Le chant Xoan de Phu Tho, au Nord Vietnam, le patrimoine culturel immatériel de l'humanité

Le chant Xoan ou Hat cua dinh (chant à l’entrée de la maison communale), littérairement «chant printanier» est interprété les deux premiers mois du calendrier lunaire, dans la province de Phu Tho, Vietnam. Par tradition, les chanteurs des clubs de Xoan se produisaient dans des lieux sacrés comme les temples, les sanctuaires et les maisons communales lors des fêtes de printemps. Il existe trois formes de chant Xoan: les chants d’adoration des rois Hùng et des esprits gardiens du village; les chants rituels sollicitant d’abondantes récoltes, une bonne santé et de la chance; et les chants de fête villageois faisant alterner les voix masculines et féminines pour mimer une cour amoureuse.

L’origine du Hat xoan est liée à des anecdotes du temps des rois fondateurs Hùng (il y a environ 2000 ans A.J). Les guildes du Hat xoan sont tous originaires des villages anciens dans le centre de l'ancien royaume Van Lang (actuellement relevant de la ville de Viêt Tri-province de Phu Tho), c’est pourquoi, il conserve encore des éléments de la culture ancienne du temps de la fondation du pays. Les quatre associations de Xoan d’origine sont implantées à An Thai, Phu Duc, Kim Dai et Thet, sur les communes de Phuong Lau et de Kim Duc (Phu Tho).

Le chant Xoan se déroule en trois phases: le chant dévotionnel et le chant rituel, interprétés par les associations de Xoan, et le chant festif, qui fait participer les villageois aux airs d’échanges amoureux. Le chant dévotionnel, destiné à honorer la mémoire des rois Hùng, les génies tutélaires du village, les personnes qui s’étaient distinguées au service du pays et les ancêtres des familles locales, les morceaux étant tirés des répertoires «Giáo trống», «Thơ nhang», etc.

Le chant rituel, avec 14 mélodies (Quả cách) rendant hommage à la nature, aux êtres humains, à la vie des communautés locales, certaines ayant une connotation historique, par exemple, «Tràng Mai cách» et «Hồi liên cách».

Le chant de fête: chanteurs et instrumentistes se répondant. Les villageois peuvent se joindre à eux pour célébrer l’amour et donner libre cours à des rêves de bonheur, à travers des mélodies telles que «Mó cá» (Tâtonnant à la recherche de poissons), «Xin huê» (Supplique pour des fleurs), «Bỏ bộ», etc.

La plupart des chants Xoan ont été composés par des gens du peuple suivant différents styles poétiques, notamment des couplets composés de deux vers de sept pieds, puis un de six, et un de huit pieds; d’alternances de vers de six et de huit pieds; et de vers de quatre ou de six pieds.

Des danses et des instruments tels que cliquettes et différents tambours accompagnent le Hat Xoan. La musique Xoan est traditionnellement dotée d’une structure simple avec peu de notes ornementales. Elle utilise souvent une gamme de trois notes et une gamme de quatre notes sur un rythme simple. La danse Xoan intervient souvent lors du chant dévotionnel et du chant rituel. Les danseurs avance en croisant une jambe devant l’autre, en fléchissant les genoux, en se redressant ou en se balançant d’un côté et de l’autre. Les groupes se disposent en forme de fleur ou de pétale, tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre et avançant et reculant pendant les couplets du «Đố huê» (Deviner quelle fleur) ou «Xếp huê» (Arranger des fleurs). Il n’y avait pas dans la danse Xoan ancienne de gestuelle des doigts et des mains pour illustrer le mouvement des vagues, comme dans les chansons «Mó cá» et «Dâng hương» (Offrande d’encens). Parmi les accessoires de danse figuraient des éventails en papier, des cliquettes en bambou, ou de petits flacons de vin. Vingt des trente-et-un répertoires de chant Xoan sont traditionnellement accompagnés d’une danse.

Les artistes Xoan sont organisés en guildes musicales, dénommées «phường». Dans les guildes, les artistes entretenaient des relations étroites, assurant à cet art sa spécificité. Chacune d’elle est dirigée par un «trùm» (chef). Les instrumentistes masculins sont appelés «kép» et les chanteuses, «đào». Chaque guilde comptait de 6 à 12 chanteuses et de 2 à 6 instrumentistes. Le «trùm» était un artiste chevronné, maîtrisant tous les usages du chant Xoan. Il était aussi chargé de l’organisation et de la formation des instrumentistes et des chanteuses. Le savoir lié à la pratique, aux coutumes et aux tabous de cet art, les connaissances techniques concernant le chant, le tambour, les cliquettes et la danse, se transmettaient toujours oralement d’un «trùm» à un autre au sein de la communauté.

Les documents concernant le Hat xoan de Phu Tho ont été hautement appréciés par l’UNESCO car ils ont répondu à nombreux critères importants tels que la valeur culturel, le caractère communautaire dans la création et la transmission de génération en génération de cette forme d’art, la vitalité vigoureuse du Hat xoan ainsi que les engagements de la population et des autorités locales visant à préserver cet art qui ne disparaît jamais dans la vie moderne.

Le 24 novembre 2011, lors du 6e Session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, qui a eu lieu à Bali-Indonésie, le hat Xoan - Phu Tho du Vietnam a été reconnu en tant que patrimoine culturel immatériel de l'humanité nécessitant une sauvegarde d'urgence.