Voilà donc déjà quelques temps que nous contribuons à ce site, Alain et moi-même, et nous rencontrons un premier essoufflement. Pourtant, nous retournant sur ce qui est écrit, nous ne le désavouons pas. Quelques réflexions donc, peut-être pour rebondir ?
Tout d'abord, je suis triste de ce que nous n'avons pas pu entraîner Vincent, ainsi que nous le souhaitions. Sa voix nous a manqué. Pour ce que ses contributions auraient eu de personnel, mais aussi seulement parce qu'un troisième point de vue permet d'échapper au dialogue, fait surgir des choix et des synthèses différents de ce dans quoi deux interlocuteurs risquent toujours de se retrancher.
Dans le fil sur le forum d'où nous étions partis, c'était en fait moi qui avait pris ce rôle de troisième.
Nous n'avons d'ailleurs pas tout à fait suivi l'intention que je nous proposais initialement, de nourrir le site à la source de ce fil. Nous avons toujours cette option.
L'autre option qui s'offre à nous est d'inviter d'autres contributeurs. Je dis bien inviter, et non pas ouvrir le site. La raison en est le défaut d'un système de gestion des contributions, qui permette, non pas de contrôler de façon centralisée, mais de protéger les contributions, du point de vue de chacun. Un tel système est conceptuellement envisageable, mais n'existe pas pour l'instant, que je sache.
Enfin, quand je relis nos contributions, de mon propre point de vue, avec mes filtres et mes préjugés, je perçois, peut-être à tort, que tu (Alain) m'as plus aidé à développer ma pensée que je ne t'ai aidé à développer la tienne, et que nous n'avons pour ainsi dire pas développé de pensée « commune » (je veux dire : dont je sois conscient qu'elle échapperait à la part propre de ma contribution). Il y a quelque chose de douloureux à admettre cela, comme un échec. D'un autre coté, il s'agit là d'une ambition inouïe.
Je veux dire qu'il peut se développer une pensée commune au cours d'une discussion à bâtons rompus, mais qu'on est alors limité par l'oral : le synchronisme et la volatilité. L'écrit, le livre, résoud ces problèmes, mais s'enferme dans un point de vue. Résoudre ces contradictions est ce que j'ai espéré possible, et que j'ai toujours échoué à produire, en particulier sur les forums de Usenet.
Note : il m'a fallu quelques années pour voir la faute (typo : un « s » en trop) dans le nom du site... Trop tard pour corriger... Mais non ! Je ne comprends seulement plus mes propres « finesses » ! Il y avait trois mots à combiner : épistémologie, éthique, et esthétique...