Charles heidsieck 1961, Montrachet 1973 Fleurot, Mouton Rothschild 1916... Lolive au sommet de son art !

Cela fait des semaines que cette dégustation est prévue, et je sais que Lolive à cherché dans la France entière des bouteilles rares auxquelles il croit. Un programme "gargantuesque " pour terminer l'année en beauté !

CHÂTEAU PAPE CLEMENT Blanc 1985

Lolive ne veut pas le servir, car à l'ouverture quelques heures avant, la bouche n'était pas concluante. L'aération aura été bénéfique puisque finalement il se défend plutôt bien. Le nez d'amande, de miel et d'épices est assez timide. La bouche est puissante, sèche comme certains digestifs. On pense naturellement au Rhône ; Dommage ! En tous les cas, on est loin des somptueux Pape Clément blanc du début des années 90. 87/100

GEWURZTRAMINER CLOS ZISSER 1959 Klipfel

C'était le vin de secours... Il atteint un tel niveau ce soir, que je me permets un jeu de mot : Il vient en effet au secours du Pape Clément ! Le nez démentiel est un feu d'artifices d'odeurs. On ne sait plus où donner de la tête entre le litchi, la mangue confite, les épices indiennes, le caramel beurre salé, et le pain grillé. En bouche, l'attaque est dantesque, pesante sur la langue comme du plomb fondu parfumé d'agrumes confits et de fruits de la passion. Puis tout à coup le vin devient sec et léger sur la réglisse et l'anis et enfin à nouveau subtilement liquoreux en finale. Un monument que je retrouve comme je l'avais découvert il y a quelques années au Buerehiesel... Je trouvais qu'il déclinait ces derniers temps, mais ce soir il est au firmament, et écrase comme une mouche le SGN 1976 de Hugel bu quelques jours plus tard... 99/100

CHAMPAGNE LEON LECONTE 1955

Il est mort malheureusement... NN

MONTRACHET 1973 Fleurot

Il est bien sûr bu à l'aveugle comme d'habitude. Le nez somptueux, rassemble un bouquet de parfums constitués de safran, de silex, de chouchou, de curcuma, et de noyau. Une odeur puissante me rappelle même un célèbre parfum Chanel. La bouche est jeune, subtile, mais d'une incroyable complexité. On note de l'infusion de tilleul, de la verveine, de l'écorce d'orange, et une touche de Zeste. La finale minérale caresse la langue plus de 40 secondes. Inutile de préciser à nouveau la valeur de ce millésime inconnu, qui s'affirme de plus en plus comme un postulant au titre d'année du siècle. Je devrais apprendre à me taire car à force, c'est un secret de Polichinelle ! 97/100

CHARLES HEIDSIECK " La Royale" 1971

Le nez très fin de noisette, de fougère et d'agrumes piquants est élégant à souhait. La bouche est une dentelle avec une bulle fine et bien présente. les arômes de craie et de citron vert dominent nettement l'ensemble. Trop fin pour moi. 92/100

CHARLES HEIDSIECK 1961

J'avais déjà bu ce vin, il y a de nombreuses années, et il trône depuis dans le haut de mon top 30. Je m'étais toujours demandé si je n'avais pas un peu surestimé ce magnifique vin, étant à cette période encore débutant en matière de Champagnes anciens. Vous me croirez si vous le voulez, mais je suis surpris de la justesse de mon jugement de l'époque. J'ai depuis dégusté certains des plus grands Champagnes de l'histoire, et la place de ce 1961 ne changera pas dans mon palmarès. Cela démontre encore une fois l'extrême qualité des cuvées de base, qui n'ont rien à envier aux cuvées prestiges actuelles.

