Mont Redon 1949, Vin de paille Pinte 1959, Figeac 1970... Noël 2008

A ceux qui pensent que je ne bois que des vins célèbres et prestigieux, je répondrais que je n'aime que les grands vins quels que soient la notoriété et le prix. La veillée de Noël en est un bon exemple.

CHAMPAGNE GIESLER BRUT 1966

Dès le départ, je sens que ce Champagne est grand. Je rappelle que tout est bu à l'aveugle. Le nez, très expressif de nougatine, de zan et de noix caramélisée annonce un Champagne comme je les aime. La bouche, au départ très sèche, devient rapidement crémeuse avec l'aération. Le cordon est encore très intense et les agrumes piquants forment un mariage heureux avec le café torréfié et la craie. Une magnifique découverte qui ne fait pas son âge et qui tient tête à beaucoup de noms prestigieux. 94/100

VIN DE VOILE 1996 Plageolles

Le nez hyper puissant saute du verre sur l'amande amère, la noisette grillée, le café avec une touche très discrète de noix fraîche. A l'aveugle, je ne perçois aucunement l'élevage sous voile, c'est incroyable ! La bouche brutale n'est pas totalement dénuée de finesse : Les agrumes, l'écorce d'orange, la noix et le toast inondent le palais un long moment. 95/100

LE DURAS 1988 Plageolles

J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de ce vin. Une fois encore, le nez est explosif. Ma femme s'écrie : "C'est un pot de géranium". Et c'est vrai que la précision est diabolique. On perçoit également une pointe de zan et de clou de girofle. La bouche "pinote" sur les fruits rouges acidulés, la terre humide ainsi qu'une nuance florale. Un grand vin de terroir. Et pour cinq euros en salle des ventes, il y a de quoi bousculer du monde ! 92/100

CHATEAU CLOS SAINT MARTIN 1982

Un Saint Emilion peu connu à cette période qui tient la comparaison avec d'autres Rive Droite de ce millésime. Le nez ouvert et agréable rappelle la fumée, les fruits noirs, l'anis et la torréfaction. La bouche, bien conservée, est à maturité. Là encore, la fumée et les fruits noirs sont redondants. Je suis ravi. 91/100

Les jours suivants, mon frère est là avec toute sa famille, alors on continue sur notre lancée... La main est au rendez-vous !

AYALA 1964

Un champagne que j'avais déjà goûté quelques années auparavant mais qui avait depuis longtemps entamé son déclin. Celui-ci est de même provenance, mais cette fois, il respire la vitalité ! Des senteurs de barrique, d'agrumes confits, de pomme et de caramel brun s'envolent du verre. La bouche est massive, comme la plupart des 1964. On perçoit de la mandarine impériale, du zeste ainsi que du nougat et du miel. Le cordon est magnifique. A l'aveugle , je suis sur Heidsieck & Monopole 1964. Pas loin...

95/100

CORTON CHARLEMAGNE 1992 Faiveley

Un millésime rare et un cru, chez ce producteur, qui l'est encore plus. Le nez est ouvert et très puissant, comme toujours avec cette année que j'affectionne tant. On note tour à tour du foin, de la tartine beurrée, de la noisette grillée, ainsi qu'une touche exotique à tomber de litchi, d'ananas et de noix de coco. La bouche est d'une monstrueuse puissance et l'espace d'un instant, j'ai peur de la voir dévier sur le sucre résiduel. Fort heureusement elle reste sèche et s'offre sur les fruits exotiques à nouveau, avec une pointe d'herbes humides. Il est superieur à celui de Jadot bu il y a peu. 94+/100

CHÂTEAU LYNCH BAGES 1970

Le nez puissant de pruneau, de framboise en liqueur, de sirop d'hibiscus et de fourrure saute du verre. La bouche a pris le meilleur de son terroir exceptionnel afin de laisser une trace  parfumée pérenne de cèdre, de cendre, de charbon et de fruits rouges confits. Superbe ! 95/100

CHÂTEAUNEUF MONT REDON 1949

C'est un vin que j'ai cherché des années pour le trouver enfin chez un caviste de Paris. Le niveau est parfait tout comme le bouchon d'origine sur lequel on peut même encore lire la provenance du liège. Seul l'etiquette a été changée il y a peu au domaine. Le nez fin mais très complexe est presque aphrodisiaque: Les fleurs, la fraise des bois, le kirsh puis le pain, la fourrure la fumée et le clou de girofle. La bouche est une essence colossale de griotte, de rose, de poivre et d'épices orientales, tandis que le tanin pèse sur la langue comme un 1947. Le grenache evolue parfois comme le pinot en livrant des arômes nobles et enivrants. Une vision de ce que sera peut être Rayas 1989 dans un lointain futur.Le plus grand  Chateauneuf ancien avec l'oratoire des papes 1952.  98/100

