Interview de Julia Assante

Interview # 208, par Alex Tsakiris à Skeptico.

Traduction F. C-M

Aujourd'hui, nous accueillons le Dr. Julia Assante à Skeptiko pour parler de son nouveau livre "The Last Frontier: Exploring the Afterlife and Transforming Our Fear of Death". Le docteur Assante est une universitaire émérite, spécialiste de l'ancien Proche-Orient, et là où les choses deviennent vraiment intéressantes, elle est médium psychique depuis toujours - tout en poursuivant son doctorat à Columbia University elle parlait aux morts. Alors, docteur Assante, bienvenue et merci beaucoup de nous rejoindre aujourd'hui à Skeptiko.

Dr Julia Assante : Oh, merci de m'avoir inviteé. C'est un grand plaisir.

Alex Tsakiris : Votre livre a reçu plein d'éloges de la part des Dr Dean Radin et Larry Dossey - qui a également écrit l'introduction - et de la part d'autres sommités. Tout d'abord, félicitations pour ce beau livre.

Dr Julia Assante : Eh bien, je suis très honorée d'être reconnue par ces personnes, et même par Deepak Chopra qui est très discriminant. Il ne peut approuver que sept publications par an, je suis donc très privilégiée.

Alex Tsakiris : Fantastique. Passons au livre. Sur votre site web, vous écrivez : "Alors que des trillions sont consacrés à lutter contre le vieillissement et la mort, dix billions ont déjà été dépensés pour fabriquer des bombes atomiques afin d'infliger la mort à autrui. Cela nous paraît juste - et voici ce que j'aime - car nous considérons la mort comme le plus grand échec de la vie. Et nous considérons la vie, quelle que soit son niveau de dégradation, comme supérieure à la mort". Élaborez un peu sur ce sujet.

Dr Julia Assante : Vous savez, nous vivons dans une société en proie à la peur de la mort. En partie, c'est la faute de l'industrie de l'information et du divertissement, certainement de l'industrie pharmaceutique, et même des gouvernements. Et de bien d'autres. Toutes les institutions. Et même la façon dont nous enseignons ce qu'est l'humanité propage la peur de la mort. Nous entretenons l'idée que c'est la chose à éviter à tout prix dans la vie, plutôt que d'y penser comme faisant partie du cycle naturel, quelque chose que nous pourrions embrasser, comme le font d'autres créatures sur cette planète, quelque chose qui favorise la croissance de la psyché. Nous luttons contre cette croissance; nous la combattons jusqu'au bout. Toutes les expressions comme "Il a lutté contre le cancer" et "Une longue bataille contre le cancer", toutes ces expressions évoquent un ennemi ou une pathologie.

Alex Tsakiris : Et vous faites du bon boulot dans le livre en replaçant cette schizophrénie culturelle dans un contexte plus vaste, à la fois dans le contexte d'autres cultures et dans le contexte de notre temps. Dites-nous un peu pourquoi ce sentiment de schizophrénie et pourquoi nous le ressentons maintenant.

Dr Julia Assante : Eh bien, je consacre beaucoup de temps à décrire cette schizophrénie, en ce sens que nous ne parlons pas de la mort à la maison. Nous ne parlons pas de la mort aux mourants. C'est sensé être trop stressant pour eux.

Alex Tsakiris : Et nous en avions l'habitude. Nous ne le faisons plus, n'est-ce pas?

Dr Julia Assante : Oui. Mais pourtant, nous sommes obsédés par la mort. J'insiste, l'industrie de l'information et du divertissement, et même les publicités ici en Amérique, nous rabâchent que nous allons développer toutes sortes de maladies. Le corps est une bombe à retardement ou ... alors le calendrier maya, le monde entier sera anéanti en 12/12. Nous en sommes friands et nous nous représentons toujours un monde dangereux, un univers insalubre dans lequel la mort nous rattrape toujours à la fin.

C'est aussi dû à une forte racine judéo-chrétienne, car la mort est destructrice de la création. C'est une punition. Cela ne fait pas partie d'un cycle naturel. Dans ce contexte, lorsque vous mourez, vous n'êtes pas réunis au Divin. Vous disparaissez, fin. C'était l'ancienne thèse officielle du judaïsme, qu'il n'y avait pas de vie après la mort. Puis l'Apocalyptisme est apparu et alors vous dormiez jusqu'à la résurrection dans le corps. Au final, vous obtenez le plus grand des triomphes : la conquête de la mort elle-même. Vous restez en vie dans votre corps sur Terre dans la Nouvelle Jerusalem. Donc, toutes ces idées expriment un déni profond et durable de la mort.

