02 Introduction

Introduction

Je voudrais faire une remarque préliminaire avant de m'adresser à nouveau à mes amis sur terre : le monde spirituel est vaste et l'activité de ses habitants se déploie sur une échelle gigantesque.

Cette portion du monde spirituel dans laquelle j'ai le bonheur de vivre n'est qu'une infime partie du tout, mais tenter d'en décrire les contours en une fois et en un seul volume est impossible. Toute personne souhaitant revenir sur terre, quand l'occasion se présente, pour relater son expérience dans le monde spirituel est confrontée au même problème. Quand le choix d'un thème a été fait, que devons-nous développer et que devons-nous omettre ?

De ce fait, certains de mes amis sur terre seront quelque peu déçus, car des points de vif intérêt n'auront pas été suffisamment approfondis. Je le regrette et j'espère que ces quelques mots préliminaires éclairent ma position.

En ce qui concerne le thème ici abordé, je ne m'en suis jamais remis à mon propre jugement. J'ai eu la chance d'être assisté par des conseillers avisés et sages dont l'expérience de vie dans le monde spirituel et les connaissances des conditions de communication avec le plan terrestre sont étendues. Ces amis m'ont constamment permis de profiter de leurs conseils et je les ai fidèlement suivis.

Jusqu'à présent, nous avions cantonné nos descriptions et discussions au monde spirituel et à la vie que certains d'entre nous, ses habitants, mènent dans ces magnifiques domaines. Certaines personnes sur terre avouent leur manque d'intérêt pour la vie menée par un grand nombre d'entre nous dans ces terres spirituelles. Elles préféreraient quelque chose d'un peu moins matériel, une description moins concrète de ces délicieuses maisons et jardins, de ces beaux paysages, de ces plaisantes occupations et de ces agréables récréations. Elles pensent que ces choses ne s'accordent pas avec ce que devrait être leur destinée ultime dans 'l'après vie'. Mais j'aimerais demander à ces personnes de consacrer quelques calmes instants au sujet et de se demander ce qu'elles pensent exactement de ce que la vie dans 'l'au-delà' devrait être, si elles avaient ce pouvoir de décision. Où trouveraient-elles leur bonheur ? Par quoi voudraient-elles être entourées ? On peut difficilement imaginer que ces gens se satisferaient de passer des éons dans le monde spirituel, seulement occupés à la contemplation et à l'exclusion de toute autre activité – si la contemplation peut être qualifiée d'activité. J'ai plutôt constaté que les gens qui réclament haut et fort un mode de vie très spirituel dans le monde sont les premiers, quand ils arrivent dans le monde spirituel à se trouver soulagés de découvrir alentour toute cette beauté matérielle et cette grandeur se manifestant de façon à être facilement reconnues et comprises.

En vérité, l'éventail des délices offerts les dissuade rapidement et définitivement de passer un temps précieux en contemplation – si ce n'est la contemplation de l'immense bonheur de trouver les choses telles qu'elles sont et non telles qu'ils souhaitaient qu'elles fussent quand ils étaient encore incarnés. Tant de choses sont plus désirables abstraites que concrètes : une vie de contemplation pourrait être l'une d'elles.

On m'a conseillé de laisser de côté, pour le moment, les descriptions de notre vie dans ces dimensions et d'aborder des sujets d'égale importance portant sur nos deux mondes, le votre et le mien. Mais je voudrais tout d'abord faire une ou deux remarques qui concernent directement sur notre sujet principal.

Vous savez que le monde spirituel existe depuis des millions et des millions d'années de temps terrestre. La terre n'est qu'une enfant comparée à l'âge apparemment incalculable du monde spirituel. Attachées à l'âge du monde spirituel se trouvent des lois qui le gouvernent. Ces lois sont constantes, invariables, stables, et en totale continuité d'existence et d'action sur toute cette colossale période de temps.

Le monde spirituel et ses nombreux habitants ont été témoins de la naissance du monde terrestre, et ont aussi vu la formation des sphères spirituelles arrangées, comme je vous l'expliquais ailleurs, en cercles concentriques autour de la terre. Je n'entends pas parler de la formation de ces sphères car ce n'est pas mon présent propos.

Les êtres des domaines élevés ont assisté à l'évolution de l'homme sur la terre et ils ont aidé à cette évolution. Ils ont constaté la progression spirituelle et matérielle régulière de l'homme.

