La Piste aux étoiles chez Lolive avec Mouton Rothschild 1947 en clou du spéctacle !

Impossible de savoir à quoi s'attendre chez Lolive ! C'est peut être bien la personne la plus audacieuse que je connaisse dans le vin, capable de marier dans le même dîner un vin de 2008 avec un Salon 61, ou encore d'oser tenter un cru inconnu sur une année catastrophique, et d'en faire la réussite de la soirée. Vous l'aurez compris, chez Lolive il faut accepter de perdre le contrôle et d'être sur un fil les yeux bandés, en ne s'en remettant qu'à son seul instinct. De toute façon une fois qu'on a intégré que ce bougre est en connexion directe avec le ciel, on sait qu'il ne peut nous arriver que du bon !

Le compte à rebours a commencé, et chaque matin, je me prends au jeu de décompter les jours jusqu'au moment tant attendu : J-4, J-3....Jour J. La pression est à son comble, allez, en piste l'ami et fais nous rêver !

AILE D'ARGENT 1994 (Mouton Rothschild)

Hé bien je ne suis pas surpris, d'entrée, tout le monde est perdu ; Une fois qu'on a survolé toute la France, on fini par donner sa langue au chat.

Le nez fleuri, délivre également de nobles parfums de guimauve, de foin et de chêne luxueux. La bouche est marquée par le fruit jaune et la coquille d'huître, tandis que la finale tranche grâce au citron vert et à la craie. Impeccable et racé. 93/100

CHÂTEAU LAVILLE HAUT BRION 1981

Le nez de pétrole, d'amande amère et de litchi, est agrémenté d'une belle touche de bois très élégante. Le pamplemousse envahit la bouche, puis le zeste et l'écorce asticotent les gencives. Belle finale crayeuse. Quelle surprise ! 94/100

MONTRACHET 1974 Bouchard P&F

Le nez de noix de coco, de pommes de cellier, et de poire est aussi délicatement épicé. En bouche, le vin devient foie gras et ce dernier devient le Montrachet. On ne sait plus qui est qui . Quel accord !

La suite est une succession de tourbe puis d'épices. La puissance est colossale, plutôt 1976 que 1974... La finale est fraîche et parfaitement équilibrée par le citron et les minéraux. On était prévenu : Seul Lolive peut miser sur un 1974 et avoir raison !

96/100

CHÂTEAU OLIVIER 1947

Bouteille parfaite et couleur irréelle, mais le tout est malheureusement bouchonné ! NN

HENRIOT 1943

Dès que le vin arrive dans le verre, on voit une mousse épaisse comme celle d'une bière se former sur le dessus. Le nez est un mâle viril, qui n'est pas sans me rappeler un certain Salon 61. La palette explose sur le chocolat noir, le gingembre, et le havane. La bouche offre un gaz des années 80 ; Quelle conservation idéale !  Il est difficile de décoder toute la gamme aromatique tant celle-ci tourne et change comme la peau d'une pieuvre sur un récif coloré. On retiendra l'after eight, le cacao brut, le bois de santal, la poire et le Mon Chéri. Un colosse inoubliable ! J'ai une pensée pour François, car je crois que ce vin est peut être bien le chef d'oeuvre de son année de naissance. 99/100

GRAND CHABLIS 1926 Noirot Carrière

Moi qui rêvais de boire un jour un très vieux Chablis, je suis servi ! La continuité est assez géniale car le nez ressemble à celui d'un Champagne. Des arômes de truffe, de chêne, de menthe, de cuir et de citron confit envahissent le verre. La bouche marque plus son âge, mais reste tout de même fringante pour un octogénaire. Le tabac, le whisky, et le curry en sont les principaux acteurs. Je suis ravi... 93/100

GRANDS ECHEZEAUX 1998 DRC

Le nez vaut 100, c'est un chef d'oeuvre ! Il faut dire que Lolive a  encore fait un travail d'orfèvre au niveau du carafage. Des arômes somptueux de menthe poivrée, de poivre de Séchuan, de jambon braisé et surtout de jasmin et de mûre jaillissent du verre. Le silence se fait autour de la table. La bouche est ciselée presque monastique dans sa première partie, mais la finale se dévergonde sur les fruits rouges, les baies et les épices avec un côté sanguin et minéral prodigieux. J'ai parfois pesté contre ce domaine, mais là j'avoue rendre les armes devant une telle perfection. Je rappelle que nous l'avons bu à l'aveugle... Et aussi que 1998 est le grand oublié de ces 10 dernières années ; Et pourtant il rassemble des qualités rarement réunies sur une même année : Pureté, fraîcheur et complexité. 98+/100

ECHEZEAUX 1973 DRC

Le bouchon du 1998 était collé à la paroi et celui-ci est parti en mille morceaux. Je l'ai déjà signalé, le domaine est un peu radin concernant le liège ... Quel scandale de faire des vins aussi grands, exposés au danger de l'oxydation précoce à cause de bouchons pourris. Bref, encore une vérité passée sous silence, et je vais me faire des ennemis . Mais bon, il faut bien en parler ouvertement un jour ou l'autre non ?