Alex Tsakiris : Mais ce n'est pas aussi tranché, n'est-ce pas? Comme vous l'indiquez dans le livre, tout sondage populaire vous montre qu'une large, très large majorité d'Américains croient en la vie après la mort, croient au Ciel, et de manière générale n'ont pas cette vue désastreuse. Cela soulève un point intéressant, parce que l'une des choses que j'entends venant des sceptiques, les types athées qui, quand vous les poussez dans leurs retranchements sur le problème de la survie, avec toutes les preuves pointant dans cette direction, disent: "Qu'est-ce que vous voulez vraiment? La plupart des gens croient déjà au ciel. C'est quoi le grand changement dont vous parlez avec cette idée de survie de la conscience, ou que cette vie n'est pas ce qu'on croit ?". Que répondez-vous à cela? La plupart des gens n'ont-ils pas déjà une idée, une croyance profonde, qu'il y a plus que juste cette vie?

Dr Julia Assante : Oui, c'est vrai. Je n'aime pas la dichotomie ciel/enfer, lorsque vous dites "ciel", vous pensez automatiquement "enfer". J'essaie d'éviter ce mot. Mais c'est absolument vrai. D'autre part, nous continuons à avoir peur de la mort et à la combattre. Autrement dit, le système de croyance des questionneurs qui permet de savoir que, d'une façon ou d'une autre, la conscience survit - c'est ce à quoi vous faites allusion - et la façon dont notre société est gérée, sont en conflit. Il n'y a pas de doute à ce sujet.

Nos industries, par exemple les industries de la santé et les industries de la beauté, de l'anti-vieillissement, s'attèlent toutes à arrêter ou retarder aussi longtemps que possible ce moment de la transition. Si nous autorisions notre intuition de la survie de la conscience à imprégner notre société, beaucoup de choses changeraient, mais nous ne le faisons pas. Nous cloisonnons. Nous maintenons cette intuition dans ce que j'appellerais "la zone de l'imagination". Nous pensons que nous y croyons, mais nous ne l'investissons pas. Nous n'essayons pas, par exemple, de communiquer avec ceux qui sont déjà dans cette réalité non-locale des dimensions non-physiques. Cela fait aussi partie de cette schizophrénie et je suis contente que vous ayez soulevé ce point.

Alex Tsakiris : Je dois le dire, puisque j'en parle, je suis quelque peu ambivalent. L'autre jour, j'écoutais Ray Kurzweil, qui a publié un nouveau livre 'How to Create a Mind' et j'ai été frappé de constater qu'il est absolument convaincant à un certain niveau. Il faut le reconnaître. Nous aimons ce matérialisme qui nous enveloppe. Nous aimons nos ordinateurs, nous aimons notre Internet, notre Google, notre Skype, sur lequel je parle aujourd'hui. Et notre YouTube.

De plus, et il le souligne, nous vivons plus longtemps, nous vivons mieux. Il y a moins de violence à l'échelle mondiale. Nous sommes juste au début de ce changement technologique. Donc, si nous finissons par fusionner avec la machine, comme le prévoit Kurzweil, avec ces morceaux de corps en culture et de meilleurs robots...on ne peut nier cette trajectoire technologique. Je sais donc que je survis, mais on me rappelle constamment qu'il y a aussi cet autre élément, très présent dans le matérialisme, des trucs que j'ai créés, un camp des technos qui me pousse dans l'autre sens. Sentez-vous cela?

Dr Julia Assante : J'ai beaucoup à dire sur ce sujet. Je pense que nous devrions vraiment apprécier d'être dans la vie physique. Je pense que notre technologie est en fait l'art suprême de notre époque. Et la technologie nous entraîne également à penser en dehors du cadre, à penser en termes d'interdimensionalité et à penser en termes de communication avec les consciences dans d'autres dimensions.

Prenez, par exemple, le téléphone qui était une invention étonnante lorsqu'il a été présenté à Philadelphie par Alexander Graham Bell. Il a utilisé le soliloque de Hamlet parlant au crâne pour présenter le téléphone au public. Les gens étaient nerveux et effrayés. Ils pensaient qu'il fabriquait des fantômes. Donc, ce genre de technologie à elle seule permet d'élargir nos paradigmes et d'y inclure des désincarnés, des invisibles, de franchir les distances, etc. Internet fait même plus avec l'idée du cyberespace et de l'espace effondré.

Fondamentalement, je pense que toute perception est au final électrique: toute perception, qu'elle soit perception psychique ou perception physique, repose au final sur des impulsions électriques qui la traduisent en quelque chose dans le cerveau. Je pense que notre utilisation de l'électronique et des systèmes numériques nous permet de devenir plus sensibles à des impulsions électriques de plus en plus subtiles, je pense donc que la technologie n'est pas en conflit avec le soi-disant spirituel mais en est une analogie et un terrain de formation.

