La vie cachée du jardin naturel

Un jardin naturel, c’est à-dire sans insecticides ou pesticides, abrite une multitude de petits animaux que tout jardinier attentif peut découvrir pour peu qu’il se donne la peine de le regarder de plus près, de retourner les feuilles… François Diemert, avec son regard averti et ses talents de photographe nous a emmenés pour un fabuleux voyage.

Insectes cachés sur les arbres, arbustes, buissons.

Ce voyage commence par le hanneton de la Saint Jean, plus précisément par ses antennes au nombre de 7 chez le mâle pour seulement 6 chez la femelle.

Ensuite un défilé digne des grands couturiers et stylistes de mode présente différentes punaises, l’une porte un cœur sur le thorax, une autre se promène en pyjama rayé rouge et noir.

Sur un rameau quelques fourmis, en tête à tête, échangent des informations par leurs antennes.

Les papillons de nuit ont de longues antennes avec de nombreuses lames. En ressentant les vibrations elles leur permettent une « vision » nocturne.

Des photos extraordinaires nous font tantôt pénétrer au sein d’une alvéole de papier mâché pour assister à la naissance d’un frelon, tantôt admirer la patte rouge en sabot d’un faux frelon totalement inoffensif, tantôt surgir un gros plan sur la tête d’un frelon asiatique, ses yeux composés et ses ocelles, son dard, de quoi nous impressionner même si on sait qu’il n’est pas dangereux, sauf si on s’approche à moins d’un mètre de son nid.

Insectes cachés sur les fleurs.

Les papillons y trouvent nourriture, en particulier du nectar qu’ils vont chercher au cœur de la fleur avec leur trompe.

Nous voyons leurs yeux, leurs antennes fines avec les massues chez les papillons de jour. Ils se différencient les uns des autres par la couleur de leurs écailles, leur nervation, leurs ocelles (dessins censés déstabiliser les prédateurs) : Machaon, Robert le diable.

Certains ont des caractères particuliers :

- le Moro sphinx, tel un avion ravitailleur, est capable de plonger sa très longue trompe dans le cœur de fleurs que lui seul peut atteindre.

- l’Ecaille martre, nocturne, quant à lui, est l’as du camouflage en position de repos et le champion de la dissuasion lorsqu’il ouvre ses ailes, la couleur rouge des ailes postérieures avertit les prédateurs de sa toxicité.

Très pédagogue, François Diemert nous donne les clés pour différencier les espèces, photos à l’appui :

- Les sauterelles se différencient des criquets et des grillons par la grandeur de leurs antennes. Chez les sauterelles elles sont toujours très grandes.

- Les abeilles ont deux paires d’ailes, les mouches n’ont qu’une, le balancier étant le reste de l’aile antérieure.

- L’araignée crabe, immobile dans des fleurs, est l’occasion de nous informer sur la morphologie de ces petites bêtes mal aimées, en particulier sur les yeux principaux et secondaires.

Bien des insectes pourraient inspirer les créateurs de bijoux :

- l’Œdémère (Œdemera nobilis) avec ses élytres vert-mordoré. Le mâle est reconnaissable aux proéminences de ses fémurs.

- la Lepture ne passe pas inaperçue avec le décor jaune et noir de ses élytres.

Quelques-uns sont de très bons polinisateurs :

- la cétoine dorée, il est bien dommage que sa larve ressemble de trop à celle du hanneton, de ce fait est souvent détruite.

- l’abeille charpentière, grande mais pas dangereuse, va d’une fleur à l’autre les pelotes de pollen accrochées à ses cuisses.

Insectes cachés dans l’eau.

Certains insectes volant passent plus de temps dans l’eau que dans l’air, à l’instar des larves de libellules qui vivent entre un et trois ans dans l’eau et seulement quelques semaines à quelques mois dans l’air.

Les larves de dytiques sont essentiellement carnassières, elles mangent des insectes, alevins, têtards. Elles utilisent la même technique que les araignées. Elles injectent un liquide dans la proie pour en liquéfier l’intérieur puis par succion elles vident celle-ci.

Insectes cachés sur les herbes et plantes basses.

C’est un peu le royaume de différentes libellules qu’on peut différencier par la couleur du thorax, de l’abdomen ou des pattes, de la nervation des ailes.

Chez la Demoiselle, après l’accouplement en forme de cœur, la femelle pond en utilisant diverses techniques pour déposer ses œufs. Ceux-ci donnent des larves aquatiques qui se développent et muent plusieurs fois. Elles émergent ensuite dans leur forme adulte. Une série de photos nous fait suivre les différentes étapes de la transformation. La libellule à 4 taches capable de voler sur place a inspiré les concepteurs d’hélicoptères. C’est aussi le domaine - des chenilles avec leurs 3 paires de pattes placées à l’avant, les griffes thoraciques, futures pattes des papillons et leurs fausses pattes.La chenille de Machaon est près de sa dernière mue, puis elle grandit et se colore. Transformée en chrysalide, nous la voyons attachée devant et derrière. Après un mois environ c’est l’émergence, d’abord un papillon froissé, puis les ailes grandissent et se rigidifient… Magnifique ! - des phasmes avec leurs antennes en épis. Ils changent de couleur en grandissant et en fonction du milieu - de toutes sortes de coccinelles, à 2 points, à damiers, à 22 points, asiatiques. Nous suivons leur évolution depuis l’œuf, la larve, la pupe, jusqu’à l’émergence. La nouvelle coccinelle a une coquille molle, jaune. Peu à peu elle durcit et prend sa coloration définitive. - des mantes religieuses dont la tête tourne pratiquement sur 360°.

Elles prennent un très grand soin de leurs pattes appelées « ravisseuses », qui servent à attraper les proies.

- des vers luisants ou Lampyres dont la larve est une grande consommatrice d’’escargots. Elle les anesthésie par petites piqûres successives puis les déguste…

Beaucoup d’autres surprises nous attendent :

- la cicadelle petite et verte, dont la larve forme un amas de salive appelé « bave de coucou »

- un charançon avec sa trompe et son balancier.

- le criquet aux antennes courtes, il diffère aussi de la sauterelle par son régime alimentaire (il est végétarien alors que la sauterelle est omnivore).

- des araignées, l’une avec son sac d’œufs,

une autre, la Saitis barbipes avec ses grands yeux verts, permettant la vision en profondeur. -la sauterelle dont l’oviscapte creuse la terre et dépose les œufs. Son pronotum en forme de selle de cheval pourrait servir de modèle pour une cape de défilé de mode. - le grillon avec sa longue tarière -la tipule ou cousin, fait partie de la chaîne alimentaire. On ne peut que s’extasier devant tant de merveilles cachées à portée de notre vue… Toutes ont leur utilité, chacune participant à l’équilibre de l’ensemble. A nous de savoir les découvrir, les apprécier et les protéger.