Neal Grossman
Université de Chicago, Illinois – USA
(Traduction par Françoise Capelle-Messelier)
Les éléments de preuve de l'existence d'une après-vie sont suffisamment consistants et convaincants pour qu'une personne sans préjugés puisse conclure que la théorie matérialiste est une théorie erronée. Et pourtant, le sérail refuse l'examen des preuves et s'agrippe au paradigme matérialiste comme si celui-ci était a priori vrai, au lieu d’a posteriori faux. Je suggère plusieurs explications au monumental déficit de curiosité du sérail. Tout d'abord, il y a une profonde confusion entre 'les éléments de preuve' et 'la preuve'. Ensuite, le matérialisme fonctionne en paradigme puissant qui dicte la forme des explications scientifiques, mais ne se prête pas lui-même à une remise en question. La troisième raison est simplement de l'arrogance intellectuelle, car la possible existence d'une intelligence désincarnée menace la croyance matérialiste qui considère le cerveau humain éduqué comme la plus haute forme d'intelligence qui soit. Et finalement, il y a aussi un tabou social contre la croyance en l'après-vie, car notre mode de vie est déterminé par le matérialisme et pourrait s'effondrer si les expériences de mort imminente, en particulier la 'life review'/'bilan de vie', étaient reconnues comme des faits.
Depuis plus de cent ans, quelques chercheurs consciencieux persistent à recueillir de solides éléments de preuve empiriques pour étayer la thèse que le mental -la conscience- survit à la mort du corps physique. Depuis les recherches de William James sur la médiumnité jusqu'aux recherches actuelles sur les expériences de mort imminente (NDE), ce corpus de recherches construit un solide faisceau de présomptions permettant de penser que le paradigme matérialiste si dominant chez les universitaires est sévèrement limité, et échoue à prendre en compte l'accumulation de données. Bien que les éléments de preuve aient convaincu la majorité des personnes qui ont pris le temps d'examiner avec soin la question - que le matérialisme n'est plus un paradigme tenable – la renversante majorité des universitaires ne prend pas la peine d'examiner ces éléments de preuve et semblent croire a priori que le matérialisme est vrai. Ce n'est pas ici mon intention, à l'exception de quelques exemples plus bas, de recenser l'abondance de données qui infirment le matérialisme (cette abondance de données est recensée dans 'Irreducible Mind: Toward a Psychology for the 21st Century de E F Kelly, E Williams Kelly, A Crabtree, A Gould, M Grosso, and B Greyson (Lanham, MD: Rowman & Littlefield, 2006). Je souhaite examiner ici la défaillance de l'Université à analyser les éléments de preuve – une défaillance très intrigante au vu de l'importance immense de la question de l'après-vie pour les êtres humains. Dans ce texte, j'argumente que les éléments de preuve contre le matérialisme se sont accumulés au fil des ans au point qu'il est raisonnable d'affirmer que le matérialisme a été empiriquement infirmé. Donc, il faut expliquer le refus collectif du sérail universitaire d'analyser les éléments de preuve et appeler ce refus par son nom. Le sérail universitaire est dans la même position aujourd'hui que l'évêque qui refusa de regarder dans le télescope de Galilée. Pourquoi est-ce ainsi ?
Avant d'aborder cette question, il m'incombe de dire quelques mots sur le genre et la force des éléments de preuve qui réfutent le matérialisme. Emily Cook, Bruce Greyson, et Ian Stevenson décrivent 'trois constantes des NDE – une activité mentale exacerbée, l'expérience de voir son corps physique depuis une autre position dans l'espace, et des perceptions paranormales – qu'ils pensent peuvent apporter des éléments de preuve convergents à l'appui de l'hypothèse de la survie' (Cook, Greyson, et Stevenson, 1998). Ils décrivent alors 14 cas qui satisfont ces critères. D'un point de vue épistémologique, le troisième critère -perception paranormale- est le plus important. Le matérialiste ne peut pas, en principe, expliquer comment une personne acquiert des informations avérées sur des événements éloignés de son corps. Voyez, par exemple, le cas d'une NDE où la personne relate exactement la conversation se déroulant dans la salle d'attente alors que son corps est inconscient sur la table d'opération. L' information pertinente n'aurait, en aucune façon, pu se propager depuis la salle d'attente par vagues sonores ou lumineuses, à travers les couloirs et dans l'ascenseur, pour finalement atteindre les organes sensoriels de la personne inconsciente. Et pourtant, la personne se réveille de l'opération avec l'information. Ces cas, et ils sont nombreux, (voir P van Lommel, R van Wees, V Meyers, and I Elfferich (2001), Near-death experience in survivors of cardiac arrest: a prospective study in the Netherlands, The Lancet 358, 2039–2045) démontrent sans détour que le mental (mind) a des moyens non physiques d'acquérir l'information. Donc le matérialisme est faux.
Le cas qui apporte LA preuve tangible (the smoking gun case) est peut-être celui décrit par Michael Sabom (1998). La patiente a eu une NDE alors que sa température corporelle était de 15° et que tout son sang s'était retiré du cerveau : 'Son EEG était plat, aucune réponse cérébrale et pas d'irrigation sanguine du cerveau'. Un cerveau dans cet état ne peut générer aucune expérience d'aucune sorte. Et pourtant, la patiente a fait l'expérience d'une intense NDE, qui a inclus la perception avérée et détaillée de l'opération. Les matérialistes qui pensent que la conscience est secrétée par le cerveau ou que le cerveau est nécessaire pour qu'une expérience consciente existe, ne sont pas en mesure d'expliquer, avec leurs outils, de tels cas. Un observateur impartial serait amené à conclure que toutes les expériences ne sont pas produites par le cerveau et que, de ce fait, la fausseté du matérialisme a été empiriquement démontré. Donc, ce que nous devons expliquer est l'abyssal échec des mandarins universitaires à examiner les éléments de preuve et à tirer la conclusion qui s'impose : le matérialisme est faux, et la conscience peut exister et existe indépendamment du corps. Et de plus, les preuves tangibles contre le matérialisme ne viennent pas seulement des NDE, mais aussi d'autres domaines de recherche. La médiumnité, qui a été étudiée intensivement depuis l'époque de William James, et les cas d'enfants rapportés par Stevenson, qui a vérifié leurs souvenirs de vies antérieures, offrent tous une abondance d'arguments contre le matérialisme. La meilleure analyse épistémologique des preuves probantes a été commise par Robert Almeder (1992). Après un long exposé circonstancié concernant les enfants qui semblent se souvenir de leur vie passée, il envoya un message à Stevenson en concluant 'il n'est pas déraisonnable de croire en la réincarnation', au vu des éléments de preuve probante. La conclusion correcte, selon Almeder, devrait être qu'il 'est déraisonnable de rejeter la croyance en la réincarnation', au vu de ces preuves tangibles. Je suis d'accord avec Almeder.
Notre irrationalité collective, au regard de l'abondance de preuves tangibles contre le matérialisme, se manifeste de deux façons : premièrement, en ignorant les preuves tangibles, et deuxièmement, en imposant des normes extrêmes anormalement strictes en matière de preuves – normes qui rendraient toute science empirique impossible si elles étaient par ailleurs adoptées.
