La Grande Rue 1962, Brane Cantenac 1928, Piper florens Louis 1966: L'année 2009 commence en fanfare !

2008 a été l'une des années les plus prolifiques en nombre de grandes dégustations depuis que je goûte. Il me semble qu' inconsciemment, je ne voulais pas qu'elle se termine... Peut être la peur de ne pas pouvoir faire mieux cette année. Mais après tout, en ces temps de crises, ne faut il pas se méfier du "toujours plus" ? n'est il pas tant d'accepter la décroissance ? facile à dire !

Je ne suis pas sûr que Libe soit de cet avis, puisqu'il ouvre le bal avec cette cuvée de champagne très rare.

PIPER HEIDSIECK Florens Louis 1966

Lors de la dernière dégustation à la maison avec Haut Brion 1989, le même vin sur 1964 était complètement mort. Cette fois Libe semble ravi. Le nez délivre de beaux parfums de café, de pain grillé, puis de tourbe et de tarte aux citrons. La bouche tout en finesse offre un cordon qui marque son âge. La trame minérale très présente fait que le vin ne décolle jamais tout à fait, se bornant à ce goût puissant mais plaisant de craie et de citron vert. C'est beau , mais trop cérébral pour moi. 93/100

LA GRANDE RUE 1962 Lamarche

Le niveau est parfait, mais la couleur me paraît un peu trop claire. Enfin bon , j'essaie de me rassurer en repensant au Clos De Tart 1934 lui aussi très clair, et qui avait pourtant littéralement mis KO un Mouton Rotschild 1959 et une Réserve Des Célestins 1990 !! Cette fois ce sera la même surprise. Dès l'ouverture 5h auparavant, je trouve le nez fort prometteur. Il est à présent magique ; Un vrai délire de truffe , de morille, de menthol et de rose. Je vois que JC a le sourire, il aime les nez qui éclatent du verre. La bouche est complètement à la hauteur avec une ouverture à tomber de sa chaise sur la violette, puis la griotte à l'eau de vie...Quelle précision ! La finale est plutôt dans le registre de la truffe et du hêtre fumé. L'équilibre est digne d'une danseuse de Degas, mais tout comme le  bleu du tutu peint par le maître et vu au musée de L'Hermitage, ce vin est puissant à sa façon !

Somptueux et pour information supérieur à La Tache 1966 par exemple...sauf que cette fois ce vin a été payé 100 euros environ. Je suis persuadé de tenir là un des monuments de 2009, dès la 1ère semaine...Pour une décroissance, ça commence mal ! 99/100

CHÂTEAU L'EGLISE CLINET 1995

Un vin acclamé par Bettane et toute son équipe que l'on rêvait de goûter depuis longtemps. Il approche à présent les 15 ans, alors ça se tente ! Dès le 1er nez, je perçois une pointe de liège qui parasite l'ensemble. On note tout de même du café, chocolat noir avec une touche de chêne luxueux. La bouche souffre elle aussi du défaut et ne s'en débarrassera jamais, au contraire. On devine un vin puissant mais austère encore loin de sa période de maturité. Je crois aussi que la Grande Rue lui met une gifle qui le dessert énormément... A revoir car au-delà du goût de bouchon ce mythe se casse un peu la figure. 87+/100

MONBAZILLAC BELLEVUE "Réserve" 2001 Lajonie

Le nez offre des qualités dignes d'un grand Sauternes grâce à la frangipane, au biscuit caramélisé, au citron confit et à la noisette. La bouche possède un équilibre rare dans cette appellation avec des parfums de fruits d'été, d'amande ainsi qu'une minéralité rafraîchissante. 91+/100

DOM PERIGNON 1990

J'ai décidément beaucoup de mal à reconnaître ce vin à l'aveugle. Je le confond à chaque fois avec un Blanc de Blancs. Le nez, fermé au départ, délivre de timides arômes de citron, de minéraux et de fougère. La bouche est surtout axée sur les agrumes, l'écorce d'orange et l'anis. Ne touchez surtout pas vos bouteilles avant au moins 10 ans !92+/100

RAYAS Blanc 1985

Le nez, violent, est un peu monolithique au départ sur les hydrocarbures. Puis, viennent à l'aération, les herbes humides, le pain grillé et la fourrure. La bouche est curieusement beaucoup moins puissante jouant plutôt le rôle de la subtilité avec des notes métalliques, d'écorce, de citron épicé et de jus de viande. C'est un bon vin sans le cachet de l'inoubliable 1978. 93/100

CHATEAU BRANE CANTENAC 1928

Contrairement à ce que je pensais, ce vin est une "mise château". Le niveau est haute épaule. Le nez me réjoui car il à la complexité et la stature de ce millésime mythique. On perçoit l'anis, la réglisse, le cassis, le cèdre fumé et le gibier. La bouche offre une attaque préservée de cuir, de framboise et de tabac qui m'évoque un peu certains pinot. La deuxième partie est plus acidulée avec une amertume qui mange un peu la palette finale. Ce vin entame lentement son déclin mais c'est une bonne introduction pour comprendre les fabuleuses vinifications des années 20. 91/100

PORTO QUINTA VESUVIO 1999

Nez surpuissant de cerise noire, de tarte à la myrtille et bouche déséquilibrée à souhait sur les épices et le pruneau. Il brûle plutôt qu'il ne désaltère. 87/100