L'homme n'a pas été crée tel quel en un instant à l'image et à la ressemblance de son Créateur, contrairement à ce qu'enseigne l’Église. Il a évolué lentement et régulièrement depuis un ordre inférieur de créatures. L'image et la ressemblance ne sont apparues que plus tard. Le Jardin d’Éden est la meilleure tentative d'explication de la 'création' de l'homme que l'homme lui même pouvait concocter à cette époque. L'histoire des premiers homme et femme, connus sous les noms d'Adam et d'Eve, est le corollaire naturel de la légende de leur création.

Si l'histoire avait fini avec ce couple profitant jusqu'à la fin de leurs jours terrestres des plaisirs et délices de leur demeure idéale, le monde terrestre se serait vu épargné un océan de douleurs et de souffrances, de persécution, de guerres, de sang versé, et autres tribulations et calamités. Mais il fallait produire une raison pour laquelle ce paradis terrestre ne pouvait perdurer et alors fut inventée la doctrine totalement insensée et fausse de la Chute de l'Homme, et depuis cette chute l'humanité aurait été souillée du pêché originel.

Les différentes Églises du plan terrestre ne s'entendent assurément pas sur ce qu'est exactement le pêché. Mais les différentes explications de la doctrine ont au moins un point commun – elles sont toutes également et complètement fausses !

L’Église à laquelle j'appartenais sur terre croyait qu'Adam et Eve étaient immortels dans leurs corps terrestres et que le processus du vieillissement physique leur était inconnu. Ces deux individus étaient constitués de telle façon qu'ils vivaient de fait dans deux mondes en même temps.

A cause du péché de ces supposés premiers parents, le Père de l'univers a inventé la mort du corps physique. Il les a jetés hors du paradis, condamnés à 'mort', et cette 'mort' est devenue transmissible comme une contagion à toutes les futures générations. Toute cette affabulation de la création de l'homme et le désastre qui s'ensuit est une grotesque insulte à l'Esprit Infini.

La complexité des doctrines et des croyances de l’Église qui s'originent dans cette fable des premiers parents est une tentative bancale d'expliquer ce que les premiers hommes d'église étaient complètement incapables d'expliquer.

La civilisation chrétienne du monde terrestre date le commencement de son histoire à environ deux mille années en temps terrestre. Deux mille ans : un grain de sable, un seul grain de sable dans un immense désert de temps. Que s'est-il passé sur terre avant le commencement de ces deux mille ans ?

On vous demande de croire que la terre était alors dans un état de paganisme, que les peuples adoraient une foultitude de dieux qu'ils échangeaient au moindre caprice. Le Père avait de fait plus ou moins abandonné ses enfants terrestres depuis des millions d'années, et Lui seul, enfin, s'auto-persuada d'envoyer son 'Salut' sur terre il y a deux mille ans, après des éons et des éons d'abandon. Voilà, il nous semble dans le monde spirituel, ce qu'on vous demande de croire.

Et bien sûr, le diable apparaît dans cette histoire des premiers homme et femme. C'est lui qui cause leur chute. On peut se demander : qui est ce mystérieux démon qui, depuis son premier grand succès dans le Jardin d’Éden, a dépensé son temps et son énergie à 'errer de par le monde pour la perte des âmes' ?

En une autre occasion, je vous avais déjà parlé de ce gentleman apparemment omniprésent. Ayant tant entendu parler de lui pendant mon incarnation, une de mes premières questions porta sur l'existence – ou pas – de Satan. Existe-il vraiment ? Il me fut répondu qu'il n'y a aucune vérité dans cette fable, il n'existe aucun 'prince du mal' qui vivrait dans un monde inférieur et dont la seule fonction serait de s'opposer au Père bienveillant et de soumettre par la ruse les âmes pour ainsi les mener à effectuer des actes vils punis de damnation éternelle.

Tout ceci n'est que balivernes. Si nous devions traverser les régions obscures et effectuer un recensement minutieux, nous pourrions, après une scrupuleuse élimination, trouver une ou plusieurs âmes qui seraient infiniment plus viles que les autres. Il est concevable que nous pourrions même en trouver une si vile qu'elle pourrait être tenue pour un leader en matière de mal par ses condisciples.

