Traduction d’une interview donnée sur le site web ‘Spirit today’
Préface du rédacteur, Grahame Mackenzie :
'Oh ouah ! Oh ouah ! Oh ouah !
Ce sont, semble-t-il, les derniers mots prononcés par Steve Jobs. Bien que le sens précis ne soit pas connu, ces exclamations indiquent quelque chose au-delà, quelque chose spirituelle – quelque chose niée et rendue tabou par l’obédience scientifique dominante.
Mais tous les scientifiques n'adhèrent pas à la gestalt matérialiste. De nombreux chercheurs se manifestent de plus en plus souvent pour présenter des preuves scientifiques et rationnelles de la vie après la mort.
'Spirit Today' a le privilège de présenter à ses lecteurs les résultats du Dr. Pim van Lommel, cardiologue néerlandais de renommée mondiale, auteur, conférencier et professeur d'université.
Dr. van Lommel a étudié empiriquement les expériences de mort imminente (NDE) de ses patients qui ont survécu à un arrêt cardiaque. Sa recherche suggère que notre conscience de veille ne coïncide pas toujours avec le fonctionnement du cerveau ; et il est, de plus, possible de faire l'expérience de la conscience séparée du corps.
Dans les 15 secondes suivant l'arrêt cardiaque, comme nous l'apprend le Dr. van Lommel, le cerveau s'arrête en raison du manque de flux sanguin. Il est donc impossible que les manifestations subséquentes de la conscience, telles que celles relatées par les survivants de NDE, puissent avoir été produites par le cerveau physique.
Wayne Becker de 'Spirit Today' http://www.spiritoday.com/ conduit cette interview exclusive avec le Dr. Pim van Lommel.
Wayne : Dr. van Lommel, quel plaisir d'être avec vous ! Je suis, depuis de nombreuses années, un admirateur de vos travaux.
Vous êtes, bien sûr, un cardiologue de renommée mondiale. Vous êtes connu pour vos recherches sur les expériences de mort imminente (NDE). Vos résultats ont été diffusés dans le monde entier par l'intermédiaire de livres, d'articles savants dans des journaux scientifiques, de conférences dans les universités et les hôpitaux, ainsi que de très nombreuses interviews.
Comme notre temps ensemble est limité, je m'abstiendrai de poser les questions souvent posées, auxquelles vous avez répondu de nombreuses fois : vous avez dissipé le mythe du cerveau comme épicentre de la conscience, nous savons déjà que le cerveau n'est pas fonctionnel pendant une NDE causée par arrêt cardiaque, et autres questions techniques.
Au lieu de cela, je voudrais, si je puis me permettre, interviewer, plus que le cardiologue, Pim van Lommel l'homme de réflexion, l'humaniste, le philosophe. De votre propre admission, vos études sur les NDE vous ont changé ; en fait, je crois que vos nombreuses années d'étude peuvent nous aider tous à mieux comprendre les profondes questions existentielles qui nous préoccupent, telle ce que signifie être vraiment humain, telle la nature de la conscience, et peut-être même pouvez-vous nous donner un aperçu de notre destinée.
Dr. van Lommel : Voila ce que j'ai appris des nombreuses, nombreuses personnes qui étaient disposées à partager leur NDE avec moi : la mort n'est pas la mort, mais une autre forme de vie. La mort est juste la fin de notre corps physique, car il y a de bonnes raisons de supposer que notre conscience ne coïncide pas toujours avec le fonctionnement de notre cerveau : une conscience élargie peut parfois être éprouvée séparément du corps.
Ainsi, je crois maintenant que la mort, comme la naissance, peut très bien n'être qu'un simple passage d'un état de conscience à un autre. Cependant, nous devons reconnaître que la recherche sur les NDE ne peut pas nous fournir les preuves scientifiques irréfutables de cette conclusion, parce que les personnes ayant fait une NDE ne sont pas mortes tout à fait, mais elles étaient toutes très proches de la mort, et sans un cerveau en état de fonctionner.
Comme je l'ai expliqué dans mon livre 'La Conscience au-delà de la Vie', il a été scientifiquement démontré que, pendant une NDE, la conscience élargie était expérimentée indépendamment du fonctionnement du cerveau. Je cite une réflexion d'une mort récente : « Tout ce que vous avez se dégradera, mais ce que vous êtes, vit et vivra, au delà du temps et de l'espace ». Ainsi nous avons un corps et nous sommes conscients. Sans corps, nous pouvons encore avoir des expériences conscientes.
Récemment, quelqu'un ayant fait une NDE, m'a écrit : 'Je peux vivre sans mon corps, mais apparemment mon corps ne peut pas vivre sans moi'. On ne peut pas éviter la conclusion que la conscience sans limite a toujours existé, et existera toujours, indépendamment du corps. Il n'y a aucun commencement et il n'y aura jamais de fin à notre conscience. Notre conscience élargie ne réside pas dans notre cerveau et n'est pas limitée à notre cerveau, car notre conscience est non-locale, et notre cerveau a une fonction facilitatrice, et non pas une fonction génératrice d'expériences de conscience.
