Heidsieck & Monopole 1947, Cos D'Estournel 1928, Vosne Les Beaumonts 1990 Leroy, la famille est en fête !

Après une matinée à goûter des gevrey au jury du concours des vins de la foire de Mâcon, je suis déçu de constater le niveau déplorable des vins présentés. Mon papa avec les Pommard ainsi que mon frère ont le même jugement sévère, tandis que Michel Bettane parle de vignerons criminels... Je reprends le moral lorsqu'enfin je peux parler quelques instants à ce dernier et lui faire dédicacer son Top 100... Il y a également possibilité pour qu'il vienne à la maison dans quelques temps. Là ça va nettement mieux ; Qui n'a pas rêvé de boire des vins en compagnie de son maître ?!

Dans l'après midi, je choisis mes flacons avec l'autorisation de piocher dans la cave paternelle !!! Mais comme au temps de mon enfance, il y a une limite ! Forcément...

Un des vin est en arrêt cardiaque, et je décide de l'ouvrir 7 heures en avance....cet élécrtochoc ne fera malheureusement pas revenir son coeur. Un autre me semble fatigué et je décide d'ouvrir le vin de secours . J'ai invité mon ami Libe, donc un de plus, vaut bien un vin supplémentaire...

Le soir venu, j'ouvre le champagne . Je suis sûr à 90% qu'il est encore sous gaz. Le bouchon me reste dans la main. La capsule est sublime. Mon papa va être content: Son plaisir, regarder la côte. Il n'a jamais rien vendu et n'a pas cette fibre. Le prix lui donne une indication sur la rareté, et si c'est bon , il est content...il range la capsule et la regarde de temps en temps comme les belles bouteilles de sa cave, mais jamais il ne sera vendeur même si ça peut lui permettre d'acheter un grand vin. Comme moi d'ailleurs, il n'a jamais vendu  une seule bouteille... Chacun son camps !

Je finis le travail au tire bouchon, et là miracle, un énorme POUPS se fait entendre ; Il est son gaz.

HEIDSIECK & MONOPOLE 1947

Je sais que Le Decanter l'a classé comme l'un des plus grands champagnes de tous les temps. Richard Juhlin le sait aussi, mais il l'a bu et ne lui met "que" 88/100. Mais depuis qu'il m'a offert son tout dernier livre dédicacé, je sais qu'il l'a regoûté, parfait, avec une note en conséquence... Ce soir je serai même plus généreux que lui , car ce vin est l'un des plus sublime que je n'ai jamais eu. Il renvoie au vestiaire des légendes telles que Krug 1961 ou Dom Pérignon 1964. Le nez gourmand explose sur le pain d'épice, le miel d'acacia et les agrumes confits. La bouche offre une attaque colossale digne du 1955. La sensation m'évoque une grand Sauternes sans le sucre. Mandarine impériale, citron confit, loukoum , puis vient le génie " du rebond", un peu comme si Henri Jayer l'avait vinifié. C'est à dire que le vin possède une deuxième partie totalement différente de la 1ère. Au départ c'est la puissance, la glycérine, puis ensuite c'est la précision du fruit, la finesse, une sorte de volvic citron, d'orange noisettée et d'épices d'un Bazar oriental. Les parfums persistent plus d'une minute, la vache !!!!! Il me faut maintenant réfléchir pour savoir s' il prend la tête de mon Top champagne... 99/100

PERRIER JOUET Rosé 1966

Celui-ci vient de la cave paternelle. On est toujours dans le haut niveau. Cette maison ne fait jamais de fausses notes et colle toujours impeccablement au terroir. Le nez puissant rappelle le sucre candy, le coing et le caramel. En bouche, on est bien en rosé , grâce à cette touche inimitable de fraises écrasées. Une pointe de morille, et une finale de craie puis d'écorce d'orange me séduisent au plus haut point. C'est sûr que ce n'est pas le Dom Pérignon Rosé de la même année, mais c'est un challenger sérieux. 95/100

MEURSAULT CHARMES 1964 Leroy

Libe est en tout point parfait. Poli et d'une générosité sans limites. Un ami , un vrai quoi ! Il est invité, mais il ne peut s'empêcher d'amener ce vin... Il y a pire non?

Nous gardons un souvenir ému du Meursault Genevrières de la même année et du même producteur. Bettane nous avait mis sur la piste. Le nez est un subtil mélange de coquillages, de mangue et de pommes au four. A l'aveugle mon papa est dans les années 90 tandis que mon frère le voit plus vieux , peut être début 80. En effet comment imaginer qu'il a plus de 40 ans ?? Il est parti pour le double sans problème. La bouche est tranchante sur le silex, la paille et l'écorce d'orange avec une finale qui m'évoque un torrent de montagne. Le seul bémol que je pourrais mettre vient de son côté " lame de couteau"... Je préfère les vins plus glycérinés comme Batard Leflaive ou Ramonet. Les amateurs de vins ciselés mettrons donc 2 points de plus... 96/100

CHÂTEAU COS D' ESTOURNEL 1928

Une bouteille première main, mise château et haute épaule, avec un bouchon qui n'est pas imbibé jusqu'en haut. Impossible de trouver plus parfait. L'aération lui a vraiment été bénéfique puisque j'avais décidé quelques heures auparavant d'ouvrir le vin de secours. Je ne pensais pas qu'il était mort , mais je ne le trouvais pas extraordinaire comme je l'imaginais et comme le laissait supposer Parker et cie.

