Chapitre 1 Les Endeuillés

Les Endeuillés

On m'avait fait remarquer qu'il n'était jamais fait mention dans mes précédents écrits de cette grande âme connue de par le monde sous le nom de Jésus de Nazareth, et que je donne de ce fait l'impression qu'il aurait aussi bien pu ne jamais exister.

Je me suis délibérément abstenu. Il en était décidé ainsi depuis le moment où j'ai dicté le premier mot relatant mes expériences dans le monde des esprits. Mais le moment est maintenant propice pour parler non seulement du Nazaréen mais aussi pour discuter du livre, ou au moins de certaines parties, qui transmet les enseignements donnés durant sa courte vie sur terre.

Depuis des centaines d'années terrestres le Nouveau Testament est réputé être la parole inspirée de Dieu. Les opinions divergent sur ce point et encore plus sur le contenu des évangiles. Des centaines d'églises chrétiennes différentes et de multiples sectes religieuses sont issues de ces divergences, chacune prétendant être la 'vraie' religion.

Certains vont même jusqu'à prétendre que la seule foi absolue dans le contenu du livre est assez pour sauver les âmes, et que sans cette foi l'âme est perdue, condamnée à rester éternellement éloignée du paradis.

Une religion en particulier prétend même être la seule dépositaire sur terre de la vérité, détenant l'interprétation infaillible des évangiles. Comment, dans le monde spirituel, considérons-nous le Nouveau Testament ? Certainement, on peut nous dire que nous, dans le monde spirituel, avons la possibilité d'évaluer la vérité, particulièrement à propos des textes des évangiles qui suscitent la controverse ou qui sont de sens obscur.

Bien sûr, nous avons les moyens dans le monde spirituel d'établir la vérité sur ces questions. Mais si nous devions énoncer la vérité, ne serions-nous pas accusés de donner une énième interprétation et d'ajouter à la cacophonie ?

Ne serions-nous pas aussi suspectés de vouloir fonder une énième religion sur la terre qui en compte déjà beaucoup, beaucoup trop ? Et finalement, pourquoi mon interprétation serait-elle reconnue comme étant la bonne ?

C'est un risque à prendre. Donc, en dépit de ce que l’Église enseigne avec insistance - que le jugement personnel en ces choses est à proscrire - je demande à mes amis de considérer ce que j'ai à dire à la lumière des vérités spirituelles.

Je leur demande de rejeter de leur esprit, pour le moment et encore mieux pour toujours, les doctrines et croyances qu'ils entretiennent, et de m'accompagner dans un agréable voyage où nous explorerons certains passages du Nouveau Testament.

Nous ne tenterons aucune interprétation. Nous examinerons certains passages des évangiles et les comparerons aux vérités telles qu'elles existent dans le monde spirituel.

C'est quoi, ça ? J'entends d'aucuns protester. Suggérez-vous que Jésus de Nazareth n'a pas enseigné la 'vérité' ? Je ne suggère rien de tel. Il a enseigné l'absolue vérité, mais ce sont ses humbles disciples, se réclamant de lui, qui par la suite ont fait l'exact contraire.

Ce qui a été historié dans les quatre évangiles n'est qu'une petite fraction du vaste corps d'enseignements dispensés. Ils ont été mal retranscrits, ils n'étaient pas - et ne sont pas - la parole inspirée de Dieu.

Ils ont été mal traduits, mal interprétés, ont subi interpolations et distorsions et ont été falsifiés au point qu'il serait remarquable qu'un semblant de vérité puisse y subsister.

De ce chaos ont surgi une foultitude de dogmes et rituels qui n'aident en rien à la progression spirituelle de l'âme, et au centre de cette distorsion, nous trouvons Jésus de Nazareth. Il a pourtant dispensé la vérité, mais à cause de ce catalogue d'accidents dont ont été victimes les Écritures, il se trouve maintenant élevé en position d'être Dieu lui-même.