Concernant ce que nous pouvons apprendre des personnes qui sont disposées à nous faire part de leur NDE, je voudrais citer Dag Hammerskjöld : « Nos idées sur la mort définissent comment nous vivons notre vie ». Tant que nous croirons que la mort est la fin de tout ce que nous sommes, nous consacrerons notre énergie aux aspects provisoires et matériels de notre vie.
De même, notre approche factuelle des problèmes médicaux et moraux est façonnée en partie par notre croyance en une continuité possible de la conscience après la mort physique, ou en revanche, par notre conviction que la mort est la fin de tout. Ces vues sont habituellement basées sur des croyances religieuses ou leur absence.
Dans notre courte vue et notre ignorance obstinée, nous oublions de réfléchir à l'avenir de notre planète, où nos enfants et nos petits-enfants devront vivre, et survivre. Nous oublions le développement durable et nous détruisons et épuisons systématiquement notre planète, car nous vivons dans une société concurrentielle et matérialiste. Nous devrions nous rendre compte que le mal que nous nous causons à nous-mêmes, ainsi qu'à la nature, finalement nous nuit car en tant qu'humains nous sommes, non seulement intensivement reliés ('intriqués') les uns aux autres, mais également reliés aux animaux et aux végétaux vivant sur notre terre menacée.
Nous devrions cesser de penser et d'agir comme si nous étions les meilleurs, car ce sera toujours aux dépens des enfants et autres créatures faibles et sensibles. Nous devons changer notre conscience personnelle, pour changer non seulement la manière dont nous vivons, mais pour changer également la manière dont nous voulons traiter, honorer et respecter d'autres êtres sur cette planète.
Wayne : Avec votre permission, j'aimerais avoir vos commentaires sur quelques centres d'intérêt. Je ne veux pas appeler ces sollicitations 'questions'. Mais j'accueille vos réflexions, vos rêveries, vos avis et opinions, au sujet des questions métaphysiques que les NDE suscitent chez les sujets pensants.
Permettez-moi de vous faire un petit compliment. L'historien Theodore H. White déclarait : 'Aller à l'encontre de la pensée dominante de vos amis, de la majeure partie des personnes que vous voyez chaque jour, est peut-être l'acte d'héroïsme le plus difficile qui soit.' J'admire votre bravoure, Dr. van Lommel, votre volonté de défendre, seul, vos convictions, contre les négationnistes de la caverne de Platon. L'homme de la rue ne se rend pas compte à quel point il est souvent difficile pour le monde scientifique d'accepter de nouvelles idées. Une grande partie du statu quo sert à préserver des intérêts indélogeables, représente le néo-dogmatisme déguisé en nouveau temple d'infaillibilité et de connaissance !
Le temps peut élever même l'erreur grossière en vérité, les conventions se momifient en lois, et l'inertie institutionnelle déteste ceux qui 'font des vagues'. Les NDE, et en fait toute la recherche sur la vie après la mort, bien que soutenues par des résultats empiriques reproductibles, attirent le scepticisme.
Le scepticisme, dans un monde où la perception des sens est très discutable, est une saine attitude. Mais le problème avec certains sceptiques est qu'ils ne sont pas suffisamment sceptiques ! Leur scepticisme est tout à fait sélectif, commodément appliqué à certaines idées, mais pas à d'autres, particulièrement les leurs. Pour être fidèles à leur doxa, ils doivent agrandir leur champ de critique et être sceptiques du scepticisme lui-même.
J'aimerais avoir vos pensées au sujet de ce chauvinisme se faisant passer pour de l'esprit scientifique. Dr. Ernest Becker, lauréat du Prix Pulitzer, 1974, pour son livre 'The Denial of Death ' ('Le Déni de la Mort') avance que la motivation cachée, la raison derrière la raison, du refus pathologique de l'ego à accepter de nouveaux paradigmes est sa peur subliminale de la mort ! En clair, cela veut dire, une crainte du jugement, la terreur du Dieu courroucé, un état d'anxiété face à notre responsabilité cosmique pour nos actions – qui, pour beaucoup, conduit à une virulente aversion de tout ce qui accorde un statut ontologique objectif à la dimension de l'après-vie !
Dr. Van Lommel : Nous devons admettre qu'il n'est pas possible de réduire la conscience aux processus neuronaux, comme le soutient la neurologie contemporaine. L'hypothèse que la conscience et les souvenirs émergent de la fonction cérébrale est infondée, et il n'y a toujours aucune preuve scientifique démontrant des corrélations entre fonction neuronale et tous les aspects de l'expérience subjective.
