Les plantes compagnes

« Les plantes compagnes au jardin »,

par Jean-Paul Thorez, ingénieur agronome…

…spécialisé dans l'environnement et le jardinage.

Il a participé à la création des magazines

« Les Quatre Saisons du potager bio » et « Nature & Jardin ».

Aux éditions « Terre vivante », il a écrit le « Guide du jardinage biologique ».

Les plantes vivent ensemble dans la nature, elles sont faites pour vivre ensemble et leur mélange est spontané. Mais certaines préfèrent rester ente elles comme les roselières ou encore les champs de céréales.

Jean-Paul Thorez a mené une enquête dans les jardins familiaux afin d’observer les pratiques des personnes et voir ce qui s’y passe.

Il s’avère que c’est un sujet très ancien et que ces pratiques se ressemblent d’un continent à l’autre.

Dans les jardins familiaux, on trouve ces types d’associations de continents différents, les jardiniers immigrés par exemple apportant toute cette diversité.

Le principe des « trois sœurs » : c’est une association de plantes qui vivent bien ensemble

Exemples : le potiron, le haricot et le maïs. Le haricot fixe l’azote qui est redistribué dans le sol et dont le potiron et le maïs sont très friands ; le potiron couvre le sol et le haricot grimpe sur le maïs !!!... Cette association se retrouve dans le sud-ouest de la France.

C’est un sujet abordé par les latins comme Virgile ou Columelle et au XXème siècle par les Modernes comme Pfeiffer et les bios dynamismes ou Gertrud Franck.

Au-delà de l’empirisme, beaucoup de scientifiques ont étudié ces associations de plantes.

Les plantes interagissent au moyen de substances chimiques qu’elles émettent. Certains parlent d’intelligence, Jean-Paul Thorez parle plutôt d’interactions entre les plantes.

L’allélopathie : une plante émet un produit chimique (herbicide naturel) dans le sol qui va détruire les plantes cibles.

Les plantes possèdent des tannins et des métabolismes secondaires, ces composés permettant à la plante de se défendre.

Les bonnes raisons d’associer les plantes :

•mieux exploiter le terrain par des cultures intercalaires (par ex. : choux et laitues)

•veiller à ce que les plantes s’aiment ou se détestent, ce qui nécessite de bien les observer

Ex. : sarrasin et souci, le sarrasin étant un engrais vert, le souci ne laisse rien pousser à son pied, cet exemple est une allélopathie positive ; par contre en allélopathie négative, on peut citer la chicorée scarole qui ne supporte pas le navet, de même pour la fève qui ne supporte pas la tomate.

•limiter les mauvaises herbes en profitant de ces allélopathies pour occuper le terrain, par ex. semer de la moutarde pour nettoyer les mauvaises herbes

•mieux alimenter les plantes : ex. : fève et pomme de terre, la première profitant à la seconde qui est avide d’azote

•améliorer le sol : faire un engrais vert de Vesce par exemple qui libère plus d’azote (quand surviendra l’hiver le gel le détruira naturellement) ; la vesce commune se trouve à l’état naturel dans les champs mais elle est cultivée comme engrais vert car elle enrichit le sol du fait de sa capacité à fixer l’azote de l’air.

•rotation des cultures : cela permet de protéger les cultures des maladies et des nématodes car certaines plantes sont auto toxiques

•planter des végétaux qui auront une action contre les ravageurs (le datura ou le buis contre les campagnols par exemple, les feuilles de noyers contre les rongeurs, les œillets d’Inde au pied des tomates pour éliminer les pucerons) ; d’une manière générale, les plantes fortement odorantes sont fortement répulsives

•favoriser les auxiliaires qui vont protéger les cultures. Les insectes prédateurs ont besoin d’aller chercher du pollen, il faut donc mettre des fleurs dans le potager en particulier les opiacées et les astéracées …

Il est indispensable d’intégrer aujourd’hui dans notre objectif de jardinage la biodiversité, le fait de faire voisiner les plantes…

Il n’y a plus maintenant qu’à mettre en pratique en alternant les lignes ou en les doublant, en semant en mélange pour marquer le rang et ainsi pouvoir biner, en associant fleurs et légumes, ou encore en créant une bande fleurie pour attirer les insectes, en formant une « haie- jardin » avec des plantes ornementales associées aux plantes de haies…

Pour plus de développement sur le sujet :

« Plantes compagnes » aux éditions « Terre vivante »