Bonnes Mares 1952 De Vogüe au sommet, mais aussi Angélus 1955 et Thomas Hardy 1968 la plus grande bière du monde !

En très peu de temps, un nombre impressionnant de vins ont fait une entrée spectaculaire dans mon top 30. Il faut dire que la conservation totalement irréelle de ces différents breuvages, est à l'image des niveaux parfaits, presque sous le bouchon, des bouteilles.

Alors, aujourd'hui, j'ai envie de rendre hommage à un amateur, sorcier du vin, qui longtemps avant nous, a su collecter les meilleurs vins du monde. A cette époque, aucun gourou n'était là pour guider le prétendant, et ce collectionneur a donc réuni des flacons légendaires avec son seul instinct. Pas d'internet, pas de livres, juste un guide intérieur, redoutable dans l'action juste. Avec le recul, et fort de ces nouvelles expériences que je vis, je me demande si tous ces guides qui fleurissent sur le marché, ne sont pas, en fait, un des symptômes du dysfonctionnement mental de notre société : Toujours prendre pour référence les idées, les envies, et même le goût d'un autre.

Je commence donc, forcément, à me questionner sur l'utilité réelle de mon site... L'avenir décidera de son sort !

Chers lecteurs, je ne peux que vous conseiller de vous laisser porter par votre instinct donc, et d'oublier un peu les listes, palmarès, commentaires ou notes des livres et autres blogs :)). Quelques fois même le plus vanté des 1945 ou 1947, ne trouvera pas grâce à vos yeux, alors qu'un 1943, 1952 ou même 1974 inconnu de tous vous marquera à tous jamais... Il y a forcément quelque part un vin qui n'attend que vous, qui n'est fait que pour vous, et personne d'autre. Bienvenu dans votre monde !

BRICOUT "Charles Koch" 1969

Une cuvée prestige de Champagne que je n'avais encore jamais bu. Bricout est une maison réputée pour son bon rapport qualité/prix, mais je ne l'avais encore pas vu atteindre un tel niveau...

Le nez de coco et de mangue, agrémenté d'une pointe mentholée est enthousiasmant... En bouche, le cordon est fin tandis que des notes tertiaires superbes de mousserons et de silex envahissent le palais, avant de céder la place à des arômes plus lourds d'agrumes confits. Grosse surprise ! 94/100

NUITS St GEORGES Blanc "Les argilats" 1998 Gavignet

Le nez déjà bien évolué de morille et de viande des grisons est aussi fort heureusement porté par des notes plus fraîches de fougère et de bois vert. La bouche tranchante de citron vert et de minéraux est vraiment une belle réussite. 93/100

CHABLIS CHÂTEAU GRENOUILLE  Grand cru Grenouille1985

Le nez explosif dévoile des parfums précis d'anis, de noisettes grillées, d'épices à pâtisserie et d'agrumes juteux. La bouche ample et incroyablement glycérinée pour un Chablis offre aussi une salinité presque piquante, agrémentée de fumée, de citron vert, et de pierre à fusil. Quel avenir ! 95+/100

CLOS BLANC DE VOUGEOT 1961 Héritier Guyot

Encore une bouteille parfaite ! Le nez fin, paraît presque insaisissable tant il change et évolue au fil des minutes. On perçoit tour à tour du cuir, de l'horchata, de la menthe, ainsi qu'un arôme somptueux et diablement original de verveine.

La bouche est d'une violence hallucinante très différente du 1966 bu il y a quelques mois. L'attaque de citron vert et de citron confit lui donne un air entraînant de margarita. Elle frôle le sucre résiduel, mais sait rester sèche et pure. La finale interminable est un vrai concentré de pamplemousse rose et minéraux et elle répond donc à merveille à mon plat de coques à la pulpe de pamplemousse. On a l'impression de boire des vins intelligents qui savent s'adapter aux gens, à l'ambiance et à la cuisine. Merci grand sorcier ! 98/100

CHÂTEAU HAUT BRION 1953 1/2 bouteille

Alors là c'est une pure science fiction ! Je l'ai déjà bu en bouteille impeccable, et j'avoue que je n'aurais jamais misé un centime sur le dangereux format 1/2, car 1953 est une année grandiose, certes, mais quelque peu fragile.

Pourtant on ne peut que s'incliner devant ces parfums extraordinaires de braise, de viande séchées, de cassis, et de framboises. Un nez qui vaut 100 !

La bouche n'est pas du tout abîmée par les années. Une attaque douce de fruits noirs et de fumée donnent le sourire, puis on quitte à regret cette finale de petits fruits rouges et d'épices qui asticotent les papilles.