Il n'existe actuellement aucune preuve directe de la façon dont les neurones ou les réseaux neuronaux pourraient produire l'essence subjective de l'esprit et des pensées. Nous ne pouvons pas mesurer ce que nous pensons ou sentons, nous mesurons juste le changement d'activation. Et l'activation neurale est simplement une activation neurale ; elle reflète seulement l'utilisation des structures.
Ceci a pu être comparé à une radio : vous pouvez activer la radio en l'allumant, et vous pouvez activer une certaine longueur d'onde en cherchant une station spécifique, mais vous n'aurez aucune influence sur le contenu du programme que vous allez entendre. Allumer la radio n'influence pas le contenu du programme, et de même la seule activation neurale n'explique pas le contenu des émotions ou des sensations.
Donc, avec nos concepts médicaux et scientifiques actuels, il semble en effet impossible d'expliquer tous les aspects des expériences subjectives, comme celles relatées par des patients ayant fait une NDE accompagnée d'une perte passagère de toutes les fonctions du cerveau. Mais la science, je crois, est la recherche d'explication des nouveaux mystères plutôt que l'adhérence aux vieux dogmes et concepts.
Frederik van Eeden, un célèbre médecin et auteur néerlandais, mentionnait, déjà en 1890, lors d'une de ses conférences au sujet des progrès de la science de son temps : 'Je suis personnellement, plus que jamais convaincu que le plus grand ennemi du progrès scientifique est le rejet et le refus d'étudier, par à-priori et préjugé, des faits qui semblent incompréhensibles, étranges et inconnus ». C'est on ne peut plus actuel !
Et Thomas Kuhn, célèbre professeur de philosophie et d'épistémologie au MIT, maintient que, contrairement à la conception populaire, la plupart des scientifiques ne sont ni des penseurs objectifs ni des penseurs indépendants. Ils essayent de faire coller la théorie et les faits à leur paradigme admis par avance, ce que Kuhn décrit comme étant essentiellement une collection de croyances partagées par des scientifiques, un ensemble d'accords sur la façon dont les problèmes devraient être compris. En conséquence, les scientifiques tendent à ignorer, ou même à ridiculiser, les résultats de recherches qui pourraient menacer le paradigme existant.
Comme William James le disait : 'Beaucoup de personnes pensent qu'elles pensent quand elles ne font que réarranger leurs préjugés'. Et ainsi, toutes ces observations qui ne peuvent pas être expliquées par la vue dominante sont labellisées 'anomalies', car elles sont identifiées comme étant des violations des attentes dictées par le paradigme qui régit la science 'normale', et bien sûr, ces résultats sont tout d'abord négligés, ignorées ou rejetées comme étant des erreurs.
Les expériences de mort imminente font partie de ces anomalies, car la cause et le contenu des NDE ne peuvent simplement pas être expliqués par nos idées scientifiques actuelles concernant la conscience humaine et la relation esprit-cerveau. Le problème avec les sceptiques est le suivant : ils sont peu disposés à accepter l'idée de conscience non-locale, basée sur des études prospectives des NDE de survivants d'arrêt cardiaque, car ils craignent de perdre leur (démodé) paradigme scientifique-matérialiste. Ils perdront le socle sur lequel ils ont assis leur science. Peut-être, ont-ils même peur de perdre l'argent de la recherche attribué pour toutes leurs études neurophysiologiques matérialistes.
Les sceptiques sont effrayés qu'une découverte singulière inédite, qui ne peut s'expliquer par des concepts et des idées largement admis, soit capable de provoquer un changement fondamental en science. Faire reconnaître par la science que la conscience est un phénomène non-local et donc omniprésent, peut contribuer à faire surgir de nouvelles idées au sujet de la relations conscience-cerveau.
La recherche sur les NDE semble importante pour nos concepts scientifiques concernant la relation esprit-cerveau et esprit-corps. Mais elle est également importante au regard de nos soins de santé, et nous devrions reconsidérer ses nombreuses implications pratiques dans des problèmes médicaux et moraux réels, tels que les soins aux patients comateux ou mourants, l'euthanasie, l'avortement, et le prélèvement d'organes -pour la transplantation- sur une personne engagée dans le processus de la mort, dont le cœur bat encore dans un corps chaud mais avec un diagnostic de mort cérébrale. Et évidemment, c'est également important pour nos conceptions de la vie et de la mort.
Je crois et j'espère que dans un proche avenir, la science moderne s'intéressera à la recherche empirique sur les expériences subjectives peu ordinaires qui peuvent se produire dans notre conscience, et que nous accepterons des concepts non-locaux pour comprendre la façon dont nous sommes reliés les uns aux autres ainsi qu'à notre planète menacée.
