Investissement et concurrence

La lutte contre le changement climatique, et contre l'extinction des espèces, nécessite des investissements massifs.

Cela peut paraître paradoxal puisqu'en définitive, il est indispensable de réduire l'activité : toute activité a des effets pervers. Mais cette réduction ne peut pas être homogène, et va nécessiter des transferts, et des conversions, des compensations, même temporaires.

Or l'investissement est structuré par le capitalisme, dans sa forme actuelle, de façon suboptimale, et même carrément nocive. Les investissements entrent en concurrence entre eux, et sont sélectionnés en fonction de leur rendement. Ce rendement est comptabilisé d'une façon qui résulte de contingences historiques, et qui ignore sous le nom d'externalités, des pans entiers de l'ensemble de ses conséquences, la plupart du temps néfastes.

Ce système aboutit à écarter l'investissement des objectifs écologiques essentiels.

Par ailleurs, la comptabilité, comme son nom l'indique, est exclusivement quantifiée, grâce à l'outil artificiel qu'est la monnaie (convertisseur universel de qualité en quantité). N'a de valeur que ce qu'on peut compter, monétariser, et donc rembourser à terme.

Il s'agit là aussi d'une absurdité historique, sans justification synchronique (a postériori), le résultat d'un effet de sélection « naturelle ».

Mon ami Jef me rappelle ce que répète Jean-Marc Jancovici, à savoir que la comptabilité libérale considère le monde comme gratuit : dans une boîte de sardines, on paye du capital et du travail, mais ni les sardines, ni les atomes de fer, ni même le pétrole fossile, qui n'ont aucune valeur comptable. C'est là une externalité « en amont » (et non pas un produit), qui montre à quel point le libéralisme est un réductionnisme arbitraire.

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