Monnaie et échanges

Le concept d'échange semble souvent s'imposer, en particulier dans le contexte de la définition de celui de la monnaie.

Cette tradition nous vient à travers Marx (« valeur d'échange »), Braudel, et bien d'autres, au moins d'Aristote. Son succès moderne est peut-être lié à la connotation avec l'usage en physique (« échange d'énergie », réversible ou non).

Il est déjà présent dans le concept de « don » de Mauss.

Pourtant, il ne me semble pas qu'il soit premier. Les acteurs économiques ont des besoins primaires de consommation, ou de débouchés pour leurs activités, ou encore de thésaurisation, de préservation au moins temporaire d'un investissement (le stéréotype étant agricole).

Ils n'ont pas a priori de besoin d'échanger quoi que ce soit. L'échange (le troc, tout d'abord) n'est qu'un moyen.

La monnaie permet de comparer des choses incomparables : de convertir du qualitatif (c'est-à-dire de la valeur) en quantitatif, puisque, nous rappelle Foucault, il n'y a deux choses qu'on puisse comparer : la mesure et l'ordre.

L'histoire a proposé deux fondements possibles pour la monnaie : une référence universelle conventionnelle, a priori non liée à une valeur intrinsèque (les coquillages, l'or, le bitcoin) ; une valeur subjective, opaque (le crédit, la promesse d'un engagement de l'« individu »).

Laissons de côté l'idée d'une valeur universelle : le travail.