Wayne : Dr. van Lommel, comme vous le savez, un grand nombre de narrateurs de NDE parlent d'immersion dans une sorte de mer transcendantale d'unité, de joie, d'amour, et de paix. Ils ne veulent pas retourner dans leur corps. Ils disent qu'ils 'étaient rentrés chez eux' et ne voulaient plus en repartir!
Si vous permettez, je vais, un instant, raconter ma propre histoire. Je n'ai pas eu une NDE, mais il y a dix-huit ans, alors que j'étais assis seul dans mon bureau, j'ai éprouvé ce que je décris comme une quasi sortie hors du corps ! Il m'a semblé flotter dans une Obscurité trans-mondaine Éblouissante d'amour et de joie qui défie le réductionnisme verbal.
En conséquence, par la suite, ma vie entière a changé, comme pour beaucoup de NDEeurs (NdT : j'ai, pour faire simple, francisé cet anglicisme qui se traduit en 6 mots (!) par 'ceux qui ont vécu une NDE') : une conscience accrue, l'altruisme devient plus important, la religion régresse mais la spiritualité augmente, et, ce qui est peut-être le plus significatif, le désir ardent pour 'le chez-soi perdu' est à chaque instant au centre des perceptions. En me rappelant maintenant cet inexprimable merveilleux, je peux encore ressentir cette palpitante vitalité, comme si mon corps intérieur entier vibrait maintenant à un plus haut niveau de fréquence ! Je pense qu'il en est ainsi depuis ce jour lointain ! Ça ne m'a jamais quitté !
Et comparant ce qui m'est arrivé à ce qui arrive aux NDEeurs, je ne peux m'empêcher de théoriser que les deux expériences sont de même nature. La ferveur enthousiaste d'être simplement vivant, d'une certaine manière d'être engendré par l'entrée dans une nouvelle dimension, génère un degré de certitude inconnue dans un monde tri-dimensionnel !
La science dévalue le domaine affectif en faveur des mathématiques ; mais Emmanuel Kant dans sa 'Critique de la Raison Pure' écrit qu'au delà d'un certain point, la raison récolte une moisson amaigrie, le cœur sait des choses que la raison a du mal à comprendre. La science, au final, ne nous apporte qu'une partie de la vérité. Nous pénétrons dans la terre promise du désir ultime du cœur, la réalité la plus élevée, le summum du bien, porté par une chose connue de chaque artiste et poète : le sentiment céleste et non un malin syllogisme !
Les NDEeurs, plus que simple témoins du lointain pays, ont intimement ressenti sa merveille, goûté de son fruit, ils ont perçu son efficacité, et ne seront pas persuadés du contraire. Le moment d'extase d'une NDE semble annoncer le destin. Quel est ce destin ?
Vos réflexions, Dr. van Lommel ?
Dr. van Lommel : Tant que l'on n'a pas vécu une NDE soi-même, il semble impossible de comprendre vraiment l'impact et les répercussions transformatrices de vie de cette expérience bouleversante.
Des études sur les NDE on peut conclure que notre conscience d'éveil, que nous vivons comme notre conscience quotidienne, n'est seulement qu'une partie de notre conscience totale, illimitée ou non-locale. Ce postulat d'une conscience non-locale nous permet de comprendre une grande diversité d'états particuliers de conscience, tels que ceux expérimentés pendant une situation médicale critique (une NDE), ou pendant une situation critique de mort apparemment inévitable lors d'un accident (imminent) de la circulation (expérience de 'crainte de la mort'), ou pendant une méditation ou une séance de relaxation profonde (expérience mystique, religieuse ou d'éveil), ou pendant les états de changement de conscience lors de séances de régression, d'hypnose, d'isolement ou d'utilisation de drogues, comme le LSD ou le DMT, ou pendant la phase terminale de la vie (vision de lit de mort, intuition de proximité de la mort, ou expérience de la fin-de-vie), ou au moment de la mort d'un parent proche (expérience partagée de transition ou NDE empathique).
L'interconnexion de ces champs d'information de conscience non-locale explique également l'intuition exacerbée, comme la voyance, la clair-audience, les rêves prémonitoires et les visions (échange d'information non-locale). Après une NDE, la plupart des personnes, souvent à leur propre stupéfaction et confusion, peuvent éprouver une sensibilité intuitive décuplée, ce qui veut dire qu'elles ont accès à une information non-locale, qui n'est captée ni par nos sens ni par notre corps.