Alex Tsakiris : Vous ne pouvez pas le savoir. C'est très controversé, n'est-ce pas? Nombre de mystiques et autres penseurs progressistes New Age, énoncent tout le contraire : les plus primitifs - je n'aime pas ce mot - mais les personnes moins culturellement endoctrinées sont plus sensibles à ces communications qui font partie intégrante de leur culture. Nous pouvons boire de l'Ayahuasca avec des indigènes du bassin de l'Amazonie, ils sont constamment en contact avec ce monde spirituel. Il est tissé dans leur société d'une manière que nous ne pouvons même pas comprendre. Alors, comment articulons-nous ces deux approches?

Dr Julia Assante : Il est logique pour nous de le faire par le biais de la technologie, non? C'est l'itinéraire que nous prenons en Occident contemporain. Nous sommes certainement une culture matérialiste, mais nous avons une science qui nous dit que si nous retirons tout l'espace dans les atomes de notre corps, nous serons réduit à un tas de matière la taille d'un point microscopique. Donc nous le savons. Il y a même des bruits qui courent maintenant dans la communauté scientifique comme quoi l'espace ainsi que le temps pourraient n'être que des tromperies de nos perceptions. Ils pourraient ne pas exister. Nous y arrivons, mais nous le faisons à notre propre façon maladroite et il faudra le sceau d'approbation scientifique, parce que c'est la culture dans laquelle nous vivons. Mais ça arrive! J'ai un taux de réussite de 100% avec les personnes qui veulent communiquer par elles-mêmes avec leurs disparus.

Cela ne se produisait pas il y a 20 ans. C'est incroyable de voir comment les gens se manifestent. Vous leur permettez de faire un travail psychique ou une communication post mortem ou autre et ils le font, tout simplement.

Alex Tsakiris : Ce que vous évoquez, Julia, à propos de la relation que nous avons avec le temps qui ne serait pas ce qu'il paraît être, est aussi très intéressant. Et bien sûr, comme vous venez de le rappeler, la science nous le dit depuis 100 ans. C'est ce qu'Einstein nous a dit et tout le monde aime Einstein. Mais tout le monde l'oublie parce que cela ne correspond pas à notre perception de la réalité. Je pense aussi qu'il est intéressant d'avoir des recherches modernes qui pointent dans cette même direction. Je tiens toujours à citer le Dr Daryl Bem, un ancien invité de cette émission, qui a mené une recherche très intéressante qui a déchaîné les médias : des étudiants révisaient pour un test de vocabulaire après avoir passer le test, et ses recherches montrent une amélioration de ce fait. Donc, cela renverse toute notre conception du temps. Peut-être y a-t-il là une certaine vérité. C'est ce que vous faites dans votre livre en parlant d'incarnations simultanées. Peut-être pourriez-vous relier ces concepts et tout d'abord nous expliquer ce que vous entendez par là et comment vous en êtes arrivée à percevoir cela comme une réalité.

Dr Julia Assante : Je l'ai compris parce que je suis une universitaire, j'étudie le matériel qui se présente, soit en publication, soit dans mon expérience professionnelle, et je tente de le comprendre de manière objective. Qu'est-ce que ce matériel me dit? Ce que vous constatez à maintes reprises, c'est que si vous travaillez avec les communications d'après-vie, les personnes après leur mort ont une vie. Aucune partie de leur personnalité ne meurt ni ne quitte l'au-delà pour revenir dans une autre incarnation. C'est une chose difficile pour les gens à accepter car nous positionnons l'incarnation dans un modèle d'évolution spirituelle comme phénomène temporel de cause et effet. Ce n'est pas vraiment comme ça.

Ce qui se passe, c'est que des personnes en vie et des personnes mortes coexistent. Donc, vos incarnations coexistent. Toutes vos incarnations coexistent avec vous maintenant. En fait, dans les états vivants et dans les états morts, si vous éliminez le temps, c'est ce que vous pouvez constater. En fait, vous pouvez avoir des incarnations qui sont incarnées maintenant, qui vous sont contemporaines, de la même manière que vous pouvez avoir plusieurs incarnations dans un même corps. La conscience est extrêmement élastique.

Alex Tsakiris : Comment en tant que médium en avez-vous fait l'expérience ? Est-ce arrivé en travaillant avec certaines personnes ?

Dr. Julia Assante : Oui. Mais pas seulement. Je connais une incarnation de moi- même, extraordinairement forte, qui existe actuellement. Elle est venue me voir pour des lectures de sa vie passée et je n'ai pas pu car chacune des vies passées que je découvrais était aussi la mienne. Nous avons également le même souvenir d'une incarnation future dont le nom est Bernard. Très précisément, nous l'avons rencontré à 20 ans d'intervalle. J'accepte totalement qu'elle est et que je suis...que nous sommes une incarnation l'une de l'autre. Que nous nous sommes réparties dans plus d'un corps. Ce n'est pas un problème.

