Réalisme et rationalisme

Les « réalismes » sont cet ensemble d'idéalismes qui postulent la vérité de la « réalité ».

Il y en a une kyrielle selon le niveau auquel ils s'arrêtent pour déterminer ce qu'ils regardent quand ils « ouvrent les yeux ». Il y en a qui se satisfont des formes et des couleurs qu'ils voient le plus naïvement possible, et de ce qui a du poids au creux de leur main (les choses).

D'autres vont demander à des savants de leur produire des explications « scientifiques », c'est-à-dire reproductibles en faisant abstraction des sujets trop peu fiables.

Ceux-là croient en la réalité des objets : des atomes et des quarks, des États-unis et de la « main invisible du marché » ; et s'en satisfont.

Mais à ce réalisme, j'oppose le rationalisme, qui lui se fonde sur la raison exercée par un soi qui ne dépend pas de ces croyances, un soi réduit à ce qui permet la raison : la conscience de l'être (l'existant) et (surtout) du néant.

Pour le rationalisme, rien n'existe que parce qu'il est construit ; cette construction produit de l'en-soi, et est le fait du langage : nommer, c'est discriminer. La réalité est faite de concepts, dont nous (le soi) sommes responsables, y compris ceux que nous formons à propos de nous-mêmes, et parmi lesquels : notre culture, notre conditionnement, notre langage, le temps, l'espace ; tout ce dont nous avons besoin pour interagir avec autrui.