VIN DE PAILLE 1959 Domaine De La Pinte

J'etais tombé sur un article où le propriétaire de La Pinte expliquait qu'il avait été convié à un dîner de prestige pour lequel il avait décidé d'apporter ce vin. Il était normalement prévu pour introduire Yquem 1959, mais les organisateurs avaient été forcés d'inverser l'ordre au dernier moment tant la puisance de ce vin paille était ahurissante. Vous l' avez compris à présent, il suffit d'un mot, d'une piste dans un article ou un discours pour que je me mette en chasse... Et je suis obstiné, même si cela me prend des années... J'ai fini par le trouver dans un restaurant Suisse qui a bien voulu me vendre leur unique flacon restant sur la carte des vins. Je n'ai jamais vu un tel dépôt dans une bouteille ! (en fait c'est une 1/2 bouteille). Le nez envoie ! Cire, pruneaux, tapenade, confiture d'abricot, encens et pralin. La noix est plus que discrète, si bien que personne ne propose le Jura à l'aveugle... La bouche est démentielle, avec une épaisseur digne d'un Essencia, mais avec cet équilibre parfait qu'aucun vin de cette provenance ne peut atteindre. Pour mon papa, c'est un joyau d'une pureté sans équivalent. On perçoit le coing, le miel, le caramel brun, le citron confit et la truffe. L'orange amère de fin de bouche dépasse la minute...Le plus grand Vin de Paille que je n'ai jamais bu, supérieur à l'irréel Paille 1949 de Bourdy.  99/100

PERRIER JOUET Belle Epoque Rosé 1979

Le nez plaisant m'évoque la noisette, la grenadine et la meringue. La bouche est sur la liqueur de framboise et la groseille, avec une belle minéralité et une agréable pointe de grillé en finale. Il manque cependant de corps pour entrer dans la cour des grands. 92/100

ABEL LEPITRE Prince De Bourbon Parme 1976

Senteurs sympathiques d'amande, de noisette et d'abricots. La bouche rappelle le nez, mais là encore je perçoit un manque de puissance et une finale un peu faible. 90/100

CHÂTEAU FIGEAC 1970

Il offre un nez précis et complexe d'herbes grillées, d'anis puis de mûres et de cerises noires. En bouche, c'est un festival de cuir, d'épicéa, de réglisse, de baies et de pétrole en nuance. Il y a quelques années, j'etais toujours déçu par les vins de 1970, mais je dois dire que ces derniers temps je n'en reviens pas de la grandeur de cette année. J'avais commis une sacrée erreur de jugement ! 94+/100

VOSNE ROMANEE Malconsorts 1959 Moillard Grivot

Le nez explosif comme je les aime, m'évoque les épices, la viande, les fruits noirs confits avec une touche florale. La bouche très puissante présente un vin qui a échappé à tous les pièges de ce millésime excessif. Il reste sec sans cette cette pointe de "sucraïon" que je crains un peu pour les Pinot de cette période. Les parfums s'enchaînent: Le menthol, le graphite, le charbon et les fruits rouges et noirs très macérés. Belle finale de chêne ancien et de quiquina. Un grand Vosne et un grand 1959 (qui ne sont pas si nombreux que la littérature veut le faire croire).  94/100

JURANCON CLOS JOLIETTE 1985

Depuis que Fredy Vifian m'a parlé de ce domaine en associant le 1971 comme un de ses plus grands souvenirs de liquoreux en compagnie des suduiraut 1928, 1937, yquem 1937 , 1945 et j'en passe et des meilleurs, je suis partie en chasse... Alors en attendant de mettre la main sur le fameux 1971 , j'ai voulu faire connaissance avec ce domaine par le biais d'une autre année, une des dernières vignifiées par le maître de chai en place dans les années 60 et 70. J'avais trouvé un commentaire d'un club du Sud Ouest ayant organisé une verticale du domaine et mettant en garde les amateurs au sujet des années 80...Beaucoup de flacons semblaient souffrir d'une pollution liégeuse. Je n'ai pas voulu écouter et j'ai eu tort ! Ce vin n'est pas bouchonné , mais on perçoit cette pointe liégeuse qui doit se retrouver dans chaque bouteille. Je veux dire par là que ce défaut n'est pas isolé et dû au bouchon, mais qu' il remonte certainement à l'élevage. Alors je vous mets à mon tour en garde, n'achetez surtout pas ces années ! C'est buvable mais totalement dénué d'interêt. NN