Le refus des universitaires d'examiner les faits probants contre le matérialisme, n'est pas nouveau. Il y a cent ans, William James se plaignait déjà : 'J'invite huit collègues scientifiques à venir chez moi à leur convenance et à participer à une séance avec un médium dont les résultats publiés dans notre revue 'Proceedings' sont remarquables. Bien que cela n’entraîne au pire qu'une perte d'une heure de temps pour chacun, cinq d'entre eux ont décliné l'aventure. J'ai alors prié la 'Commission' en relation avec la chaire d'un érudit psychologue d'une université voisine d'examiner le même médium, que M. Hodgson et moi-même proposions de leur envoyer à nos frais. Ils se sont aussi fait excuser d'une telle association. Je demande à un ami psychologue de se pencher sur le cas de ce médium, mais il me répond que c'est inutile, car s'il devait obtenir les résultats que je rapporte, il se penserait (étant influençable) simplement halluciné...Cet ami publie ex-cathedra sur le sujet de la recherche psychique, et déclare (ai-je besoin de préciser) qu'il n'y a rien à voir... et un des cinq collègues qui ont décliné mon invitation est largement cité en tant que critique judicieux de nos preuves. Ainsi va le monde !'
Plus récemment, Michael Grosso relate une expérience similaire, alors qu'il essayait de faire lire à des collègues des articles sur les éléments de preuve de la vie après la mort : 'Les personnes auxquelles je pense ont bafouillé des excuses faiblardes, sinon irrationnelles, pour ne pas lire le livre que je leur mettais en main. L'argument chez l'une d'elle a été : 'Ce ne sont que des mots sur du papier ; aucune raison d'y accorder de l'importance.' Un autre universitaire m'a dit qu'il n'avait pas le temps. Je lui ai demandé : 'Tu veux dire que tu ne peux pas trouver deux heures pour lire un livre qui pourrait changer ta vision de la vie et de la mort ?'
C'est étrange comme ces gens intelligents ne sont pas juste indifférents aux faits, mais résistants. C'est comme s'il y avait une conspiration contre cette information, un besoin de la neutraliser, de la dé-potentialiser ou de la rendre inexistante. (Grosso, 1990)
L'une de mes premières rencontres avec cette irrationalité universitaire remonte à plus de vingt ans. Je dévorais tout ce que je trouvais concernant les NDE et plein d'enthousiasme, je voulais partager ce que je découvrais avec mes collègues. C'était incroyable comme ils niaient les faits. 'Hallucinations médicamenteuses', 'Derniers sursauts d'un cerveau mourant', et 'Les gens voient ce qu'ils veulent voir' sont les phrases les plus courantes. Une conversation en particulier m'a fait voir clairement l'irrationalité fondamentale des universitaires en ce qui concerne les preuves contre le matérialisme :
Je demandais ' Qu'en est-il des personnes qui relatent précisément les détails de leur opération ?'. 'Oh', fut la réponse, 'Ils ont sans doute subconsciemment entendu la conversation dans la salle d'opération, et leur cerveau a subconsciemment converti l'information auditive au format visuel.'
'Bien', répondis-je, 'et qu'en est-il des personnes qui relatent des perceptions d’événements avérés qui se passent loin de leur corps ?'
'Oh, juste une coïncidence ou un coup de chance.'
Exaspéré, je demandais alors, 'qu'est-ce qui pourrait vous convaincre, en dehors d'avoir vous-même une NDE, de la réalité de ces phénomènes ?'
Avec nonchalance, sans se démonter, la réponse fut : 'Même si j'avais une NDE, j'en conclurais que j'hallucine plutôt que de croire que mon mental (mind) peut exister indépendamment de mon cerveau.' Il ajouta que le dualisme – la thèse philosophique que l'esprit et la matière sont des substances indépendantes, aucune ne pouvant se réduire à l'autre- est une théorie erronée et qu'il ne peut y avoir de preuve pour quelque chose de faux. Ce fut une expérience capitale pour moi, j'avais devant moi un homme éduqué, intelligent qui disait qu'il n'abandonnerait à aucun prix le matérialisme. Même les preuves apportées par sa propre expérience ne lui feraient pas lâcher le matérialisme.
J'ai alors réalisé deux choses. Premièrement, cette expérience m'a guéri de toute impulsion à discuter de ces choses avec mes collègues récalcitrants; il est inutile de discuter avec quelqu'un qui affirme que son opinion est faite, et que rien ne la changera. Deuxièmement, cette expérience m'a appris qu'il est important de distinguer entre (a) le matérialisme en tant qu'hypothèse empirique sur la nature du monde, qui accepte les éléments de preuve pour ou contre (c'est la signature de l'hypothèse scientifique : les faits affirment ou infirment) et (b) le matérialisme en tant qu'idéologie, ou paradigme, de ce que les choses 'doivent' être, qui est imperméable aux éléments de preuve (ce qui est la signature de l'hypothèse non-scientifique : les faits ne comptent pas). Mon collègue croyait au matérialisme non en tant qu'hypothèse scientifique qui pourrait, en tant qu'hypothèse scientifique, être fausse ; mais il y croyait en tant que dogme ou idéologie qui 'doit' être vrai, nonobstant les éléments de preuve du contraire. Pour lui, le matérialisme est le paradigme fondateur qui dicte toutes les explications mais qui n'est pas lui-même ouvert au doute. Je vais créer le néologisme 'fondamatérialiste' pour nommer ceux qui croient que le matérialisme est une vérité nécessaire et non susceptible d'être soumise aux preuves empiriques.
En ce qui concerne (a) le matérialisme en tant qu'hypothèse empirique sur le monde, les preuves l'infirmant sont accablantes. En ce qui concerne (b) le matérialisme en tant qu'idéologie, les preuves contre sont logiquement impossibles. Les fondamatérialistes entretiennent la méta-croyance que leur croyance en le matérialisme n'est pas idéologique mais empirique, ce qui complique les choses. Ils se mé-classifient eux-mêmes en (a), alors que leur comportement les classe clairement en (b). Les démystificateurs (debunkers) croient être 'scientifiques' en ignorant et rejetant les éléments de preuve contre le matérialisme. Ils prétendent que les preuves sont faibles, qu'elles ne sont pas contraignantes et qu'elles peuvent facilement s'expliquer et être discréditées par le paradigme matérialiste. Mais quand on leur demande quels éléments de preuve pourraient les convaincre que le matérialisme est empiriquement faux, comme mes collègues, ils ne savent que dire. S'ils ne sont pas familiarisés avec les données, ils réclameront un critère de preuve qui est déjà rempli. Quand on leur signifie qu'il existe une multitude de cas bien documentés qui répondent à leur exigence, ils établissent alors des critères plus stricts, et à un moment franchissent la ligne séparant l'exigence raisonnable d'éléments de preuve scientifiques de l'exigence déraisonnable (et non-scientifique) de preuve logique.