Revenons au vin. Le nez est un pur bonheur, avec ces odeurs de rose, de cassis, et de magnésie. La bouche de petits fruits rouges et de minéraux est un véritable pied de nez à cette année dramatique pour les rouges. Quelle leçon, encore une fois ! 93/100

CHÂTEAUNEUF Réserve des Célestins 1973 Henri Bonneau

Un match assez génial ! Bonneau affectionne cette année, et je le comprends, car c'est bien la première fois que je le vois réussir aussi bien dans la finesse et le soyeux... Le nez de goudron, de saucisson, d'herbes grillées et d'anis ne trompe pas Libe plus de 2 minutes ! La bouche offre une attaque brutale de viande et d'eucalyptus, mais la suite est une marée presque Bourguignonne de fruits rouges et noirs avec une sensation de taffetas ! Le retour sur le pruneau est magistral ! 96/100

BONNES MARES 1964 De Vogüe

Le nez de tapenade, de café froid et de charbon marque nettement son âge, et fait même un peu usé. La bouche est dominée par des arômes de viande, de cuir, de cacao et de mûre. La table se divise : je penche plutôt du côté de ceux qui n'accrochent pas trop. Pour moi, ce vin est trop vieux, ou peut être est-ce un coup de chaud à un moment de sa vie qui lui donne cet aspect un peu vieux bouc ? Quoiqu'il en soit, on est bien loin du niveau du 1966... 85/100

CHÂTEAU MOUTON ROTHSCHILD 1947

Il est bien sûr bu à l'aveugle comme les autres, et je suis d'ailleurs bien loin d'imaginer que je m'apprête à goûter ce vin mythique pour la deuxième fois. La première, en magnum, avait été formidablement décevante. Cette bouteille 75 cl est la bonne ; Un chef d'oeuvre de la rive gauche !

Le nez est à classer au patrimoine mondial immatériel ! Quelle folie douce. Des arômes entêtants de feuille de menthe froissée, de menthe poivrée, de réglisse,  et d'eucalyptus forment la déclinaison la plus gigantesque que j'ai jamais vu sur le thème du menthol... Quand on dit que Mouton sent la menthe, on ne peut rêver meilleure illustration que ce 1947. La suite est une succession de pivoine, de cassis et de mûre. La bouche est totalement crémeuse, un pur sirop de cabernet qui reste frais, et surtout diablement minéral. Le pruneau se mêle à la ronce, à la craie et au cassis, avec bien sûr en toile de fond, la fameuse déclinaison. Quel monument ! Supérieur au 59 et au 61... 100/100

CHÂTEAU D'YQUEM 1940

Il offre un nez puissant d'éther, d'orange amère et d'infusion épicée. La bouche est marquée par la frangipane, la pomme caramélisée et les agrumes confits. L'élégance et la complexité ne sont pas au programme, mais c'est un beau liquoreux costaud, qui nous marquera surtout pour son indéniable capacité à rester bon, même dans cette année de guerre catastrophique. En revanche, dès que l'on pense au prix, il faut mieux passer son tour ... 92/100

CHAMPAGNE LECLERC BRIANT "Solstice" 1990

J'avais beaucoup aimé la cuvée Liberté 1982. Cette fois encore c'est un grand Champagne encore jeune et peu évolué. Le nez de brioche, de citron et d'herbes potagères est impeccable et prometteur. En bouche, le cordon est intense, avec une belle trame grillée et acidulée ( agrumes et groseilles ). Ce style tranchant  et semblable à René Lalou est davantage lisible pour moi, certainement grâce à son élevage plus Bourguignon, et à son côté fruit rouge un poil moins austère. 92+/100

Lolive s'improvise Chef d'orchestre, magicien, chercheur d'or ; Bref on ne sait plus trop où il nous emmène exactement, mais en tout cas, c'est bon de se laisser porter, de lâcher prise enfin. Laissons lui les rênes, laissons le créer son monde, et surtout acceptons enfin de le suivre sans plus se poser de questions ! Ton monde me plaît bien Lolive, il ressemble au mien ! Alors une idée me vient, insistante : Est ce réellement un hasard notre rencontre ?

Vivement l'opus final !