Il y a une différence fondamentale entre une perspective gagnant-gagnant (win-win, pourquoi traduisons-nous ?) et une perspective solidaire, ou collaborative.
Le win-win suppose un partage, et une évaluation des gains. Or, le bien-être ne s'évalue pas facilement. Toute projection est une réduction. C'est là l'une des fonctions principales de la monnaie : on crée de la monnaie en fonction du crédit accordé à des agents qui s'engagent à rembourser. Ce mécanisme permet une conversion d'une valeur subjective, qualitative (la force de cet engagement), en une quantité, objective et comparable.
Mais ce qui a pu passer pour une bonne idée pendant plus de deux siècles a pris du plomb dans l'aile comme fondement du capitalisme. Les électeurs de Bardella savent que win-win se décline en pratique en « Je prends 95% et vous vous partagez les 5% restants » -- tout le monde y gagne, peut-être dans l'absolu, mais au ressenti, c'est le relatif qui compte, en particulier pour des gens de droite, ce qui peut leur faire préférer le lose-lose.
Par ailleurs, il est plus facile de partager des gains que des pertes, et ce système suppose en pratique une croissance (de quoi ? On se le demande). Et la perspective d'avoir à réduire l'activité inutile, la consommation des ressources, et la production de déchets, pose un problème majeur.