Ceci n'est pas un point mineur. Le fondamatérialisme est si profondément inscrit dans le sérail universitaire que la plupart des chercheurs en NDE en sont victimes. En effet, alors qu'ils multiplient les présentations de cas qui satisferaient tous les standards raisonnables de preuve empirique contre le matérialisme, même les chercheurs sympathisants se sentent obligés d'ajouter le désaveu (disclaimer) que leur recherche ne prouve pas qu'il y a une vie après la mort. Mais aucune hypothèse scientifique n'est jamais prouvée. Les théorèmes en logique et en mathématiques peuvent être prouvés. En science, les hypothèses ne sont pas prouvées ; une preuve empirique rend une hypothèse donnée plus ou moins probable. Il n'y a aucune certitude logique ou mathématique en science. Les fondamatérialistes ont raison sur ce point : l'hypothèse que la conscience existe indépendamment du corps ne peut être prouvée avec une certitude mathématique. Mais de même pour n'importe quelle autre hypothèse scientifique, car la science empirique s'occupe d'éléments de preuve, et non de LA preuve (empirical science deals with evidence, not proof). Les éléments de preuve ne 'prouvent' jamais une hypothèse ; ils rendent l'hypothèse plus probable. Et quand les éléments de preuve pour une hypothèse donnée convergent suffisamment, nous acceptons l'hypothèse comme vraie. Mais 'vrai' dans le sens scientifique ne veut jamais dire 'prouvé' ; ça veut dire très, très probable. En science, il existe toujours la possibilité qu'une hypothèse donnée puisse s'infirmer. Les fondamatérialistes n'accepteront pas l'hypothèse de l'après-vie tant qu'elle ne sera pas 'prouvée' au-delà de toute possibilité d'être infirmée. Ils utilisent un concept de preuve qui appartient au domaine de la logique et des mathématiques, mais pas de la science. Et les chercheurs en NDE suivent les règles du jeu des fondamatérialistes quand ils articulent des caveat énonçant que leurs recherches ne prouvent pas l'hypothèse de l'après-vie. Ce qu'ils devraient dire, à mon avis, c'est simplement qu'ils ont recueilli suffisamment d'éléments de preuve pour rendre l'hypothèse de l'après-vie très probable et l'hypothèse du matérialisme très improbable.
Dans les paragraphes ci-dessus, j'ai utilisé les termes 'science' et 'scientifique' dans leur sens épistémologique. La science est un procédé méthodologique de découverte de vérités sur la réalité. Dans la mesure où la science est un procédé objectif de découverte, elle est, et doit être, métaphysiquement neutre. Dans la mesure où la science n'est pas métaphysiquement neutre, mais s'unit à une théorie métaphysique, par exemple le matérialisme, elle ne peut pas être un procédé objectif de découverte. Il y a beaucoup de confusion à cet égard, car les gens font rimer science et métaphysique matérialiste, et les phénomènes qui n'entrent pas dans la sphère de cette métaphysique, et donc ne peuvent s'expliquer en termes physiques, sont labellisés 'non-scientifiques'. C'est une utilisation bien malheureuse du terme. Si les âmes et les esprits sont en fait une part de la réalité, et si la science est épistémologiquement conçue comme une investigation systématique de cette réalité, alors il n'y a aucune raison que la science ne puisse définir des méthodes adaptées à l'investigation des âmes et des esprits. Mais si la science est définie en tant que métaphysique matérialiste, alors, si les âmes et les esprits sont réels, la science ainsi définie, sera incapable de s'en occuper. Mais ce ne serait pas parce que les âmes et les esprits sont irréels, mais bien parce que cette définition de la science en terme de métaphysique matérialiste a sémantiquement exclu les réalités non-physiques de son champ.
Peter et Elizabeth Fenwick utilisent le terme 'science' dans son sens métaphysique quand ils écrivent : 'Jusqu'à présent nous avons adopté un angle de vue scientifique et donc limité sur les NDE. Nous avons étudié les mécanismes, et presque tout ce que nous en avons dit se base sur le présupposé que les NDE se déroulent ou sont construites dans le cerveau. Nous avons confiné le 'mental' (mind) dans le cerveau car scientifiquement...nous n'avons pas d'autre choix. Quand le cerveau meurt, le mental meurt ; l'approche scientifique ne permet pas la possibilité de la survie de l'âme, ou quelqu’autre forme de survie personnelle, après la mort...
Ce n'est qu'en considérant des approches non-scientifiques que nous pourrons trouver une explication plus complète des NDE...(Fenwick et Fenwick, 1997)
Si le terme 'matérialiste' se substitue à 'scientifique', la citation ci-dessus est un commentaire exact que je ne conteste pas. Et il est absolument correct. Le matérialisme est un cadre de travail tristement inadapté à la compréhension des NDE. Et, j'insiste, c'est la science elle-même, épistémologiquement définie en tant que méthode de recherche métaphysiquement neutre, qui a découvert les limites du matérialisme. Après tout, les premiers chercheurs dans ce domaine ne sont ni des philosophes ni des théologiens, mais des scientifiques et des médecins, qui, employant la méthodologie scientifique standard, ont été amenés par les données à conclure que le matérialisme ne peut être toute la vérité.
J'insiste sur ce point de sémantique concernant la façon dont le mot 'scientifique' devrait être utilisé car ce mot est porteur d'une lourde charge émotionnelle. Être labellisé 'non-scientifique' suffit pour voir et soi-même, et son travail, discrédités et ignorés par le sérail universitaire. Et je pense que c'est une des raisons pour lesquelles les universitaires bannissent la recherche sur les NDE. Le raisonnement est le suivant : être scientifique est bien, ne pas être scientifique est mal. Science égale matérialisme. Croire en l'âme et l'esprit, et même parler d'âme et d'esprit, c'est parler de/ou croire en quelque chose qui n'est pas matérialiste. Donc c'est non-scientifique, ce qui est mal, et nous ne devons donc pas gaspiller notre temps avec ça. Je crois que la plupart de mes collègues pensent ainsi. L'équation science égale matérialisme est la prémisse erronée sur laquelle l'argument se greffe, une équation si profondément inscrite qu'elle est difficile à déraciner. Mais même le matérialiste le plus jusqu’au-boutiste devrait pouvoir accepter le raisonnement suivant : si les âmes sont réelles, c'est à dire si des objets non-matériels existent, alors il doit être possible de les étudier, de recueillir des informations sur eux, d'élaborer des généralités et des théories, et ainsi de suite ; ce qui revient à dire qu'il devrait être possible de les étudier scientifiquement. Donc, la science ne devrait être conçue qu'en tant que méthode d'investigation, et non en tant que théorie métaphysique qui définit ce qui est, et ce qui peut, ou ne peut pas, exister.