J'ai également eu une communication post-mortem avec une personne qui se trouve à la fois dans un au-delà de l'ère victorienne et dans un au-delà de l'ère contemporaine, et qui était tout à fait différente dans sa façon de s'exprimer lors de ces différentes communications. Mais c'était la même personne, en d'autres termes, du même groupe d'âmes ou de la même sur-âme, ou peu importe comment vous voulez appeler le QG pour le fonctionnement des incarnations.

En suivant les gens dans l'au-delà, ils me présentent parfois leurs autres incarnations qu'ils ont rencontrées. C'est une question d'inclusivité. C'est ce qui se passe quand vous intégrer de plus en plus de votre propre expérience immédiate à vos incarnations, et le champ s'élargit. Vous continuez à intégrer expérience et connaissance et ce qu'on appelle apprentissage. Ce mot que je n'aime pas quand il s'applique à l'au-delà, mais c'est un processus d'expansion, de développement de votre perception, et c'est aussi un processus créatif. Alors ce qui se passe dans l'au-delà, ce n'est pas que nécessairement vous rencontrez toutes vos incarnations, mais vous pouvez rencontrer celles que vous voulez.

De plus, depuis que j'ai été certifié en 1985, j'exerce en tant que thérapeute des vies passées. Vous voyez là aussi beaucoup de choses étranges. Il est tout à fait possible d'appeler une vie future, par exemple, qui est en vie alors même que nous sommes ici. Donc, toutes ces choses se produisent dans un temps simultané. Dans notre réalité non-locale, cela signifie qu'il n'y a ni lieu ni temps. C'est comme une radio qui est capable de recevoir des émissions de partout, mais que vous n'accordez qu'à une seule à la fois. Néanmoins, nous pouvons dépasser cela pour aller à la rencontre de réalités adjacentes et voir des personnes appartenant à la vie contemporaine, future et passée, dans l'état après la mort ainsi que dans l'état physique. Pour entrer en contact avec eux. Tout cela est possible.

Alex Tsakiris : Possible. Génial. Je suis ouvert. Je veux tout entendre. Mais je suis encore dubitatif quant à ce que je fais de ça ? Vous nous décrivez tout cela comme étant explicable, accessible et assimilable. C'est là, voici comment ça fonctionne. Mais est-ce que nous le savons vraiment vraiment? Pouvons-nous vraiment en faire l'expérience personnellement ? Sommes-nous censés en faire l'expérience ? Sommes-nous censés savoir ? Ou est-ce que notre condition humaine nous condamne au doute, au mystère et à l'émerveillement? Sommes-nous censés ...

Dr Julia Assante : Qui aurait besoin de toi pour ça ? Quand nous disons : "Sommes-nous censés ...", qui détermine ce que nous sommes censés faire ou pas ?

Alex Tsakiris : C'est une bonne question. Vous parlez de Dieu dans le livre. Vous mettez Dieu dans une perspective culturelle, vous parlez de ce que les autres ont pensé de Dieu. Vous en parlez également d'un point de vue personnel...Votre idée d'un Dieu très, très grand, un dieu grand nuage. Élaborez quelque peu. J'adore lorsque vous parlez, par exemple, de Vikings vivant au 9ème siècle et de leur idée de l'au-delà et de leur impératif moral. Ce que Dieu veut qu'ils fassent en contraste avec ce que nous pensons que Dieu veut que nous fassions.

Dr Julia Assante : Eh bien, je n'imagine pas que Dieu veuille que nous fassions quoi que ce soit. Nous sommes contenus dans cette divinité universelle, créée par elle et co-créant en elle. Il n'y a pas de directives réelles. Nous ne sommes dirigés par personne. Il y a une certaine conscience de masse commune aux humains dans le corps physique et ces consciences de masse, bien sûr, changent selon la culture, l'époque et le lieu. Par conséquent, vous avez différentes conceptions de l'au-delà. Quand une personne meurt, elle apporte son bagage culturel pour reconstruire un Valhalla, par exemple, si c'est ce en quoi elle croit profondément et c'est ce qui la contente. Elle dépassera ça sans doute assez rapidement.

Ma raison de mentionner ces Vikings est de questionner notre modèle, à savoir la vie après la mort est-elle un terrain d'apprentissage dans lequel vous assistez à des cours et où on vous dit quand vous pouvez vous réincarner ou progresser sur l'échelle de l'évolution.

Alex Tsakiris : Thérapie de groupe, je pense que c'est votre appellation.

Dr Julia Assante : Ouais, le modèle 'thérapie de groupe' est juste un désastre. Et de plus en plus de gens des communautés New Age y adhèrent. Ceci, pour moi, est contraire à l'esprit de liberté et aux incroyables niveaux de créativité possibles lorsque nous sommes hors du corps.