L'aptitude fonctionnelle réceptive du corps est augmentée de manière permanente après une NDE, ce que l'on peut comparer à une radio ne recevant plus seulement le canal 1, votre propre conscience personnelle, mais aussi le canal 2, 3 et 4, les champs de conscience d'autres personnes. William James appelait ceci un 'seuil de conscience personnelle’ abaissé. Cette communication à distance, ou intrication non-locale, semble aussi être démontrée dans le 'remote-viewing' (vision à distance) et dans l'influence de la conscience sur la matière, comme dans les perturbations non-locales ou en neuroplasticité, où des changements structurels fonctionnels dans le cerveau sont démontrés suite à des altérations de la conscience provoquées par la méditation, ou l’entraînement à la vigilance (mindfulness) ou l'effet placebo (qui signifie que 'l'esprit domine la matière').
L'interconnexion avec les aspects non-locaux de la conscience explique également les apparitions au moment de la mort, tel qu'entrer en contact à distance avec les aspects non-locaux de la conscience d'une personne au seuil de la mort, expérience nommée 'péri-mortelle', ou pendant la période suivant la mort, le sentiment dans son for intérieur d'être en contact avec des aspects de la conscience d'un proche décédé, expérience nommée 'post-mortelle' ou communication de l'après-mort, ADC (after-death communication).
Ainsi, il me semble clair que beaucoup d'expériences de conscience élargie sont en fait identiques, indépendamment de leurs causes ou des circonstances qui les produisent : accès à des dimensions de conscience plus élevés, où règnent l'amour inconditionnel et la sagesse universelle, où on se sent 'chez soi', où on rencontre des êtres de 'Lumière', et où la conscience est expérimentée dans une dimension non-locale où les événements passés, présents et futurs sont présents. Ces expériences de conscience élargie sont toujours transformatrices, et sont aussi nommées 'expériences spirituelles transformatrices'.
Wayne : Ça me rappelle les anciens débats 'cerveau-esprit'. John Locke a employé l'analogie du tabula rasa, de la page blanche : rien n'est dans l'esprit qui n'était tout d'abord dans les sens. Mais Leibniz a rétorqué 'oui, sauf l'intellect lui-même' !
À moins qu'il n'y ait déjà en place, a priori, une organisation, un pouvoir auto-réfléchissant, les perceptions qui nous viennent du monde, via un maelstrom de données sensorielles, ne pourraient pas se configurer de façon cohérente. Locke avait tort, Leibniz avait raison ! Le cerveau-esprit est loin d'être vide et loin d'être une page blanche ! Leibniz a appelé l'appareil de contrôle 'intellect.' N'est-ce pas ce que nous appelons 'conscience' ?
Mon ami, l'auteur James Webster, chercheur sur l'après-vie depuis 60 ans, aimerait vous poser cette question : 'D'après mes recherches et expériences et ma compréhension personnelle (pas mes croyances), le CERVEAU ET l'ESPRIT SONT DISTINCTS. Le cerveau est un organe physique et une partie du corps physique, qui meurt avec le corps. Le cerveau est mortel. L'esprit est immortel et survit et demeure avec l'esprit/corps éthérique. L'esprit est le gouverneur – le software qui commande le cerveau-hardware. Votre expérience professionnelle, Dr. van Lommel, vous amène-t-elle à considérer les NDE, expression du cerveau-esprit séparé, comme des preuves certaines que la conscience continue après la mort de l'agrégat physique ? Ça me paraît, à moi, plutôt bien s'articuler, mais vos connaissances et vos travaux expérimentaux avec des personnes ayant vécu une NDE font autorité et je vous remercie de développer ce point. »
Dr. van Lommel : Voyez ma réponse à votre [première] question.
Wayne : De plus en plus de gens accepte la réalité des NDE. Mais pourquoi un tel phénomène existe-il ? Pourquoi cet éblouissement d'amour et de joie ? Sommes-nous amenés à voir quelque chose ? Certains pourraient suggérer que les NDE ne sont que la répétition avant le spectacle ! Mais quelle est la nature réelle de la vraie représentation ?
Abraham Maslow a parlé d'expérience de sommet. Il pensait qu'elle pouvait être précipitée par beaucoup de 'déclencheurs', mais, dans chaque cas, elle se manifesterait par la rencontre avec la 'perfection', une perception exacerbée et bouleversante de beauté ! Il a, de plus, affirmé que cette vision virtuelle de béatitude a le pouvoir de changer la personne ! – et plus le degré de santé psychologique de l'expérienceur est élevé, 'plus éveillante' et plus transformatrice sera l'expérience ! En d'autres termes, il est possible de rencontrer un amour et une joie célestes, mais seulement pour les perdre du fait d'une répression psychologique basée sur la peur !
Mais quelle est la nature de cette 'expérience de sommet' ? Et pourquoi 'fait-t-elle un sommet' en ce monde ? Pourquoi n'est-elle pas notre norme ? Son occurrence est-elle un cadeau du Destin pour nous préparer à quelque chose, un certain modus vivendi à venir ? L'expérience de sommet peut-elle être comparée à une NDE ?