Je souhaite me tourner maintenant vers la philosophie. On pourrait penser, que de toutes les disciplines, la philosophie serait la plus intéressée par les recherches sur les NDE et les étudierait méticuleusement. Après tout, la philosophie n'était-elle pas censée traiter les questions du sens ultime, du but de la vie, de la relation du corps et de l'esprit, de Dieu, etc ? Les recherches sur les NDE ont accumulé des données qui traitent directement ces questions. Comment est-il possible que les philosophes aient en masse réussi à ignorer et même à railler ces recherches ? Pour les personnes extérieures aux cercles universitaires de philosophie, il peut être surprenant d'apprendre que la grande majorité des philosophes académiques sont athées et matérialistes. Tandis qu'ils utilisent incorrectement la science pour étayer leur matérialisme, ils ignorent systématiquement les découvertes de la science -et je considère que la recherche sur les NDE en fait partie- qui infirment leur matérialisme. Puisque leur matérialisme ne repose pas sur des bases empiriques, je l'appelle 'fondamatérialisme', pour rendre évident le parallèle avec le fondamentalisme en religion. Fondamentalisme signifie certitude en sa croyance profonde. De même que le chrétien fondamentaliste est absolument certain que le monde a été créé comme la bible le décrit – en dépit des fossiles – de même le fondamatérialiste est absolument certain qu'il n'existe rien qui ne soit fait de matière – en dépit des NDE et autres éléments de preuve. En fait, et c'est le point crucial, leurs croyances respectives ne s’embarrassent pas d'éléments de preuve. Comme le dit mon collègue fondamatérialiste : 'Il ne peut y avoir d'éléments de preuve pour quelque chose de faux.'
Une rapide digression : je crois qu'il y a des parallèles intéressants à faire entre les réactions des fondamatérialistes et les réactions des fondamentalistes aux données qui défient leur vision du monde respective. Les fondamentalistes sont aussi inventifs dans leurs explications pour rejeter les preuves des fossiles que le sont les fondamatérialistes - du moins ceux qui se donnent la peine de lire les recherches sur le paranormal – pour rejeter la recherche sur les NDE. Une explication particulièrement ingénieuse des fondamentalistes est que Dieu, quand il créa la terre il y a 5000 ans, l'a créée avec les fossiles et les os de dinosaures en place, pour faire croire que le monde est plus vieux qu'il ne l'est vraiment et ainsi tester notre foi. Le créationniste défie alors le scientifique évolutionniste en le sommant de 'prouver' que Dieu n'a pas créé le monde de cette façon. Pas besoin d'être un as de la logique pour voir que l'hypothèse créationniste est par principe infalsifiable, donc non-scientifique. Donc, le scientifique évolutionniste n'a pas à démontrer – car ça ne peut, par principe, être démontré – que Dieu n'a pas créé le monde avec les fossiles en place. L'argumentation des fondamatérialistes qui examinent les éléments de preuve produits par les recherches paranormales est tout aussi retorse, faisant appel à des prémisses infalsifiables, confondant éléments de preuve et la preuve, et ainsi de suite. Reportez-vous au livre de Almeder, cité plus haut, pour un examen détaillé des arguties des fondamatérialistes pour sauver leur matérialisme.
Et, plus surprenant encore, même les philosophes qui ne sont pas matérialistes refusent d'examiner les données. On pourrait penser qu'un dualiste cartésien, ou un platoniste, se jetterait avec entrain sur l'abondance de données qui confirme son point de vue. A la fin des années 1970, quand les recherches sur les NDE commençaient juste à être publiées, je faisais partie d'un groupe d'enseignement avec un chapelain. Plein d'enthousiasme, je partageais avec lui ce que j'avais appris sur les NDE, pensant qu'il accueillerait des données empiriques qui, à tout le moins, validaient avec éléments de preuve à l'appui, ce en quoi il croyait – l'âme, l'après-vie, la responsabilité de nos actes, la Puissance Supérieure, etc... A ma stupéfaction, il discrédita les éléments de preuve de la même façon que mon collègue fondamatérialiste. Quand je lui demandais pourquoi il déployait une telle résistance aux faits, il me répondit que sa croyance en Dieu et en l'après-vie reposait sur la foi, et que si ces choses étaient empiriquement décidables, il n'y aurait plus de place pour la foi, qui était pour lui le fondement de ses convictions religieuses.
Je sus alors que les NDE étaient entre le marteau et l'enclume de la philosophie et de la théologie, les deux disciplines qui auraient dû montrer le plus de considération et d'intérêt à ce sujet. D'un côté, les philosophes fondamatérialistes croient en la vérité du matérialisme a priori ; les éléments de preuve empiriques n'ont aucune valeur pour eux, et ils s’acharnent à ignorer et/ou discréditer tout ce qui ressemble à un élément de preuve. D'un autre côté, les théologiens et autres intellectuels qui croient en l'après-vie font reposer leur croyance sur la foi, qui serait, selon eux, sérieusement ébranlée si des éléments de preuve empiriques justifiaient leur croyance. De plus, si les théologiens et les religionistes ouvrent la porte aux éléments de preuve empiriques, ils acceptent aussi que ces éléments de preuve puissent contredire certains aspects de ce qu'ils croient uniquement sur la base de leur foi. En vérité, cela s'est déjà produit. Les faits rapportés lors de NDE suggèrent que Dieu n'est pas vengeur, ne nous juge pas, ni ne nous condamne, et il n'est pas en colère contre nous du fait de nos 'péchés' ; il n'y a pas de jugement, mais tous les témoignages confirment que nous sommes jugés par nous-mêmes, et non par un Être de Lumière. Il semble que Dieu ne peut dispenser qu'un amour inconditionnel. Parce que le concept d'un Dieu tout d'amour et ne jugeant pas, contredit et ébranle les enseignements de certaines chapelles, il n'est pas étonnant que les religions fondamentalistes soient en guerre contre les NDE.
Encore un petite histoire : il y a quelques années de cela, un érudit universitaire, spécialiste de Platon vint d'Angleterre pour participer à un colloque à mon université. Je me retrouvais assis à ses côtés au dîner et il s'enquit poliment de mes sujets d'intérêt en philosophie. Je lui dis que je m'intéressais à l'examen des nombreux éléments de preuve suggérant une après-vie. Il présupposa erronément que mon but était de discréditer le paranormal, et commença à me relater une conférence à laquelle il avait assisté en Angleterre. L'intervenant, me dit-il, (avec un petit rictus de mépris que seul les Anglais ont su perfectionner) était un certain neuro-psychiatre qui parlait des NDE, et (mettez dans la voix une intonation moqueuse) les tenait en fait pour réelles. J'ai beau être habitué aux limitations de mes collègues métaphysiquement défiés, son attitude me surprit.
Tout d'abord, voilà un universitaire spécialiste de Platon, qui, comme le chapelain, rejette d'emblée la possibilité même qu'il puisse y avoir des éléments de preuves validant les idées de Platon - les idées du philosophe dont il est un spécialiste. Vu que la première NDE jamais mentionnée se trouve à la fin du Livre 10 de la République de Platon (4°siècle av. J-C), j'aurais pensé qu'un spécialiste de Platon se serait, pour le moins, montré modérément curieux. Mais plus déroutant encore à mon avis, est son raisonnement implicite. Quand j'entends qu'un scientifique de très haut niveau a examiné les phénomènes ésotériques et a conclu, au vu de ses recherches, qu'il y a quelque chose à étudier - tel James pour la médiumnité, ou Stevenson pour la réincarnation, ou John Mack pour les OVNIs ou Brian Weiss pour les régressions dans les vies passées - ma curiosité est éveillée et je veux investiguer. Mon raisonnement est que si des scientifiques respectables, compétents ont conclu qu'il existe quelque chose, alors peut-être en est-il ainsi, et je me mets à lire ce qu'ils ont à dire. Mais mon collègue, le spécialiste de Platon, raisonne différemment : si un neuro-psychiatre respectable et de haut niveau conclut qu'il peut y avoir une vie après la mort, cela ne montre pas qu'il puisse y avoir une raison empirique de croire en l'après-vie, mais cela montre que même une formation rigoureuse et de haut niveau en neuro-psychiatrie ne protège pas un individu contre la croyance absurde en une après-vie. Ceci est le raisonnement d'un esprit fermé. Sur la question de l'après-vie, son opinion était faite ; comme la plupart des philosophes universitaires, il croit a priori qu'il n'y a pas d'après-vie, et comme il ne peut y avoir d'éléments de preuve pour quelque chose qui n'existe pas, quiconque croyant différemment trahit un esprit victime de la superstition, du vœu pieux, d'une pensée pâteuse, de l'irrationalité et ainsi de suite.