Les fonctions et les attributs les plus improbables lui sont attribués du fait de sa position déifiée. Sa vie terrestre est presque l'un des mystères majeurs de la religion chrétienne puisqu'il est Dieu Lui-Même descendu sur terre pour y vivre en tant qu'homme.

Toute cette doctrine de l'incarnation est une des plus fantastiques inventions des théologiens du passé – pour ne citer qu'un exemple parmi beaucoup de la manière dont le mental humain échafaude des mystères à propos du monde spirituel, alors qu'en vérité aucun mystère n'existe.

Les lois qui gouvernent le monde spirituel ne sont pas des lois complexes qu'on ne pourrait comprendre. Il y a beaucoup de choses dans le monde spirituel que nous ne pouvons encore comprendre, de même sur terre il y a beaucoup de choses qui ne sont encore comprises.

Mais de la même façon qu'il y a sur terre de grands esprits qui peuvent solutionner et solutionneront ces mystères, il y a dans le monde spirituel des esprits encore plus grands qui peuvent fournir et fourniront une réponse à nos énigmes.

Notre stade d'évolution mentale n'est pas présentement suffisant pour comprendre, si toutefois une explication nous était donnée. Mais nous pouvons voir clairement les raisons des lois, de la vérité. On ne nous inflige pas un délire de mots qui ne possède pas une once de sens et se voie qualifié de 'mystère' ou de quelque chose de l'ordre de la Providence Divine, que nous ne pouvons pas connaître.

Quand nous aborderons le Nouveau Testament, nous verrons qu'une grande partie de son contenu n'a pas de sens, vu à la lumière de la connaissance du monde spirituel et de la vie spirituelle en général. Nous ne nous occupons pas de ce qui a pu être consigné dans les documents d'origine mais de ce qui a été, à notre sens, mal retranscrit. Se référer aux originaux ne nous ferait pas avancer.

Les rédacteurs ont simplement rempli les vides avec leurs pensées et idées très personnelles. Certaines de ces interpolations – même un très grand nombre – sont revendiquées comme étant les paroles de Jésus. Personne dans le monde spirituel ne peut savoir si un aphorisme – si tant est qu'il fasse sens – est de Jésus, car nous savons que lui-même était étroitement assisté par le monde spirituel et aucune erreur n'aurait été permise dans son enseignement spirituel.

Les contre-vérités ne sont pas le fait de Jésus, mais de ses chroniques et de leurs transcripteurs. Il arrive donc qu'en voulant éclaircir des propos de toute évidence ridicules, nous découvrons souvent que le message premier a été si altéré que les mots simples et quotidiens n'ont quasiment plus aucun sens. Les théologiens sont passés maîtres dans l'art de déformer les mots. Avec de telles pratiques, il n'y a plus de limite au nombre de sens et d'interprétations que l'on peut donner à de simples phrases ou mots.

Croire que les Écritures sont la parole inspirée de Dieu constitue un obstacle. En effet, nous cherchons une interprétation correcte à des textes erronés si nous prenons l'acception rationnelle des mots. C'est ce à quoi les théologiens se sont ardemment et présomptueusement consacrés. Je dit 'présomptueusement' car bien souvent ils professent connaître et déclamer l'exacte 'volonté de Dieu'.

Le travail d'interpolation qui parasite la totalité des quatre évangiles est peut-être la cause du plus important éloignement de la vérité. Ceux d'entre nous qui ont quelque familiarité avec les évangiles découvrent, en arrivant dans le monde spirituel, toutes les contradictions contenues dans ce que nous défendions du temps de notre incarnation. Cette révélation peut causer un choc. Un choc que nous surmontons rapidement ! La connaissance des vérités spirituelles et notre vie dans ces dimensions suffisent à démêler clairement ce qui, dans les évangiles, constitue un énoncé précis de faits indiscutables, et ce qui est pure fiction.

