hiérarchie et leadership

La valeur totalitaire qui s'oppose à l'anarchie n'est pas la hiérarchie, mais le leadership.

C'est là la valeur mythique qui autorise a gravir une hiérarchie, à en occuper le sommet.

Parmi les thuriféraires du concept de leadership, on trouve bien entendu ceux qui aspirent au sommet pour eux-mêmes, Alexandre, César, Napoléon, Hitler, etc. mais aussi ceux qui se contentent de dispenser des conseils, Machiavel, Balzac, Raymond Aron.

La hiérarchie est une superstructure de la société qui a prouvé son efficacité dans l'histoire, mais on est en droit de se poser la question de savoir si cela ne tient pas à son adaptation à un niveau donné des forces productives, pour utiliser le vocabulaire marxien.

Au Pont d'Arcole, il est plus important de décider vite que de décider juste. La situation étant somme toute relativement simple, il convient d'éviter des erreurs grossières, mais ce qui emporte la victoire, c'est la cohérence de l'action.

Cette situation est typique de l'époque moderne (le totalitarisme est la foi dans l'universalité des totalisations, l'oubli de la nécessité de démontrer l'unicité des convergences, indépendemment de leur existence).

Dans une situation postmoderne au contraire, la qualité l'emporte sur la quantité (et la vitesse). L'impact des erreurs est non-linéaire, et il s'agit surtout de décider le moins possible, le plus tard possible. Le contexte est toujours borné, l'information incomplète, et on se doit d'éviter de se commettre prématurément.

S'engager, oui ; se lier les mains, non.

Ce qui est important du point de vue de la structure sociale, c'est qu'on ne peut pas en général anticiper le lieu ni le moment de la décision. En fait, des acteurs différents prennent, sous des pressions diverses, des décisions en parallèle et en partielle indépendance : l'impact de ces décisions se propage dans la structure, à des vitesses variables.

English keywords: anarchy, totalitarism, hierarchy, bounded rationality, modern, modernity, postmodern.