Dr. van Lommel : L'expérience de sommet est identique aux NDE, ainsi qu'à d'autres expériences de conscience élargie, et elle a des répercussions identiques : 1. les gens perdent leur crainte de la mort, ils croient en la vie après la mort, 2. la vie est pour apprendre l'amour inconditionnel et la compassion, et 3. les personnes acquièrent une sensibilité intuitive exacerbée grâce à leur expérience.
Les NDE sont en augmentation du fait de l'amélioration des chances de survie grâce aux techniques modernes de réanimation. Le contenu d'une NDE et ses effets sur les patients est partout semblable, quelque soit la culture ou l'époque.
Cependant, la nature subjective de cette expérience et son absence de cadre référentiel font que le vocabulaire employé pour la décrire, et l'interpréter, est contraint par des facteurs personnels, culturels et religieux : les enfants et les adultes, les chrétiens et les athées, les musulmans et les bouddhistes, tous emploient des mots différents issus de leur propre religion, culture et tradition.
Les NDE, ou bien l'expérience de sommet, sont essentiellement indicibles. Selon un sondage récent réalisé en Allemagne et aux États-Unis, environ 4% de la population du monde occidental aurait vécu une NDE. Donc, plus de 9 millions de personnes aux États-Unis, et environ 20 millions de personnes en Europe doivent avoir eu une NDE ! Alors pourquoi les médecins et autres scientifiques n'entendent-ils presque jamais un patient raconter sa NDE ?
Les patients sont peu disposés à partager leur expérience à cause de toutes les réponses négatives qu'ils obtiennent. Vous devez être réceptif pour écouter un récit de NDE, les patients doivent sentir que vous leur faites confiance, que vous pouvez les écouter sans commentaires ni préjugés. Mais pour la plupart des médecins, la NDE est encore un phénomène incompréhensible et inconnu. Mais plus le tabou sur les NDE et la mort s'amenuisera, plus nous serons capables d'écouter avec notre cœur les personnes qui seront disposées à partager leur NDE avec nous. Cela transformera notre monde, car cela changera les consciences.
Wayne : Pourriez-vous s'il vous plaît, développez ce que vous appelez 'la perception véridique' en référence à l'authentification des NDE ? Ce secteur entier, comme vous le savez, a été détourné par les pseudo-sceptiques.
On met en place une expérience étroitement paramétrée dite de l'homme de paille. Le supposé NDEur, pour que son expérience soit validée, doit se rappeler une certaine carte plantée dans la salle d'opération – comme si le souvenir était le pivot du débat.
Voyez les absurdes présomptions. Quelqu'un se retrouve soudainement sans corps mortel ! - pas exactement le 'plus ça change, plus c'est pareil' ! Est-il raisonnable de suggérer qu'une telle personne, captivée par l'exquis merveilleux de ce moment céleste, se mette à la recherche d'une misérable carte dans la salle d'op ?
La question que nous devons poser au sceptique est la suivante : pourquoi la carte est-elle tenue pour preuve et pas le témoignage du NDEeur rapportant l'activité du personnel médical dans la salle d'opération ? Ou encore les conversations entendues, et par la suite vérifiées, dans le couloir de l'hôpital ?
Nous pourrions appliquer l'argument spécieux du sceptique au chirurgien : 'Parlez-nous des chaussures de l'assistant qui travaillait à vos côtés aux urgences ! Et si vous ne pouvez pas répondre, alors nous douterons que vous y étiez !'
Une telle déclaration puérile, ce procès ubuesque, s'attirerait sûrement une réponse dédaigneuse de la part du chirurgien : 'Je pensais à des choses plus importantes !' Exactement ! Et il en est ainsi pour le NDEeur, et plus encore, lui qui se trouve avant l'heure, catapulté dans l'éternité, sans titre de transport.
Pouvez-vous nous relater l'exemple le plus édifiant 'de perception véridique' ?
Dr. van Lommel : Je suis totalement en accord avec votre déclaration sur le pourquoi, au cours d'une NDE ou d'une sortie hors du corps (OBE), les personnes rateront une cible cachée.
Dans un examen récent de 93 rapports corroborés listant des perceptions hors du corps vérifiables et éprouvées pendant une NDE, Jan Holden a trouvé qu'environ 90 pour cent étaient totalement exactes, 8 pour cent contenaient une erreur mineure, et seulement 2 pour cent étaient complètement erronées.
Ceci montre qu'une OBE ne peut pas être une hallucination, qui signifie faire l'expérience d'une perception qui n'a aucune base dans la 'réalité', comme dans la psychose, elle ne peut non plus être une illusion, qui est une évaluation incorrecte d'une perception correcte, ni un mirage, qui signifie une image mal comprise ou fallacieuse. D'ailleurs, on a besoin d'un cerveau fonctionnel pour éprouver une hallucination, une illusion ou un mirage, et pendant un arrêt cardiaque le cerveau cesse de fonctionner.
