Léoville Barton 1959, Beaucastel 1959, Rayne Vigneau 1904... Une nouvelle académie !

Je l'ai dis plusieurs fois à François déjà, cette académie est une idée redoutable ; Géniale !!! Chacun amène son flacon et nous dégustons ensuite ces vins anciens dans un restaurant de grande qualité. Le concept même du vin est au cœur de cette académie, puisqu'on y retrouve toutes les valeurs qui m'ont fait aimer cette boisson divine : Partage, bonheur, amitié, culture, connaissance, découverte... Bref un concentré de vie !

CHAMPAGNE CHARLES HEIDSIECK Mis en cave 1996

Une maison que j'adore et qui m'a fait mieux comprendre la valeur du Champagne ancien... Cette cuvée est une mise en bouche parfaite, grâce à son nez de brioche, de beurre et à sa bouche fleurie, élégante à souhait ! Un vrai bonheur... 90/100

CHAMPAGNE SELOSSE Substance

C'est rare, mais cela m'arrive parfois. Ce vigneron est adulé dans le monde entier, mais je ne comprends absolument pas cet engouement... C'est délicieux, aucun doute là-dessus. Je pense juste qu'il existe nettement plus grand et bien moins cher. J'y vois un phénomène de mode dans lequel je ne me reconnais pas... Pourtant, j'ai déjà testé toutes les cuvées, y compris les rares millésimées, comme 1990 par exemple. Je connais même le vin lorsqu'il a vieilli, puisque j'ai pu boire un 1982 il y a quelques temps. Et croyez moi, il n' a aucune chance face à des vins de même millésime bien moins chers...

Ici, le nez est plutôt oxydatif sur des fruits pochés, la noix et une touche de miel. La bouche reste dans le même registre,agrémentée d'une minéralité d'excellent aloi. Bien, mais trop cher ! 88/100

POUILLY FUISSE 1937 Louis Latour

Je suis un inconditionnel de ma région et j'affirme que certains Pouilly peuvent atteindre et même dépasser certains Montrachet. Cf le "Vieilles Vignes" 1979 du Château de Fuissé ou les "Hors Classe" de Ferret 1951, 1964... Des monuments d'une jeunesse impensable !

Malheureusement celui-ci est mort, et je ne peux me résoudre à lui trouver une trace de vie comme certains à la table. Je me range donc du côté de François : Il a rendu l'âme, point. NN

PULIGNY MONTRACHET 1959 Veuve Guénin

C'est la 1ère fois que je goûte un vin de cette maison. Là, on est face à un Chardonnay, un grand ! Qui, de nos jours, peut se vanter de faire des "villages" capables d'affronter une telle garde et, en plus, d'être délicieux ?!

Le nez fascinant s'ouvre sur la noisette, le foin, le beurre fondu puis se poursuit sur la truffe et la guimauve. La bouche possède encore une minéralité tranchante, tandis que la chaleur de l'année étoffe le corps. La suite n'est que fruits macérés et herbes humides. Un régal ! Il ne lui manque juste qu'un poil de complexité et de longueur pour atteindre l'excellence. 94/100

CHÂTEAU LATOUR 1973 Magnum

Dans le verre, le nez s'annonce compliqué : Amande amère, vieux fût et torréfaction. La bouche est par contre impressionnante, si l'on considère les mauvaises conditions climatiques de l'année et le niveau presque basse épaule du magnum. On perçoit le cuir usé, la réglisse, et le chêne noble. Un vin encore racé et agréable. Je l'avais déjà bu et, cette fois encore, mon impression est bonne. 88/100

 

CHÂTEAU TERTRE DAUGAY 1970

Le nez me surprend, car je ne l'attends pas à ce niveau : Menthe, zan et bois humide. Contrairement au Latour, celui-ci pêche en bouche. Cette dernière est caractérisée par une importante rusticité, avec un tanin sec. Au delà de ça, il vaut quand même le détour. 87/100

 

 

CHÂTEAU LEOVILLE BARTON 1959

C'est aussi la 2ème fois que je bois ce cru mythique, membre du TOP 100 Bettane. Cette bouteille somptueuse est la meilleure des deux. Le nez strict a la noblesse d'un lord anglais. Antoine ajoute :" il est presque intimidant". J'aime beaucoup cette image. La prune, le cassis, la terre humide ainsi qu'un boisé prestigieux nous incitent à revenir sans cesse humer le verre. La bouche encore pleine de fraîcheur me semble quasiment américaine dans son attaque d'eucalyptus et de menthol. La suite n'est que cèdre, truffe, sous-bois et framboise. Ce n'est pas le plus agréable mais c'est l'un des 1959 qui a le plus de cachet. 96/100

 

 