Les tribulations souffertes par les Écritures aux mains des rédacteurs, transcripteurs et traducteurs ont fait naître les vocations de nombreux théologiens qui se sont échinés à trouver un sens à ce qui en est hautement dépourvu. Les controverses se sont produites quand des esprits acérés ont perçu la vérité, l'ont proclamée, ont été taxés d'hérésie par leurs frères en religion, ont été condamnés et cérémonieusement soulagés de leur vie terrestre. L'interprétation fantastique des Écritures a construit une vaste structure de mystère et d'obscurantisme. Le monde terrestre grouille de rituels et de cérémonies, ainsi que de croyances et de dogmes qui sont soi-disant nécessaires au 'salut' collectif ou individuel de l'âme.

Au lieu de rendre le monde spirituel et ses lois, et la façon d'y entrer, clairs et limpides, facilement compréhensibles de la même façon que vous comprenez vos fonctions ordinaires sur terre, les enseignants spirituels ont tellement isolé le sujet à force d'énigmes et de régressions que la religion est devenue un domaine séparé de la vie sur terre.

L'acte de 'mourir' est le fait de lois naturelles. L'homme se défait du corps physique qui lui a servi pour sa vie sur terre. Il se retrouve alors dans le monde spirituel, résident pour toujours. C'est l'issue normale, naturelle de la vie terrestre. C'est inévitable, sans aucune exception. Ce n'était jamais l'intention de l'organisation génératrice de ce projet de vie dans les plans terrestres et spirituels, que le monde spirituel soit redouté par les êtres incarnés, regardé comme une effrayante destination inconnue et incontournable dont on ne revient pas, ni ne reviendra jamais pour raconter ce qui arrive après le départ du monde terrestre.

Le monde spirituel a été enfermé dans un silence de mort, un silence qui ne doit jamais être rompu. Pas étonnant que tant d'habitants de la terre soient terrifiés à l'idée de la quitter au moment de leur dissolution. En attendant, sous prétexte de soulager cette peur, les Églises profèrent d'inexplicables exhortations à avoir la 'foi' et de s'en remettre à la miséricorde de Dieu. Et le grand livre qui se devait d'être une mine de faits concernant nos deux mondes, le vôtre et le mien, a été si trafiqué par ceux qui s'en réclament – ses dépositaires – qu'il ne fait que peu de lumière sur ces sujets de grande importance pour tous.

Ces quelques commentaires m'ont paru nécessaires avant de passer à l'étude de certains passages du Nouveau Testament.

Je précise à nouveau que nous ne nous intéressons pas ici à ce qui apparaît, ou pas, dans les documents originaux ou anciens, mais seulement à ce qui est imprimé dans les livres actuels. Ce que le théologien connaît de l'original est de peu d'intérêt pour l'homme ordinaire. Il veut des faits, des faits facilement consultables, et surtout des faits énoncés clairement, pas avec des mots qui disent une chose et se retrouvent à signifier l'exact contraire par les voies tortueuses des théologiens.

Le fameux Sermon de la Montagne débute par une série d'énoncés, chacun précédé du mot 'béni', connu sous le titre de 'Béatitudes' . Examinons ensemble l'un d'eux : Bénis soient les endeuillés car ils seront réconfortés. Comment ? Où se trouvent les bénédictions ?

Des millions d'êtres sur terre ont vécu 'l'anéantissante' expérience du deuil. Ceux qui la vivent la ressentent comme 'anéantissante'. L'être aimé est parti ; la voix si familière s'est tue, et ce apparemment pour toujours. Rien ne peut remplir la désolation causée par le départ vers une destination inconnue de l'âme chérie. C'est une bénédiction douteuse, pour le moins, qui demande tant de chagrin et de tristesse pour descendre sur soi. Ou est-ce que le réconfort est si sublime, si doux à l'esprit troublé, l'expérience spirituelle d'une telle beauté, que ça vaut vraiment le coup de perdre un ami tendre ou un parent pour en faire l'expérience ? Tout cela est tellement insensé que ça ne mérite pas une seconde de considération.