Et l'un des aspects scientifiques le plus important et le plus intriguant des NDE reste l'expérience de sortie hors du corps (OBE) car corroborer les perceptions véridiques rapportées et le moment – constaté par un informateur indépendant - où elles se sont produites pendant l'arrêt cardiaque, ou le coma, démontrerait qu'il est possible d'avoir des perceptions vérifiables pendant une période d'apparente inconscience.
Pour des raisons évidentes, la plupart des scientifiques sont peu disposés à accepter la possibilité de perceptions véridiques depuis une position hors et au-dessus du corps sans vie, car ce pourrait être la preuve décisive que la perception consciente est possible en dehors du corps au cours d'une période passagère de non-fonctionnement du cerveau, et ils appellent donc délibérément ces perceptions, des anecdotes.
Ces scientifiques réclament plus de preuves 'objectives', et bien sûr, la plupart des chercheurs en NDE en conviennent. C'est pourquoi des signes ou des cibles cachés ont été posés près du plafond dans les salles de réanimation et les unités de soins intensifs, dans le but que ces signes cachés, non visibles du lit, puissent être une preuve objective de perception véridique si les patients, pendant l'arrêt cardiaque, peuvent percevoir des détails de leur réanimation, d'une position au-dessus du corps sans vie, et que plus tard ces perceptions puissent être corroborées par des médecins, des infirmières, ou des parents.
Mais jusqu'ici, il n'y a eu aucun cas publié où des patients pendant leur réanimation cardiaque auraient perçu ce signe caché, en dépit de percevoir des détails véridiques de leur réanimation qui leur étaient précédemment inconnus. Y aurait-il une explication plausible à cette impossibilité de 'prouver' par un signe caché la perception rapportée pendant une OBE ?
Ce manque de 'preuve objective' pourrait être provoqué par la 'cécité d'inattention', également connue sous le nom de 'cécité perceptuelle'. C'est le fait de ne pas percevoir des choses qui sont en pleine vue. Ce peut être dû à un manque de cadre de référence interne pour percevoir l'objet, ou ce peut être provoqué par le manque de concentration ou d'attention mentale provoquée par un esprit distrait. Cette cécité d'inattention est l'échec à remarquer un objet bien visible mais inattendu car l'attention est par ailleurs engagée sur une tâche, un événement, ou un objet différent - car les humains ont une capacité d'attention et d'intention limitée qui réduit ainsi la quantité d'informations traitée à un moment donné.
C'est seulement si nous avons l'intention de décider où placer l'attention que nous percevons consciemment l'événement ou l'objet sur lequel nous focalisons. Les études de la cécité d'inattention démontrent que les personnes échouent à remarquer un objet inattendu. Les preuves de la cécité d'inattention viennent en grande partie de tests relativement simples effectués en laboratoire, mais le phénomène a vraisemblablement beaucoup d’occurrences au quotidien.
Par exemple, les déclarations d'accidents d'automobile rapportent fréquemment que les conducteurs 'ont regardé mais n'ont pas vu' l'autre véhicule. Les faits récents suggèrent que parler au téléphone portable, par exemple, augmente considérablement la probabilité de manquer un objet inattendu. Basé sur les nombreux cas corroborés de perception véridique depuis une position hors et au-dessus du corps pendant une NDE, il semble évident que la perception peut vraiment se produire pendant une OBE, et que manquer une cible cachée pendant une OBE doit être le résultat d'un manque d'intention et d'attention pour cet objet caché inattendu - parce que les patients sont trop étonnés, pendant leur arrêt ou opération cardiaque, de pouvoir 'voir' la réanimation de leur propre corps sans vie depuis une position au-dessus.