Dès le premier coup de nez, on sent que ce Champagne est vineux, et puissant. L'amande, la colle Cléopâtre, le pain grillé et les fruits pochés envahissent les narines. La bouche offre une attaque de légende où la figue, la tourbe et le miel de sapin écrasent les papilles. Le cordon est d'une jeunesse incroyable, tandis que la finale tout en finesse évoque la guimauve et les minéraux. L'équilibre est magistral grâce à un acidulé impeccablement dosé. Un monument ! 98/100

BLAGNY " Pièce sous le bois" 1983 Matrot

J'avais déjà entendu parlé des grandes qualités de cette cuvée et de sa capacité à vieillir admirablement, mais je n'avais jamais eu l'occasion de la goûter... Le nez superbe de rose, de terre et de bois humide est impeccable et nous fait complètement oublier la pourriture grise de l'année. En bouche, c'est un alcool fort de prune, de pruneau, et de kirsch, avec une touche géniale de fourrure et de terre humide à nouveau. Une révélation ! 93/100

GEVREY CHAMBERTIN Clos Prieur 1983 Roy Petit

Cette fois, tous les défauts analytiques de l'année sont bien là ! Vernis à ongle, vieux fût... En bouche le tanin est lourd, mais l'ensemble est très monolithique. 79/100

CHAMBERTIN 1982 Trapet

Le nez pur et précis rappelle le rosé des Riceys, la framboise, et les épices. En bouche on  a une belle déclinaison de fruits rouges acidulés, avec une intéressante minéralité en finale. Il ne lui manque qu'un peu d'ampleur pour me faire chavirer. 91/100

ALOXE CORTON Clos Des Maréchaudes 1982 Fabien et Louis Saier

Un cru assez rare vinifié par les anciens propriétaires du Clos Des Lambrays. Le nez exhale des parfums d'herbes humides, de roche et de petits fruits rouges. En bouche on ressent le soleil grâce aux épices et aux framboises mures qui piquent la langue. Impeccable. 91/100

CHÂTEAU DE POMMARD 1964

Un vin que je n'avais pas du tout aimé, il y a 3 ans... Cette fois le côté sucraïon est très subtile et ce Pommard ne s'en porte donc que mieux. Le nez de tabac, de fleurs et de pétrole est plutôt agréable. En bouches, les fruits rouges confits sont agrémentés d'une pointe de quinquina, et d'écorce. Rien d'inoubliable quand même. 87/100

CHÂTEAU MOUTON ROTHSCHILD 1916

J'avoue que le nez me désarçonne totalement dans les premières minutes, tant il est marqué par le viandox, le bouillon et l'acidité volatile. Avec l'aération, il s'affine et se paye même le luxe d'offrir des nuances de cèdre, de poivron, de café et d'épicéas. En bouche, l'after eight est là, ainsi que la torréfaction, et le jus de viande. Je me demande bien pourquoi diable, nous n'avons pas trouvé le Château à l'aveugle. Il était Mouton jusqu'au bout des oreilles. L'acidité est subtile et le vin reste stable, même après une heure dans le verre. Il n'égale pas le fameux Malartic 1916, mais il démontre toute l'application et la connaissance innée des hommes et surtout des femmes de cette époque. Merci. 95/100

PERRIER JOUET Belle Epoque Rosé 1979

C'est la deuxième fois que je le bois, et mon avis restera le même : Bon mais pas exceptionnel... Le nez de fruits rouges, de ronce, et de bois humide est agréable, tandis que la bouche rappelle la groseille à maquereau, le citron et l'orange sanguine. Le cordon est encore impeccable. Il est loin du légendaire 1982. 92/100

BARSAC 1914 Cuvelier & Fils

 Le nez encore frais et puissant est une belle suprise. On note des odeurs de Bounty, de noisettes, de bougie et de sous-bois. La bouche reprend le même thème sans une seule fausse note. Un régal de coco, et d'orange amère, avec une sucrosité délicate. Au delà des guerres, de la haine et de la douleur, on est ici face au miracle du genre humain... 92/100

Quelques heures plus tard, Sardou chante, tandis qu'une dernière bouteille arrive miraculeusement sur la table. Ma note ne sera qu'indicative, car je sais que mon palais n' a plus toutes ses capacités ...

TAITTINGER Imaï 1988

L'emballage est une merveille comme toujours. Le nez d'une jeunesse sidérante s'ouvre sur le bois vert, la peau de noix, puis l'anis et les agrumes frais. En bouche, le cordon est encore trop fougueux, mais les herbes humides, le jus de citron, et la craie délivrent un message clair : Le vin sera grand. Rendez vous dans 30 ans. 91+/100

C'est avec un pincement au coeur que je quitte cette formidable année, mais ma nature profondément optimiste me permet bien vite de passer à la suite. 2010 sera un bon cru, j'en suis sûr...