Clos Rougeard 1959... Improvisation chez Libe

Quelques fois les soirées improvisées se révèlent être un vrai festival où la chance semble sourire aux audacieux...

Début sur les chapeaux de roue avec un vin déroutant !

VOUVRAY BRUT HAUT LIEU 1964 Huet

La première fois fut une déception mais la seconde est la bonne... Même si le budget ne permet pas toujours de laisser une seconde chance au vin... Dur !!!!!! Le nez est ouvert et expressif sur le pain grillé, la truffe (superbe), les agrumes très macérés et une touche d'amande. La bouche très puissante possède un cordon hyper intense, nettement plus que beaucoup de champagnes du même millésime.On perçoit des notes extrêmement puissantes, presque écœurantes d'orange confite, de peau d'orange et de caramel brûlé... A l'aveugle c'est franchement déroutant, car difficile d'imaginer qu'un autre vin puisse égaler des champagnes... 93/100

MEURSAULT GENEVRIERES 1979 Bouchard Père et Fils

Encore une fois, c'est un Meursault qui nous offre une belle émotion ! C'est indéniablement le climat qui vieillit le mieux en chardonnay... Mais chut !!!! Gardons le secret ! Le nez évoque un 1996 en phase de fermeture avec un boisé de luxe, des notes d'orangeade, et de citron. En bouche c'est encore un bébé : La Volvic citron, la peau d'orange, alliée à une superbe minéralité nous régalent un long moment...Trop jeune !!! Comme quoi Bouchard n'etait pas si mauvais dans les années 1970, Monsieur Bob Parker (que j'admire malgré tout, soit dit en passant). 92+/100

CROZES HERMITAGE GUIRAUDE 1991 Graillot

Une belle rareté, merci Libe... Nez sublime de cendre, d'épices, de bacon et de poivron, c'est vraiment beau. En bouche, on reprend la même gamme aromatique, et le seul bémol que l'on pourrait émettre serait son léger manque d'ampleur en finale... Le nez laisse imaginer un mythe, mais c'est juste très bon ! Quand même un de mes plus grands Crozes, qu'on ne s'y trompe pas ! 92/100

A ce point de la dégustation, cela mérite que je m'attarde un peu car, normalement, les hostilités sont quasi finies... Il reste le sucre, mais je sais que quelque fois la chance est là  et il ne faut pas la laisser passer : Nous avons la main ! Je titille donc Libe... Je sais que le sucre vient de la Loire, puisque c'est moi qui l'amène. Alors je me dis qu'on pourrait partir dans cette région car "jamais 2 sans 3"... Je me permet donc une impolitesse et suggère à Libe d'ouvrir son Clos Rougeard 1959... En même temps, je sais que je n'aurais pas besoin de trop le pousser le loulou...

Ce vin, je l'ai cherché désespérement pendant 5 ans. Jusqu'au jour où, un article paru dans la RVF m'a mis sur une piste... Antoine Gerbelle parlait d'un restaurant "Le Relais" à Saumur où le patron lui avait servi ce vin... Je tente de le trouver : Impossible, le restaurant n'existe plus nul part... Heureusement, Monsieur Gerbelle avait précisé Le Relais, quai Mayaud. J'ai donc une piste. Je ne me dégonfle pas et j'appelle un bar au hasard situé sur ce quai. On m'explique alors que le restaurant n'existe plus mais que le patron a monté un gîte. Je reprends espoir... et j'appelle le gîte ! Le patron n'en revient pas d'autant de persérverance... Et, oui, il en possède encore (c'est vraiment jouissif lorsqu'on sent que l'aboutissement de la quête est tout proche !!!) Aïe , il n'est pas vendeur... Mais le sera certainement dans quelques mois. Bien sur j'ai rappelé, mais le patron avait partagé son héritage entre ses enfants. C'était la fin du rêve jusqu'au mois dernier, où sur Ebay (incroyable, quel pied de nez ; comme quoi, on trouve vraiment tout sur ebay), je vois l'objet de tout mes desirs. Le niveau semble un peu bas , et je vois sur la photo que le propiétaire n'est pas Foucault. Et là, allez savoir pourquoi, je me suis battu 5 ans et je laisse tomber sans tenter ma chance ; je n'y crois plus. J'imagine qu='il y a du avoir plusieurs propriétaires sur le clos à l'époque. Je n'essaie même pas d'appeler le domaine pour y voir plus clair... Quelle bêtise ! Heureusement que mon Libe est plus malin !!! Lui, il l'a acheté, et il a bien fait ! Surtout à ce prix !

CLOS ROUGEARD 1959 Milon Moreau

Le nez parfaitement préservé éclate sur le cuir précieux, le poivron, la framboise et la fraise, ainsi qu'un arôme très gourmant qui m'évoque du "chêne sucré"... La bouche est encore d'une précision diabolique, avec un coté acidulé qui fait saliver, et qui lui donne une fraîcheur décoiffante. La framboise cristalisée, le cassis, le tabac et les minéraux comblent notre palais pendant de longues secondes... C'est immense et nettement supérieur au Pichon Comtesse 1959 bu ce week end. Bref c'est un choc gustatif et une remise en question d'une certaine hiérarchie qui circule dans les inconscients. Quand le rêve imaginé pendant cinq ans rencontre la realité... Bravo au grand-père (car depuis j'ai appelé le domaine pour savoir ce que j'avais déjà compris) des frères Foucault : Quel visionnaire !!! 98/100

J'ai bien essayé d'expliquer à Monsieur Foucault (hé oui, à 30 ans on rêve comme un gosse) que mon autre rêve serait de boire un Saumur 1921, mais je suis timide, et en plus ils ne sont pas vendeurs... Comme je les comprends ! Mais bon, sait-t'on jamais... Si des fois on se rencontre, peut être seraient-ils serait d'accord pour la boire s'ils sont présents... Et je suis prêt à leur faire déguster bien des vins pour l'accompagner !

Et pour finir...

QUART DE CHAUMES 1990 Baumard

Nez explosif de truffe. C'est sublime de pêche blanche et d'une note subtile de spéculos...La bouche glycérinée possède une sucrosité de danseuse étoile, puissante mais gracieuse, équilibrée à souhait... Le sous-bois, les agrumes, bref un futur 1947 ou 1921!!! 94++/100