Sincérité, authenticité

Une conférence d'Éric-Émmanuel Schmitt, sur le thème de L'enfant philosophe :

« L'enfant est le héros philosophique par excellence. »

l'une des dimensions de cette affirmation étant :

« L'enfant est sincère, authentique. »

Cette idée s'opposant à une citation (par Maurice Blanchot, dans La communauté inavouable) de Bataille (dans Le coupable):

« Hypocrite ! Écrire, être sincère et nu, nul ne le peut. Je ne veux pas le faire »

Une réflexion de Pascal Bruckner, dans une émission radiophonique d'Alain Finkielkraut :

« La fidélité à soi-même [...] est aussi le nom que l'on donne aujourd'hui à l'authenticité ou à la sincérité [...] »

La réplique de Kean dans la pièce de Sartre :

« ... Je me demande si les sentiments vrais ne sont pas tout simplement des sentiments mal joués. »

La différence qu'on peut faire entre « sincérité » et « authenticité » est parallèle à celle entre subjectivité et objectivité, ou plutôt entre relativisme et absolutisme, entre transcendance et immanence. Pour comprendre la réaction de Bataille, on dirait que l'impossibilité de l'authenticité limite la prétention à la sincérité : on découvre soi-même ses propres contradictions.

Pour Sartre, l'authenticité est un mythe superficiel, en carton pâte, et y prétendre, c'est manquer de profondeur. Cette critique s'adresse à l'enfant de Schmitt, mais aussi de Saint-Exupéry.