La légende fondatrice du village des serpents de Le Mat de la ville de Hanoi, au Nord Vietnam

Pour mémoriser le fondateur du village des serpents de Le Mat, Hoang Duc Trung, un génie vivant sous la dynastie des Ly qui a sauvé la princesse du roi Ly Thai Tong, chaque année, les villageois du village se regroupent dans la fête de battre du serpent. La fête du village Lê Mât débute le 21e jour du 3e mois lunaire par la procession du Génie serpent autour du village.

Une légende fondatrice

Au roulement d’un grand tambour, les spectateurs se regroupent dans la grande cour de la maison communale où bientôt les danseurs vont reproduire la légende du village. «Voici maintenant la danse de Giao Long (monstre aquatique en forme de serpent). Bongare qui glorifie la victoire de notre génie titulaire et explique l’origine de cette fête», annonce le narrateur qui poursuit en rappelant les origines de ce conte où le fantastique se mêle à la réalité. Sous le règne du roi Ly Thai Tông (1028-1054), une de ses princesses aimait se promener sur la rivière Thiên Duc (aujourd’hui la rivière Duông). Un jour, tandis qu’elle se reposait tranquillement dans sa barque, la jeune fille fût soudainement attaquée par un grand et féroce serpent qui l’entraîna au fond de la rivière. Le roi, profondément affecté par la disparition de sa fille, s’engagea à offrir une carrière et des joyaux à celui qui lui ramènerait la dépouille de la princesse. Beaucoup d’officiers, soldats ou simples paysans tentèrent de suivre les traces du monstre. Tous échouèrent. Jusqu’à ce qu’un jeune villageois valeureux de famille Hoàng trouve la bête et la terrasse. Refusant toutes les récompenses royales, il sollicita l’autorisation de défricher la région à l’ouest de la citadelle impériale. Les villageois fondèrent ainsi treize nouveaux villages. Après avoir mis en valeur cette terre fertile, Hoàng Duc Trung s’en retourna dans son village natal. Trù Mât, l’ancien nom de Lê Mât, devint vite opulent et témoigna de sa reconnaissance en nommant le jeune homme génie tutélaire. En prenant exemple sur leur héros, les villageois, outre la culture du riz et la préparation des médicaments traditionnels, se spécialisèrent dans la chasse et l’élevage du serpent.

Village des serpents maintenant

Aujourd’hui, le village continue de vivre pour ses serpents, à travers ces festivités bien sûr mais aussi pour les métiers de chasse et d’élevage de vipères et de bongares. En réalité, leur capture n’est quasiment plus pratiquée à cause de la disparition des reptiles. En revanche, les terrariums d’élevage permettent de fournir abondamment les restaurants au bout du village où depuis des années on vient savourer des mets à base de l’animal. C’est une expérience originale de voir ces cuisiniers parvenir à confectionner une douzaine de plats à partir d’une simple couleuvre à échelons. Et pourtant, sa tête hachée fera d’excellentes brochettes, ses filets des nems, son dos une salade, son ventre une soupe, sa peau des beignets, sa queue une bouillie. On ne jette presque rien et la petite dégustation de vin au serpent est toujours vivement attendue.

Nguyên Dang Phao, un éleveur retraité, révèle un petit secret sur ce type d’alcool: «La médicine orientale traditionnelle règle la macération des groupes de 3 (tam xà tinh): Mocassin à tête cuivrée, bongare annelé, bongare à anneaux blancs et noirs et de 5 (ngu xà tinh) en ajoutant couleuvre aglyphe et vipère dans l’alcool d’herbes médicinales...». Cette eau-de-vie est très bonne pour la santé et permet de vaincre les rhumatismes, arthralgies, myalgies.

Cette année, malgré une température autour des 33-34°C, on se rend en foule à la fête de Lê Mât, puis on déjeune ensemble dans les restaurants de serpents. Parmi eux, des étrangers équipés de leurs appareils photos et de leurs caméras ne perdent pas une miette de ce spectacle, l’œil à la fois curieux, surpris mais finalement ravis. Un tel succès festif et gastronomique pourrait bientôt faire de Lê Mât un nouvel argument touristique de la capitale.