Le problème se pose depuis toujours, et il ne fait que s'aggraver. Les réponses technologiques n'ont pourtant jamais abordé que l'aspect de la production de messages, alors que la vraie difficulté du point de vue des usagers est celle de la réception. Dans le paradigme de la théorie de l'information: le rapport signal sur bruit.
L'essentiel du bruit vient de la répétition des mêmes informations. Cette répétition se fait rarement à l'identique, mais elle est motivée par l'impossiblité qu'il y a de faire référence à une représentation préexistante, qui soit satisfaisante.
Comment la représentation d'une idée (d'un mème) pourrait-elle être satisfaisante?
Elle devrait d'abord être accessible, de façon économique, ce qui pose plusieurs problèmes (recherche, stabilité, identification, sécurité...)
On voit tout de suite qu'on a ouvert une boîte de Pandore, qui ouvre sur des dimensions non-orthogonales.
L'économie se mesure à l'aune du prix de la production: lire ne doit pas être plus cher qu'écrire. Et d'ailleurs, cette lecture commence par une écriture: la recherche, c'est-à-dire la prompt, pour une inévitable IA, si nous sommes condamnés, au moins en partie, à une solution technologique.
La lecture se poursuit par l'analyse de la réponse, de la proposition, qui toujours pour être économique, ne doit pas diverger. Si on exprimait une idée à soi, déjà formulée par le passé, cette réponse doit être stable, c'est-à-dire être la même que celle produite précédemment, et être identifiable en tant que telle (sécurité). Si on exprimait une idée produite par quelqu'un d'autre, ou qu'on avait soi-même mise dans un domaine public, on doit tout d'abord obtenir, et reconnaître, la version qu'on en avait reçue, mais avec accès (économique) à de possibles mises à jour.
Mais qui dit qu'on avait déjà reçu une représentation de cette idée que quelqu'un d'autre a déjà exprimée? Dans le cas contraire, on doit malgré tout recevoir une version princeps (privilégiée, distinguée): celle de la mise à jour pointée par la version que quelqu'un qui aurait déjà formulé la recherche par le passé aurait reçue. Une telle version existe-t-elle, et est-elle unique? On aborde là un système de temps parallèles, et aussi embarrassant que ce soit, on risque de contrevenir aux limites posées par la relativité restreinte...
L'exigence de convergence ne pourrait s'obtenir que de façon dynamique, et après coup, avec un risque de contrevenir à l'exigence de stabilité!
On n'a pas encore abordé le problème de la présentation (incluse dans la représentation), et par exemple de la langue.
Mais on sent bien que notre logos n'est pas adapté, que les mêmes idées peuvent être obtenues, ou justifiées, par des chemins argumentatifs différents, et que ce ne sont pas des éléments de texte qui peuvent être comparés, mais des graphes acycliques orientés, de sorte que les représentations soient générées à partir d'eux.
Il va enfin sans dire que dans un usage de délibération, les différentes idées ne convergent pas! Il ne peut s'agir que de réduire des différences à fins de comparaisons. On ne peut même pas supposer la cohérence ou la bonne foi des raisonnements...
Mais... ne viens-je pas de céder moi-même à notre tradition logocentrique et de produire un texte destiné à résister aux prescriptions qu'il tente de décrire?
24 août 2025