Au fil des ans, j'ai été amené à conclure que l'athée et le croyant, allant du fondamatérialiste au fondamentaliste, ont beaucoup en commun. En fait, d'un point de vue épistémologique, ce qu'ils partagent est beaucoup plus important que ce qui les sépare. Ce sur quoi ils s'entendent est ceci : les croyances en l'existence possible d'une réalité transcendante – Dieu, l'âme, l'après-vie, etc...- ont pour base la foi, non les faits. Cette méta-croyance – les croyances en une réalité transcendante ne peuvent pas être basées sur des faits empiriques – est si profondément gravée dans notre culture qu'elle fonctionne comme un tabou. Le tabou est très démocratique en ce qu'il permet à chacun de croire ce qu'il veut dans ce domaine. Il permet aux fondamatérialistes de se sentir à l'aise dans leur conviction que la raison est de leur côté, qu'il n'y a pas d'après-vie, et que ceux qui pensent autrement sont victimes des forces de l'irrationnel et du vœu pieux. Mais il permet aussi aux fondamentalistes de se sentir à l'aise dans leur conviction que Dieu est de leur côté, et que ceux qui pensent autrement sont victimes des forces du Mal. Ainsi, bien que les fondamentalistes et les fondamatérialistes se trouvent aux extrémités opposées du spectre des positions possibles vis à vis l'après-vie, leurs positions extrêmes les réunissent pour livrer bataille contre la possibilité qu'il existe des faits sur l'après-vie, et qu'une recherche empirique peut les découvrir. La seule suggestion qu'une recherche empirique puisse concerner les croyances portant sur la réalité transcendante – que de telles croyances soient sujettes à des contraintes empiriques – va fortement à l'encontre de ce tabou, et elle est donc ressentie comme une menace pour beaucoup d'éléments de notre culture.
Ainsi, il y a, tout au moins, un déficit de curiosité parmi le sérail universitaire pour le large corpus de données suggérant une après-vie. Et, si j'ai raison, et si, pour paraphraser Almeder, il est irrationnel de ne pas croire en une réalité transcendante au vu des éléments de preuve, alors l'Université est imprégnée d'une très profonde et très partagée irrationalité récalcitrante qui la rend aveugle aux découvertes de la science. Le terme 'irrationnel' a de nombreux sens, et il y a place pour les différences d'opinion concernant ce qui constitue une façon de penser irrationnelle et illogique. Mais tout le monde s'accorde sur le fait que le discours rationnel est structuré par des règles de logique. Ceux qui, pour défendre leurs croyances chéries, transgressent ces lois peuvent être décrits comme se comportant irrationnellement. Les fondamatérialistes, comme les fondamentalistes, sont si arrogants et convaincus de la vérité de leurs croyances, qu'ils sont souvent aveugles aux élémentaires erreurs de logique qu'ils commettent en défense de leurs croyances. James, pour autant que je sache, a été le premier chercheur du paranormal à mentionner ce point. James, en 1898, fut si contrarié par un éditorial de la revue 'Science' qui discréditait la médiumnité qu'il répliqua de façon lapidaire en exposant les erreurs de logique. La réponse mérite d'être citée in extenso :
''Une audition de ces phénomènes (médiumnité) est si difficile à obtenir de la part de lecteurs scientifiques, que celui qui les croit dignes d'une étude sérieuse est condamné au mépris affiché par les hautes sphères, encourageant d'autant plus la négligence de ces phénomènes.
Je dis 'audition' ; je ne dis pas 'audition équitable'. Et encore moins, parlerais-je de traitement équitable dans le sens large du terme. L'intellect scientifique est...douloureusement entraîné à la neutralité et à la logique pour discourir de phénomènes orthodoxes. Mais pour les simples affaires de superstition, telles les transes médiumniques, cet intellect est si sûr de son impunité et de l'indulgence accordée à tout ce qu'il dira, tant que ce sera suffisamment méprisant, qu'il utilise avec délectation toutes les armes de l'arsenal logique d'un barbare sans formation, y compris tous les nombreux sophismes listés dans les livres de logique.
Vos propres commentaires sont un cas d'école. Si l'on veut réfuter un homme qui affirme que A est B, la règle de base en logique est que l'on ne peut pas démontrer que quelque autre A n'est pas B – on doit démontrer que ce même premier A n'est pas B, ou alors qu'aucun A ne peut être un B.
M. Hodgson affirme que les transes de Mme Piper montrent une connaissance super-naturelle. Vous prélevez alors dans ce compte-rendu cinq exemples qui ne montrent rien de tel. Et vous remarquez avec esprit : 'Nous vous avons joué du pipeau mais vous n'avez pas dansé' (“We have piped unto you but ye have not danced,” NDT : jeu de mots sur le nom de la médium 'Piper' 'joueur de flûte' et 'piped'. Je choisis de traduire par 'joué du pipeau' pour signifier le caractère méchant du trait d'humour), et vous signez de votre nom avec un air de finalité, comme si rien de plus en manière de réfutation n'était nécessaire et comme si ce que vous appelez plus haut dans l'article 'le caractère trivial des éléments de preuve...' était maintenant suffisamment exposé.
Si, mon cher Monsieur, vous deviez enseigner la Logique à des étudiants, devriez-vous, ou ne devriez-vous pas, considérer cela comme un bon exemple de mode de raisonnement nommé 'conclusion hors sujet', ou 'ignoratio elenchi' au chapitre des sophismes ? Je le tiens moi-même en une parfaite illustration.
Et quel nom attribueriez-vous à cette omission : vous prétendez qu'un des cinq participants aurait dit que lui-même n'aurait obtenu de la médium 'que quelques compliments ridicules', mais vous omettez de citer la plus grande partie du compte-rendu qui relate la connaissance inexplicable que la médium a de la situation familiale de sa femme... ? Je ne suis pas certain que les livres de logique aient un nom technique pour cette omission, mais en langage juridique elle s'appelle 'suppressio veri', et quelquefois un mot moins poli...
