Heuchères et Compagnies

Dans sa pépinière de la Roche Saint Louis, ouverte depuis bientôt 10 ans, Dominique Voisin s’est spécialisée dans les vivaces et arbustes à feuillage décoratifs.

Les Heuchères et leurs petites sœurs Tiarella, Heucherella, Tellima et Tolmiea sont des plantes vivaces de culture facile à haut pouvoir décoratif et de bonne rusticité faisant partie de la grande famille des saxifragaceae. Cette famille a été répertoriée au XIXème siècle par le botaniste suisse Augustin Pyrame de Candolle. Elle comprend environ 600 espèces réparties en une trentaine de genres. Ce sont des plantes généralement herbacées originaires des régions froides à tempérées de l’hémisphère Nord (USA, Canada, Chine, Japon). Quelques spécimens, choisis parmi les moins connus, sont présentés en introduction.

Les Heuchères

Linné a créé le genre Heuchera en l’honneur de Johann Heinrich von Heucher qui fut médecin et professeur de botanique à Wittenberg en Allemagne au XVIIème siècle.

Les anglais les surnomment "Cora Bell" (clochettes de corail) et les Mexicains "Coralito" (petit corail). Le nom vernaculaire français est heuchère ou encore ῝désespoir du peintre῞ en référence au balancement continuel de la tige florale alors si difficile à peindre.

Bien que découverte dès 1601 et importée en Europe peu après, l’heuchère n’a connu qu’une popularité très modeste jusqu’aux années 1980. On cultivait jusqu’alors surtout l’heuchère sanguine (H. Sanguinea) pour ses belles fleurs rouges ou roses. En 1980, le jardinier britannique Brian Halliwell a découvert une plante à feuillage pourpre foncé à travers un semis qu’il avait produit. Il mit le cultivar sur le marché sous le nom de H. micrantha ‘Palace Purple’ (nommé maintenant H. villosa ‘Palace Purple’). Cette découverte a attisé l’intérêt des hybrideurs.

Principales espèces ayant servi à l’hybridation et quelques cultivars obtenus parmi les plus connus :

H. americana H. cylindrica

H. micrantha

H. sanguinea

originaire des canyons arides de l’Arizona, ayant une floraison rose à rouge intense. L’espèce, ses mutations et ses hybrides résistent bien à la sécheresse. H. villosa (heuchère velue)

elle croît naturellement sur les rochers ombragés et humides des Appalaches, au Nord Est des USA. C'est une espèce robuste qui supporte bien la sécheresse une fois établie. Quelques hybrideurs sont présentés. (Victor Lemoine, Thierry Delabroye, Dirk Scheys en Belgique et le groupe américain Terra Nova Nurseries , ainsi que leurs principales obtentions. Culture : elles sont faciles àcultiver dans une bonne terre de jardin, humifère, à mi ombre où à l’ombre. Les variétés à feuillage doré, panaché, orangé prendront de plus belles couleurs si elles reçoivent un peu de soleil le matin ou le soir.

Les tiarelles

Le nom scientifique tiarella vient du grec qui signifie petite tiare en référence à la capsule de graines, plus ou moins en forme de couronne. Ce sont de petits couvre-sol à feuilles légèrement velues cordiformes ou palmées, originaires des forêts d’Amérique du Nord et d’Asie orientale. Leur floraison au printemps en cône moussu se compose de petites fleurs roses ou blanches.

A partir des principales espèces citées ci-dessous, de nombreux hybrides ont été créés.

T. cordifolia T. wherryi T. polyphylla

Culture : facile dans un sol frais riche en humus, drainé, à l’ombre de préférence ou mi ombre.Elles fleurissent souvent deux fois : en mai-juin, pendant plus d’un mois, et à l’automne si celui-ci est pluvieux. Les têtes florales sont compactes sur des tiges plus courtes que les heuchères et les heucherellas. Leur feuillage, bien persistant, prend de belles couleurs hivernales. Les Tiarella peuvent être utilisées pour apporter de la variété dans le jardin d’ombre, complétant la délicatesse des fougères . Les heucherelles

Les Heucherella sont des hybrides inter-génériques, c’est-à-dire entre deux genres différents. C’est le résultat du mariage entre une heuchère et une tiarelle.

Le premier croisement fut réalisé en 1912 par Emile Lemoine. Il resta l’unique cultivar hybride de ce nouveau genre jusqu’en 1958, apparition de x H. Alba ‘Bridget Bloom’, qui fut le premier à devenir célèbre dans les jardins. Puis à partir de 1990 l’explosion de nouveaux cultivars a été rendue possible par la grande diversité des variétés d’Heuchera et Tiarella présentes sur le marché. Culture : l’heucherella pousse dans les mêmes conditions que ses parents, à mi ombre et à l’ombre fraîche, dans un sol humifère et drainé. Toutefois elle se comporte un peu plus comme une tiarelle que comme une heuchère.Comme beaucoup d’hybrides inter-génériques ces plantes sont stériles. Les tellimes

Le genre Tellima ne comprend qu’une seule espèce : T. grandiflora.

Les tellimas possèdent des feuilles persistantes, arrondies, duveteuses d’où émergent de grandes tiges jusqu’à 50cm de haut portant de curieuses fleurs à calices verts et à pétales frangés allant du blanc verdâtre au violet. Cette plante est originaire des forêts humides de l’ouest Amérique du Nord, de l’Alaska, de la Colombie Britannique et du nord de la Californie, ce qui explique sa grande rusticité Culture : elles supportent très bien l’ombre sèche et la concurrence des racines. Elles sont utilisées comme couvre-sol à mi ombre et à l’ombre dans les endroits ingrats du jardin. La plante se pare de somptueuses couleurs en hiver. Les TolmieaCe genre est également monotypique, il ne comprend qu’une seule espèce : T. menziesii On cultive les tolmieas depuis fort longtemps comme plante d’intérieur pour suspension, c’est pourtant un couvre-sol au jardin pourvu qu’on l’installe à l’ombre, en sol humifère frais, drainée. Son feuillage disparait à des températures inférieures à -4°C mais la plante résiste à -12°C Cette plante est aussi connue sous le nom de ῝Poule avec ses poussins῞ en référence à sa curieuse propagation par plantules stolonifères naissant sur le limbe des feuilles au niveau du pétiole. Ennemi caché et lutte : On leur connaît peu de prédateurs hormis l’otiorhynque (Otiorhynchus sulcatus), de la famille des charançons. Il vit terré durant la journée et dévore les feuilles en commençant par les bords extérieurs. Les larves se nourrissent des racines. Lorsque les plantes sont attaquées, elles jaunissent, leur croissance est ralentie et elles peuvent dépérir.

Actuellement il n’existe plus de produits chimiques pour endiguer ce fléau. Les solutions viennent de l’emploi de ῞nématodes῝, petits vers microscopiques qui parasitent les larves. Depuis peu, l’utilisation du champignon ῝Beauvaria bassiana῞ produit le même effet de parasitage sur les larves.