Château Lynch Bages 1945, Château Talbot 1945, Beaune Bouchard 1934...Quand vient la fin de l'été...

Finalement, la fin de l'été réserve encore plus d'émotions que lors des premières chaleurs... Curieusement je ne suis pas nostalgique, car je sais qu'en principe, la fin d'année risque d'être monumentale avec quelques bouteilles de légende que l'on attend toute sa vie. Et puis je vais finir cette période estivale par un périple à New York...Mais bon , ne soyons pas trop pressé et profitons déjà de l'instant présent.

CHABLIS MONTMAIN 1990 Tremblay

Le nez est à pleine maturité et s'exprime pleinement : Le foin, les agrumes, la clairière humide et le pain d'épices. La bouche est tranchante comme un silex avec du citron vert et de l'écorce en nuance. Rapport qualité prix impeccable. 90/100

BEAUNE 1934 Bouchard Ainé & Fils

J'ai déjà bu cette bouteille, mais je n'en garde pas un très bon souvenir. Un beau témoignage, c'est tout. Ayant également bu un Clos Vougeot  1929 de cette maison sans grande émotion, j'avais décidé d'oublier un peu les vins de ce producteur. Cette bouteille était donc restée dans ma cave, attendant tranquillement son heure. Le niveau est parfait et le bouchon n'est pas imbibé jusqu'en haut, ceci expliquant certainement cela... Le nez est d'une précision  redoutable grâce à ses parfums de cuir, de fourrure, de cèdre et de cassis. Après 10 minutes dans le verre, la rose arrive en fanfare. En bouche la griotte à l'eau de vie se marie à la brindille du cassis. Il n'y a aucune acidité. Mon dieu, quel niveau pour un Beaune générique ! 93/100

DOM PERIGNON 1985

C'est curieusement un Dom Pérignon qui reste plus accessible en terme de prix que la plupart des autres millésimes. Pourtant, Libe et moi avons toujours cru en Michel Dovaz qui classe ce vin dans sa sélection du siècle. Cette place n'est pas usurpée, car sa personnalité est incroyable. Il surclasse des grandes années telles que 1990 et 1988. A mon sens, il ira plus loin que le légendaire 1964. Le nez très Dom P ne me trompe pas une seconde :La cantillon, le coquillage, ainsi qu'une infusion de lierre et d'anis étoilée. La bouche est d'une puissance incroyable et inhabituelle pour ce cru. La gourmandise des parfums confine à la sucrerie. Patience ! 96+/100

CHÂTEAU LYNCH BAGES 1945

Le nez très net de cuir, de thym, d'olives noires et de safran nous donne le sourire. Pour Libe, il y a par la suite,  une touche intéressante de pétrole, tandis que je nage plutôt dans le chocolat, la cannelle et le cassis gorgé de soleil. La bouche est encore en pleine forme avec ce fameux tanin râpeux et indompté que j'aime tant. J'étais très 1947, mais je deviens 1945... le cassis à nouveau et la fève de cacao emplissent le palais de long instants. Encore une magnifique expérience sur cette année inégalée. 95/100

TOKAY Nyulaszo 6 Puttonyos Royal Compagny 1995

C'est l'une des grandes années du 20 ème siècle pour cette région du globe. Le nez surpuissant rappelle la figue, le miel de sapin et les fruits secs. la bouche offre une acidité tranchante typique des vins de l'Est, associée au confit de l'abricot et de la tarte tatin pour un résultat onctueux et parfaitement équilibré. 93/100

SAVENNIERES Clos Du Papillon 1990 Baumard

Le nez renversant rappelle étrangement un Chardonnay grâce à la paille, au pain grillé, au pralin et aux fruits d'été confits. La bouche a besoin d'une bonne heure de carafe pour révéler tout son potentiel. L'attente vaut le coup : fruits juteux, épices exotiques, le tout dans un ensemble gras et très long. Superbe. 93+/100

CHÂTEAU PALMER 1985

Nez expressif de cassis, d'herbes grillées, d'anis et de bois humide. La bouche au fruité de mûre et de framboise manque cependant de corps et de longueur. Parker est un peu dur, certes, mais il existe nettement plus grand sur ce millésime...90/100

MEURSAULT 1981 Coche Dury

Le nez, envoutant est une vraie bombe : Le pain grillé, le  beurre, la poire fraîche ainsi qu'une touche de fougère. A l'aveugle, je suis sur un grand millésime des années 80. Après plusieurs essais je jette l'éponge ; Impossible d'imaginer ce millésime moyen. Par contre je réussis mieux le coup sur le producteur. Je lance sans trop y croire " pourquoi pas Coche Dury ? ". Cette anecdote souligne l'importance de la patte du vigneron qui ressort peut être encore plus sur un millésime modeste. Il faut bien avouer que ce producteur mythique est complètement à la hauteur de sa côte de popularité. Comment diable a t'il pu réussir un générique sur une année médiocre, qui surpasse la plupart des crus d'un grand millésime ? Et puis cette bouche d'une exquise minéralité ou le citron confit, l'orange amère et l'acidité du pamplemousse semble être une caresse... Que demander de plus ? Chapeau bas ! 95/100

CHÂTEAU TALBOT 1945

Le nez sort de sa boîte en fanfare et annonce la grosse cavalerie :Cuir usé, cassis macéré, prune, menthol, puis châtaigne, truffe et sous bois. La bouche possède une attaque redoutable, presque moelleuse, de pruneau, de zan, et de cassis frais cette fois ci. Le tanin est  lourd, accrocheur, tandis que la finale minérale, presque ferrugineuse, donne un cachet incroyable au vin. Somptueux. Lorsque j'avais 18 ans je rêvais de boire un 1945 préservé, puis ensuite j'ai voulu en boire un de chaque appellation, maintenant je prie pour tous les boire ! 97/100

Remarquez la couleur incroyable du Lynch Bages 1945 ! Il n'avait plus d'étiquette, mais le bouchon ne trompait pas ( Mise château ) idem pour le Talbot 1945 sur les dernières photos...On lisait clairement le château et l'année, tandis que la capsule confirme la mise château également.