Quart de Chaumes 1959 Baumard, Suduiraut Crème de tête 1989, ou le festival de liquoreux !

Une dégustation entière de liquoreux est une aventure gustative périlleuse, mais lorsque la série concerne une vingtaine de flacons de régions et de cépages différents, cela devient carrément un exercice de style !

JURANCON MARIE KATTALYN 1997 Domaine de Souch

J'ai découvert ce domaine alors qu'il était encore peu connu du grand public. Je garde précieusement la très rare cuvée " Pour René " en cave. J'ai eu de belles émotions avec les vins de madame Hegoburu, mais je dois dire que ce soir, la déception est cruelle.  Le nez réglissé et marqué par un boisé humide est peu convaincant, tandis que la bouche un peu trop amère, manque de profondeur et de sucre. Bof... 86/100

MUSCAT DE RIVESALTES " COUP DE FOUDRE" 1997 Domaine de Piquemal

Il offre un nez ravissant et puissant de rose, de citron et de muscat très mûr. La bouche est d'une richesse impressionnante de noyau d'abricot, de miel, et de raisins gorgés de soleil. Une bien belle découverte. 92/100

MONTLOUIS CUVEE DES LOUPS 1990 Domaine  de La Taille aux Loups

Le nez curieusement timide peine à s'exprimer sur les agrumes et la pierre à feux. En bouche le boisé bien présent se mêlent aux généreux arômes de pamplemousse et de volvic orange. Peu de personnalité et de puissance. 87/100

MONTLOUIS "ROMULUS" 1990 Domaine de La Taille aux Loups

Je rêvais depuis longtemps de tester cette célèbre cuvée sur un millésime proche de la maturité. Le nez bien plus complexe que le précédent rappelle l'amande, l'orange confite, les fleurs et le bâton de réglisse. La bouche offre une sucrosité accomplie, mais plus délicate qu'on l'imagine. Des arômes de pâtisserie allant de la tarte au citron, au sirop d'érable, en passant par le sureau régalent le palais. Bien, mais loin d'être inoubliable. 91+/100

VIN D'AUTAN 1988 Palgeolles

C'est l'un des vins que j'attendais le plus ! Certains d'entre vous ont peut être remarqué que la même cuvée sur le millésime 1989 fait parti de mon très fermé Top 30. L'excitation est donc à son comble, lorsque j'approche mon nez... D'emblée, je sais qu'on sera loin de son cadet. Des parfums subtils, et agréables de citron vert, de chêne noble et d'anis étoilée se dégagent du verre. La bouche est riche, parfumée de truffe et de craie, mais je ne retrouve pas la monstrueuse puissance et l'extrême complexité du 1989. Alors une question se pose : Etait-ce un accident de la nature ? Il me faudra une troisième expérience pour trancher... 91/100

COTEAUX DU LAYON CUVEE LOUIS 1990 Château de La Roulerie

Il présente un nez gourmand et évolué de pruneaux, de bougie, d'érable et d'infusion des marmottes. La bouche très puissante me rappelle un peu le registre de certains vieux Monbazillac. On retrouve en effet, le sucre candy, les fruits secs, le noyau et l'alcool de prune. Il passe en force et ne plaît pas à tout le monde. Certains lui reprochent ne ne pas avoir saisi l'essence de son terroir. C'est oublier un peu vite des Layon et des Bonnezeaux de la première moitié du 20 ème siècle qui dévastaient tout sur leur passage.  93/100

COTEAUX DU LAYON JULINES 1997 Château de La Guimonière

 Le nez présente une pointe de sulfites un peu désagréables au départ, mais il s'affine heureusement par la suite sur le buis, le citron, et les herbes humides. La bouche est inattendue, car très sucrée et puissante. L'ensemble est un peu lourd, mais finalement assez intéressant. 89/100

COTEAUX DU LAYON SGN Faye d'Anjou (Leroy)

Des senteurs pures de fumée, de réglisse, d'anis et de fruits d'été confits se dégagent du verre. La bouche possède une grosse liqueur typique du millésime, mais elle n'est pas dénuée de fraîcheur, grâce aux parfums d'agrumes et de minéraux. Une bien belle bouteille . 93/100

BONNEZEAUX "LA CHAPELLE" 1989 Château de Fesles

Celui qui n'a pas bu cette cuvée sur l'année 1947 ne connaîtra jamais la perfection que peut parfois atteindre le Chenin... Celui-ci est très iodé, agrémenté de notes de miel et de réglisse. La bouche s'étale sur la gaufre, le coquillage, tandis qu'une superbe minéralité prolonge le vin. 91+/100

BONNEZEAUX "LA CHAPELLE" 1990 Château de Fesles

Le nez plus lourd de pétrole, de caramel au lait, de réglisse Haribo m'emballe encore plus. La bouche paraît bien plus mûre, cette fois plus axée sur le coing, l'abricot, le raisin de Corinthe, le tout mâtiné d'une touche de bois très élégant. Il n'a aucune chance d'égaler le fameux 1947, mais c'est un Chenin impeccable. 93/100

TOKAY PINOT GRIS VT 1983 HUGEL

Le nez  un peu sulfité au départ, s'améliore ensuite et délivre de belles notes de litchi, de silex et de légumes. La bouche est presque sèche, tranchante, sans réelle complexité. Il semble indestructible, mais le plaisir n'est pas au rendez- vous... 88+/100

GEWURZTRAMINER VT 1989 Clos St Landelin Muré

Après une 1/2 heure le nez devient impérial dévoilant de superbes parfums de crêpe suzette, de rose, de

réglisse et de sous- bois. La bouche est lourde et florale au départ, puis elle s'affine ensuite grâce à une superbe salinité. La finale est granitique et épicée à souhait. 94/100

RIESLING MUHLFORST Grand Cru  SGN1989 Mittnacht-Klack

Le nez très proche de son cépage s'étale sur le pétrole et le calcaire. La bouche austère, aiguisée comme une lame est pure comme l'eau de roche. Elle s'inscrit dans la droite lignée de ce que l'odorat avait perçu.