Maintenant, revenons à cette idée de limites, oui, nous avons consenti ou choisi de faire des expériences qui ont beaucoup de limites mais offrent aussi beaucoup de plaisirs géniaux. Pensez à un bambin couché sur le sol avec sa langue enroulée autour d'une pied de table - ce genre d'exploration avec sa langue, sa profonde satisfaction et la charge de sens pour l'enfant.

C'est ce dont relève cette réalité physique. Nous devrions être un peu plus ludique et ne pas nous soucier autant de savoir si nous sommes spirituels. Nous le sommes. Nous le sommes intrinsèquement. Cela ne peut pas disparaître. Détendez-vous un peu. L'accent mis sur la vie matérielle dépasse de loin ce que j'appelle la "fonction de l'ego" où nous opérons uniquement avec nos sens physiques, la réalité peinte par nos sens physiques. Ça dépasse les bornes et nous devons lâcher. Mais nous avons littéralement tout le temps dans l'éternité pour le faire.

Alex Tsakiris : Je pense que l'une des raisons pour lesquelles les gens se tournent vers ce modèle d'apprentissage que vous n'aimez pas et je ne l'aime pas non plus - le modèle croissance, le modèle thérapie de groupe et en particulier Dieu ayant un impératif moral, une direction pour nous - c'est que nous récupérons cette information de façon assez régulière et cohérente, par exemple, de la recherche scientifique sur les NDEs. Selon nos critères scientifiques, ça semble solide. C'est trans-culturellement cohérent et il y a cet être aimant, ou si ce n'est pas un être, c'est un sentiment d'amour. Il y a la revue de vie. Il y a ce sentiment du bien et du mal. Tu as bien agi ici; tu n'as pas bien agi là. Tu n'as pas donné assez d'amour. Êtes-vous en train de dire que c'est peut-être aussi culturel? Et pourquoi diriez-vous cela?

Dr Julia Assante : Eh bien, je pense que la manière dont vous le décrivez n'est pas totalement exacte. Je suis désolée de le dire, tout d'abord, la revue de vie ne se produit pas systématiquement. Elle se produit plus culturellement. Quand les gens meurent-meurent - qu'ils restent morts - il y a rarement une revue de vie. Ils ont des éons pour la faire. Donc, oui, il y a une sorte de manifestation du divin, une sorte de fluide d'illumination que nous pouvons déjà capter dans notre état corporel. Vous n'avez pas à attendre d'être mort pour ressentir votre immortalité. C'est vrai.

Mais en ce qui concerne un dieu ou l'être de lumière en tant que dieu, je pense que seulement certaines personnes arrivent à cette conclusion. Je ne pourrai jamais dire que l'être de lumière est Dieu, mais une manifestation de notre propre superconscience. L'idée du bien et du mal, non. Je ne vois pas ça du tout dans le matériel d'études des expériences de mort imminente. La loi demande la réalisation de soi et une fois atteint ce point de réalisation de soi, bon et mauvais sont des systèmes moraux et vous faites alors vos propres choix quant à la façon dont vous allez vous transformer.

Alex Tsakiris : C'est intéressant que vous en parliez. Je pense que ce sujet du bien et du mal, maléfique, démoniaque, tout ceci est d'un grand intérêt pour moi parce que je pense que nous devons le traiter dans le cadre de cette discussion. Si vous le traitez comme vous le faites, ok. Si vous le traitez d'une autre manière, ok. Livrez vos données. Apportez vos preuves et moulinons.

Il y a peu, Nancy Evans Bush était l'une de nos invités. Elle étudie depuis longtemps les expériences de mort imminente et elle était là pour parler de son livre 'Distressing Near-Death Experiences' et parler de sa rencontre imprévue, plutôt surprenante et très négative, avec des entités négatives, des esprits négatifs, au cours de sa NDE. Si vous parlez à des chercheurs en NDE, beaucoup d'entre eux vous diront: "C'est là". En général, de nombreux chercheurs en phénomènes paranormaux vous diront qu'ils sont là ces esprits négatifs, ces entités négatives que nous pouvons rencontrer. Qu'en pensez-vous ?

Dr. Julia Assante : Eh bien, ce ne sont pas des entités fondamentalement intrinsèquement négatives. Ce sont des formes-pensées. Il y a une différence entre une expérience proche de la mort et une mort pré-imminente. Dans une mort pré-imminente, vous pouvez tomber dans un état d'hallucinations. Vous pouvez faire de mauvaises rencontres. Cela dépend de votre état d'esprit au moment de mourir. Donc, toutes ces choses peuvent exister, mais ce sont des produits de l'esprit humain. Ils ne sont pas intrinsèquement réels.