98/100

NUITS BOUDOTS 1980 Charles Noellat

Un de mes vignerons fétiche ! Malheureusement bouchonné... NN

LEOVILLE LAS CASES 1959

Un classique de ce terroir souvent décevant par rapport à la réputation qu'on lui prête... Nez jeune mais trop marqué par la rafle et la fève de cacao pas assez mûre. La bouche est très bien conservée, mais il lui manque les qualités majeures que sont le charme, la complexité et la longueur. Plutôt dans le groupe "lanterne rouge" de ce millésime mythique ... 86/100

HERMITAGE 1978 JL Grippat

Disons le tout net, c'est une énorme déception. Pour moi ce vin est en dessous du simple St Joseph 1978 du même vigneron. Dès le nez, je perçois une acidité qui me gêne,et les arômes doux de cassis et de fumée ne suffisent pas à m'enthousiasmer. La bouche est marquée par la grosse acidité d'un pinot pas assez mûr. 84/100

CHÂTEAU NENIN 1959

Le nez encore jeune de cèdre, d'herbes sèches et de vanille ressemble un peu plus à celui d'un rive gauche...

La bouche joue dans le registre de la finesse avec de belles notes de clafoutis et de mûre. L'ensemble est un peu trop stricte pour réellement nous faire chavirer, mais c'est un Pomerol encore dans la force de l'âge, indéniablement ! 91/100

CHÂTEAU SMITH HAUT LAFITE 1955

Le niveau est parfait, dans le goulot. Malheureusement l'ensemble est pollué par une note liégeuse. Dommage, car on sent un grand vin, d'une jeunesse stupéfiante sous ce triste masque. NN

CHÂTEAU D'ISSAN 1949 (Mise Cruse)

Le nez divin rassemble un bouquet charmeur de truffe noire, de vanille, de sous-bois, de cassis et de fleurs séchées. L'attaque en bouche marquée par le cèdre, le tabac et la groseille est réjouissante, mais la finale est trop acidulée pour rentrer dans le club fermé des 95-100/100.

93/100

BEAUNE MARCONNETS 1952 Bouchard P&F

Le nez géant de pollen, de framboise et de réglisse frôle la perfection, si ce n'est cette nuance de vernis à ongle.

La bouche flirte avec le sucre résiduel, mais reste juste riche en fait. Des parfums pesants de fruits noirs, d'épices, et de groseilles gorgées de soleil envahissent les papilles. Un poil moins charmant et complexe que le même vin de 1959, mais encore une preuve que 1952 s'est mieux conservé que le plupart des années plus célèbres. 96/100

BONNES MARES 1952 De Vogüe

Le nez est une explosion, un vrai volcan en éruption!!! Des parfums purs de violettes, de roses, de confitures de mûres et de ronces jaillissent du verre. L'attaque en bouche est une gelée liquide de cerise noire et de tarte à la myrtille. Les papilles reprennent à peine leur souffle, qu'à nouveau un flot de kirsch et de petits minéraux monte comme la marée du Mt St Michel, dans la bouche. Immense de fraîcheur, de netteté et de complexité. Le plus beau Bonnes Mares de mon parcours. 100/100

CHÂTEAU ANGELUS 1955

Je n'ai jamais eu de chance avec les vieux Angélus, alors j'ai toujours eu des doutes en entendant mes amis vanter les mérites du 1959.... Cette fois je vous ai compris !

Le nez est une bombe de menthe, d'épicéa, de burlat en gelée, de zan et de cassis. Quel éventail  bon sang ! La bouche est d'une jeunesse foudroyante avec la patine et la complexité des années qui passent ; L'équation impossible ! Le palais est noyé sous un flot de parfums dont le chocolat noir, le charbon, le menthol et les baies confiturées. Un immense St Emilion dans une de mes années fétiches ! 97/100

CHÂTEAU CANON 1971

Mon année chouchoute en ce moment pour la rive droite. Encore une fois, bingo ! Le nez de fruits noirs macérés, de zan, de réglisse et de menthe est à se damner ... La bouche très marquée par la réglisse et la mûre offre une onctuosité digne de 1947 ou 1961. Un grand Canon de l'histoire. 94+/100

VOSNE ROMANEE Cros Parentoux 1999 Rouget

Je connais ce mythique climat vinifié par Jayer, mais je ne l'ai encore jamais testé avec le neveu aux commandes. Le nez d'une puissance dingue saute du verre et manque de me faire tomber en arrière. C'est presque ecoeurant, mais tout le génie réside justement dans ce dosage juste. D'où le mot "presque"...

