Serres de Goulaine

Mary Fruneau

Vendredi 30 septembre 2016, quatorze sociétaires se sont retrouvés pour visiter deux exploitations maraîchères ayant des activités très différentes.

Nous suivons Laurent Bergé dans une serre de 4 ha produisant une tomate ronde classique.

Le rôle d’une serre est de protéger les plantes contre les agressions extérieures et récupérer la lumière, sachant que 1% de lumière permet d’augmenter le rendement de 1 %. Pour avoir plus de lumière et une gestion du climat facilités, les serres sont de plus en plus hautes avec un écart entre les chéneaux de plus en plus large, jusqu’à 8 m. Elles sont lavées, avec des laveuses automatiques, 1 fois par mois, à l’eau de pluie récupérée et stockée dans un étang bâché de 20 000 m3.

La culture commence en décembre, pour une première récolte en mars suivant.

Les plants installés sur un substrat de laine de roche sont disposés sur des rangs de 85 m et 75 m. La plante croit continuellement pendant environ 11 mois. En fin de saison, la croissance est stoppée en coupant l’extrémité de la tige. Celle-ci peut atteindre 12 à 13 m. Attachée à un fil, un système permet de la faire descendre et de la faire filer le long de la structure. L’opération est faite 1 fois à 1 fois et demie toutes les deux semaines. Les tiges sont débarrassées de leurs feuilles inférieures. Ne sont conservées qu’un certain nombre de feuilles correspondant à la surface foliaire nécessaire en fonction du nombre de fruits à produire.

Les tomates sont récoltées manuellement sans pédoncule pour des raisons de conservation.

Pendant toute la culture, le climat autour de la plante et son irrigation sont surveillés automatiquement afin que les conditions pour qu’elle reste en bonne santé soient satisfaites; L'objectif est d'apporter ce dont elle a besoin au moment où elle en a besoin.

En permanence il doit y avoir un équilibre entre les quatre facteurs suivants : la température, la lumière, l’eau et le gaz carbonique (CO2).

La température idéale est autour de 19°C (dans son pays d’origine le Mexique, la tomate pousse à 1000 m d’altitude là où le climat est tempéré).

Pour réguler la température des toiles d'ombrage peuvent être déroulées sous les vitrages ; ceux-ci peuvent être blanchis l’été. Des gaines de ventilation aspirent l’air extérieur plus frais et le propulse pour pousser l’air chaud vers les ouvrants.

La plante elle-même participe à la régulation de la température par émission d’eau (évapotranspiration). De nombreuses techniques sont combinées. Du facteur température dépend le nombre de fruits récoltés par semaine.

La lumière est le facteur déterminant pour la photosynthèse. S’il fait sombre la production diminue.

L’eau, recyclée, contient les éléments nutritifs (N,P,K) et des oligo-éléments avec plusieurs recettes suivant l’heure du jour et la croissance de la plante. Si la température diminue, il faut augmenter la quantité d’éléments nutritifs ( quand il fait froid la plante a plus faim que soif). Des capteurs mesurent la teneur en éléments nutritifs dans l’eau avant consommation et après.

Le gaz carbonique nécessaire est apporté dans des gaines dans lesquelles il circule sous forme de gaz sous faible pression.

Des capteurs gèrent en permanence les différentes données. Par exemple des caméras enregistrent la courbe de croissance. Des capteurs à infra-rouge enregistrent la température de la plante. Si celle-ci est supérieure à la température de la serre, il y aura stress thermique entrainant la fermeture des stomates d’où ralentissement de la croissance. La pollinisation est assurée par des bourdons (Bombus terrestris). Les ruches sont achetées et renouvelées tous les 15 jours. Aspect sanitaire : les différents parasites sont naturellement présents. Il faut vivre avec eux et ne pas leur donner les conditions nécessaires à leur développement, c’est ce qui permet à la plante de rester en bonne santé. La lutte raisonnée est utilisée. Une intervention ne sera faite qu’en cas grave.

Maladies :

Contre l’oïdium utilisation de vapeurs de soufre dispersées par des lampes à fusion.

Le mildiou est un risque limité car il est favorisé par l’eau sur les feuilles, l'arrosage au goutte à goutte aux pieds des plantes conduit à un risque quasi nul dans une serre.

Le cul noir dû à une carence en calcium que la plante ira chercher là c’est le plus simple, dans le fruit. Risque le plus important avec les fortes chaleurs de l'été.

Insectes : des pucerons peuvent entrer par les ouvrants, acariens, aleurodes.

La PBI (protection biologique intégrée) est utilisée. Contre les aleurodes sont lâchées des mini-guêpes parasitoïdes (Encarsia formosa). Des prédateurs polyphages comme les punaises Macrolophus permettent une lutte appropriée.

Sont utilisés aussi des panneaux jaunes ayant un double rôle de détection et de piégeage.

La confusion sexuelle avec l’utilisation de phéromones permet de lutter contre le papillon de la mineuse de la tomate (Tuta absoluta), bioagresseur émergent, dont la larve fait des dégâts sur les tomates.

Une intervention localisée avec des insecticides agréés pourra être préconisée si nécessaire. Durant la dernière saison, sur 11 mois de culture seulement 5 traitements ont été réalisés.

Goût des tomates : il dépend de la variété, de l’alimentation de la plante , et de la lumière reçue , peu importe qu’elle soit en terre ou hors sol.

Lors de tests à l'aveugle de dégustation de tomates, des tomates cultivées en serre, hors sol peuvent obtenir un très bon classement.

Une tomate ne doit jamais avoir été mise en frigo car en dessous de 12°C la tomate se dégrade, le processus naturel de maturation est cassé, son goût ne pourra pas se développer.

Après la récolte la serre est débarrassée. Les feuilles sont compostées, les tiges et ficelles brûlées, les plastiques et le substrat recyclés. L’ensemble est lavé à l’eau puis désinfecté par thermonébulisation comme pour un élevage.

Deuxième site visité : Earl Philippe Méchinaud