Mais qu'il y en ait un qui soit l’indiscutable Prince du Mal – non, il n'existe pas. Chaque centimètre carré des dimensions obscures a été recensé par des êtres des dimensions supérieures et ils n'ont pas réussi à découvrir ce personnage. Bon, ils n'y allaient pas pour ça ! La connaissance que possèdent ces êtres supérieurs leur permet d'affirmer qu'un tel personnage n'existe pas. Mais que tous les gens méchants des dimensions obscures puissent être qualifiés de démons, alors là oui, il y a beaucoup de démons.

Le diable est censé porter beaucoup de masques. Au Jardin d’Éden il est serpent. De nos jours sur terre, l’Église prétend que le diable parade en 'ange de lumière' pendant les séances spirites et continue son travail de sape en entraînant les âmes vers leur perte. En ces occasions, le diable a même prétendu être un ancien prêtre de l’Église !

Nous pouvons nous permettre de sourire à tant de bêtise. Mais nous sommes aussi attristés. Vivant dans le monde spirituel, entourés de ses beautés et merveilles, de toutes ses joies et délices, et de ses dons du ciel que sont les occasions de faire le bien autour de nous et de nous rendre utiles, nous pouvons constater l'obscurité profonde de ce que l'on appelait pensée religieuse quand nous vivions sur le plan terrestre. Nous pouvons nous souvenir de la force avec laquelle nous soutenions ces doctrines, leur attribuant une importance vitale pour la sauvegarde des âmes, et ce pour découvrir, une fois rendus dans le monde spirituel, que ces doctrines ne sont rien, vraiment rien. Elles se révèlent pour ce qu'elles sont : totalement dépourvues de sens.

Elles sont désintégrées par les grandes vérités qui se trouvent devant nous. Par exemple, la fable de nos premiers parents et du péché originel. Impossible de trouver Adam et Eve, ou leur équivalent, dans le monde spirituel, de même pour le diable, et ce pour une simple raison, ils n'existent tout simplement pas. Il doit être possible de déterminer qui étaient parmi les premiers habitants de la terre à développer les premiers signes d'intelligence, mais ça nous avancerait à quoi ?.

Toute cette grande organisation du monde terrestre est le fruit d'un lent processus d'évolution et de progression. L'homme n'est pas subitement apparu par la parole du Père de l'univers, du jour au lendemain.

Tout ce processus s'est déroulé sur des milliers d'années de temps terrestre et continue encore, contrairement aux apparences ! Le monde terrestre et ses habitants, hommes ou bêtes, sont corruptibles.

Mais les pendants éthériques du monde terrestre - pour désigner grosso modo les sphères spirituelles concentriques – et l'élément spirituel de l'homme et de l'animal sont eux incorruptibles. L'homme primitif du plan terrestre était soumis aux mêmes lois naturelles que vous maintenant. Depuis son tout début, le monde terrestre a été soumis aux lois de la corruption. L'homme primitif 'mourait', suivant un processus similaire en tout point au mien, bien que les circonstances puissent avoir été largement différentes. Ce même homme primitif est maintenant un résident du monde spirituel. Ces traits se sont altérés à travers les âges jusqu'à devenir comme les nôtres.

Il a évolué en vertu de son droit de naissance, ce même droit de naissance que nous possédons tous - vous qui êtes incarnés, et moi qui suis désincarné - avec les millions d’âmes des deux mondes. Et ce droit de naissance est le droit total et libre à une progression illimitée, de même que la capacité et l'occasion de cette progression. Qui peut énoncer une limite à la progression potentielle d'un individu ? Vue d'ici, elle nous paraît illimitée.

L'homme primitif, ainsi nommé en tant que premier habitant de la terre, est avec nous dans le monde spirituel. Ces âmes habitent les plus hautes sphères. Elles sont arrivées dès leur départ du monde terrestre – vous les prenez pour des sauvages. Ce sont peut-être leurs traits qui vous suggèrent cette appellation. Aux habitants du monde spirituel d'alors elles étaient des âmes humaines, peut-être brutes, manquant de connaissances spirituelles, mais néanmoins des réceptacles de lumière spirituelle. Une fois dans le monde spirituel, elles ont été prises en main par des âmes magnifiques qui ne s'étaient jamais incarnées, et appartenaient uniquement au monde spirituel. Ainsi si superbement guidées et instruites, ces âmes primitives ont progressé de façon fulgurante.