A nouveau demandons-nous : où est le réconfort ? Le réconfort de la 'foi' en une religion, peut-être ?

Quand l'endeuillé est d'esprit simple, il lui est commun de dire que c'est la volonté de Dieu, et qu'il a rappelé l'âme à lui. Pourtant il ne comprend pas pourquoi Dieu devait la reprendre ; dans quel but ; surtout si un accident ou une maladie a écourté la vie ? La personne ordinaire confrontée au deuil aimerait sentir où se trouve la bénédiction de ce chagrin, et d'où vient le réconfort car, elle vous le dira en toute sincérité du fond de son désespoir, elle ne perçoit aucun réconfort béni – et c'est de réconfort qu'elle a si urgemment besoin - en ce temps de désolation.

Le théologien se gargarisera de ces mots 'Bénis soient les endeuillés car ils seront réconfortés'[1] mais ce sont des mots vides car il ne pourra répondre à la question : où sont la bénédiction et le réconfort ?.

[1] J'ai choisi de traduire ainsi pour coller au plus près de l'original. Une autre traduction serait 'Bénis soient les affligés car ils seront consolés'.(NdT)

Je peux parler d'expérience. Quand j'étais en présence de personnes écrasées de chagrin, les mots de réconfort que je pouvais dispenser étaient peu nombreux, et creux. En vérité, qu'y avait-il à puiser dans ce grand fonds de connaissance théologique, que j'aurais pu offrir à une âme en peine ? Quels faits pouvais-je présenter ? Cet être souffrant de tristesse voulait tellement savoir que j'étais impuissant à trouver des réponses dans les enseignements de l’Église. Le mieux que je pouvais faire était de consolider l'ami dans sa foi ; offrir l'espoir que la prière assortie d'une puissante intercession de l’Église serait efficace et que l'âme du disparu serait délivrée des souffrances du purgatoire - et ainsi de suite sur les mêmes lignes creuses et stériles.

Il y a toujours eu un sentiment de 'silence de la tombe'. Mais c'était – et c'est – un silence imposé par les habitants de la terre qui trouvent morbide la pensée même de la mort du corps physique. Pouvoir lancer du haut de la chaire d'une église 'bénis soient les endeuillés car ils seront confortés' à une assemblé comprenant un seul endeuillé en besoin profond de réconfort et qui ne peut l'obtenir, est la preuve que quelque chose est fondamentalement défectueux.

Un théologien a suggéré que celui qui est ici béni est celui qui est en deuil de ses 'péchés'. Peut-on imaginer plus grande parodie, plus échevelée distorsion, pire corruption du limpide énoncé de fait que 'l'endeuillé sera réconforté'.

Au tout début, dans les premiers chapitres de l'un des principaux livres terrestres, se trouve, pour ainsi dire, l'indice de tout l'ouvrage. Qu'est-ce que la mort ? Ce n'est rien. Mais des milliers d'habitants de la terre seront tôt ou tard endeuillés par la perte d'un ami ou d'un membre de la famille, et la détresse du chagrin s'abattra sur beaucoup qui ne pourront trouver aucune bonne raison à un tel chagrin - et ce chagrin est écrasant - et comment pourrait-il un jour s’alléger?

De nombreuses âmes excédées ont demandé : pourquoi Dieu permet-il cela ?. Ils ont une mauvaise compréhension de ce qui leur a été demandé de croire concernant la Providence Divine. Dans ce cas la providence est désespérément absente. Même si, en dernier recours, ils se tournent vers le Nouveau Testament, ils y trouveront des mots qu'ils ne comprendront pas, ou s'ils devaient les comprendre, ils se demanderont bien d'où peut venir leur réalisation. Ils lisent qu'ils seront réconfortés, mais lire ces mots et s'en remettre à quelque fugace expérience spirituelle pour soulager leur chagrin, n'a que peu de valeur dans ce cas. L'intensité du chagrin engloutit toutes autres émotions et le désespoir s'y surajoute.