Tout le monde est en extase, sauf moi. Trop strict pour mon goût. 91/100

RIESLING ALTENBERG DE BERGHEIM SGN 1989 Deiss

Le terroir est plus chaud que le précédent, et cela se sent immédiatement. Le nez puissant de pain grillé, de café et de financier chaud est un régal. La bouche perlante aurait mérité un bon coup de carafe. Il est  liquoreux et massif, évoquant la prune, le coing et le miel. En SGN, c'est tout à fait mon style ! 94+/100

VOUVRAY LE MONT " 1ère Trie" 1997 Huet

Le nez de pierre à feux nous rappelle que ce terroir est majoritairement sur du silex. On note aussi des arômes de pêche et de tilleul. La bouche est gourmande, chargée de sucre avec des parfums de coing, de peau d'abricot et de citron ; Il fait clairement saliver ! La finale subtilement truffée est une petite pépite. Le plus grand depuis le 1947. 93+/100

VOUVRAY LE CLOS DU BOURG "1ère Trie" 1989 Huet

Le nez me semble moins mûrs, plutôt axé sur le lierre et la réglisse. La bouche est moins liquoreuse, moins intéressante aussi. Il y a encore des notes de plantes grimpante, et de minéraux. 87/100

QUARTS DE CHAUME 1997 Baumard

Le nez expressif est un pot pourri de coquillage, de pleurote, d'anis et de coing. La bouche s'ouvre sur la canne à sucre et le sirop d'érable puis se poursuit sur le sureau et l'orange sanguine. Quelle puissance !

Pour le moment il est vite écoeurant à cause de cette texture évoquant plus une sauce qu'un vin, mais je crois que dans 30 ans on tiendra là un monument... 94+/100

QUARTS DE CHAUME 1990 Baumard

Le nez semble un peu moins mûr, avec des arômes de buis, d'agrumes, et de bâton de réglisse. La bouche plus pure et cependant bien moins impressionnante. On note de la fumée, du zan et une touche minérale très intéressante. Je pense que cette présente bouteille est un peu plus faible que celles bues les années précédentes... A revoir. 92+/100

QUARTS DE CHAUME 1959 Baumard

La plupart des dégustateurs ont déjà terminé leur verre quand le vin se décide à livrer toute sa subtilité ... Ne jamais se précipiter lorsque un vin ancien semble en retrait. Le nez marque son âge mais la complexité est magnifique : L'amande, la colle Cléopâtre, la noix, les fruits confits et la réglisse nous montrent une réelle continuité entre les 3 générations de vignerons. L'attaque en bouche est acidulée, fraîche, évoquant le Canelé de Bordeaux, l'orange sanguine, la quetsche, et le sous-bois , tandis que l'aluminium et la craie nous picotent la langue en finale. Un vin d'une rareté extrême, introuvable de nos jours, que je suis heureux de déguster ! A noter que le Quarts de Chaume 1959 de Suronde reste intouchable... 95/100

TOKAJI ASZU 5 P 1975 Ferme d'état

Pour celui qui n'a jamais bu ce style de vins, j'imagine que la découverte est grisante, mais pour ma part, je trouve que la gamme aromatique est un peu lourde et toujours identique, quelque soit les conditions climatiques d'élaboration, et quelque soit la main qui l'a créee... Il faut remonter aux vins des années 50 et avant pour avoir un cachet inoubliable. Ici les parfums de chocolat, de pruneau et de fruits macérés sont un peu impersonnels, mais plaisants. En bouche, il rappelle un VDN avec ce goût typique de café, de Xérès et d'orange amère. Pas de magie, mais un beau moment tout de même. 91/100

CHÂTEAU D' YQUEM 1987

 Le nez puissant de biscuit chaud, de miel, d'amande et de pétrole nous conduit irrémédiablement à Sauternes. La bouche présente une belle pourriture noble dans ce millésime un peu faible. On perçoit la réglisse, la datte, la prune enrobée de miel et le citron doux. Parfaitement à la hauteur de sa réputation puisqu'il s'inscrit comme un des meilleurs liquoreux de cette dégustation prestigieuse, alors que l'année présentée est modeste. 93/100

CHÂTEAU SUDUIRAUT " Crème de Tête" 1989

Le nez monumental fait presque tourner la tête : Des parfums de génépi, de café Valdotain, de réglisse, de pain d'épices et d'agrumes jaillissent du verre. En bouche la concentration est phénoménale est met littéralement KO le roi d'Yquem ; Quelle densité ! Le registre est original à souhait grâce aux arômes de bouillon de volaille, de fruits secs, d'abricot et de coing. Un monstre en préparation capable de dépasser les légendaires 1899 et 1928 ! 96+/100

Une très belle série donc, en attendant Noël ... Ensuite radis noir et menthe poivrée pour redynamiser l'organisme !