CHÂTEAU LA LOUVIERE BLANC 1952

Un verre arrive miraculeusement à côté de moi. Le nez pur est explosif avec des effluves de parquet ciré, de miel d'acacia, d'amande amère et de fruits confits. Exceptionnel ! La bouche, très bordelaise, ressemble à s'y méprendre au Gillette sec Cuvée Spéciale 1953. La palette gustative se décline sur l'amande amère, la noix et les fruits d'été pochés. Le grand amateur Allemand " Wineterminator " parle d'une Louvière rouge 1950 avec admiration ; Il est temps que je me mette en chasse ! 95/100

 

 

BAGES Pauillac 1926 Montré & Cie

Le nez n'a plus énormément de choses à raconter. On perçoit encore le cuir, le cassis pourri et la terre. En bouche, il tient à la vie grâce à une trame acide agrémentée de parfums de framboise et de groseille. Je sais, je suis un peu plus dur que le reste de la table. 85/100

 

 

CHÂTEAU MOUTON D'ARMAILHAC 1934

Le premier nez de viande périmée ne me donne pas envie d'y revenir et pourtant après quelques minutes, il rajeunit sur la poudre de riz et les fruits rouges. Comme le précédent, celui-ci s'accroche grâce à un squelette d'amertume subtilement parfumé. 85/100

 

 

BONNES-MARES 1984 Gérard Peiraseau

Le nez très agréable est surtout axé sur la fraise, la griotte et le zan. En bouche, les petits fruits rouges piquent la langue tandis qu'une minéralité intéressante termine agréablement le tableau. Pour information, il est bien meilleur que le Chambertin Rousseau de la même année. 86/100

 

 

CHÂTEAU DE BEAUCASTEL 1959

C'est le vin que j'ai amené et je sais que beaucoup de gens l'attendent dans la soirée. C'est très intimidant ! Le tout premier nez délivre quelques molécules de vieux torchon, l'angoisse ! Mais, après quelques secondes, il se transforme en liqueur de cerise, et en rhum arrangé vanillé, agrémenté d'herbes sèches. Par intermittence, le spectre du vieux torchon viendra parasiter le nez mettant ainsi un frein à mon bonheur. La bouche, hallucinante, ne ressemble à aucun autre Châteauneuf ancien que j'ai pu déguster. J'imagine donc que le mourvèrdre n'est pas étranger à ses arômes de tourbe et de fève de cacao. La finale de framboise et de Mon Chéri, n'oublie pas le côté fruité. La bouche peut prétendre à un 96/100, mais le nez ne dépasse pas les 92/100. 94/100

 

 

CHÂTEAU CHALON 1959 Jean Bourdy

Le nez offre un bel éventail de pomme de cellier, de noix et de Comté. La bouche manque un peu d'explosion et de complexité, mais sa finesse noisettée et sa minéralité rappellent que nous sommes en face d'un bel exemple de Château Chalon à pleine maturité. Il est inférieur au 1953 du même producteur. 92/100

 

 

VOUVRAY LE HAUT-LIEU 1964 Huet

Il m'évoque un liquide sorti d'une serpillère essorée. NN

 

 

CHÂTEAU DE RAYNE VIGNEAU 1904

Depuis que je sais que ce vin est au programme de notre table, je me sens plus excité qu'un enfant à Disneyland. Aux 19ème et 20 ème siècle, les anciens prétendaient que ce château était l'équivalent d'Yquem. Broadbent parle de ce 1904 comme l'un des plus aboutis de tous les temps. Le premier nez offre une volatile très désagréable, alors j'attends. J'étais le plus impatient, mais pourtant je trouve la force d'attendre trente minutes. La plupart des autres verres sont déjà presque terminés et pourtant, au bout de ce long tunnel, il arrive en fanfare : Pleurotes, caramel brun, coquille d'huître, amande et bois humide. La bouche offre une liqueur qu'on ne rencontre que dans les années 1900. Les parfums de caramel salé, de tarte tatin, et de chocolat donnent une épaisseur très intéressante à ce superbe liquoreux. François me conseille de l'associer au Stilton et bien que je ne sois pas fan de ce fromage, j'avoue que l'alliance touche au divin ! Merci... Malgré la qualité de ce 1904, l'inégalable Arche Crème de Tête 1906 ne sera pas inquiété cette fois-ci. 96/100

 

 

MADEIRA RESERVA VERDELHO 1850 D'Oliveiras

Un coup de chapeau aux convives japonais qui ont eu la gentillesse d'amener ce magnifique flacon. Ce colheita développe de somptueux parfums de banane séchée, de noix, de feuilles de havane et de vinaigre de Modène. La bouche est d'une monstrueuse puissance, mariée à une acidité qui fait grimacer. Il m'évoque certains grands producteurs allemands tel J.J. Prüm. Le chocolat noir 90 %, l'orangette, l'écorce, et le balsamique étouffent les papilles près d'une minute. La finale de citron confit et d'orange sanguine terminent de démonter le palais. 97/100

 

Un grand bravo à tous les académiciens présents et vivement la prochaine !