Les Magnolias

Jean-Marc AURAY, pépiniériste à Saint Mars-du-Désert et cofondateur de l'Association Magnolias à Nantes, nous présente le Magnolia, arbre fleur venu du Nouveau Monde, à l'occasion du tricentenaire de son arrivée à Nantes.

Rappel historique

Les magnolias ont prospéré sous nos climats voici quelques millions d’années comme le prouvent les fossiles retrouvés dans les roches de l’ère tertiaire. Il fut réintroduit en France à partir de 1711, lorsque le « Saint Michel », navire appartenant à René Darquistade, négociant armateur, féru de botanique, débarqua à Paimboeuf un certain nombre de végétaux nouveaux en provenance de Louisiane.

Parmi les plantes ramenées à la Maillardière, propriété de Darquistade, actuellement sur la commune des Sorinières, l’un des arbres, identifié à l’époque sous le nom de « Laurier tulipier », est remarqué pour son superbe feuillage vert luisant persistant. Il est jugé trop fragile pour supporter nos hivers locaux et est installé dans l’orangerie du château.

Il y restera vingt ans et malgré les soins dont il bénéficie, il se contente de végéter au point que Darquistade donne l’ordre à son jardinier de le détruire. L’épouse du jardinier s’oppose à la condamnation et plante le rescapé au pied d’un pigeonnier abrité des vents froids. L’arbuste alors, prospère et quelques années plus tard produit ses premières fleurs. C’est le début de la célébrité pour le laurier tulipier et ses immenses fleurs blanc crème délicatement parfumées.

Il faut attendre malgré tout 1764 pour que François Bonamy, Directeur du Jardin des Apothicaires, l’identifie sous le nom de Magnolia grandiflora conformément à la nomenclature proposée par Plumier et validée par Linné. Très vite, la multiplication de cet arbre remarquable est envisagée.

A la suite de l’échec des semis, c’est la multiplication végétative par marcottage aérien qui est pratiquée. Après de multiples péripéties, le pépiniériste Bruneau et son collaborateur Lefièvre réussissent sa multiplication ce qui permet d’envisager sa diffusion.

L’un des sujets obtenus sera planté en 1806 au Jardin des plantes de Nantes où après deux cents ans, il est encore possible de l’admirer, c'est le Magnolia d'Hectot.

Grande diversité variétale

On connaît 80 espèces de magnolias et il existe grand nombre de cultivars dont plus de 500 sont répertoriés dans les parcs de la ville de Nantes.

Ils résultent du croisement : d’une espèce avec un cultivar

de deux espèces

de deux cultivars

La diversité apparaît pour :

- le développement :

certaines variétés peuvent atteindre 15 à 20 m (Magnolia grandiflora 'Purpan') d'autres ne dépassent pas de 1,5 à 3 m (Magnolia grandiflora 'Microphylla')

- la forme des fleurs en gobelet, en tulipe ou étoilée, les différentes pièces florales étant disposées en spirale.

Le nombre de pétales varie de 6 à 13 et plus.

- les feuilles, qui peuvent être persistantes ou caduques

- les fruits : ils constituent un « cône » formé de follicules soudés. A maturité, les follicules s’ouvrent laissant échapper une graine ronde le plus souvent rouge vif. Les graines restent accrochées pendant un jour ou deux par leur funicule.

Origines

Les espèces ont pour origine : l'Asie (en bleu) : campbellii, denudata, kobus, sieboldii,…

l'Amérique du Nord (en rouge) : grandiflora, macrophylla, tripetala, virginiana, …

Les hybrides provenant principalement :

d'Europe (en vert) : grandiflora ‘Exmouth’, grandiflora ‘François Treyve’, grandiflora ‘Gloriosa’, grandiflora ‘Namnetensis Flore Pleno’, grandiflora ‘Purpan®’, liliflora ‘Nigra’, loebneri ‘Leonard Messel’, soulangeana ‘Alexandrina’, soulangeana ‘Rustica Rubra’, ‘Sundew’, …

de Nouvelle Zélande (en orange) : ‘Atlas’, ‘Ian’s Red’, ‘Star Wars’, ‘Vulcan’, …

Multiplication

En 1767, les premiers essais de multiplication du Magnolia grandiflora de la Maillardière sont effectués (56 ans après son introduction !).

