Sigalas Rabaud  1896, Muscat 1931, le 125ème dîner !

C'est le 125ème pour François, mais le 1er pour moi. Je suis excité et bien sûr intimidé d'être une nouvelle fois à la table du Maestro...Rapidement, tout est mis en oeuvre pour que l'assemblée soit à l'aise. Le premier vin, un champagne rosé, lève enfin la dernière barrière de timidité derrière laquelle je me réfugie parfois. Un grand moment !

BOLLINGER ROSE 1990

J'avais déjà goûté un 1988 il y a 2 ans qui ne m'avait pas spécialement marqué. Celui-ci est plus fringant, certes, mais le boisé lourd ne joue, encore une fois, pas en sa faveur. Les groseilles, la fumée excitent les papilles, mais ce rosé ne fait pas honneur à la noble maison.C'est très convenable, néanmoins, je ne suis pas certain que cette production soit une bonne idée pour Bollinger. 88/100

DOM PERIGNON 1962

Le nez puissant de morille et de  fruits d'été confits se marie à merveille avec le plat de Patrick Pignol. La bouche est dominée par des arômes tertiaires très agréables : truffe, sous bois et écorce d'orange. C'est un bel exemple de champagne ancien, mais il lui manque une qualité essentielle à mes yeux : Le gaz. On ne perçoit qu'une sensation perlante et je ne réussi donc pas à m'emballer autant que les autres dégustateurs. Je pense aussi que le souvenir du même vin, en collection Oenothèque,  bu l'an dernier, est trop présent. C'était une perfection de jeunesse, avec un cordon qui lui faisait paraître 20 ans de moins...  92/100

SASSICAÏA 1987

J'avais bu un 1986, il y a quelques années, qui m'avait beaucoup impressionné. Cet exemple ci est aussi marquant. Le nez m'évoque un classique de Pauillac grâce à ses parfums de chêne neuf, de menthol, et de fruits noirs délicats. La bouche est une belle dentelle, avec un tanin poli et des parfums de fruits rouges murs et d'herbes humides. J'aime beaucoup. 92/100

OPUS ONE 1984

Un magnifique millésime  pour les USA. De plus je viens de goûter le fameux Diamond Creek sur cette même année, il y a quelques semaines, alors je suis dans le bain... Toute la table préfère immédiatement le précédent, alors que je penche pour l'austérité très classe de celui-ci. Nous convenons Lionel et moi que le nez a la retenue d'un St Estephe comme Montrose par exemple. Après 20 minutes dans le verre il s'ouvre sur le cuir usé, les herbes grillées, et le chêne noble. La bouche est un exemple parfait de l'ancien style américain, fait d'équilibre et de noblesse. Il lorgne plus du côté de Lafite que de Mouton ! Cuir fin , pruneau et eucalyptus caractérisent ce très bel exemple de collaboration Franco Américaine. 93/100

VEGA SICILIA 1964

Je ne sais pas si François se souvient que je n'ai jamais eu de vins réellement intéressants sur ce domaine. Je suis stressé, car je ne demande qu'à être convaincu sur la qualité de ce terroir. Dès le premier nez, je sais que ça n'est encore pas pour cette fois. Bien sûr, c'est le meilleur exemple que j'ai eu de ce cru mythique, mais je ne comprends toujours pas l'aura dont il bénéficie. Le nez est antique avec ces arômes de cheval, de foin , de terre humide et de café. Dieu que c'est rustique ! La bouche a encore une sacrée opulence, ainsi qu'une chaleur étonnante pour l'âge. Le café, le sous bois dominent un ensemble plutôt agréable à boire. Je n'ai pas la finale citronnée habituelle... Après 1968, 1929, 1966 et celui-ci, je suis prêt à faire une dernière tentative. 91/100

BEAULIEU VINEYARD CABERNET RESERVE 1978 Georges De Latour

Le 1974 m'avait fait grosse impression le mois dernier. Cette fois encore, il est redoutable. Le nez somptueux explose sur le menthol, la sciure de chêne, l'eucalyptus, et la mûre. La bouche totalement civilisée, est gorgée de soleil, de zan , d'épices et de prune, avec une finale de chocolat noir et de café qui lui fait tutoyer des sommets.Broadbent pense que c'est le plus grand depuis le fameux 1958, moi je le mets à égalité avec le 74. 95/100

CÔTE RÔTIE LA LANDONNE 1996 Guigal

Le nez me ravit tant il est puissant et complexe. Bois cendré, jus de cassis, myrtilles lui donnent d'ailleurs des accents de grand Musigny. Ce millésime froid lui va comme un gant et met en relief la race et la droiture de cette cuvée. On perçoit les petits fruits rouges, le cèdre, le tabac, ainsi qu'une exceptionnelle finale minérale. Il semble ciselé dans le calcaire. Une sacrée surprise, puisqu'il est à mon sens supérieur au légendaire 1988. 96/100

PENFOLDS GRANGE 1987

C'est ma première expérience de ce cru mythique. Le nez est une douceur de mûre, d'anis, et de chêne sucré, tandis que la bouche est une pure essence de syrah : Cerise noire et épices. C'est très bien fait, et j'avoue être excité à l'idée de goûter un millésime grandiose comme 1976 ou 1986. 93/100

CRISTOM PINOT NOIR MARJORIE VINEYARD 1999 Willamette Valley

Je n'avais jamais entendu parler de cette cuvée. François fait donc très fort en servant un vin que je ne connais pas ! Le nez puissant s'ouvre sur la noisette, le vernis, et la framboise. Je le trouve intéressant, mais trop technologique. La bouche est proche de son cépage, grâce à l'anis et aux fruits rouges subtilement épicés. 91/100

CHÂTEAU SIGALAS RABAUD 1896

Un vin que François avait eu l'extrême générosité d'apporter à l'académie des vins anciens de Mai. Il vivait encore mais était en salle de réanimation sans espoir de retour. Cette fois, il est sompteux !  Le nez de truffe, de morille, d'amande amère, de coing et de peau de banane  sèche est un pur bonheur. La bouche possède encore une sucrosité délicate, mais bien présente. Ce qui frappe le plus est la seconde partie de bouche : Elle est dans l'esprit du Suduiraut 1899 en un peu moins accomplie, mais cette sensation que le sucre digéré a inventé de l'arôme me transporte totalement. La caramel brun, la tarte tatin qui accroche dans le plat, le pralin et le chocolat noir persiste bien au-delà de 30 secondes. Il accompagne magnifiquement le dessert au coing ; Ils sont côte à côte et se répondent. 97/100

MUSCAT MASSANDRA 1931

Les vins de Massandra avant guerre valent une petite fortune actuellement. Je suis donc flatté de goûter ce nectar. Le nez est un véritable OVNI. On perçoit le chouchou, la peau de noix fraîche, et le caramel avec une nuance de sirop d'érable. La bouche est épaisse à souhait, et donne l'impression que l'on mâche une tarte aux noix, ainsi qu' une datte Medjoul. Finale interminable. Les deux liquoreux se valent. Le soir du dîner j'ai classé ce Muscat 1er, mais avec le recul, je préfère les mettre ex aequo. 97/100

C'était une soirée magique menée de main de maître et j'espère donc de tout coeur pouvoir un jour retourner célébrer l'un de ces dîner qui font rêver les amateurs du monde entier....