Vous ne pourriez actuellement reconnaître un de ces 'hommes primitifs' ni le différencier des autres habitants de ces dimensions supérieures. Pendant que l'homme primitif évoluait vers un être supérieur du monde spirituel, son frère sur terre poursuivait une transformation similaire jusqu'à présenter les caractéristiques de l'humanité actuelle.

L'évolution spirituelle et matérielle de l'homme sur terre continue et ira en continuant. Quelle en est la finalité, je ne saurais le conjecturer. C'est le secret bien gardé des sphères les plus hautes...

En matière religieuse, l'homme a divisé son existence en deux périodes – chrétienne et pré-chrétienne. Dans la plus ancienne, on vous apprend que le monde était spirituellement sombre. L'humanité s'éreintait sous le joug de la colère divine justifiée par le 'péché' originel de nos premiers parents.

Selon les anciennes écritures un 'sauveur' allait être envoyé, mais nul ne connaissait l'heure, l'endroit ni la façon de cette venue. Enfin, il y a apparemment deux mille ans un être exceptionnel est né sur terre. Il fut reconnu par certains comme le libérateur tant attendu, et par d'autres rejeté. Deux mille ans plus tard cette question de savoir si Dieu a envoyé un sauveur n'est toujours pas tranchée.

La naissance terrestre de cette âme illustre devait finalement remuer le mental humain comme jamais auparavant. Des manuscrits contenaient supposément les actes et paroles proférées pendant sa courte vie ainsi que ses enseignements. A partir de tout cela, on élabora une théologie si obtuse, si complexe, si incompréhensible que personne ne peut l'expliquer, et si controversée qu'une multitude de sectes antagonistes ont écloses, chacune se prétendant la seule véritable garante du 'salut' des âmes.

En tant que prêtre d'une des principales religions, je défendais de mon vivant terrestre toutes ses doctrines et professions de foi. Ce n'est qu'une fois dans le monde spirituel que j'ai découvert que toute ma 'connaissance' théologique était complètement négative et rendue vaine par mes premières rencontres avec les vérités du monde spirituel, ses habitants et ses lois. Je découvrais que les habitants de la terre n'avaient jamais, pas une seconde, vécu sous le joug de la colère divine, pour la raison que le Père du Ciel ne peut ressentir et entretenir de colère contre personne pour quelque raison que ce soit.

Comment le sais-je, me demande-t-on ? La réponse est simple : tout le monde dans le monde spirituel sait ça. C'est là que se trouve l'incommensurable beauté de ce monde. C'est partout apparent. La Colère de Dieu est une fable bête et méchante. Et subséquemment, un nombre incalculable de fausses théories ont été élaborées et un nombre incalculable de fausses doctrines ont été formulées. La familiarité la plus élémentaire avec les lois du monde spirituel permet tout de suite de se rendre compte que 'colère de Dieu' est une contradiction dans les termes. Ces deux mots ne peuvent coexister. Non mais vraiment, la colère de Dieu !

Mais ce n'est pas tout. Jésus, ce grand maître né sur terre il y a deux mille ans, a été violemment et honteusement éjecté du monde terrestre par ses habitants. Cette tragique transition représentait un acte d'expiation auprès du Père Éternel du fait de sa colère ressentie, et devait ainsi sauver les habitants de la terre. Voici encore de nos jours l'enseignement des Églises. Un sacrifice de sang de Son fils unique !

De telles croyances sont primitives et barbares, et monstrueuses à la lumière des vérités du monde spirituel, comme nous les connaissons et les comprenons ici.

Depuis ses tout débuts, le monde terrestre a été confié à la garde d'êtres exaltés des sphères les plus hautes. En contemplant le chaos actuel, vous pourriez penser que ces êtres ont lamentablement échoué dans leur mission. Mais non, ils n'ont pas échoué.

Depuis son émergence à partir d'un ordre inférieur, l'homme a été constamment l'objet d'attention et d'aide. L'homme primitif, croissant en intelligence, était en communication active avec le monde spirituel par le truchement de ses sens supérieurs, inhérents à chaque âme, mais qui par ignorance se trouvent maintenant sous-développés et en jachère. L'évolution du monde terrestre et de ses habitants est lente, constante et ininterrompue depuis des milliers et des milliers d'années.