Pour le cas où mes amis penseraient que j'exagère, je tiens à leur affirmer qu'il n'en est rien. Quand j'étais sur terre, j'ai en maintes occasions – tel qu'il arrive à tous les ministres de toutes les églises, quelqu’en soit la confession – côtoyé des âmes affligées en demande d'aide spirituelle et de guidance.

Tout le corpus des enseignements de Jésus portait sur un thème en deux points : guidance spirituelle pour les habitants de la terre reposant sur les preuves absolues de la vie spirituelle et de ses lois d'une part, et d'autre part exposé des lois spirituelles et de leur fonctionnement avec tous les faits et descriptions de la vie spirituelle.

Ce qu'on peut lire sur ce sujet dans le Nouveau Testament n'est qu'une désolante fraction des enseignements dispensés par ce grand maître à ses auditeurs d'alors. La plus grande partie de ces faits n'a pas été consignée. Le reste a été si tronqué et déformé, a subi de telles interpolations mensongères, a été si mal traduit et a été victime de tant d'interprétations loufoques et insensées que tout le livre est sujet à caution quant à ses énoncés sur la vérité spirituelle. Les 'miracles' même réalisés par Jésus sont des preuves de l'usage de facultés psychiques sous la supervision minutieuse et incontestée d'âmes supérieures du monde spirituel. Même cela a été métamorphosé en actions de Dieu, pour qui rien n'est impossible, même la 'résurrection des morts'.

La phrase ' Bénis soient les endeuillés' dans sa forme actuelle est un énoncé isolé. C'est en fait, de même que les 'béatitudes', un texte faisant partie de tout un sermon. En l'état, il ne se raccorde à rien. En tant que thème d'un discours, il devient un titre d'importance capitale pour chaque âme incarnée, et c'était l'intention initiale. Le sens est limpide pour nous ici dans le monde spirituel, comme il aurait dû être limpide pour nous sur le plan terrestre. Et il l'aurait été si seulement le texte entier avait été transcrit comme il a été originellement énoncé. Il aurait suffit de transcrire sans fioriture l'essence du message pour obtenir un splendide résultat.

L'orthodoxie, depuis des centaines d'années, ignore le sens de ces mots, greffant de grotesques interprétations à ce qui est le simple énoncé de la vérité. Aussi loin et profond un théologien voudrait-il chercher, il ne pourra trouver dans le périmètre de sa théologie aucun moyen de démontrer la vérité de cette assertion : 'réconfort sera donné à l'endeuillé'. Quoi donc, parmi les croyances et dogmes de l’Église, pourrait apporter ce réconfort ? La foi, ou la soumission à la volonté de Dieu ? Laquelle des deux pourrait apporter le moindre réconfort ? Mais au lieu de vagues et creuses réassurances, la vérité des lois spirituelles et de leurs applications apportera l'immense réconfort recherché.

Il n'a jamais été voulu que les deux mondes, le vôtre et le nôtre, soient traités comme deux mondes séparés, ne communiquant jamais, à aucun moment, l'un avec l'autre. Pourquoi nos deux mondes ne devraient-ils pas entretenir une conversation régulière l'un avec l'autre ? Cette intercommunication existe, a toujours existé, et existera toujours. Certes, elle n'est pratiquée que par un petit nombre, et c'est dommage pour la majorité.

Cette intercommunication est la vraie bénédiction dispensée aux deux mondes par le Grand Esprit qui a la décision de ces choses.