Le nez est voluptueux et peut prétendre à un 96/100. Le cuir usé, le poivron, le café, la peau de gibier et les vitamines me ravissent. Par contre la bouche est moins séductrice avec un tanin rugueux. Animal , cassis, mais une touche acide mange un peu la finale. Il ne peut pas être mieux , j'en suis certain. Donc à moins de le trouver en Magnum, réfléchissez y à 2 fois, car il est très bon, mais ne vous imaginez pas boire un colosse. Dans les grands vins très anciens, il y a ceux qui emportent tout sur leur passage comme une Mission 1929, ceux à qui les longues années donnent la puissance, la clarté et les parfums qu'aucun vin jeune n'aura jamais. Bus 20 ans plus tôt , cette mission 1929 n'aurait pas été aussi parfaite, alors qu'elle était déjà âgée de plus 50 ans...

 Et puis il y a ceux comme Cos 1928, que l'on admire pour leur conservation et leurs beaux arômes mais qui ne déclenchent pas le déclic. Ceux -ci peuvent être égalés voire dépassés par des vins à maturité comme 1982 ou 1985 par exemple. Je veux dire par là que bu 20 ans plus tôt , ils auraient été meilleurs.

92/100

DOMAINE DE CHEVALIER 1955

Celui-ci vient à nouveau de chez mon père. Je l'avais adoré 7 ans auparavant. Le nez est axé sur la cendre, le jambon fumé, le poivron, et comme souvent en matière de Graves anciens , la framboise pointe le bout de son nez. La bouche est équilibrée sur les fruits rouges et la fumée , mais à nouveau cette acidité subtile, que je n'avais pas en mémoire, est là. Beau vin tout de même. 91/100

CHÂTEAU GRAND PONTET 1947

La mise vient du négoce, mais le niveau est dans le goulot avec une bouteille soufflée bouche de toute beauté. Mon ami Luc d'une sévérité légendaire avait absolument tenu à ce que je l'achète, en me précisant qu'il taquinait le 99/100. D'abord Luc ne met jamais cette note et en plus venant de ce Château pas vraiment connu pour sortir des mythes et encore moins dans une mise négoce, je ne savais pas à quoi m'attendre. Le nez brutal, d'une jeunesse sidérante et indomptée, offre des parfums de ronce , de crème de framboise, de cappuccino et de cassis. La bouche est une chantilly de mûres, avec du cacao et de la prune. Le tanin colle littéralement aux gencives, c'est impressionnant ! Le seul bémol vient du fait de cet alcool trop puissant qui brûle un peu les papilles. Au delà de ça il est monstrueux et explique à lui tout seul ce millésime "accident de la nature" pour un prix imbattable. 96/100

BEAUNE PERRIERE 1949 Louis Latour

Le niveau est presque parfait avec une belle couleur. Pourtant le vin est buvable certes , mais il faut vraiment se forcer et être un peu maso. NN

VOSNE ROMANEE Les Beaumonts 1990 Leroy

J'ai choisi ce vin très rare en remplacement, car je pressentais que la chance n'était pas au rendez vous en Pinot anciens. Ici on est dans le sûr !

Le nez est surpuissant, une bombe supra exotique ! Je n'avais jamais vu des odeurs d'ananas sur un rouge ! On trouve également du litchi, de la rose et du caramel au lait. Un vin nature à souhait ! En bouche, je suis moins conquis car l'acidité est un peu agressive. Mon papa l'aime mais ne le comprends pas vraiment ; Je vois ou il veut en venir. On perçoit la ronce, la mûre sauvage et la feuille de cassis, mais la magie n'opère pas tout à fait...Il est peut être trop jeune. Mais n'oublions pas que les vins d'Henri Jayer sont magiques, même jeunes... Avec Lalou, seul 1993 m'a donné cette impression parfaite, bref "jayeresque". 95+/100

VIN DE PAILLE 1945 Bourdy

Une 1/2 bouteille pour finir permet d'éviter le gâchis. Nous sommes fatigués, mais pas suffisamment, car la grandeur de ce breuvage nous saute au visage.

Le nez est comme une paille sèche tartinée de pruneau et d'eucalyptus. En bouche c'est un vrai marc de café avec un peu de praline et d'eau de vie de prune. La finale équilibrée s'oriente plutôt sur l'orange au miel. En tout point similaire au 1949. Ce dernier était juste plus puissant dans ces parfums. La Pinte 1959 reste quant à lui intouchable. 97/100

Une dégustation de toute beauté que la semaine va me permettre de mieux analyser....Dès Dimanche il faudra passer à la suite et être en forme pour arroser les médailles des champions...