Ceci est à l'origine une analyse de Roger Garaudy, dans un livre que je n'ai pas noté (peut-être Pour un dialogue des civilisations : l'Occident est un accident). Il s'agissait pour lui d'un primat parmi trois ou quatre qui caractérisaient notre civilisation, ou la modernité (est-ce que la causalité était l'un des autres ?)
Je vois trois domaines dans lesquels le quantitatif exerce une pression souterraine et insidieuse :
la science, et en particulier la physique. Il s'agit là du point de départ, et on ne peut pas ne pas citer Galilée, et son monde écrit en langue mathématique. Malgré la fécondité de cette approche, sur les quatre siècles qui nous en séparent, les doutes que Koyré a exprimés sous la forme : expliquer le réel par l'impossible, et qui tiennent au réductionnisme qu'elle implique, refont surface avec la post-modernité, d'Alexander Grothendieck à Aurélien Barrau, en passant par Ilya Prigogine et Isabelle Stengers.
l'économie. Les philosophes des Lumières ont explicitement cherché à imiter la physique newtonienne dans leur conceptualisation de l'économie, à la recherche de lois naturelles. C'est ainsi qu'ils ont posé le concept de marché, qui réduit les relations sociales au modèle de l'échange. Le résultat est catastrophique, qui considère la vie comme une externalité.
la politique, ou du moins la justification des pouvoirs en place. Le TINA de la démocratie représentative verrouille la dictature de la majorité que pronostiquait Tocqueville, et conforte les pouvoirs en place.
septembre 2025