Jamais, pas un instant, les deux mondes ont-ils été en rupture de contact directe. Pendant tout ce temps, l'homme utilisait – et utilise encore - son libre arbitre. Tantôt il écoutait les voix du monde spirituel – et tout allait bien. Bien souvent il était sourd à ces voix – et tout s'aggravait. Mais le conseil était toujours présent. Le 'Chemin du Salut' était toujours le même. Enseigner qu'une grande âme doit subir les tourments de la persécution et une 'mort' horrible afin de sauver le monde de la 'damnation' et enseigner que cela est ordonné par le Père afin d'apaiser Sa colère est non seulement révoltant pour nous dans le monde spirituel, mais bien pire, ce sont les pires diffamation et calomnie qui puissent être proférées contre le caractère, la nature et l'essence intrinsèque du Père de l'univers.

Nous qui vivons dans le monde spirituel voyons la puissance et la majesté de la création du Père – l'univers. Et nous voyons aussi ce qui est encore beaucoup plus grand et beaucoup plus majestueux, l'homme lui-même. On pourra dire qu'il n'y a rien de très superbe et majestueux chez ces horribles êtres des régions sombres que j'ai décrits. Non ! Assurément pas dans leur état actuel.

Mais, implanté en chacun de ces infortunés êtres, se trouve le germe d'évolution et de progression spirituelles. Et là résident leur puissance et majesté. Souvenez-vous de ces êtres primitifs qui ont tellement évolué qu'ils résident maintenant dans les plus hautes sphères et qu'ils sont les détenteurs d'une immense connaissance et sagesse. Ils sont, dans tous les sens du terme, des âmes merveilleuses.

À toutes les époques du monde, de grands enseignants des vérités profondes se sont manifestés sur terre. Il y en eut beaucoup par le passé. Et ils continueront à se manifester dans le futur. C'est la décision de l'homme que de les émuler ou de les rejeter.

L'entrée dans le monde spirituel ne se fait que d'une seule façon – par la 'mort' du corps physique. Dans le monde spirituel personne ne peut assigner à aucune âme une place autre que celle qu'elle a méritée par elle-même. Elle ne peut être sauvée par l'intervention d'un tiers, quel qu’il soit. Les mérites pour résider dans une dimension de beauté doivent être ses propres mérites. Personne ne peut partager le fardeau d'une odieuse vie terrestre. Comme je vous l'ai déjà dit, chacun en paye le prix.

Puisque c'est ainsi, quelle est l'utilité des sempiternelles répétitions d'acte de foi et de formules lugubres et alambiquées dans lesquelles la vie spirituelle de l'homme s’engonce et suffoque ? Il n'existe aucune formule magique dont l'énonciation assurerait une transition sans risque vers le monde spirituel et procurerait une destination heureuse. Seuls nos mérites peuvent nous les assurer et personne ne plaidera notre cause devant le Grand Trône. Ce qu'a été notre vie sur terre sera notre seul avocat – et le plus éloquent – de notre état quand nous entrerons dans le monde spirituel. Et cette vie sera aussi notre incorruptible juge. Toutes les religions qui ont surgi au cours de ces milliers d'années sont toutes déconnectées des réalités du monde spirituel. Elles sont toutes fondées sur de fausses valeurs et conceptions.

Certains ordres religieux sont arrogants au point de professer connaître exactement les intentions du Père. D'autres mettent l'accent sur 'le pouvoir salvateur de Jésus', cette grande âme que la terre a rejetée il y a deux mille ans. Ils prétendent : 'hors du Christ point de salut'. A force de répétition publique de ces prières obséquieuses et stériles, on espère mettre en branle un processus magique qui assurera aux âmes que quel que soit le lieu rejoint après la 'mort', ce ne sera surtout pas, pour toute éternité, l'enfer.

On peut, de fait, affirmer que l'Orthodoxie appuie son seul espoir de pouvoir 'sauver notre âme' sur les mérites d'un tiers, et c'est comme ça que l'Orthodoxie a fait mouche et transformé le monde spirituel en monde chrétien ou du moins, selon les théologiens, en monde où l'élément chrétien prédomine.

En tant qu'habitant du monde spirituel, j'ai vite découvert que ce monde est beaucoup plus grand. Vraiment au-delà de toutes les religions terrestres, quelles qu'elles soient.

Il est peuplé de gens de tous les coins de la terre, représentant toutes les écoles de pensées religieuses. Dans la dimension où je vis, nous avons rejeté toute allégeance aux Églises de notre vie terrestre. Nous n'avons aucune religion dogmatique ici. Nous sommes tous d'un même esprit et cet esprit est régulé par la vérité.