Ce qui suit est le rapport d'une infirmière d'une unité de cardiologie, tel qu'il a été publié dans le 'Lancet', et également dans mon livre 'Consciousness beyond Life' (La Conscience au delà de la Vie) :
'Pendant la garde de nuit, une ambulance amène un homme de 44 ans cyanosé et comateux dans l'unité de soin cardiaque. Il a été trouvé dans un pré, dans le coma, il y a environ 30 minutes. Quand nous intubons le patient, il se trouve qu'il porte un dentier. J'enlève ce dentier supérieur et le mets sur le chariot d'urgence. Ce n'est qu'une heure et demie plus tard que le rythme cardiaque et la tension artérielle du patient sont satisfaisants, mais il est toujours ventilé et intubé, et toujours comateux. Il est transféré à l'unité de soins intensifs pour continuer la respiration artificielle nécessaire pendant encore une semaine. C'est après plus d'une semaine dans le coma que je revois à nouveau le patient, qui est maintenant de retour dans le service de cardiologie. Le moment où il me voit, il me dit : 'Oh, oui, vous, vous savez où se trouve mon dentier.' Je suis très, très étonnée. Alors le patient précise : 'Oui, vous étiez là quand j'ai été amené à l'hôpital et vous avez retiré mon dentier de ma bouche et l'avez posé sur ce chariot, où il y avait plein de bouteilles et aussi un tiroir coulissant en-dessous, et là vous avez posé mes dents.' J'étais vraiment stupéfaite car je me souviens que tout ceci s'est produit alors que l'homme était dans un coma profond et en cours de réanimation. Il s'est révélé que l'homme s'était vu allongé dans le lit, et avait observé depuis une position au-dessus les infirmières et les médecins qui s'occupaient de le réanimer. Il pouvait également décrire correctement, et en détail, la petite salle dans laquelle il avait été réanimé aussi bien que l'apparence des personnes présentes, y compris lui-même. »
Pour plus d'information, voir mon livre 'Consciousness beyond Life' et mon site Web www.consciousnessbeyondlife.com
Wayne : Un grand Merci, Dr. van Lommel. La crainte de la mort est très débilitante, et vos analyses enrichiront la vie de beaucoup de personnes.
Grahame : Dr. van Lommel, merci infiniment d'avoir trouvé le temps dans votre emploi du temps chargé pour partager votre sagesse. C'est un honneur et un privilège d'avoir été avec vous aujourd'hui.
La note de rédacteur : je saisis cette occasion pour convier nos lecteurs à revenir bientôt car nous espérons mener d'autres interviews sur les investigations de la vie après la mort, courant 2015.
Biographie succincte du Dr. Pim van Lommel :
Pim van Lommel, M.D., né en 1943, diplômé en 1971 de l'université d'Utrecht, a fini sa spécialisation en cardiologie en 1976. Il a travaillé de 1977 à 2003 en tant que cardiologue à l'hôpital Rijnstate, un CHU de 800 lits à Arnhem, aux Pays-Bas, et il se consacre maintenant à la recherche sur la relation esprit-cerveau. Il a publié plusieurs articles de cardiologie, mais depuis qu'il a commencé ses recherches sur les expériences de mort imminente (NDE) des survivants d'arrêt cardiaque en 1986, il est l'auteur de plus de 30 articles (la plupart d'entre eux en Néerlandais), d'un livre et de plusieurs chapitres au sujet des NDE. Il a reçu en 2005 le Dr. Bruce Greyson Research Award décerné par l'Association Internationale des Études de Mort Imminente (IANDS). En 2006, le président de l'Inde l'a récompensé du Life Time Achievement Award lors du congrès mondial de cardiologie clinique et préventive qui se tenait à New Dehli. Récemment, il a reçu le Book Award, 2010, du Scientific and Medical Network. Au cours des dernières années, van Lommel avait donné des conférences partout dans le monde, sur les expériences de mort imminente et sur les relations entre conscience et cerveau.
En novembre 2007, son livre 'Conscience Illimitée' (Eindeloos Bewustzijn) a été publié aux Pays-Bas ; c'est un best-seller avec plus de 140.000 copies vendues (20ième réédition). Il a été nominé pour le 'livre de l'année 2008' aux Pays-Bas. .. En mai 2012, son livre a été publié en France par Dunod, sous le titre 'Mort ou Pas ? Les dernières découvertes médicales sur les expériences de mort imminente.' Plus de 200 000 copies ont été vendues à ce jour en Europe et aux États-Unis.
Articles :
- Van Lommel P, Van Wees R, Meyers V, Elfferich I. Expérience de mort imminente chez les survivants d'arrêt cardiaque : une étude prospective aux Pays-Bas. The Lancet 2001 ; 358 : 2039-2045.
- Van Lommel, P. Au sujet de la continuité de notre conscience, Adv Exp Med Biol. 2004 ; 550 : 115-132. [Mort cérébrale et désordres de la conscience. Machado, C. et Shewmon, D.A., Eds. New York, Boston, Dordrecht, Londres, Moscou
- Van Lommel, P. Near-Death Experience, conscience et cerveau : Un nouveau concept au sujet de la continuité de notre conscience basée sur la recherche scientifique récente sur l'expérience de mort imminente des survivants d'arrêt cardiaque. World Futures, The Journal of General Evolution, 2006 ; 62 : 134-151.
- Van Lommel, expériences de mort imminente : L'expérience de l'être est réelle et non une illusion. 2011 ; Ann. N.Y. Acad. Sci. 1234 : 19-28.
- Van Lommel, P. Nonlocal Consciousness. Un concept basé sur la recherche scientifique des expériences de mort imminente pendant l'arrêt cardiaque. 2013 ; Journal of Consciousness Study, 20, no. 1-2 : 7-48.
Voir également www.consciousnessbeyondlife.com