Je suis certain que vous avez commis ces faussetés avec la meilleure des consciences scientifiques. Ce sont des erreurs dans lesquelles vous ne seriez pas tombé dans d'autres domaines que celui-ci. Les règles ordinaires de morale ne s'appliquent pas quand on s'adresse aux fous. Les médiums sont des hors-la-loi scientifiques, et leurs défenseurs sont des quasi-déments. Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage. Donc, en toute innocence, vous vous êtes permis toutes ces libertés. (James, 1986/1869–1909, p.184)''
Les critiques de James sont valables aujourd'hui comme elles l'étaient il y a cent ans. En fait, les deux types d'erreurs de logique que James identifie sont sans doute encore les plus utilisés aujourd'hui par les fondamatérialistes. Et pourtant, James indique clairement que ce n'est qu'en rapport avec la validation empirique de l'après-vie que 'l'intellect scientifique... entraîné à la neutralité et à la logique pour discourir de phénomènes orthodoxes' abandonne neutralité et logique, et au contraire 'utilise avec délectation toutes les armes de l'arsenal logique d'un barbare sans formation, y compris tous les nombreux sophismes listés dans les livres de logique'.
Pourquoi ? Pourquoi des personnes par ailleurs rationnelles, commettent joyeusement toutes sortes d'erreurs de logique quand elles contestent les éléments de preuve en faveur du dualisme – erreurs qu'elles n'admettraient ni chez leurs étudiants ni chez leurs collègues. Je peux penser à trois facteurs interreliés, qui convergent pour générer l'irrationalité collective de l'Université sur cette question : (a) la résistance au changement de paradigme, (b) l'arrogance intellectuelle, (c) le tabou social.
Le premier de ces facteurs est la résistance au changement de paradigme. Depuis la publication de Thomas Kuhn, 'The Structure of Scientific Revolutions' (1962), le concept de paradigme contribue grandement à la compréhension des révolutions scientifiques quand se produisent des changements en profondeur concernant des présupposés bien enracinés sur ce que les choses sont ou devraient être. Tous les universitaires acceptent le contexte d'une discipline spécifique qui forme ses praticiens à penser en terme du paradigme opérant. Quand le paradigme opérant a été intégré par le mental de l'individu, les autres paradigmes paraissent faux ou absurdes. Par exemple, je me souviens d'une après-midi très agréable, avec d'autres collègues étudiants, passée à railler la phénoménologie qui est une méthode d'approche philosophique différente du paradigme analytique dominant aux USA. Aucun de nous n'avions lu quoi que ce soit sur la phénoménologie, ou même comprenions de quoi il retournait, mais pour nous, c'était un charabia incompréhensible, une absurde philosophie française. De tels exemples, historiques et personnels, peuvent être multipliés à l'envi. En fait, les réunions professionnelles, aussi bien dans les sciences que dans les humanités, bien souvent dégénèrent en séances de lancés d'anathèmes. Il semblerait que quelque chose de très profond chez les humains nous pousse à rejeter, et même à ridiculiser, les modes de penser différents du nôtre. Il y a une résistance naturelle aux façons de penser qui diffèrent de ce que nous avons assimiler pendant notre formation éducative.
Les philosophes universitaires acceptent/se moulent dans un paradigme essentiellement athée, matérialiste, et réductionniste. Il n'y a pas de Dieu ; seuls les objets matériels et les processus existent ; l'expérience et le comportement humains sont expliqués mécaniquement en terme d'état du cerveau. Les livres contenant dans leur titre les mots 'mental' ou 'conscience', par exemple, tendent à avoir comme intention principale de réduire l'expérience mentale et consciente à une neurophysiologie. Pour celui qui a assimilé ce paradigme, cette approche est juste, raisonnable, objective, et intelligente. Le paradigme lui-même est rarement questionné ; c'est le milieu naturel du philosophe universitaire, et c'est pourquoi il est si difficile à celui qui est immergé dans ce paradigme de le voir en tant que paradigme, plutôt qu'en tant que façon dont les choses 'doivent être'. Quelqu'un qui opère avec un autre paradigme semble déconnecté de la réalité, irrationnel, etc...Donc le paradigme intériorisé par l'universitaire est l'une des forces qui le pousse à ignorer, rejeter, ridiculiser les éléments de preuve en faveur de l'après-vie. La puissance d'un paradigme bien ancré a de tout temps contraint les scientifiques et les humanistes à opposer une résistance active aux théories, aux hypothèses et aux paradigmes différents des leurs, ainsi qu'aux informations qui vont vaguement à contre-courant de leur paradigme. En fait, je pense que le concept de paradigme explique en partie pourquoi les philosophes sont, en majorité, beaucoup plus résistants au concept de l'après-vie que les scientifiques. Ce sont les scientifiques, et non les philosophes, qui sont activement impliqués dans cette recherche. C'est parce que l'athéisme tient un rôle plus central dans le paradigme des philosophes contemporains que dans celui des scientifiques.
Le deuxième facteur est l'arrogance intellectuelle. Ajouté à la résistance normale avec laquelle tout paradigme se défend du changement, le paradigme athéiste de l'université en général, et de la philosophie en particulier, est tout spécialement menacé par les découvertes de la recherche sur le paranormal. C'est parce que les intellectuels aiment à se considérer comme les plus hautes manifestations d'intelligence sur la planète, sinon dans l'univers. Épousant un modèle évolutionniste qui corrèle conscience et développement du cerveau, les intellectuels tiennent le cerveau humain pour l'apogée des forces de l'évolution, et le cerveau humain éduqué en est le nec plus ultra. Les intellectuels aiment croire qu'ils surfent sur la crête de la vague de l'évolution. Cet arrogant confort intellectuel est terriblement menacé par la recherche paranormale, particulièrement celle sur les NDE, car les résultats suggèrent fortement (je suis tenté de dire 'démontrent clairement' au lieu de 'suggèrent fortement') que l'intellect humain n'est pas du tout la plus haute forme d'intelligence. L'Être de Lumière est souvent décrit comme intelligence et amour illimités ; de plus, entre les humains et Dieu existent de multiples formes d'intelligences désincarnées grandement supérieures à la nôtre. De plus, les personnes qui ont eu une NDE disent qu'elles se sentent plus en vie et plus intelligentes en dehors du corps que dedans. Les recherches sur les NDE tendent à confirmer les idées de Platon que le corps agit en tampon à l'intelligence innée de l'âme, l'alourdissant pour ainsi dire de telle façon que l'âme ne peut manifester sa pleine intelligence tant qu'elle est incarnée dans une forme matérielle.
Tout ceci nous déstabilise, nous les universitaires. Quand nous étions plus jeunes, nous étions mauvais en sport, nous nous sommes faits traités de 'ringard' et 'd'intello' par les autres enfants. Mais nous étions intelligents, et le sens de notre valeur était lié à notre intelligence. Les professeurs nous complimentaient pour nos résultats, et nous avons travaillé dur pour obtenir les plus hautes récompenses académiques. Il est donc normal que nous désirions des théories qui soutiennent et justifient ces qualités qui sont chez nous les meilleures. Il est donc très réconfortant, bien qu'ouvertement égoïste, d'épouser un paradigme selon lequel nous autres intellectuels sommes les êtres les plus évolués de l'univers, ou au moins, de la planète. Donc, nous demander de prendre au sérieux les recherches actuelles sur les NDE, c'est nous demander de considérer non seulement la possibilité que le paradigme athéiste, dans lequel nous avons été élevé et éduqué, puisse être inadéquate mais aussi que l'intelligence humaine dont nous, universitaires, sommes la manifestation suprême, ne soit pas la plus haute forme d'intelligence de la Création (et puisse même être parmi les plus basses). Pas étonnant qu'il y ait tant de résistance !