Je vous ai par ailleurs relaté que dans certains endroits de notre dimension, on peut voir, telles que sur terre, des églises de multiples confessions religieuses. Mais cela ne change en rien mon commentaire sur les religions terrestres. Ces églises ont le droit d'exister sous certaines conditions bien comprises et parfaitement définies. Ce sont des communautés soigneusement séparées et tenues par des règles strictes. Il n'y a aucun mal à ériger un bel édifice ressemblant aux monuments ecclésiastiques terrestres. C'est ce qui se passe dedans qui est soumis aux lois les plus strictes.

Le monde spirituel est non confessionnel. L'orthodoxie peut raconter ce qu'elle veut concernant son droit auto-proclamé à être le seul gardien de 'l'immortalité de l'âme'. L'entrée dans le monde spirituel ne se fait ni par l'intermédiaire d'une quelconque Église, ni grâce aux mérites d'un ou plusieurs tiers.

Aucun mérite d'aucun saint du calendrier ne nous aidera à échapper aux conséquences de nos méfaits pendant notre incarnation. Nous seuls devrons payer. Et l'appartenance à l’Église qui prétend avec force assurer notre secours ne pourra l'empêcher. Nous passons seul la porte de la mort physique, bien que nous soyons assistés par des êtres déjà désincarnés. Mais ça s'arrête là.

Ces assistants n'ont pas le pouvoir de nous assigner une destination autre que celle que nous avons gagnée par nous-même. Il est donc clair – et je parle d'expérience - que la tragédie du Mont du Calvaire il y a deux mille ans, qui est certes un sacrifice personnel d'une sublime beauté, ne peut pas avoir et n'a aucune incidence sur les âmes individuelles nées sur terre à cette époque, ni depuis ni auparavant.

Cet événement a prouvé une vérité profonde, dont moi-même et d’innombrable millions sont témoins : la mort du corps physique est le commencement d'une nouvelle vie, et nous récoltons dans le monde spirituel ce que nous avons semé dans le monde terrestre. Mais aussi grand qu'ait été ce sacrifice, ni sa grandeur ni ses mérites ne sont transmissibles. Nous sommes, chacun d'entre nous, responsables de nos propres agissements.

Tout ceci, dites-vous, nous mène très loin de nos premiers parents. Pas vraiment. Adam et Eve, nous dit-on, étaient nos premiers parents. Ils commettent le péché originel, sont jetés hors du paradis. Jusqu'alors ces êtres étaient étrangement construits. Ils étaient immortels dans leur corps physique tout en vivant sur une terre corruptible. Ils perdent cet attribut en commettant le 'péché', et la 'mort' est introduite. Toute la descendance humaine est partie prenante dans leur chute, et ce n'est que la promesse d'une visitation 'd'en haut' par un être qui rédimerait les hommes qui aurait rendu la vie sur terre possible.

J'essaye à la fois de vous montrer que cette histoire est fantasque, et de jeter un pont entre la formation du monde avec son évolution constante et cette époque qui débuta il y a deux mille ans. Adam et Eve n'ont aucune existence factuelle. C'est une fable. Jésus est né sur terre il y deux mille ans et il est maintenant une force immense sur le plan terrestre. C'est un fait. La fable et le fait n'ont aucun rapport, mais l’Église a rendu l'un dépendant et conséquent de l'autre - d'où l'émergence de toutes ces étranges variétés de sectes et préceptes religieux observés à travers le monde.

Qu'une personne puisse endosser la responsabilité des méfaits d'un autre contredit toutes les lois du monde spirituel. Aucun mérite appartenant à un tiers ne peut nous exonérer et nous décharger de notre responsabilité. Mais, direz-vous, cette grande âme qui périt si tragiquement est différente. Il est à part. Il est divin. Il est le fils de Dieu venu nous racheter. Il est Dieu lui-même. Avec Dieu, tout est possible. Donc, en vertu de sa divinité, Jésus lavera nos péchés si nous avons la foi et suivons les enseignements de l’Église. Nous devons nous repentir bien sûr, et alors, étant repentant, notre cause sera plaidée et nous serons sauvés par le mérite de son suprême sacrifice. Très réconfortante cette croyance, mais elle a un défaut. Elle est tout simplement fausse.

SUITE : Chapitre 1 Les Endeuillés