Les gens parlent librement et avec légèreté de la volonté de Dieu parce que des êtres chers sont descendus dans la tombe (à ce qu'ils pensent) et donc se sont tus. Qu'en est-il du chagrin de ceux qui restent ? C'est la volonté de Dieu. Quelle infamie d'imputer au Père l'intention délibérée d'arranger l'univers de façon si maladroite qu'un tel malheur puisse se répandre sur terre !

Nous, dans le monde spirituel, savons peut-être peu de chose de la volonté de Dieu, mais nous savons au moins qu'il ne ferait jamais ça. Il ne causerait jamais de souffrances, quelle qu'en soit la nature, à aucun être sentient, sur terre ou dans le monde spirituel. Du Père ne peut émaner que le meilleur et ce qui fait le bonheur de l'humanité.

Chacune des âmes qui est née sur terre doit passer le seuil de la 'mort' avant de pouvoir résider dans le monde spirituel. En conséquence de cette transition vers le monde spirituel et de la mort du corps physique, d'autres sont abandonnés et doivent continuer leur vie terrestre jusqu'à ce que leur heure vienne. Il n'a jamais été voulu qu'un infranchissable mur de silence s'érige entre les personnes parties dans le monde spirituel et celles restées sur terre.

Les moyens d'entretenir une relation naturelle, normale et joyeuse entre les habitants des deux mondes ont toujours existé. Si les gens par lourdeur et stupidité, ou aveuglement et entêtement, font le choix de rejeter la plus grande des bénédictions offerte par la providence, ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes dans leur malheur. Mais tant d'intelligences sur terre, dans leur grande sagesse, pensent que la communication entre les deux mondes n'est que balivernes, sans preuve, malsaine, morbide, ou totalement cinglée !

Les Églises les soutiennent dans leurs objections. Du moment que c'est une objection, alors elle sera retenue. Dans le même temps, ils soutiendront le Nouveau Testament, chacun de ces mots, même 'l'endeuillé sera réconforté', bien qu'ils n'aient pas la moindre idée ou compréhension de ce que ça veut dire. Ils ne peuvent concevoir la manière de ce réconfort et encore moins sont-ils en mesure de l'apporter.

Quand Jésus a dit ces mots, il déclarait une vérité absolue qu'il a étayée par les faits des lois spirituelles. Il a été témoin à son époque de la même désolation due au deuil qu'à notre époque. L'humanité n'a pas changé sur ce point. Il y a toujours eu du chagrin au départ d'un ami vers le monde spirituel, et il y en aura toujours aussi longtemps que l'affection humaine perdurera. L'affection humaine a ses récompenses, elle a aussi ses souffrances, et aucune n'est plus poignante que la transition d'un être aimé.

Jésus a vu tout ça, et ses Enseignements sur ce cas précis ont apporté la réponse adaptée au problème spécifique de la souffrance et de la tristesse humaine. Il ne s'est pas contenté d'énoncer platement que l'endeuillé sera conforté, mais il a énoncé à ses auditeurs comment l'endeuillé pourrait trouver ce réconfort. Les moyens si aisément accessibles ne sont pas 'foi' et soumission à la volonté de Dieu, mais communication entre les deux mondes et les moyens de sa réalisation.

Qui de plus compétent pour aborder ce sujet que Jésus lui-même ? Personne, car Jésus pratiquait exactement ce qu'il prêchait. Ses propres facultés psychiques se sont développées pendant de longues années sous la supervision et le conseil du monde spirituel. Il était qualifié pour annoncer à ses auditeurs que la mort n'est pas la bouleversante tragédie tant redoutée. Les lois naturelles dispensent au monde terrestre d'innombrables bénédictions. Ces mêmes lois sont encore aujourd'hui existantes et opérationnelles. Cependant elles ne sont pas activées par les tenants de l'orthodoxie, mais par les relativement peu nombreux individus qui se tiennent en dehors des croyances orthodoxes.

