Drosophila suzukii

Résumé de l'intervention de Brigitte Pelletier

Drosophila suzukii, proche de la « mouche du vinaigre, est un ravageur originaire d’Asie, qui connaît depuis 2008 une progression spectaculaire en Europe.

En 2010 ce ravageur est identifié officiellement en France, où il cause des dégâts très importants sur de nombreuses espèces fruitières, notamment sur cerises et petits fruits rouges. Contrairement à la majorité des Drosophiles, pour lesquelles les larves se développent dans des fruits déjà abîmés, les larves de D. suzukii peuvent se nourrir de fruits sains.

En 2013, la présence de D. suzukii est confirmée sur tout le territoire et dans tous les pays frontaliers. Les dégâts les plus importants concernent la cerise, la fraise, les petits fruits (framboise, mure et myrtille). Des dégâts sont aussi constatés sur pêche et abricot mais avec une importance économique bien moindre.

D’autres cultures comme la pomme, la figue, la vigne, le kiwi et le kaki sont susceptibles d’être concernées et sont à surveiller.

En 2014 sa présence a été observée dans la région nantaise.

Très polyphage, très mobile et à taux de reproduction très élevé, Drosophila suzukii est un ravageur redoutable, contre lequel aucune méthode de contrôle n’apporte à ce jour des résultats satisfaisants. Le niveau élevé de dégâts constatés sur les différentes espèces fruitières concernées et sa capacité invasive en font un organisme nuisible préoccupant au niveau national et européen.

Le cycle a une durée d’une semaine à un mois, avec plusieurs générations par an. La femelle pond directement dans les fruits avant leur maturité. Les œufs donnent des larves qui passent par 3 stades larvaires puis se transforment en pupe. De cette pupe sortira un nouvel adulte qui donnera une nouvelle génération. Les premières pontes ont lieu au printemps dès l’apparition des premiers fruits. Les femelles seraient fécondées avant la période hivernale, et passeraient l’hiver sous forme adulte dans divers refuges (zones abritées, bois, bosquets…). Les niveaux de population en sortie d’hiver semblent être liées aux conditions climatiques au cours de l’hiver : plusieurs jours voire semaines de froid intense semblent efficaces pour faire baisser les niveaux de populations. DétectionLa pose de pièges, dès la sortie d’hiver, associée à des observations régulières des fruits permettront de détecter, le moment venu, le début du vol et de déclencher, si nécessaire, la mise en œuvre de moyens de lutte. Identification Le mâle mesure 2-3 mm, il possède une tâche sombre à l’extrémité de chacune de ses ailes. La femelle 3-4 mm. Les larves sont petites, de couleur crème. La pupe est brune rougeâtre et longue de 2-3 mm.

L’identification de l’insecte nécessite une observation minutieuse sous loupe binoculaire compte tenu de sa grande similitude avec de nombreuses autres espèces de drosophiles. Elle repose sur différentes caractéristiques morphologiques qui doivent impérativement être observées. Pour une aide à l’identification on peut contacter la Fdgdon44 :

02.40.36.83.03

fdgdon44@wanadoo.fr

http://www.fdgdon44.fr

Source : Ucarn.org

Stratégies de protection

Tout doit être fait pour éviter la pullulation de l’insecte dans les cultures. Il est donc recommandé :

  • d’observer régulièrement les fruits pour détecter d’éventuels dégâts, les fruits à pleine maturité étant plus exposés aux pontes de D. suzukii.

  • de ne pas trop espacer les cueillettes des cultures à récolte étalée (au minimum deux récoltes/ semaines en fraise et framboise).

  • de ne pas laisser de fruits en sur-maturité ou infestés sur le plant ou tombés au sol. Ces déchets sont à évacuer et à détruire régulièrement au moment de la récolte. Ils peuvent être mis en sacs hermétiques et laissés quelques jours au soleil. L’enfouissement des fruits n’est pas efficace.

  • de veiller à la bonne aération des cultures :

    • nettoyage régulier des vieilles feuilles sur fraisier,

    • éclaircissage des latérales basses excédentaires,

    • limitation du nombre de cannes/mètre linéaire sur framboisier.

  • d’éviter tout ce qui favorise ’humidité et l’hygrométrie dans la culture

Sur certaines cultures basses, la protection par filets (maille inférieure à 1mm) peut être envisagée (à condition que l’insecte ne soit pas présent avant sa mise en place).

Un piège artisanal peut être fabriqué avec une bouteille plastique rouge, percée d’une vingtaine de trous de 3 à 4 mm de diamètre, sur un côté. Y verser environ 300mL d’un mélange composé de 1/3 de vinaigre de cidre, 1/3 d’eau et 1/3 de vin rouge, quelques pincées de sel pour limiter l’évaporation et une goutte de produit vaisselle. Placer un piège dans la culture et un autre dans une haie proche.

A court terme la lutte chimique peut permettre de limiter les attaques de D. suzukii, mais les possibilités importantes de mutation de cet insecte risquent de favoriser les phénomènes de résistance.