Rayas 1990... Il n'y a qu'en restaurant !

Depuis toujours, je suis persuadé que les plus belles affaires se font en restaurant... Il est vrai que la plupart des établissements pratiquent un coefficient de 2 ou 3 voire plus... Ou est l'interêt allez vous me dire ? Il est possible d'avoir le même vin chez son caviste pour 2 fois moins cher !

Dans le plupart des cas, c'est vrai, mais il y a quelques exceptions ! En effet, c'est bien vite oublier que certains restaurants ont pignon sur rue depuis très longtemps ; ils ont donc leurs caisses de vins chaque année chez leur producteur préféré et il est donc possible de trouver, quelques fois , certains passionnés qui mettent en cave plusieurs années et ne sortent leurs précieux flacons que petit à petit. Et de temps en temps, certains prix n'ont pas suivi la courbe ascendante du marché!

Imaginez qu'un restaurateur ait acheté Rayas 1990 en primeur ; l'effet Parker n'en était qu'à ses débuts dans le Rhône, il a donc payé ce vin mythique une poignée de francs... Donc même en appliquant un coefficient de 10 il gagnera bien sa vie, mais le prix sera encore loin de sa vraie valeur. Imaginez alors une seconde un Rayas 1990 qui se vend en moyenne entre 550 et 650 euros en salle de vente que l'on paierait 200 euros sur table !

Voici donc le grand secret de certains passionnés : Trouver un vin rare très vieux, disparu du marché ou presque dans un restaurant qui garde amoureusement ses trésors ou trouver un vin à la moitié voire même au tiers de sa valeur dans un restaurant, qui plus est un vin qui n'a jamais bougé depuis son achat. Hé bien cela existe, mais il faut chercher, fouiner sans cesse... Alors non, desolé, mais je ne livre pas mes tuyaux comme ça ! Mais n'hésitez pas à prendre contact avec moi... Lorsque l'on se connait mieux, les langues se délient ! Si vous êtes timide, je peux ajouter quelques exemples et vous faire saliver avec un Corton Charlemagne 1996 de Coche pour 220 euros, un Nuit St Georges Meurgers 1985 de Jayer pour moins de 300 euros ou encore un Musigny 1990 de Roumier pour 250 euros... Et des affaires comme celles-ci , j'en ai fait des dizaines dans la France ! Mais il faut se donner la peine !

RAYAS 1990

Un vin de légende que tout le monde aimerait goûter une fois dans sa vie... Parker lui même prétend qu'il serait terrible de mourir sans l'avoir fait. Est ce qu'il éxagère ? A mon sens oui, beaucoup !

J'avais goûté ce vin il y a 10 ans à la Beaugravière, pour 1200 francs, ce qui n'était déjà pas très cher... Et je le retrouve des années plus tard au même prix, ou presque... 200 euros.

A l'époque, je l'avais trouvé excellent mais j'étais jeune dégustateur et, je ne sais pas, j'avais été un peu déçu ; je m'attendais à quelque chose de divin, d'inoubliable, mais c'était juste très bon... J'avais pris soin de mettre dans mon commentaire que je n'étais certainement pas assez doué pour le comprendre... J'avais mis 95+/100. Depuis, j'ai goûté la plupart des grands Châteauneuf depuis 1950 : Mont Redon, Fortia, Clos des Papes, et toutes les cuvées modernes actuelles... J'ai eu ma part de chocs émotionnels dans d'autres régions avec Clos des Lambrays 37, Cheval blanc 47, Le pin 1990, et j'en passe et des meilleurs... Alors à présent, je sais qu'il n'est pas nécessaire de comprendre un vin : Il s'impose immédiatement à vous ; tout est balayé sur son passage... Je sais donc qu'à l'époque j'avais déjà compris qu' il y avait nettement plus grand que Rayas 1990... Aujourd'hui n'est qu'une confirmation.

Le nez nécessite une bonne heure d'aération. Des arômes puissants, mais peu plaisants de goudron, de diesel et de pneu jaillissent du verre... Un vrai clone de la Réserve des Célestins 1990 !!! J'avais d'ailleurs toujours douté de l'authenticité de cette bouteille, car bien que grande, ce vin avait littéralement été soufflé par un Clos de Tart 1934. Et puis ces arômes de pétrole, de caoutchouc ; bizarre tout de même ?! Finalement pas tant que ça, car ici le registre est exactement le même ! Heureusement, plus il s'oxygène, plus il prend de la complexité sur la liqueur de framboise, les herbes grillées et la cerise presque pourrie à force d'être mûre !

En bouche, c'est d'une colossale puissance : Une eau de vie de burlat et de myrtille nuancée de noyau et d'épices... Un vrai beau vin mais qui ne me donne pas le grand frisson ! Trop jeune, beaucoup trop jeune certainement... Je me range du côté de Bettane, le 1989 est supérieur... Donc 200 euros oui, 600 au secours !!! 95+/100

MEURSAULT PERRIERES 1985 P. Morey

Un vin que j'avais déjà bu dans ce même restaurant. C'était un choc émotionnel : L'un des plus grands Meursault de ma vie, encore supérieur au 1989 de Lafon ou 96 de Coche ! Un 99/100 donc... Cette fois-ci, il sera juste sublime, manquant un peu de complexité au nez... Il est trop jeune. Il n'y a jamais aucune bouteille qui soit comme sa sœur, et pourtant ici, même cave, même provenance. Le vin est un plaisir unique ! Pour 100 euros, cette rareté, c'est encore une "reverse culbute" !

Le premier nez est fermé... Attendons l'effet carafe ! Après 1/2 heure, il éclate sur le beurre fondu, le pain toasté, la fougère et le caramel pour Libe... Il me manque la morille et la truffe de la dernière fois.

En bouche, il est d'une hallucinante puissance de citron confit, de citron vert, de paille au beurre et d'orangeade... Là encore, il est trop fougueux ; il lui manque encore la sérénité truffée de l'âge... 96+/100

Il faudrait pouvoir regoûter ces vins non ? Ouf, il me reste deux Rayas 1990 en cave ; on verra dans dix puis vingt ans... Par contre je n'ai pas de Perrières 1985, et je ne suis pas certain qu'il soit trouvable. Pierre Morey lui-même n'en a plus! Il semblait très surpris que l'on ai pu boire ce vin !