Les NDErs - vous l'avez peut-être remarqué - possèdent un énorme éventail d'atmosphères et de lieux. Ce sont des choses qui sont créées sur mesure par la personne qui fait cette expérience proche de la mort, rien d'autre. Ils ne se rendent pas dans un endroit où se trouveraient des démons ou des anges. Ils entrent dans une réalité non physique qui n'est pas encore l'au-delà. Il y a toujours ces frontières. Ils ne peuvent pas les franchir. Vous pouvez avoir toutes sortes d'expériences dans ces lieux. J'ai travaillé avec des gens qui, après leur mort, ont rencontré beaucoup de problèmes ou ont été en déni de la mort quand ils ont vu certaines de ces choses se produire. Mais en quelques minutes vous éclaircissez ça avec eux. J'ai travaillé longtemps dans ce domaine. J'ai pratiqué des exorcismes. Je n'ai jamais eu de preuve du mal. Je n'ai vu que des preuves de la croyance au mal. J'ai fait des exorcismes dans des maisons. J'ai travaillé avec des gens qui ont été soulevés et projetés contre les murs, des lits qui se soulèvent, tout ce genre de choses, et absolument à la base de tout se trouve un conflit, pas un mal. Un conflit humain, ce qu'on appelle aussi poltergeists.

Alex Tsakiris : Que voulez-vous dire ? Avant de vous demander ce que vous entendez par là - c'est un sujet fascinant - j'ai parlé à tellement de personnes et j'ai entendu ce que vous venez de dire à plusieurs reprises, de la part d'experienceurs hors pair et très respectés ou de chercheurs en phénomènes paranormaux, des mystiques, si vous voulez. Mais j'ai aussi entendu le contraire. Une femme nommée Marilyn Hughes s'était joint à moi pour une expérience, une expérience de médiumnité que nous avons réalisée, j'étais là en tant que proxy et nous avons rencontré une femme à Austin, au Texas, sa fille adolescente s'était suicidée. Cette séance était vraiment très étonnante et était très, très thérapeutique pour la mère. Je dois dire, en tant que proxy - l'intermédiaire qui essayait de ne pas transmettre d'informations - je pense que la lecture était très probante, pleine d'indices vérifiables. Donc, il se passait bien quelque chose.

Mais là où ça devient vraiment intéressant et où ça contredit ce que vous dites, c'est la compréhension qu'a Marilyn de ce qu'elle fait quand elle voyage dans ces autres dimensions - le même genre de dimensions de conscience élargie dont vous parlez. Mais elle a une idée très différente sur l'obscurité, les forces du mal et parfois les gens qui se retrouvent dans des endroits dont ils ne savent pas comment s'extirper et ce qui ressort de tout ça lui apparaît plus comme une sorte de leçon progressive pour se sortir de là et aller vers la Lumière.

Maintenant, redites-nous : Pourquoi voudrions-nous le voir de votre point de vue? Pourquoi cette personne, et tant d'autres, ont-elles cette autre perspective ? Comment - en tant que personnes qui n'ont pas eu d'expérience psychique - comment pouvons-nous savoir qui décrit vraiment ce qui est?

Dr Julia Assante : Eh bien, c'est une question d'interprétation. Cette idée de l'existence de règnes inférieurs, c'est un truc très très ancien, et l'invention d'un mal fondamental est quelque chose d'assez nouveau, datant du 5ème siècle av. J.-C. On l'ignorait auparavant. Ce concept s'est développé en Iran et dans le judaïsme ancien. Donc, avant cette période ce genre d'opposé bien/mal n'existait pas. Donc d'un point de vue historique, nous avons à faire à une invention.

À bien des égards, la créativité universelle est plutôt neutre avec une tendance à la bienveillance. C'est une déclaration que je ne peux pas appuyer avec des preuves, mais ce que je peux dire, c'est que forte de ma propre expérience, si je faisais l'expérience de ce que cette femme a vécu, mon interprétation serait tout à fait différente. Je le comprendrais davantage comme un processus psychologique par lequel la personne doit passer.

J'ai vraiment fait beaucoup de sauvetages, par ex. dans des circonstances où un homme avait halluciné l'enfer et ne pouvait pas en sortir. C'était une pure hallucination basée sur ses propres idées de l'au-delà et ses propres idées de ce qu'il méritait. Il fallait l'en éjecter. Son fils mort m'a demandé de l'aider. Le fils ne voulait pas avoir de contact avec lui. Et je l'ai fait. C'était vraiment plutôt simple.

J'ai aussi travaillé avec des suicidés qui meurent, par exemple, d'une overdose de drogue, les soi-disant suicides accidentels. Ils peuvent se retrouver dans des hallucinations très désagréables. L'au-delà n'est pas une question de domaines. Il s'agit de conscience. Il ne s'agit pas de lieux.

