Le pourquoi des choses...

La science se borne aux phénomènes observables et mesurables.

Observables, sans doute. Mesurables ? C'est aller trop loin.

Ou du moins, c'était vrai de la science galiléenne, de la science moderne.

Mais nous n'en sommes plus là. La révolution postmoderne a construit sur les formidables succès de la pensée moderne les outils mêmes qui lui permettent de comprendre que le projet de celle-ci était vain ; mais en même temps, elle s'est donné les moyens de franchir certaines des limites que son aïeule s'était arbitrairement imposées, en particulier celle, quasi-syntaxique, de la quantification.

La science postmoderne peut désormais s'intéresser au sens, à la qualité, à la cohérence, et non plus seulement à la quantité. Elle doit s'intéresser à l'observateur, à l'expérimentateur, à elle-même, aux perturbations que ses mesures apportent aux phénomènes qu'elle considère.

Or, l'observateur est guidé par un projet, une théorie, un paradigme, un horizon. Donc, la science postmoderne s'intéresse au pourquoi. Non pas à un pourquoi ultime et universel (immanent ou transcendant), et pas non plus donc au pourquoi des choses, mais plus exactement à celui des objets qu'elle a forgés.