On a l'impression d'être chez Guerlain pour le test d'un nouveau parfum ! La rose de Damas, la violette, l'iris et la mûre imprègnent les narines et ne les lâchent pas. La bouche possède une extraction de fruit dingue : Le bonbon à la violette, la framboise, la roche et la ronce passées au mixeur. Quelle légende en préparation

98+/100

TOKAY OREMUS 6P 1972

Le nez d'huile de noix, de noisette, de pruneau et de pain toasté, ne m'embarque pas totalement. La bouche marquée par les fruits rouges et le quinquina n'est pas assez complexe pour convaincre. Intéressant, mais pour un vin aussi célèbre, je suis déçu. J'ai le souvenir d'un Essenzia 1957 bien plus original et complexe. 90/100

JURANCON "Jardin de Babylone" 2005 Dagueneau

Depuis le temps que j'avais envie de goûter cette rare cuvée du sorcier trop tôt disparu. Le nez envoie ! On reconnaît la frangipane, la quetsche, la poire et la fleur séchée. La bouche offre une charge sucrée et alcoolique presque insupportable. On nage dans l'eau de vie de poire, le bleuet et le safran. Il manque de charme et de nuances, mais j'avoue préférer cet excès absolu au classicisme du précédent. 92+/100

BIERE Cantillon Bruocsella 1983

Une bière de légende ; Le summum des lambics ! Beaucoup de gens ignorent que des bières peuvent être millésimées, et pourtant il serait tant que le monde entier soit au courant...

Le nez violent de fourrure, d'abricots pourris et d'eau gazeuse lithinée est une sacrée découverte pour moi.

La bouche décape les gencives comme un vin d'Egon Müller. Des notes de bouillon de poule, de groseilles et de griottes offrent une belle finale. 95/100

BIERE Brommen & Granaten 2009

429 bouteilles et pas une de plus pour le monde entier, concernant cette bière brassée dans un moulin aux Pays Bas. Le nez de caramel, de figue et de noix est une vraie douceur de Noël. La bouche offre une attaque incroyable de vieux liquoreux grâce à des parfums d'orange confite, de clou de girofle et de caramel au lait. Le perlant est délicat. Une légende ! 97/100

BIERE Pannepot Gran Reserva 2005

Micro brasserie Belge avec des élevages en fût neufs, puis un an dans des fûts ayant contenu des Calva !

Le nez de nougat, de miel de sapin, de fumée et d'épices est une pâtisserie à lui tout seul. La bouche déborde de notes torréfiées et confites. Superbe ! 95/100

BIERE THOMAS HARDY'S 1979

Là, on rentre dans le saint du saint ! La Romanée Conti de la bière... Une bière brassée au coeur du Dorchester en Angleterre. La Brasserie Eldrige Pope a malheureusement disparu et nous serons donc parmi les derniers à témoigner de la grandeur de ces bijoux...

Le nez violent de viandox, de cuir et d'amande est déroutant ; On dirait un vin! La bouche marquée par la fève de cacao et le jus de cuisson a conservé tout son perlant. Quelle leçon. 97/100

BIERE THOMAS HARDY'S 1968

Le Margaux 1900 de la bière. Pas le nectar le plus prestigieux auprès du grand public, mais le plus réputé et rare parmi les amateurs. L'autre mythe, le Cheval 47 des bières est la Thomas Hardy's 1982. Je ne l'ai jamais bu malheureusement, mais cette 1968 suffit à me combler ! Rendez-vous compte, une bière de plus de 40 ans !

Le nez est un extra terrestre pour ce type de boisson : On reconnaît le silex, le gasoil et la fourrure. La bouche a encore son perlant ! Le rêve... Des notes de cappuccino, de chocolat et de fond de veau envahissent le palais. Merci Michoubidou ne nous faire partager une telle rareté ! 99/100

BIERE Samuel Adam's "Utopias" 2005

Le cruchon couleur cuivre semble sorti tout droit d'une épave de conte ! Cette bière, certainement la plus chère du monde actuellement, est aussi la plus alcooleuse de l'histoire : 25°!!!

Pour moi, on est plutôt ici dans l'exercice de style, et ce breuvage n'a donc plus rien d'une bière. On croirait goûter un Rhum d'une exquise douceur. Le nez de banane flambée, de rhum arrangé vanillé, de grand marnier et de crêpe suzette est à se damner. La bouche n'a pas la moindre trace de mousse, mais elle est en revanche totalement délicieuse et déroutante, grâce au même registre que le nez, qui cache très adroitement la charge d'alcool. Un moment unique. 97/100