Le troisième facteur est le tabou social et culturel. C'est la source de résistance la plus forte et la plus sérieuse, car elle comprend non seulement le système universitaire mais toute notre culture, en vérité, tout notre mode de vie. En dépit des témoignages du contraire, nous vivons dans une culture complètement athée et irreligieuse. Certes, beaucoup professent une croyance en quelque Puissance Supérieure, et beaucoup assistent régulièrement à la messe, mais la religion, j'entends les valeurs religieuses, n'influencent en rien les forces économiques et politiques qui structurent et contrôlent notre culture. Je m'explique : la valeur religieuse première, commune à presque toutes les religions du monde, est l'amour. Les religions du monde reconnaissent que l'Amour Divin est la force qui crée et soutient notre monde, et que le but premier de notre incarnation est de développer notre capacité à comprendre et à exprimer cet amour. Les religions du monde, en général, prêchent que nous devons faire preuve de compassion et savoir pardonner, être respectueux des autres et ne pas accorder de valeur aux possessions matérielles. La 'belle vie' selon la plupart des religions ne consiste pas en la poursuite de la richesse, de la célébrité, ou du pouvoir, mais en la poursuite de la relation juste au Divin.
Malgré cela, les valeurs de notre culture sont diamétralement opposées aux valeurs de la religion. Le succès est, dans notre culture, mesuré en terme de richesse, célébrité et pouvoir ; et les conditions requises à l'obtention de ce succès sont l'avidité et l'ambition. Les valeurs religieuses ont été, en toute sécurité, cantonnées à une heure par semaine, le dimanche matin ; elles sont donc totalement impuissantes à mitiger les forces de l'avidité et de l'ambition qui dictent notre modèle économique. Les valeurs religieuses fondamentales d'amour et de compassion ne jouent aucun rôle dans la vie économique et politique de notre culture. Les politiciens et les conglomérats ne recherchent richesse et réputation que pour eux-mêmes ; ils n'encouragent pas la coopération, ils ne cherchent pas à partager leur fortune, et encore plus important, ils, à l'instar de nous tous, mesurent leur propre valeur à l'aune de leur fortune, position sociale et réputation. Personne ne s'enrichit en étant généreux avec ses adversaires ; personne ne gagne un poste en politique en étant bon avec les opposants. Les valeurs religieuses sont mentionnées pour la forme, mais elles sont inopérantes dans notre culture. En fait, elles sont fondamentalement incompatibles avec les valeurs qui dominent notre culture. Et par 'culture', j'entends non seulement la culture politique et économique ou financière, mais aussi la culture populaire. Prenez, par exemple, la valeur du pardon, commune à presque toutes les religions. Dans quel pourcentage de nos films, les protagonistes sont-ils des héros parce qu'ils auraient avec succès recouru à cette valeur et pardonner leurs ennemis ? Comparez-le au pourcentage de films où les protagonistes sont des héros car ils ont avec succès utilisé la valeur opposée, la vengeance, et anéanti l'ennemi.
Le lecteur voit sans doute où je veux en venir. La recherche sur les NDE a livré les conclusions suivantes sans aucune ambiguïté : les personnes ayant fait une NDE confirment les valeurs essentielles des religions du monde. Le sens et le but de la vie sont la connaissance du divin et l'amour. Les études sur les effets transformateurs d'une NDE montrent que les valeurs culturelles de richesse, position sociale et possessions matérielles prennent beaucoup moins d'importance, et que les valeurs religieuses pérennes d'amour, de souci de l'autre, et de connaissance du divin deviennent beaucoup plus importantes. Les études montrent que les personnes ayant fait une NDE ne professent pas juste verbalement les valeurs d'amour et de connaissance, mais agissent en fonction de ces valeurs, sinon totalement, du moins beaucoup plus qu'auparavant. Tant que les valeurs religieuses seront présentées comme seulement de simples valeurs religieuses, il sera facile à la culture populaire de les ignorer ou de les mimer quelques instants le dimanche matin. Mais si ces mêmes valeurs religieuses sont présentées comme des faits scientifiques empiriquement validés, ça change tout. Si la croyance en l'après-vie était acceptée, non sur les bases de la foi, non sur les bases de la spéculation théologique, mais en tant qu'hypothèse scientifique validée, alors elle ne pourrait plus être ignorée par notre culture. En fait, cela signerait la fin de notre culture dans sa forme actuelle. Imaginez le scénario suivant : encore plus de recherches sur les NDE confirment avec force détails ce qui est déjà établi, encore plus de témoignages de perceptions véridiques et validées pendant les sorties 'hors du corps' sont recueillies et documentées, l'avancée des techniques médicales permet de plus en plus de cas de ce genre, les études longitudinales sur les personnes ayant fait une NDE confirment les changements de comportement déjà constatés, en alignement avec les valeurs spirituelles nouvellement acquises (ou récemment renforcées), et ainsi de suite. Les études sont répliquées dans différentes cultures, avec les mêmes résultats. Finalement, le poids des éléments de preuve commence à compter et les scientifiques se préparent à annoncer au monde, sinon comme un fait, mais du moins comme une hypothèse scientifique largement validée que :
l'après-vie existe
notre identité réelle n'est pas notre corps, mais notre mental et notre conscience
bien que les détails de l'après-vie ne soient pas connus, nous sommes raisonnablement certains que tout le monde fait l'expérience d'une 'life review' (bilan de vie), qui permet à chaque individu de revivre non seulement chaque événement et chaque émotion de sa vie, mais aussi, de ressentir les effets, positifs ou négatifs, de son comportement sur les autres. Les mécanismes de défense habituels derrière lesquels nous cachons à nous-même nos attitudes cruelles ou dénuées de compassion ne semblent pas opérés durant la 'life review'.
le but et la raison de la vie sont amour et connaissance – apprendre tout ce qui est possible sur ce monde et le monde transcendant, et développer notre capacité à ressentir de la bonté et de la compassion pour les êtres.
en conséquence, la 'life review' fait apparaître qu'il est très désavantageux pour soi-même de faire du mal à un tiers, physiquement et psychologiquement, car nous vivrons lors de la 'life review' la souffrance que nous infligeons à l'autre.
Ce scénario n'est pas irréaliste. Je crois qu'il y a déjà suffisamment d'éléments de preuve pour présenter les propositions ci-dessus comme 'probables', ou comme 'plutôt oui que non', au vu des éléments de preuve. Plus d'études ne fera qu'augmenter la probabilité. Quand cela arrivera, les retombées seront révolutionnaires. Quand ces découvertes seront annoncées par les scientifiques, il sera alors impossible à notre culture de continuer à agir comme si de rien n'était ( business as usual), économiquement et politiquement, ou dans le cadre de l'université. Nos universités sont les institutions de notre culture et, en tant que telles, elles manifestent et perpétuent les valeurs de notre culture. Il serait intéressant de spéculer sur ce à quoi pourrait ressembler une économie ou une université qui essaierait de s'aligner sur les cinq hypothèses empiriques ci-dessus listées, mais ceci est un projet qui dépasse cet article. Il suffit de noter qu'accepter les découvertes des chercheurs en NDE marquerait le début de la fin d'une culture dont le moteur est l'avidité et l'ambition, et qui mesure le succès en terme de possessions matérielles, richesse, célébrité, et statut social. La culture actuelle a donc un énorme intérêt à miner la recherche en NDE, ce qu'elle fait en l'ignorant, en la dénigrant, et en la marginalisant. De façon plus subtile, notre culture a créé une atmosphère de 'tabou', faute d'un meilleur mot, autour de toute discussion sérieuse sur la spiritualité. C'est pourquoi nous nous sentons maladroits et empruntés pour en parler avec des collègues. Nous pouvons, dans le cadre universitaire, discuter de la spiritualité en tant que croyance entretenue par d'autres mais pas en tant que sujet pour lequel il pourrait y avoir des éléments de preuve empiriques, et qui pourrait donc être empiriquement vrai.
