92/100

POUILLY FUME "Astéroïde" 1998 Dagueneau

J'ai la chance de le boire pour la deuxième fois. Cette fois, il est totalement sec. Le nez est un monument à classer au patrimoine immatériel de l'UNESCO : C'est une explosion de truffe blanche, de litchi, de pomme caramélisée et de bouquets de fleurs. La bouche offre une ampleur de grande marée de septembre ; Intimidante. On goutte là une véritable gourmandise exotique, digne d'un liquoreux, mais sans la moindre trace de sucre. Quelle pureté ! La même proximité de terroir que les grands Zind Humbrecht... La finale de pamplemousse rose semble éternelle. 99+/100

CHÂTEAU CLINET 1959

Catastrophe, il est bouchonné jusqu'au trognon !!! NN

CHÂTEAU PRADEAUX 1964

A l'aveugle je pars direct sur Bandol ; Je ne sais pas l'expliquer ; Ce cachet de fourrure inimitable, peut être ? Il lui faut un bon quart d'heure pour trouver tous ses aises. Des notes somptueuses de terre humide, de jus de civet, de poil de gibier, d'herbes sèches et d'anis nous sautent au visage. La grosse différence avec le 1966 et d'autres vieux Bandol, réside dans cette capacité à avoir garder la bouche intacte. On a la rondeur et l'ampleur d'un Châteauneuf, avec la précision et la pureté de certains Pauillac. Chocolat noir, mûres, cèdre et épices sont au programme. Le plus grand de tous les Bandol ! 96/100

CORTON 1978 Tollot-Beault

Cette année est très en forme actuellement ! Le nez de légumes, d'orgeat, et de grenadine me fait plus pencher pour l'autre côte... En bouche, c'est une belle liqueur de fruits rouges et de myrtilles qui envahit le palais. Un beau vin ! 93/100

VOSNE-ROMANEE "Beaumonts" 1991 Dujac

Cette fois-ci, l'épreuve de l'aveugle nous est fatale. On nage copieusement ! Ces odeurs de moutarde ancienne, de diesel, de vernis, et de fruits très noirs me font partir directement chez Henri Bonneau. Peut être célestins 90 ? Je goûte. En bouche rien à voir, on a plutôt un vin strict typé Bordelais. Je change mon fusil d'épaule : "C'est un vin de chez De Vogüe !"  Austère à souhait, massif, mais sans grande émotion pour le moment. Jamais je n'aurais pensé à Dujac, le roi de la séduction, du Pinot pur-petits fruits rouges... On perçoit une grosse matière, mais il reste noir et impénétrable. Je ne parierais pas sur lui, même si la possibilité qu'il s'ouvre existe... 89+/100

CHÂTEAU LABROUILLERE 1947

Un sauternes que je ne connaissais pas du tout... Tout en lui me fait pencher pour un Loire des années 70, depuis son nez d'iode jusqu'à cette bouche peu sucrée et acidulée. Je reste bien plus mesuré que mes amis avec ce vin... Totalement insignifiant pour moi, même si je lui reconnais d'avoir survécu. 78/100