Beau code

À propos d'une émission de Place de la Toile, sur le Beau code, en février 2010.

Moi aussi, je pensais à Derrida, et à la Grammatologie... Cette idée que la langue s'est refondée dans l'écriture.

Je crois qu'il y avait autre chose à dire du beau code : que l'élégance entretient avec la fonction le même rapport que la morale avec la politique. Ce qui fonde le logiciel comme une étape nouvelle du développement humain (minéral, végétal, animal, social, réticulaire) est le fait qu'un programme ne s'interprète pas : il s'exécute. On lit un programme avec un debugger, et c'est l'exécution qui détermine la sémantique. On a donc ainsi une nouvelle notion d'objectivité, et une manière de jeter loin de soi des objets qui imposent des contraintes sémantiques précises à tous les sujets.

J'ai peur que l'Occident, et son capitalisme, ait manqué cette révolution. La balle est peut-être dans le camp des Chinois, pour une revanche sur leur fiasco avec la révolution industrielle. Mille ans après.