Je me souviens d'avoir assisté, il y a quelques années de ça, à une conférence sur Baruch Spinoza. Un participant dans l'assistance voulait demander à l'intervenant s'il pensait que Spinoza était un mystique. Mais il ne s’autorisait à prononcer le mot 'mystique'. Il bégayait et trébuchait sur le mot si bien que quelqu'un d'autre à poser la question à sa place. Le tabou sur la spiritualité est si fort dans le cercle universitaire que nous sommes maladroits et empruntés rien que pour dire le mot 'mystique'. Et c'est la raison pour laquelle je dis que quelque chose de l'ordre du tabou opère ici, quelque chose que nous avons tous intériorisée, qui génère des sentiments de gêne et d'anxiété dès que la spiritualité est discutée comme pouvant être vraie, et non juste intellectuelle, comme le sont la sociologie, l'histoire, la psychologie ou la littérature.
Pour éviter ces sentiments de gêne et d'anxiété générés par le tabou, les universitaires essayent de se protéger en mettant en place des stratégies d'évitement de l'anxiété que nous utilisons tous. La première stratégie est le déni. En ne faisant pas attention à la recherche, en l'ignorant et en la rejetant a-priori, l'universitaire s'économise le sentiment désagréable généré par la transgression d'un tabou. La deuxième stratégie est de démystifier (debunk), de discréditer, de marginaliser la recherche, et même quelquefois d'ostraciser les chercheurs.
Je crois avoir identifier plusieurs des facteurs majeurs intervenant dans le refus collectif de l'Université à prendre au sérieux les résultats des recherches sur le paranormal. Ces disciplines qui se trouveraient le plus affectées par ces recherches, telles la psychologie et la philosophie, sont les plus récalcitrantes aux données, car ces données remettent en question leurs plus fondamentaux présupposés sur ce qu'est une personne et sur le sens et le but de la vie. Il y a donc beaucoup à craindre de cette recherche pour les universitaires en général et les psychologues et les philosophes en particulier. J'encouragerais ces chercheurs qui ont acquis, du fait de leurs études empiriques, la conviction que le matérialisme est faux et que le mental peut exister et existe indépendant du corps, je les encouragerais à affirmer hardiment que leur découverte est scientifique et ne représente pas seulement leur conviction personnelle : la science a démontré que le matérialisme est faux et que la meilleure hypothèse au vu des données est l'hypothèse que le mental existe indépendamment du corps. Ne jouons pas le jeu du fondamatérialiste - qui confond le concept d'éléments de preuve avec le concept de 'la preuve' - en entourant nos découvertes de désaveu (disclaimer).
Les 'fondamatérialistes' et les 'démystifieurs' (debunkers) voudraient nous faire croire que nous avons la charge de la preuve, que nous devons d'abord infirmer toutes les hypothèses alternatives qu'ils peuvent inventer. Accepter leurs exigences déraisonnables place les chercheurs dans la même position épistémologique que Charles Darwin s'il avait accepté la revendication des créationnistes : la théorie de l'évolution ne pourrait être établie tant qu'il n’aurait pas prouvé d’abord que Dieu n'a pas créé la terre il y 5000 ans, complète avec fossiles et os de dinosaures, dans le but, par la suite, de tester notre foi. Nous devons accepter la conclusion d'Almeder, qui s'appuyant sur l'examen détaillé de l'étude de Stevenson portant sur des enfants qui se souviennent de leur vie passée, conclut 'd'un point de vue philosophique (épistémologique), la croyance en la réincarnation (et donc en l'esprit ou l'âme existant indépendamment du corps) est certainement aussi bien établie, sinon mieux, que la croyance en l'existence des dinosaures'. (Almeder, 1992, p. 2).
Pour finir, j'aimerais relater une histoire que j'ai entendue à propos de C. D. Broad. Broad était un célèbre philosophe britannique du milieu du 20°siècle. Il fut président de la 'British Society for Psychic Research', et fut le dernier philosophe de renommée internationale à penser que les recherches psychiques étaient valables. Vers la fin de sa vie, on lui demanda ce qu'il penserait s'il se découvrait toujours présent après que son corps fût mort. Il répondit qu'il se sentirait plus déçu que surpris. Pas surpris, car les investigations l'avaient mené à déduire que l'après-vie était plus probable que le contraire. Mais pourquoi déçu ? Sa réponse fut désarmante d'honnêteté. Il dit qu'il avait eu une belle vie : il était matériellement aisé, et il jouissait de l'admiration et du respect de ses étudiants et de ses collègues. Il n'avait aucune garantie que son statut, sa réputation, et son aisance le suivraient dans l'après-vie. Les règles servant à mesurer le succès peuvent être dans l'après-vie bien différentes de celles de cette vie-ci. Et en vérité, les recherches sur les NDE suggèrent que les craintes de Broad étaient justifiées, que le 'succès', par les standards de l'après-vie, ne se mesure pas en terme de publications, de bourses de recherche, ou de renommée, mais plutôt en terme d'actes de bienveillance et de compassion envers autrui. Peut-être, ceux dont le sens de leur propre valeur ne repose que sur leur position dans l'Université ont, comme Broad l'a si éloquemment exprimé, quelque chose à craindre des découvertes des recherches sur les NDE.
Références
Almeder, R (1992). Death and personal survival. Lanham, MD: Rowman and Littlefield.
Cook, E W, Greyson, B, and Stevenson, I (1998). Do any near-death experiences provide evidence of survival of human personality after death? Relevant features and illustrative case reports. Journal of Scientific Exploration 12, 377–406.
Fenwick, P, and Fenwick, E (1997). The truth in the light: An investigation of over 300 near-death experi-ences. New York, NY: Berkley Books.
Grosso, M (1990). Fear of life after death. In G Doore (Ed.), What survives? Contemporary explorations of life after death (pp. 241–254). Los Angeles, CA: Tarcher.
James, W (1986). The works of William James: Essays in psychical research. Cambridge, MA: Harvard University Press. Original works published 1869–1909.
Kuhn, T (1962). The structure of scientific revolutions. Chicago, IL: University of Chicago Press.
Plato (1953). The republic (Book 10). Cambridge, MA: Harvard University Press. Original work writ-ten in 4th century B.C.
Sabom, M (1998). Light and death: One doctor’s fascinating account of near-death experiences. Grand