Vous savez, vous entendez tous ces bonniments sur les âmes 'earthbound' (liées à la terre) qui cornaquent les gens et les obligent à commettre des meurtres etc... et ces mêmes autorités qui écrivent à ce propos de façon si péremptoire, tellement convaincues que le monde souterrain est rempli d'âmes démentes, soutiennent aussi que la vie est meilleure que la mort puisque que toutes ces âmes veulent revenir.

La deuxième chose qui m'amuse sans fin - en réalité, ça me met en colère, vraiment - ces mêmes personnes, tout ce qu'elles ont à faire, c'est d'attirer l'attention de cette âme en peine et lui dire qu'elle est vraiment morte, et alors toutes les tendances meurtrières et leur emprise sur l'humanité et sur les autres âmes humaines dans ces horribles domaines, disparaissent juste grâce à ces paroles d'autorité.

Oh! allez. Ces choses sont des formes-pensées. Elles sont générées par notre propre conscience, que nous soyons vivants ou morts, et elles peuvent être très puissantes.

Mais cela ne veut pas dire qu'il existe quelque chose d'intrinsèque, qu'il y a un mal fondamental. Je ne pourrai jamais accepter ça et certainement, dans mes presque quatre décennies d'expérience, je ne peux pas dire que je l'ai rencontré. J'ai rencontré des choses qui sont standard, qui semblent démoniaques, et en fait, quand j'ai travaillé avec elles, elles étaient plutôt du genre mignon mais terrorisaient les gens avec qui elles vivaient.

Alex Tsakiris : Docteur Assante, vous avez une perspective rafraîchissante et fascinante sur le fait de parler aux morts, et vous commencez par souligner que presque toutes les études ou enquêtes examinées, suggèrent que presque tout le monde le fait. Les conjoints endeuillés le font, les parents endeuillés le font. Même la plupart d'entre nous, qui ne sont pas en deuil, le font. Comme vous l'indiquez dans le livre - et j'ai adoré - même les sceptiques et les athées le font. Que se passe t-il ? Comment pouvons-nous transmettre à notre conscience collective que c'est quelque chose que nous faisons déjà? Ensuite, parlons de la façon dont nous pouvons l'améliorer.

Dr Julia Assante : Eh bien, c'est la première des choses. Vous tapez juste. Reconnaître que nous le faisons est vraiment la première des choses. La plupart d'entre nous pensent que c'est simplement un fantasme ou une imagination, un vœu pieux. Mais vraiment, les vœux pieux ne dissiperont pas les troubles d'un stress post-traumatique, mais une communication réelle avec les morts le peut et peut le faire en une seule session - même un syndrome de stress post-traumatique qui perdure sur une génération complète, suite à disons une guerre. Les souvenirs intrusifs, la tendance suicidaire, les sueurs nocturnes et toute la souffrance peuvent être dissipés en une session grâce à l'intervention d'un décédé pertinent. Nous ne pouvons donc pas dire que c'est un fantasme ou un vœu pieux. C'est tout simplement décisif.

Autour du lit du mourant - un domaine où nous faisons beaucoup de progrès - les infirmières et infirmiers en soins palliatifs et le personnel d'hospice acceptent que les défunts viennent chercher les personnes agonisantes. De plus en plus de personnel médical et paramédical commencent aussi à ressentir ces personnes décédées, à les voir. Ils commencent aussi à percevoir que la personne qui vient de mourir revient les remercier. Ils sentent toujours leur énergie. De plus en plus de soignants, y compris des médecins, ont des expériences de mort partagée, dans lesquels ils voient vraiment l'énergie quitter le corps physique à la mort.

Nous y arrivons. Une fois que ça frappe le domaine médical, comme ça le fait maintenant, ça percole dans le public. L'industrie de l'information et du divertissement y est déjà, en partie formée par Internet. Vous savez, une salle de discussion et une communication post-mortem sont pas mal analogues.

La première chose est de reconnaître que nous le faisons et la deuxième chose, c'est lorsque vous soupçonnez que cela se produit, l'amplifier. Il s'agit vraiment d'accorder toute notre attention à la présence que nous rencontrons. Cela peut être une intrusion mentale ou une chanson qui nous passe par la tête et qui a quelque chose à voir avec quelqu'un que nous connaissons et qui est décédé. Les paroles peuvent nous évoquer quelque chose ou la chanson est fortement associée au défunt.

