Les Plantes carnivores

Après des études à l’école des Eaux et Forêts de Nancy, Romaric Perrocheau, nantais, rejoint les Espaces Verts de Rennes. Il est devenu depuis septembre 2008 directeur du Jardin des Plantes de Nantes.

Une plante carnivore est capable d'attirer et de capturer des proies (insectes, acariens et petits invertébrés) puis de les assimiler pour subvenir à ses propres besoins.

Ces plantes ont le même métabolisme que les cactus usant de multiples stratagèmes afin de conserver l’eau et de se nourrir des insectes ou autres petits animaux qu’elles capturent.

Elles se nourrissent par les feuilles et non pas par les racines. Elles ont la particularité de sécréter des enzymes qui leur permettent de digérer leurs proies. La durée de la digestion variant selon la taille de l’insecte et de celle de la plante.

Cependant, certaines peuvent s’autodétruire en émettant trop de sucs digestifs.

Les broméliacées,

Dans cette famille on trouve des formes archaïques de plantes carnivores, appelées plantes "protocarnivores".

Catopsis, vivace épiphyte carnivore, dont les feuilles disposées en rosette retiennent l'eau. Dans cette eau stockée il y a toute une vie. Des insectes y meurent puis s'y décomposent. Les nutriments des insectes rentrent dans les feuilles avec l'eau.

Brocchinia reducta, dont les feuilles engainées retiennent également l'eau.

Ces plantes ne produisent pas de sucs digestifs.

On peut grouper les plantes carnivores par type de piège :

Pièges passifs : ce sont les plus courants, les insectes y sont attirés puis piégés sans aucun mouvement de la plante.

Dans cette catégorie on trouve :

Les Sarracéniacées

Originaires d'Amérique du Nord (USA et Canada), sont des formes plus développées.

Heliamphora (Amphore du soleil), les feuilles sont repliées sur elles-mêmes pour former une urne dressée.

Darlingtonia californica, Sa forme de serpent dressé fait penser à un cobra en position d'intimidation. Ses appendices en forme de moustaches secrètent du nectar qui attirent les insectes. Un fois piégés, ils s'épuisent pour trouver, en vain, la sortie. Ils tombent au fond de la fosse où ils sont digérés.

Sarracenia, pousse dans les tourbières, endroits très pauvres en nutriments, inondés en permanence. Les végétaux n'y sont pas décomposés et donc non assimilables.

Dans la nature les sarracénies peuvent couvrir des surfaces impressionnantes.

Elles ne sont pas soudées jusqu'en haut, le trop plein ainsi constitué permet à l’excès d'eau de s'écouler sans entraîner les insectes piégés.

En haut de l'urne se trouve un petit capuchon avec du nectar et des substances qui attirent les insectes. L'espace entre la "cuillère à nectar" et l'entrée de l'urne est petit, l'insecte glisse et tombe dans l'urne.

Une urne de Sarracenia est composée de trois parties :

- la partie haute possédant des glandes à nectar qui assurent l’attraction des insectes ;

- la partie intermédiaire glissante ou disposant de poils orientés vers le bas qui empêchent alors la remontée des insectes ;

- la partie basse avec les glandes digestives, on y trouve un liquide très acide et des restes de proies digérées.

La couleur généralement vive des feuilles attire les insectes qui se délectent du nectar sucré et odorant de la plante.

Les sarracénies produisent des fleurs qui apparaissent en général à partir de leur quatrième année

Il existe une dizaine d’espèces de Sarracenia avec piège à odeur de sucre ou de viande selon ce que la plante veut attirer.

Sarracenia purpurea

Elle produit généralement une fleur ressemblant à un parapluie.

On le reconnait à sa couleur est souvent très rouge, tirant sur le bordeaux lorsqu'elle pousse dans un endroit bien ensoleillé.

Il est couché sur le sol, il est adapté pour piéger les insectes marcheurs.

Les Népenthacées, le piège en forme d'urne est rempli d'un liquide dans lequel les insectes se noient. Les urnes sont des feuilles déformées.

Nepenthes ampullaria, liane tropicale originaire de Bornéo. Son piège repose sur le sol.

Nepenthes albomarginata,

Pièges actifs : ce sont les plus complexes, utilisés par des plantes capables de mouvement facilitant ainsi la capture des insectes.

Dans cette catégorie on trouve :

Drosophyllum lusitanicum : on ne le trouve qu'au Portugal, en milieu sec.

Les feuilles filiformes sont recouvertes de colle et de sucs digestifs

Certains Népenthès myrmécophiles entretiennent des relations particulières avec des fourmis, d'autres accueillent des araignées qui font leur marché dans l'urne. Elles descendent le long de leur fil pour capturer les insectes piégés puis remontent.

reconnaissable à la collerette blanche située sous le bord de l'ouverture de l'urne.

Drosera ou Rossolis, ses feuilles sont recouvertes de poils gluants dont l'aspect fait penser à de la rosée. L'insecte est attiré croyant pouvoir se désaltérer. Lorsqu'il touche la feuille, cette dernière s’enroule et le capture.

Dionea, originaire d'une seule région située entre la Caroline du Nord et celle du Sud.

C'est un piège de 1 cm de long, plus petit qu'une pâquerette. Les feuilles en forme de mâchoires se referment instantanément sur l’insecte piégé lorsque les poils sensibles ont détecté 2 "contacts" d'un coup. Avant de passer à la suite, le piège doit détecter de l'acide urique. Alors il se referme totalement et active la digestion. Chaque feuille digère 3 fois, ensuite elle meure.

Urticulaire, Le piège est une sorte de clapet dont l'ouverture est déclenchée au contact des poils sensitifs. L'ouverture produite en 1/100 s produit un appel d'air qui engloutit l'insecte.

Culture des Sarracenias

Ce sont des plantes, faciles à cultiver, en plein soleil dans un milieu frais, voire froid.

Trois conditions à respecter :

- il leur faut une grande zone pour que le milieu reste frais (ne pas les mettre dans des petits pots)

- utiliser de l'eau pauvre (de pluie) et ne pas les nourrir

- substrat : tourbe pure avec beaucoup d'eau (environnement acide)

Par exemple, mettre le pot dans un grand saladier et arroser jusqu'au niveau du pot, maintenir le niveau.

Darwin, par ses expériences avec des droséras, a été le premier à montrer que certaines plantes étaient carnivores.