En présentant cette vérité éternelle sur le réconfort de l'endeuillé, Jésus fut confronté au même problème qui perdure encore à présent dans le monde terrestre. Son principal ennemi était l’Église d'alors. L'arme suprême dans l'arsenal ecclésiastique, de tout temps et de toutes dénominations, s'appelle la peur, enracinée dans d'étranges mystères et dans une conception totalement erronée de la nature et du caractère du Père de l'univers. Les écritures elles-mêmes sont forcées pour confirmer les multiples croyances inexplicables et les théories religieuses auxquelles l'Orthodoxie se cramponne.

Le livre qui devrait transmettre aux enseignants de la religion sur terre la vérité vitale à propos de la vie sur cette terre et la nature de l'expérience après la fin de cette vie, ce livre donc a été transformé en champ de bataille d’un contentieux religieux, avec pour lourdes conséquences la fondation des myriades de religions en désaccord entre elles, certaines déclarant que Jésus est Dieu lui-même, et d'autres le niant. Si les Écritures n'avaient pas été autant falsifiées, la vérité aurait été évidente à tous. Mais la vérité visible à tous aurait sonné le glas de l'Orthodoxie. Qu'arriverait-il à l’autorité des Églises peu soucieuses de vérité si les individus pouvaient s'assurer, et par eux-mêmes grâce à leurs propres pouvoirs psychiques, tout le nécessaire à leur vie spirituelle sur terre et à leur passage dans le monde spirituel – sans besoin d'assistance venant d'obscures croyances ou de cérémonies religieuses élaborées, et entièrement qui plus est, sans peur ?

Grâce à cette simple 'religion' de communication avec le monde spirituel, non seulement l'individu serait le réceptacle d'enseignements spirituels de nature à améliorer sa situation après la transition, mais pendant sa vie terrestre, il serait en mesure de converser facilement et en permanence, avec ses amis et parents partis avant lui dans le monde spirituel.

Il n'y aurait aucun deuil car l'endeuillé serait véritablement consolé par le dialogue entretenu à tout moment avec celui qui l'a 'précédé'. Les amis dans le monde spirituel pourraient transmettre ce qui leur arrive, forts de leur expérience de 'mort', de la même façon que je le fais avec vous, mes bons amis, depuis que je séjourne dans cette dimension.

Ne regrettiez-vous pas mon départ ? Bien sûr, mais je sais aussi avec quelle joie vous avez accueilli les nouvelles de mon bien-être et j'étais très sensible à la plus grande joie encore avec laquelle vous avez accueilli mon retour pour vous parler. Cet état lumineux et joyeux aurait-il pu s'accomplir autrement ? Du tout.

Jésus a révélé à ces gens simples venus l'écouter, la manière exacte dont l'endeuillé pourrait trouver le réconfort, et aujourd'hui nous utilisons ces même lois. Jésus lui-même avait dans le monde spirituel des amis avec qui il dialoguait en permanence, comme cela se fait aujourd'hui. Il confrontait les formes de la religion orthodoxe de l'époque avec la vérité telle qu'il la savait. Et il s'est attelé à apporter la bonne nouvelle à ses auditeurs.

Il a utilisé des mots et des expressions que ses auditeurs comprendraient sans faute. De temps en temps, par diplomatie, il pouvait voiler un peu le sens, mais jamais il n'a laissé ses auditeurs dans le doute sur la signification précise. Il parlait comme parlerait une personne normale détentrice de savoir, et il s'adaptait à son auditoire. C'était des gens simples, illettrés et 'terre à terre', plus à l'aise avec le quotidien qu'avec des enseignements pointus très éloignés de leur compréhension.

Les enseignements les plus importants et les plus simples n'ont pas été consignés dans les évangiles. Les docteurs de l’Église ont mis la pagaille dans les écrits, et un large éventail d'interprétations d’un texte mutilé a été proposé. En dépit de tout ça, l'endeuillé continuera à être réconforté de la seule façon possible.

SUITE : Chapitre 2 Justice et Miséricorde