L'une des principales façons dont les gens vivent une présence réelle est signalée par des picotements, semblables à la sensation d'inspiration quand un froid délicieux descend le long du dos. Je pense que l'inspiration est très souvent le fait d'un défunt. Les bouffées de chagrin peuvent aussi être un signe; une poussée de chagrin peut être un signe très fort. Je développe tout cela dans le livre, donc il n'y a pas de problème si quelqu'un veut connaître les signes des rencontres spontanées et la façon d'instaurer une communication par vous-même...j'ai des chapitres à ce sujet dans le livre.

Alex Tsakiris : Dans le livre, vous donnez des exercices pour avoir des connexions plus efficaces avec les morts.

Dr Julia Assante : Comment cela se passe et les différentes formes que prennent les communications. Beaucoup de signes que les gens reçoivent - tels que des problèmes avec une lumière qui s'éteint ou le téléphone qui sonne et il n'y a personne - ont à voir avec le défunt qui essaye d'entrer en contact, mais il n'y arrive pas. Une fois le contact établi, les phénomènes s'arrêteront.

Alex Tsakiris : Pourquoi n'y arrivent-ils pas?

Dr Julia Assante : Parce que culturellement nous n'y croyons pas ou nous le refusons. Vous savez, la nécromancie était punie de mort par lapidation. Nous l'avons intégré. C'est interdit par l'Église. Elle a toujours cette qualité sinistre et inquiétante qui a été exploitée par l'industrie du divertissement comme dangereuse. Vous entendez tout le temps combien c'est dangereux.

Si vous consultez les dossiers réels, ce n'est jamais dangereux. Dans les centaines et les milliers de dossiers publiés par les professionnels, comme les thérapeutes en communication post-mortem induite, il n'y a aucune trace de blessure infligée. C'est toujours bien intentionné. Nous avons ces idées. Même parler aux morts, même cela semble horrible, comme si on allait être traîné dans des régions obscures. Nous avons donc de très mauvais plis culturels. Et j'insiste, ces attitudes sont en conflit avec l'expérience réelle - la rencontre avec l'oncle Harry baigné de lumière. Votre corps change lorsque cela se produit, lorsque vous avez une communication post-mortem complète avec quelque chose qui est transfigurée dans le champ électromagnétique.

Alex Tsakiris : Que devrions-nous faire alors? Jusqu'où pouvons-nous aller pour établir ces connexions? Et les drogues psychédéliques? Et les rituels shamaniques?

Dr. Julia Assante : Rien de tout cela n'est nécessaire. C'est tellement plus simple. Vous n'avez pas à piper quoi que ce soit. Tout ce qu'il faut c'est un désir sincère. C'est la première des choses. Il ne s'agit pas de curiosité. C'est le désir sincère de savoir comment quelqu'un se porte, ou de rectifier un tort ou se réconcilier, ou autre.

Alex Tsakiris : Et faire appel à un médium? Un psychique? Un intermédiaire?

Dr. Julia Assante : Eh bien, c'est bien sûr merveilleux et comme vous le savez, je pratique beaucoup. Mon travail commence quand le défunt se présente, et souvent - non pas souvent, toujours la personne qui est venue me consulter le ressent immédiatement; habituellement, ce sont des larmes et cette sensation de picotement. Mon travail est de les amener à communiquer directement car c'est plus efficace et vous pouvez le faire sans medium professionnel.

Des études montrent que travailler avec un professionnel peut susciter un enthousiasme initial, mais peut aussi replonger la personne dans un sentiment de dévastation, d'impuissance et de chagrin. Et le chagrin et l'impuissance, dans ce cas, sont presque toujours équivalents. Beaucoup de chagrin est causé par l'impuissance. Donc, je dois de faire en sorte que chacun puisse reconnaître ce qu'il possède déjà.

Ces compétences sont toutes télépathiques. On ne peut pas le prouver plus que ça ne l'est déjà. Ç'a été prouvé maintes et maintes fois dans les tests cliniques avec des non-professionnels. L'homme de la rue a des capacités télépathiques. Nous ne pourrions même pas avoir une culture sans la télépathie.

Comprenez, toutes les compétences dont vous avez besoin sont innées. Partez de votre émotion la plus forte et entrez en contact. Pour améliorer l'expérience, vous pouvez créer un espace sacré. Toutes ces choses sont détaillées dans le livre. C'est assez facile. C'est dingue! Et aussi reconnaître que vous le faites déjà ... une prière est très souvent une forme de communication post-mortem, quand vous priez quelqu'un dans l'au-delà.

Alex Tsakiris : Eh bien, voilà un argument bien construit. Un livre fascinant. Quiconque s'intéresse à ce sujet se doit de le lire. Je redonne le titre : The Last Frontier: Exploring the Afterlife and Transforming Our Fear of Death. Et c'est mission accomplie.

Dr. Assante, c'est un immense plaisir de vous recevoir. Un grand merci de nous avoir rejoint.

Dr. Julia Assante : Tout le plaisir était pour moi. Merci