Après des essais de semis peu fructueux, Bonamy, va mettre en place un dispositif de marcottage aérien.

Le principe : des récipients en fer blanc ou en bois accrochés à un échafaudage, une bonne terre enrichie de fumier et de jeunes rameaux arqués maintenus en place par des crochets.Ce système, relativement aléatoire et peu compatible avec des programmes de production, a par la suite été abandonné. Il fut remplacé pendant un moment et jusqu’à des années assez récentes par le marcottage par couchage. De nos jours on utilise :

le semis pour la recherche de nouveaux types ou, à l’occasion, l’obtention de porte-greffe.

- le bouturage, (procédé rapide et économique)

le plus pratiquée depuis la mise au point de la brumisation et l’emploi des hormones d’enracinement.

- Pour les caduques, il a lieu en juin et juillet à partir de boutures semi ligneuses.

- Pour les persistants, il s’effectue en octobre et novembre à partir de boutures aoûtées.

-le greffage (février/mars)

pour les cultivars récalcitrants au bouturage. C’est le placage qui, dans ce cas, est pratiqué ou la greffe à l’anglaise. -

• - Les persistants sont greffés à partir de Magnolia grandiflora

• - Les caducs sont greffés à partir de Magnolia kobus

Culture

Le Magnolia grandiflora, originaire des forêts hygrophiles situées entre la Caroline et la Louisiane, préfère un climat doux et humide, les sols acides profonds et frais. Il a la faculté de s’adapter facilement à beaucoup de situations.

Les principales Pépinières productrices de Magnolia en France sont localisées à proximité du littoral Atlantique, en Bretagne pour l’humidité ou dans le sud-ouest pour la chaleur.

Les conditions et programmes de cultures pour les Magnolias caducs et persistants y sont les mêmes :

- Plantation en pleine terre de godets au printemps ou en septembre pour obtenir des sujets plus forts.

- Rempotage de godets en conteneur au printemps ou dans l’hiver, en extérieur ou sous serre selon régions.

- Taille de formation pour les persistants en mars et pour les caducs en juin.

Terreau de culture : Terreau de plantation :

• 10% de terre végétale • Terreau à base de terre de bruyère

• 20% de terre de bruyère • avec amendement organique à mélanger à 50% avec la terre de jardin

• 30% de tourbe blonde fibreuse

• 40% d’écorces calibrées 10/15

Fertilisation :

4 kg / m3 d’osmocote

Engrais enrobé 12/14 mois 18-11-10 + mgo

PH : 5,5

Utilisations

alignements

bacs haies

dans les parcs et jardins

en milieu urbain (cours des 50 otages à Nantes)

dans le domaine de la santé…

• l’écorce de Magnolia est utilisée pour traiter les maladies nerveuses et désordres intestinaux et gastriques, en médecine traditionnelle chinoise et japonaise.

• Les substances extraites des bourgeons ont des propriétés anti-inflammatoires, antiallergiques.

• Les substances extraites des boutons floraux ont des propriétés fongicides, décontractantes, anti-inflammatoires.

en cosmétique…

• Les fleurs de Magnolias persistants à forte odeur citronnée sont utilisées pour la fabrication de parfum, d’encens, de cosmétiques, d’huiles essentielles,…

• Ses feuilles sont utilisés pour la fabrication de shampoing.

utilisations culinaires…

en macération, les fleurs confèrent à la boisson un léger goût citronné très particulier et plutôt agréable. Un Vin de Magnolia a été élaboré, avec l’aide de viticulteurs, par l’Association « Magnolias de Nantes »

En savoir plus : Association Magnolias de Nantes et Pépinières du Val d'Erdre